La redéfinition de l’euthanasie, au Canada, en soin médical, bénin, et universellement accessible, nous impose des difficultés importantes qui demandent une attention urgente.
À l’extérieure d’un milieu professionnel et politique restreint – et même à l’intérieure de celui-ci — il existe toujours un malentendu, général et profond, sur la nature du phénomène.
La base du support populaire pour « l’aide médicale à mourir » tient d’une vision idéalisée de l’autonomie personnelle, qui s’affirmerait par des choix positifs et éclairés, face à la mortalité humaine. Mais la réalité nous indiquerait l’éclosion d’une dynamique toute autre. Nous remarquions, plutôt, une tendance institutionnelle, enracinée dans les termes de loi et dans la règlementation afférente, vers un recours systématique à l’euthanasie, qui semblerait être conçu – par chance ou par dessein – avec un souci de faciliter la réponse sociale aux exigences du vieillissement et de la maladie, c’est-à-dire : pour alléger le fardeau de responsabilité de l’état face aux citoyens dépendants.
Ce ne sont pas, certes, des hypothèses qu’on puisse soulever à la légère. Mais, malheureusement, les indices s’accumulent déjà au point qu’on ne peut plus, en toute conscience, les ignorer. Or, la situation d’incertitude qui perdure actuellement dans les politiques d’appui et d’expansion des Soins Palliatifs — clairement aggravée suite à l’arrivée de l’option euthanasie — nous fournit un exemple aigu de cette problématique.
Quel est l’effet de présenter une option fatale sans fournir d’alternatif ? Quel est la posture éthique d’une société qui agirait ainsi ? Que fait-on de l’affirmation idéale d’un choix autonome pratiqué dans un environnement de dignité, et de respect à l’égard de l’être humain ?
Décidément, la cadence d’innovation aurait devancé la capacité sociale d’analyse et d’assimilation ; et c’est ainsi que nous nous trouvions, maintenant, devant l’exigence urgente de rectifier les coins ronds théoriques ; de corriger – dans l’impossibilité d’éviter — les problèmes pratiques qui en sont le résultat.
Ce site se voudrait un outil adapté à la poursuite de ce but. Il ne serait pas, en premier lieu, un service de nouvelles ou d’informations ; il cherchera plutôt à fournir un cadre de discussion pour le développement d’une vision théorique conséquente et applicable.
Pour alimenter cette démarche — pour y fournir un cadre et un point de départ — nous procèderons à la publication sélective d’extraits, tirés d’un ouvrage présentement inédit, qui touche à plusieurs points importants, concernant l’euthanasie en générale, et à l’euthanasie au Canada, en particulier. Il serait l’opinion de l’auteur, que cette utilisation du manuscrit, annoté et augmenté par les réflexions d’autres collaborateurs, et librement accessible pour la consultation en ligne, puisse être d’une utilité beaucoup plus grande que la simple publication d’un livre traditionnel.
À cette fin, j’invite, avec plaisir, tout participant de bonne foi, et quel que soit la tendance de sa pensée, à me joindre dans l’élaboration des distinctions, théoriques et pratiques, dont nous aurions besoin pour assimiler et encadrer un phénomène qui tient de principes aussi contradictoires que l’autonomie personnelle dans la disposition de sa propre personne (droit de mourir), et la gérance médicale de la mortalité collective (euthanasie).
Pour faciliter la poursuite d’une discussion structurée sur plusieurs points simultanément, l’accès aux différents extraits, du manuscrit original, se fera non seulement à travers la liste d’articles archivés en forme de « blogue » classique, mais aussi, à l’aide d’une « table de matières » traditionnelle, affichée en permanence sur la page d’accueil.
Sachez, Messieurs-Dames que vous êtes chaleureusement le bienvenu, et que votre présence soit fortement appréciée. Prenez, s’il vous plait, un instant pour vous souscrire aux alertes d’articles futures, en laissant un commentaire (avec ou sans contenu) et en prenant soin que la boite appropriée soit cochée. Merci.
Gordon Friesen,
Montreal, December 18, 2018