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Chapitre : Point de bascule dans la théorie sociétale : La Prohibition (1920 – 1933) - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre : Point de bascule dans la théorie sociétale : La Prohibition (1920 – 1933)

noble dans l’intention ; impossible dans les faits

— La société nord-américaine circa 1900 : l’aboutissement de quatre siècles de transformation vers une modernité progressivement empreinte de confiance et d’espoir

espoirs sociaux irrépressibles : l’intersection de bourgeoises et d’ouvrières dans les programmes de la tempérance et du suffrage féminin

     Au début du vingtième siècle, dans cette période qui restait toujours gravée dans l’esprit des ainés comme le souvenir d’un temps idyllique avant l’arrivée des catastrophes, il y avait quand-même des circonstances, souvent dramatiques, qui affligeaient cette société en transition, dues surtout à l’urbanisation et à l’industrialisation accélérée ; mais il y avait, aussi, une forte agitation en faveur du long effort qui serait requis pour effectuer les reformes jugées nécessaires à l’amélioration des conditions sociales défectueuses. Surtout, il y avait une sens inébranlable de confiance dans l’avenir, fondée sur les certitudes philosophiques simples que nous avons déjà décrites : une confiance voulant que les difficultés rencontrées, quelles qu’elles soient, ne pouvaient résister à la bonne volonté et la science ; et ça, même au cas où la voient de changement obligé ne dusse impliquer (au moins dans les esprits de certaines Radicaux) des soulèvements proprement révolutionnaires.

     D’ailleurs, — et chose étonnante, peut-être, pour ceux habitués de nos jours à la consommation non-critique de la propagande anti-capitaliste — les forces conservatrices exhibaient également, à cette époque, de fortes tendances réformatrices qui furent teintes du même enthousiasme, et de la même confiance dans l’évolution sociale. De part et d’autre, alors, les gens cherchaient – et anticipaient —  une évolution de l’homme, comprise à la fois, dans des termes matériels, et morales.

     Car il faudrait préciser, ici, qu’aux siècles précédents, le titre de « moraliste » ne portait aucunement la signification d’accusateur, de persécuteur — d’hypocrite ignorant et grotesque — à laquelle nous l’associons trop facilement de nos jours (et ou la seule mention de ce mot peut suffire pour pencher un argument sérieux aux dépens de celui qui s’en trouve ainsi identifié.)

     Au dix-neuvième on appelait « moraliste » — avec respect– celui qui œuvrait à l’amélioration de la condition humaine par l’amélioration de l’Homme ; par la dérivation – par la découverte scientifique prétendaient certaines — des balises morales qui permettraient une vie heureuse de chacun, vécue dans un rapport harmonieux de tous ; et l’agitation pour progressivement adapter la loi (et sa force répressive) aux besoins de l’évolution morale attendue, était une préoccupation centrale des théoriciens, auteurs et orateurs, qui ouvraient dans l’estime générale, à l’intérieure comme à l’extérieure, des églises, des syndicats, et des mouvances sociales de toutes tendances confondues. Les véhicules proposés différaient dans de détails importants, certes, mais la vision progressiste d’une condition humaine positivement sculptée par l’action réformatrice, politique et légale, était presque universelle dans ce changement de siècle. Belle époque en effet !

— Priorité progressiste de la Prohibition et du Suffrage Féminin

Des lèvres qui touchent à l’alcool ne toucheront jamais aux nôtres

     La lutte de la Prohibition, elle, s’inscrivait de façon prioritaire, dans cette logique, d’amélioration de la société par l’amélioration de l’Homme, du fait que les effets dévastateurs de la consommation débridée de l’alcool — surtout parmi la classe populaire urbaine — se démarquait en fléau particulière, et particulièrement sérieuse. Quels que furent les lacunes dans les conditions de vie à ce stade de la transition industrielle, il paraissait évident, pour bon nombre de réformateurs et de réformatrices sincères, que la vie seulement difficile, ou même franchement précaire, serait de mille fois plus désirable qu’une vie qui soit, à la fois, difficile, précaire et saoule ; et il en est ainsi apparu une opinion, largement partagée à cette époque, que les trois quarts des problèmes sociales pouvaient être résolues, immédiatement, en autant que les buveurs intempérés puissent arrêter de boire, tout simplement.

     De plus, nous nous trouvions, ici, à l’aube de l’un des innovations les plus chers de la société démocratique moderne, soit :  le Suffrage Féminin ; et ces deux débats de société — la vote des femmes et la restriction de l’usage de l’alcool — allaient naturellement de pair, du fait que le mauvais traitement des femmes et des enfants, sous la domination d’hommes largement habitués à l’abus du « démon de la boisson », était identifié en question féminine de la première importance. Or, le lien fut tellement étroit dans les esprits (et dans les faits) que les termes « Suffrage » « Féminisme » et « Tempérance » devinrent presque indissociables, et cela même si un souci de pureté idéologique favorisait le maintien de structures organisationnelles distinctes, car les réunions des unes acculèrent, très souvent, les orateurs des autres, tandis que les mêmes personnes fournissaient la masse des participantes aux initiatives des deux tendances.

     Finalement, avec la fin de la Première Guerre (1919), et avec le retour aux discussions temporairement suspendues par l’état d’urgence général, Féministes et Suffragettes se trouvèrent enfin au seuil de leur victoire. On s’accorde habituellement pour dire que la Grand Guerre avait eu au moins ce résultat positif : que le constat de la contribution active fournie dans cette extrémité, par les femmes, avait l’effet d’accélérer l’octroi du statut d’électrice. Il s’ensuivit, alors, que le suffrage des femmes et la prohibition de l’alcool se réalisèrent presqu’ensemble, par voie d’amendement constitutionnel (les Dix-huit et Dix-neuvième Amendements à la Constitution Américaine) dans l’année 1920.

     Sans contredire, il s’agissait de l’une des plus ambitieuses reformes sociales, jamais entreprises.

— Une vision idéalisée de l’Homme qui fût brutalement dépassée par les événements : échec de la Prohibition, et de la programme moraliste

     Malheureusement, il n’y avait pas de retour possible aux jours idyllique d’antan ; la tentative de reprendre, intégralement, l’agenda de réforme tel qu’on l’avait abandonné quatre ou cinq années plus tôt, comme si cet interlude terrible pouvait s’oublier sans conséquence, s’est révélée une illusion de bien trop facile. Dans les faits, cette première vague de désastres, qui commença en 1914 avec la Grande Guerre et qui se poursuivit (1919) avec la crise économique — d’abord en Europe mais inévitablement plus tard en Amérique aussi — portait un coup sévère à tout cette vision optimiste de l’humanité si cher aux réformateurs sociaux : l’homme resterait, disait certains, — et possiblement pour toujours — une bête farouche et incorrigible. Car sinon, quelles explications pouvait-on trouver pour les montagnes de cadavres à Verdun, ou les hordes de sans-emplois qui les remplacèrent ?

     Il en est apparu, dans la littérature, dans la musique, dans le cinéma — et dans la vie courante — l’éclosion d’une nouvelle mentalité de satisfaction immédiate, égoïste et amorale. Née dans le romantisme de la fin du siècle précédent, elle fut disséminée, plus largement maintenant, dans la grande classe populaire, avec un sentiment, poignant et nouveau, d’urgence devant l’éphémère et l’inconstance de la vie. Dans l’intention de ses auteurs, la Prohibition eût été destinée, peut-être, à poser un frein à cette tendance, mais dans les faits, elle servit plutôt d’accélérateur. Et quelques treize années plus tard, l’échec final de la Prohibition constitua, pour tout le programme moraliste de la philosophie sociale, une défaite équivalente au fait de couper la chaine qui attache un navire à son ancrage.

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4 réflexions au sujet de “Chapitre : Point de bascule dans la théorie sociétale : La Prohibition (1920 – 1933)”

  1. Excellent texte. De A à Z. Très bonne description des mouvements sociaux et des mouvements d’idées. (Personnellement, je retrouve effectivement dans ces descriptions les éléments qui m’opposent au féminisme, que je n’arrive pas à accepter quand il se fait moralisateur.)

  2. Chère F68.10,

    Merci d’avoir pris le temps de parcourir mon blogue et d’avoir contribué avec votre commentaire.
    La raison d’être de cette parenthèse historique sur les transformations philosophiques du vingtième siècle concerne l’explication des forces sociales derrière la décriminalisation de l’euthanasie au Canada.

    Ce ne serait pas un secret pour personne, que de préciser que je suis, personnellement, contre l’euthanasie en principe. Pourtant, j’en suis venu à la conclusion (face aux développements récents de notre société en transition) que nous ne sommes plus, collectivement, ni prêts ni capables, d’imposer une uniformité morale de comportement dans l’espace personnel intime, là où se situent les choix subjectifs de vie et de mort.

    Et c’est ainsi, que j’aurais entrepris l’étude de plusieurs épisodes du vingtième siècle, concernant, entre-autres, la prohibition, la drogue, la divorce, l’avortement et la contre-culture (avec l’amour libre et l’antimilitarisme) et je crois pouvoir démontrer deux choses : premièrement, que les opinions reste profondément divisé sur le fond des questions abordées, c’est à dire qu’il n’y a toujours pas d’accord sur la moralité des différentes phénomènes en cause ; mais deuxième que le principe de liberté dans le choix se serait imposé au-delà de ces différends.

    Or, le Féminisme présente une ironie certaine qui illustre bien cette paradoxe (comme tous les nouveaux dogmes proposés d’ailleurs) car la révolution se fond toujours sur le choix de rompre avec le passé ; mais la tentative d’établir (imposer) de nouveaux standards en est la répudiation de ce droit de choisir. (Ou, comme disait la plaisanterie, du Guerre Froide, à l’intention du choix de socialisme : Un Homme ; Un Vote ; Une Fois !).

    Enfin, ce serait un thème secondaire abordée à répétition dans ce blogue : que la demande du choix (dans les comportements personnels) se trouve en opposition avec le désir de chaque personne de se sentir « dans le droit » objectivement ; et que notre société se trouve accablé, ainsi, de plusieurs maux – telle la médicalisation du suicide – qui sont la résultat d’une mauvaise assimilation du principe de choix.

    Nous sommes appelés à permettre bon nombre de comportements que d’aucuns se trouvent (et peut-être avec justice) nuisible pour la collectivité. Il y a, alors, une distinction nécessaire entre « permettre » et « cautionner ». Et tel fut la leçon de la Prohibition, leçon, je prétends, toujours aussi mal compris de nos jours.

    À propos : cette exploration historique commence dans la section C III de la table des matières avec cet article — Chapitre : Fin de la coïncidence parfaite des notions de ce qui est « désirable », « moral » et « légal » à l’aube du vingtième siècle — Consensus apparent sur fond de tractations irréconciliables (publié 25 Janvier, 2019)

    Merci encore de votre intérêt et de votre encouragement,

    Gordon Friesen, Montréal

  3. “La raison d’être de cette parenthèse historique sur les transformations philosophiques du vingtième siècle concerne l’explication des forces sociales derrière la décriminalisation de l’euthanasie au Canada.”

    Je l’avais compris.

    “Ce ne serait pas un secret pour personne, que de préciser que je suis, personnellement, contre l’euthanasie en principe. Pourtant, j’en suis venu à la conclusion (face aux développements récents de notre société en transition) que nous ne sommes plus, collectivement, ni prêts ni capables, d’imposer une uniformité morale de comportement dans l’espace personnel intime, là où se situent les choix subjectifs de vie et de mort.”

    Je suis clairement pour le droit à l’euthanasie, mais je refuse de laisser ce type de décisions dans les mains des médecins. Et il y a quand même quelques petits problèmes à régler avant de “libéraliser” l’euthanasie (ce qui n’est pas vraiment possible en soi…)

    “Et c’est ainsi, que j’aurais entrepris l’étude de plusieurs épisodes du vingtième siècle, concernant, entre-autres, la prohibition, la drogue, la divorce, l’avortement et la contre-culture (avec l’amour libre et l’antimilitarisme) et je crois pouvoir démontrer deux choses : premièrement, que les opinions reste profondément divisé sur le fond des questions abordées, c’est à dire qu’il n’y a toujours pas d’accord sur la moralité des différentes phénomènes en cause ; mais deuxième que le principe de liberté dans le choix se serait imposé au-delà de ces différends.”

    Oui. C’est une relique de l’absolutisme moral que nos passés théocratiques nous ont léguée. Il est impossible d’entamer une réflexion rationnelle sur le concept même de la morale. Certains philosophes le tentent, mais ils prêchent dans le désert. Au final, plutôt qu’un réalisme moral, on est contraint de choisir entre l’absolutisme moral et le relativisme moral. Et dans ce contexte, je choisis, comme beaucoup, le relativisme moral. Ce qui se traduit par la liberté de choix.

    “Or, le Féminisme présente une ironie certaine qui illustre bien cette paradoxe (comme tous les nouveaux dogmes proposés d’ailleurs) car la révolution se fond toujours sur le choix de rompre avec le passé ; mais la tentative d’établir (imposer) de nouveaux standards en est la répudiation de ce droit de choisir. (Ou, comme disait la plaisanterie, du Guerre Froide, à l’intention du choix de socialisme : Un Homme ; Un Vote ; Une Fois !).”

    Effectivement. C’est la tension d’un tel mouvement social. Il n’est pas considéré acceptable de faire coexister des standards moraux quelque peu divergents au sein d’une société. Il s’agit donc d’une lutte à mort entre visions concurrentes de la morale. C’est encore le cas aujourd’hui. Car il faut prouver qu’on a raison…

    “Enfin, ce serait un thème secondaire abordée à répétition dans ce blogue : que la demande du choix (dans les comportements personnels) se trouve en opposition avec le désir de chaque personne de se sentir « dans le droit » objectivement ; et que notre société se trouve accablé, ainsi, de plusieurs maux – telle la médicalisation du suicide – qui sont la résultat d’une mauvaise assimilation du principe de choix.”

    Entièrement d’accord. Le problème est de trouver une conceptualisation du réalisme moral qui permette des choix éthiques différents. Je pense surtout que cela illustre les limites de la pensée juridique, qui peine à se soumettre à l’épreuve morale des faits. La culture juridique reste celle d’un législateur qui décrète et le reste du système fait avec. Mais sortir de cette culture me semble très compliqué.

    “Nous sommes appelés à permettre bon nombre de comportements que d’aucuns se trouvent (et peut-être avec justice) nuisible pour la collectivité. Il y a, alors, une distinction nécessaire entre « permettre » et « cautionner ». Et tel fut la leçon de la Prohibition, leçon, je prétends, toujours aussi mal compris de nos jours.”

    Soumettre la morale uniquement à des conditions de perfection morale de la société (ou collectivité) condamne in fine chacun au malheur. Plutôt que de parfaire la société, cherchons avant tout à la rendre moins mauvaise. Ce n’est pas pareil.

    S’il faut passer par une distinction entre “permettre” et “cautionner”, je suis entièrement d’accord. Sur le chanvre, j’ai toujours eu cette position par exemple.

    “À propos : cette exploration historique commence dans la section C III de la table des matières avec cet article — Chapitre : Fin de la coïncidence parfaite des notions de ce qui est « désirable », « moral » et « légal » à l’aube du vingtième siècle — Consensus apparent sur fond de tractations irréconciliables (publié 25 Janvier, 2019)”

    Je lirai ce passage, mais il me semble que je sois d’ores et déjà d’accord.

    Mais je pense que vous feriez bien de lire davantage de philosophie morale et d’épistémologie, en particulier de l’épistémologie de la morale. Si personne ne fait ce type de travail, nous n’arriverons pas à sortir l’éthique médicale de l’ornière dans laquelle elle est, soumise aux contraintes des aspirations populaires d’un côté et de considérations d’origine historiquement théocratiques de l’autre.

  4. F68.10 Je suis clairement pour le droit à l’euthanasie, mais je refuse de laisser ce type de décisions dans les mains des médecins.


    Cher F68.10,

    Voilà un point de la première importance.

    Dans la partie A) du livre (commençant avec Chapitre 3 : Du suicide simple au suicide assisté ) Je passe successivement du suicide simple, au suicide assisté, et à la euthanasie.

    La charge morale, pour les acteurs (suicidaires, assistants) et pour la société est différente dans chaque cas. Or, chemin faisant, la justification pour le suicide se transforme, aussi, en réponse aux implications de cette charge morale.

    Le suicide, assisté ou non, est un geste justifié subjectivement par le suicidaire, qui en prends la responsabilité morale de son geste. La médecine par contre, est une science objective. Tout intervention médicale présuppose des indications objectives auxquelles le traitement doit répondre, à la vue de tous. La médicalisation du suicide comporte, ainsi, des implications sérieuses.

    Pour le suicidaire, l’objectivisation de la justification médicale représente un allègement important du fardeau de la responsabilité morale, puisque son geste, maintenant, est normalisé par la logique médicale. En fait, au Canada en ce moment, les personnes qui demande l’euthanasie (et leurs motivations) ne sont plus considérés « suicidaires ». Car d’après le discours officiel, grâce à cette redéfinition des soins médicaux, il ne s’agit plus de cela.

    Cependant, l’allègement de la responsabilité chez le suicidaire est accompagné, évidement, par un alourdissement équivalent pour la société. Et une grande partie du travail en cours pour accommoder un tel conque « droit à mourir » consiste à bien distribuer cette responsabilité.

    En Suisse, la pratique du suicide assisté fait partie des mœurs depuis toujours. Son encadrement légal date d’à peu près vingt ans. Il existe des cliniques privées qui offre ce service. L’accès est tellement large et tellement facile qu’une véritable industrie de tourisme suicidaire s’est développé qui permet aux étrangers de s’en prévaloir.

    Pourtant, le gouvernement Suisse ne fourni pas ce service, et ne se prononce pas sur sa moralité. De plus, les médecins Suisse, à travers les associations qui les représentent, admet la légalité de cette pratique, mais continue, néanmoins, de la proclamé « (sic) en opposition avec les buts de la médicine ». Dans ce cas, le suicidaire doit toujours prendre la responsabilité de trouver un médecin (qui peut décider capricieusement selon sa propre subjectivité, de collaborer, ou non) et (détail de la plus grands poids morale) : s’administre le poison de sa propre main (ce qui est très facile avec l’assistance mécanique, sous control informatique).

    Par contraste, juste à coté en Belgique et au Pays Bas, on pratique, non seulement le suicide assisté, mais surtout, l’euthanasie. Dans ce cas, le médecin assume la responsabilité de poser le geste, grâce à son interprétation médicale des faits. Mais ill est à noter, toujours, que la loi, en Belgique et au Pays Bas, ne fait pas (encore) aucune mention du statut médical ou moral de ces gestes, mais se contente seulement de les décriminaliser. Aussi, l’euthanasie n’est pas automatiquement incluse dans les plans d’assurances médicale, de base, offerte aux citoyens.

    Comme résultat apparente des différences entre ces deux régimes, le taux de décès par suicide assisté, en Suisse, est à peu près la moitié du taux d’euthanasie dans les zones teutonique de Bénélux, tandis que les populations sont très similaires. Et autre fait saillant : il se voit une tendance pour les patients plus âgées, Néerlandais, de traverser la frontière pour consulter des médecins Suisses, et même de se relocaliser en Suisse, à la recherche d’une relation de confiance qui exclurait les discussions d’euthanasie. À mon avis ces faits reflètent clairement les différences d’attitude officiel entre ces deux zones, et surtout le fait (en Suisse) d’obliger le suicidaire de prouver, dans les faits du geste concret, son véritable désir de mourir.

    Maintenant, sur l’arrière-fond de cette gamme européenne d’interprétations morales de la responsabilité et la justification de la mort assistée (médicalement), considérons le modèle Canadien :

    Tout seule au monde, le Canada, aurait légalement défini l’euthanasie en soin médical, universellement disponible à toute personne qui satisferait aux critères d’admissibilité. Il est à noter, que l’état s’accorde ainsi, le droit de trancher une question de légitimité médicale qui est non-résolu (et probablement irrésoluble) parmi la communauté médicale elle-même.

    Les médecins, face à ce droit du patient n’ont plus le droit de refuser leur collaboration. À tout le moins, ils doivent fournir une « référence efficace » (effective referral) vers un professionnel plus accommodant.

    En outre au Canada, les soins santé sont un monopole d’état. Alors, ce soin est fourni par l’état. L’état s’en offre, donc en garante de la moralité des gestes posés.

    En conséquence, la pratique de l’euthanasie est maintenant mandatée dans tous les « établissements » de santé, se qui veut dire dans la pratique : la quasi-totalité d’hôpitaux, de résidences et de cliniques à travers le pays (avec des exceptions triviales qui sont déjà fortement contestées).

    Alors au Canada, le geste est non seulement légal (comme en Suisse, ou même au Pays Bas et en Belerique) mais il est défini, par décret législatif, en « bien », objectivement (médicalement) indiqué dans telle ou telle circonstance.

    Des dangers certains se présentent, alors, pour un véritable régime d’euthanasie dans lequel ce serait effectivement le médecin qui choisirait (au moins dans les cas des incompétents dont l’euthanasie est à la discussion actuellement), et la force de la routine médicale exercerait une pression, presqu’inopposable, pour les patients dans les autres groups visés.

    Alors, avec ces faits à l’esprit, si je peux revenir à la distinction entre ce qui soit « permis » et ce qui soit « cautionné », je suggèrerais que l’équilibre de responsabilité morale, le respect de l’autonomie du patient, la protection de la population contre les excès utilitaires de l’état, ainsi que l’indépendance de la profession médicale, seront beaucoup mieux servies par le Modèle Suisse que par celui du Canada.

    Bien à vous,

    Gordon Friesen

    P.S. J’apprécie beaucoup vos opinions au sujet de l’épistémologie de la morale, je suis toujours ouvert à des suggestions de lecture. En fait, je pense que s’est cela le défi principale de notre temps.

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