Deprecated: Le crochet jetpack_pre_connection_prompt_helpers est obsolète depuis la version jetpack-13.2.0, sans aucune alternative disponible. in /hermes/bosnacweb01/bosnacweb01an/b2067/nf.euthanasiediscussion/public_html/euthanasiediscussion/wp-includes/functions.php on line 6078
avril 2021 - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

De retour à la liberté

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section III : La « Pente Glissante » — Chapitre : De retour à la liberté)

— Un constat (provisoire) d’incohérence et d’échec

Au début de notre évocation de la fameuse « pente glissante », nous nous sommes interrogés sur l’efficacité de strictes critères médicaux pour limiter la descente.

Décidément, il semblerait que cette enquête nous ait mené directement vers un constat aussi déroutant que catégorique : Non seulement les critères retenus ne font aucun obstacle fiable à la libéralisation progressive du suicide assisté comme tel (sous couverte de l’euthanasie volontaire), mais ces critères ouvre inévitablement la voie, aussi, vers une pratique — tout à fait étrangère aux justifications originalement offertes — d’euthanasie simple. Et ce qui plus est : la nature, même, de ces critères est largement sans importance. Car seule importe, à la fin, l’acceptation du principe de médicalisation qui s’en trouve sous-entendu.

Forcement, c’est la simple existence de tels critères qui garantit, à toute fin pratique, la dévalorisation des vies des personnes malades ou handicapés (en fonction de leur état médical) et en suite logique : garantit un dérapage vers l’euthanasie des malades et des handicapés incompétents également (en autant que les critères soient autrement satisfaits). Nous nous trouvons, même, accablés devant ce constat terrible : qu’il ne manque plus que la définition de l’incompétence en soi — ou si l’on préfère, de « l’incapacité » — comme une « affection ou un handicap grave et incurable » pour justifier l’évacuation simple de toute cette classe de personnes !

Aussi, en attendant, il existe une dynamique de renforcement mutuel entre ces deux phénomènes, de sort que : plus soit élargie l’enveloppe autour des conditions jugées appropriées pour l’euthanasie des gens compétents, d’autant plus sera élargi le champ autorisé des interventions euthanasiques pratiquées sur ceux qui ne le sont pas ; et plus l’euthanasie des incompétents sera normalisée, plus la demande d’euthanasie des compétents s’anticipera comme une conclusion attendue.

En somme, les prétendus bénéfices limitatifs des critères médicaux sont essentiellement nuls. Mais les pertes, elles, sont bien réelles, et se révèlent comme telles, progressivement, avec le passage du temps.

— Une comparaison surprenante à l’avantage de la liberté subjective

Par souci de comparaison, nous avions également identifié des avantages certaines dans l’octroi simple d’un droit de mourir sans justification médicale aucune. Il n’y aurait pas, dans tel scenario, de nouvelle discrimination directe à l’égard de la personne malade ou handicapée ; il n’y aurait pas de vandalisme pratiqué à l’égard des institutions médicales ; et surtout, il n’y aurait pas de dérapage social vers une validation objective du suicide, et donc, vers un régime d’euthanasie utilitaire.

Surgit, alors, de nouveau, — et même pour ceux qui demeurent opposés, en principe, à toute forme de suicide — la question d’épouser franchement la liberté subjective dans cette matière. Car du moment que nous nous trouvions obligés à vivre avec les séquelles négatives d’une telle liberté, il serait inutile de s’en priver des bénéfices. Il serait, surtout, proprement horrifique de subir, en plus, les effets pervers des mécanismes tant maladroitement choisis pour les contenir.

Toutefois, la simplicité du théorique ne peut que difficilement s’exprimer dans le contexte actuellement embrouillé des compromis du réelle. Car, nous nous trouvons déjà franchement engagés sur la voie horrible de la médicalisation objective. Comment alors, rebrousser chemin? Comment affirmer, dans ces circonstances, la grâce rédemptrice du choix subjectif ; grâce qui réside dans une distinction cruciale entre ce qui est seulement « permis », et ce qui soit officiellement sanctionné en « bien »?

Pour répondre à cette question, il faudrait, de nouveau, quitter le terrain théorique pour nous situer dans le contexte politique spécifiquement canadien. Par contre, tout ce qui suit serait applicable, aussi, aux autres pays, selon leurs situations particulières.

— Situer ces évidences à l’intérieur des grands thèmes contemporains

L’erreur fondamentale des adversaires de la mort assistée, au Canada, fut de mal comprendre la signification de la cause célébré « Rodriguez » (1993). Car cette cause, quoique formellement perdue par la requérante, fut définitivement gagnée au niveau politique. Et la preuve de cette assertion, telle que nous l’ayons décrite précédemment, se trouve dans la façon provocante, et presque publique, que Mme Rodriguez et ces alliés défièrent ce jugement de la cour, et ce, sans que personne n’ait subi de pénalité légale. Aussi, depuis cette date (et même des décennies plus avant), aucun médecin ne s’est jamais vu traduire devant la justice pour avoir assisté au suicide d’une personne consentante.

Il se trouva, alors, vingt ans plus tard, au moment de « Carter » (et des discussions autour de l’éventuelle loi C-14), que l’empereur avait été — depuis belle lurette déjà, et de manière très évidente — objectivement tout nu. Visiblement, aucune des arguments en faveur du bien supérieur, ni des malades-handicapés, ni de la profession et de l’industrie médicales — ni même de la société dans son ensemble — ne pouvaient prévaloir devant cette affirmation simple de l’autonomie personnelle.

À plus forte raison que la lutte du droit de mourir ne s’est pas opérée seule, ni dans un vide social.

Contextuellement, au contraire, l’hypothèse d’admettre que la société ait pu se protéger, en supprimant le choix individuel de suicide assisté, impliquerait la possibilité de réintroduire ce principe dans d’autres débats, aussi, d’origine récente, coïncidents, et des plus émotifs, c’est à dire : le refus de service militaire ; le divorce ; l’avortement libre ; la consommation des stupéfiants ; et l’homosexualité non-dissimulée.

Cette dernière exemple, d’ailleurs (la lutte des homosexuels pour accéder à la liberté d’expression sexuelle), s’est trouvée explicitement associée au droit de mourir pendant l’épidémie récente du Sida, et donc, en même temps que la progression du débat, autour du suicide médicalisé, vers le résultat que nous connaissons.

Demandons-nous, alors, avec la lucidité qui nous soit fournie par ce court recul historique, si les droits spécifiques des personnes handicapées non-suicidaires, ou ceux des médecins dissidents en situation de violation de conscience, auraient pu, dans aucune scenario possible, prendre précédence sur le déplacement observé, de la société contemporain, vers une liberté complète dans toute question de moralité personnelle ; et la réponse, je crois, ne pourrait porter aucun doute. En réalité, je soumets, il n’y avait jamais la moindre possibilité que le « droit de mourir » ait pu être catégoriquement refusé.

Et très tragiquement, en épousant quand-même cette stratégie si clairement destinée à l’échec, nous eurent exposé, aussi, les droits des handicapés et des médecins à la critique arrogante des apôtres de la liberté ; et pire encore : avec le rejet cavalier et inévitable de ces droits dans la décision législative retenue, il nous a resté une perception publique, très malheureuse (et non moins injuste) que les préoccupations majoritaires des malades/handicapés non-suicidaires, ainsi que celles des professionnels qui sont voués à leur support, ne représentent, à la fin, que peu de chose.

— Répudier la justification médicale

Or, c’est dans les décombres de cette défaite tactique que nous nous devions de chercher, aujourd’hui, les bases conceptuelles d’une politique future plus prometteuse. Et heureusement, pour l’essentiel, ce travail existe déjà prêt, à portée de la main. Car depuis le début de ce débat inachevé, il existent aussi des voix plus lucides, emmenant plus particulièrement de la communauté des personnes handicapées, qui eurent avancé une vision plus pragmatique : ou le droit de mourir serait concédé, peut-être, mais ou la médicalisation de ce droit serait refusée ; et avec elle, tous les pires torts de l’euthanasie qui se sont gratuitement empilés, par dessus ceux du simple suicide volontaire (assisté ou autre).

Bien sûr, même trente ans après « Rodriguez » la grande majorité des adversaires de la mort assistée caressait (et peut-être caresse toujours) l’illusion de pouvoir limiter le droit de mourir, en utilisant les pauvres « sauvegardes » objectives de la science médicale.

Mais il serait aussi permis d’espérer que l’échec cuisant, subit dernièrement devant l’adoption de la loi C-7 (et l’élargissement massif des critères d’éligibilité qui s’ensuivit), ait pu, enfin, enlever une partie de l’attrait séducteur de ces illusions désastreuses.

.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section III : La « Pente Glissante » — Chapitre : De retour à la liberté — Le principe de liberté subjective présenté en programme de soutien à la vie)

L’euthanasie, et le (mauvais) exemple fourni par la politique canadienne

C’est possible que nos lecteurs soient au courant de l’adoption récente de la loi canadienne C-7 qui crée un élargissement important des critères d’éligibilité pour l’euthanasie volontaire (dite « aide médicale à mourir »).

En contestant ces innovations il fut surtout question des plaintes habituellement entendues parmi les médecins et les personnes handicapées.

Mais, le contexte canadien comporte aussi des particularités qui dépassent, et de loin, ces considérations. Car les soins-santé relèvent, au Canada, d’un quasi-monopole d’État. Il s’ensuit alors, qu’en permettant et en rémunérant la pratique de l’euthanasie, que ce soit effectivement l’État, lui-même, qui effectue ces interventions mortelles, et en conséquence, qui s’en porte garant de leur statut – non seulement légal – mais éthique aussi. Or, pour mater pro-activement toute accusation de malfaisance, cet État épousa énergiquement – par voie de l’administration médicale – une vision radicale de l’euthanasie en bien positif.

L’opposition à l’euthanasie ne se restreigne plus, alors, à sympathiser avec les seuls médecins dissidents, ni avec les personnes « vulnérables ». Car cette définition politique de l’euthanasie en soin médical prioritaire (pratiqué partout ; par tout le monde ; et dont tous les patients éligibles seront informés), se traduit progressivement par une « normalisation » complète à travers tout le système médical ; par une menace qui plane, désormais, sur chaque patient\contribuable qui pose le pied dans une quelconque établissement de soins-santé.

Pour les citoyens d’autres pays, ainsi, il serait fortement utile de comprendre (et d’éviter) cet engrenage politique, de conception et de langage sophiste – illustré si pernicieusement par l’expérience canadienne — qui confond ce qui est seulement « légal » avec ce qui soit généralement « désirable », et donc, au niveau médical : avec ce qui mérite la normalisation en traitement standard.

Voici une courte lettre à ce sujet, offerte tout dernièrement pour publication dans La Presse à Montréal.

Après C-7 : À quoi ressembleront les soins aux malades ?

Agonisant sur le champ de bataille devant les murs de Québec, le 13 septembre 1759, James Wolfe se disait content, sachant que ses troupes avaient remporté la victoire. « Pourtant », rajouta-t-il, « ce serait bien de pouvoir rester, encore, un peu ».

Voilà, un sentiment qui demeure presque universellement partagé par l’être humain devant la mort, quelles que soient les circonstances atténuantes.

Voilà, aussi, ce qui explique l’opposition massive (si étonnante aux yeux de certains) manifestée à l’endroit du projet de loi C-7, par nuls autres que les bénéficiaires présumés de cette législation!

En effet, la quasi-totalité des intellectuels et des organismes issus de la communauté des personnes « affectées de problèmes de santé graves et irrémédiables » se sont objectés vigoureusement à cet élargissement des critères d’admissibilité à « l’aide médicale à mourir ». Ils (nous) n’accueillons aucunement le retrait du critère de mort « raisonnablement prévisible » comme une amélioration dans les conditions d’accès vers cette intervention terminale ; nous en craignons, au contraire, la promotion abusive auprès des nôtres. Car au-delà de cette expansion de l’euthanasie, se dessine, aussi, le prospect de sa normalisation.

Au départ, certes, l’euthanasie fut présentée uniquement comme un recours ultime à l’approche de la mort. Mais de cette intention originale, la volonté politique s’est rapidement affirmée pour avancer un nouveau standard de « soins », beaucoup plus efficace (et beaucoup moins dispendieux). La question se pose, déjà, d’ailleurs — de plus en plus souvent chez les familles, et chez les malades — dans quelle mesure nous pouvons faire confiance à nos médecins? À quel point ces derniers tenteront-ils, réellement, de soutenir la vie? Et quand, au contraire, en conseilleront-ils l’écourtement ?

Or, quoique ces ambiguïtés furent limitées, préalablement, au seul contexte de fin de vie, ce danger de normalisation s’étend, maintenant, à toute l’industrie médicale. Et très ironiquement, les personnes handicapées — celles qui tentent depuis des années d’exposer les dangers inhérents de la médicalisation du suicide — ne figurent plus qu’en « canaris » dans la mine proverbiale de charbon. Car grâce à la loi C-7, n’importe quel patient avec un diagnostic sérieux peut s’attendre, désormais, à ce que des professionnels bien intentionnés l’informe, aussi, de son « droit » de mourir.

Et quoique que ce procédé préserve toujours une apparence de volonté autonome, l’état de dépendance presque complet, du patient devant l’autorité du médecin, dément fatalement cette illusion. Ainsi se pose, franchement, la question de « normalité » dans notre vision future des soins médicaux ; de l’intention, par défaut, de toute interaction clinique.

Est-ce que cette normalité serait celle des nouveaux discours idéalisés, de mort volontaire? Des discours plus courants dans l’imaginaire de personnes craignant la maladie, que parmi les malades eux-mêmes? Des discours secondés par les attentes des tiers, et par les intérêts pécuniaires de l’État ?

Ou la normalité, tout au contraire (que ce soit pour une heure, pour un mois, ou pour des années), n’appartient-elle pas, plutôt, à ceux qui veulent rester toujours — selon nos souhaits communs, et tel le feu Général … « un peu encore » ?

Gordon Friesen, Montréal, le 13 avril, 2021

Quelques textes, par le même auteur, au sujet du projet de loi C-7, ainsi que le procès Truchon-Gladu qui l’ait donné naissance :

Le procès Truchon-Gladu : Truchon-Gladu et le Capybara ; Trop c’est trop !

Lettre ouverte à l’Honorable Chantal Petitclerc, Sénatrice : Étant la communication d’une personne handicapée à l’intention d’une autre, à l’occasion de la révision sénatoriale du projet de loi C-7, modifiant les conditions d’accès à l’euthanasie volontaire (aide médicale à mourir)

La fonction cruciale d’allocation des ressources qui incombe aujourd’hui aux médecins

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie B : L’euthanasie et l’économie — Section II : Le régime de santé publique — Chapitre : Le faible pouvoir du patient dans la répartition des ressources : Le conflit d’intérêt des médecins (pris entre l’État-employeur et le patient-bénéficiaire) — La fonction cruciale d’allocation des ressources qui incombe aujourd’hui aux médecins)

.

Le Roi des étoiles du « Petit Prince » : un dirigeant qui se dit tout puissant, mais qui avoue mériter ce titre seulement grâce à son habitude de ne jamais donner que des ordres « raisonnables »

.

Nous pouvons maintenant, je crois, beaucoup mieux comprendre le rôle et les actions contemporains des médecins, en situant ceux-ci à l’intérieur de ce contexte de rêve collectif inachevé — de santé universelle — définie comme une responsabilité illimitée de l’État, et caractérisée en conséquence par des pressions constantes, d’ordre économique, en faveur de l’efficacité.

Dans tout marché de service, libre ou planifié, quelqu’un doit inévitablement faire les choix qui s’imposent : de répartition optimale des ressources.

Dans un marché libre, c’est les consommateurs (patients) et les fournisseurs qui décideraient ensemble, les uns, en spécifiant les services désirés (ainsi que les argents qu’ils sont disposés à y consacrer), et les autres en proposant des services qui puissent répondre à ces désires en utilisant les fonds offertes. Dans le système canadien, par contre, le « bénéficiaire » qui remplace le « patient » ne peut aucunement jouer son rôle traditionnel d’acheteur.

Mais si les consommateurs ne sont plus les arbitres, effectifs, des allocations des ressources en soins-santé a qui donc, revient-elle cette fonction ? Eh bien, au point de contact précis entre l’administration et la clientèle, entre la machine et le patient, se trouve le médecin traitant. C’est lui qui décide des soins fournis, et donc, à la fois, des besoins du client, et du montant pécuniaire qui y soit consacré. Et c’est ainsi que la tâche principale du médecin — le choix des soins appropriés pour chaque patient — ferait alors partie, dans toute instance, de cet exercice budgétaire global, d’État, qui se substitue à l’opération du marché).

Alors certains conflits de responsabilité deviennent évidents, et inévitables.

— Les responsabilités conflictuelles du médecin dans l’offre des services médicaux au détail

À la grande échelle, ces conflits opposent les intérêts des patients aux intérêts plus divers de l’État, ou plus charitablement : du citoyen\électeur contre lui-même, dans ses rôles doubles de bénéficiaire et de contribuable. Le médecin, cependant, qui ajuste ces intérêts au niveau du « détail », perçoit plutôt un jeu d’équilibre impliquant le bien de chaque patient en particulier (ou mémé l’intérêt de toute une classe de patients), et le bien administratif (notamment la contrôle des dépenses) de l’unité de production (clinique, département, bloc opératoire) qui se trouve sous sa responsabilité.

D’un part, donc, le médecin traitant doit supporter l’énorme fardeau émotif des désirs et des besoins, de ses patients, dont les espoirs ultimes sont logés dans ses connaissances, dans ses compétences, dans son altruisme et dans sa sagesse — le tout imbu d’une révérence superstitieuse — quasi religieuse — à l’égard de sa personne. Ce sont, très évidement des exigences impossibles. Mais en dépit de l’irréalisme et de la démesure extravagante de ces attentes, les médecins traitants, dans leur ensemble, font réellement tout leur possible pour y répondre dans les faits.

D’autre part, cependant, le médecin se trouve étroitement lié à l’intérêt administratif. Que ce soit en clinique privée, agissant directement en partenaire/patron ou encore dans les institutions plus large, agissant en mandataire/sous-contractant, le médecin s’identifie tout naturellement au bon fonctionnement de son unité de soins. Même au delà des questions purement professionnelles, le médecin chef de service ressentirait un attachement affectif profond à l’égard de son milieu de travail ; qui serait souvent rien de moins que sa famille professionnelle ; et parmi laquelle il passerait peut-être plus de temps qu’avec sa famille biologique.

C’est à lui, ou à elle, sans détour, que revient la responsabilité de maintenir un esprit d’équipe sain, fondé sur une perception positive de la mission accomplie.

Et surtout, dans tous les cas — et encore plus impérativement dans le cas présent de pénurie structurelle et chronique — la possibilité de produire un tel sentiment d’action valorisante dépendrait d’une répartition judicieuse des ressources à sa disposition.

– Les contraintes du réel dans l’ordonnance des soins : des choix difficiles aux effets sérieux

Bien sûr, dans le meilleur des mondes, les argents disponibles seraient suffisants pour permettre aux médecins de prescrire des traitements pour chaque individu sans se préoccuper des frais. Aussi, le médecin dispose, théoriquement, de tout la puissance économique de l’État. Il peut, alors, prescrire presque n’importe quel traitement pour n’importe quel patient. Mais en ce faisant, ce médecin serait bien averti de remémorer le discours du Roi, exposé de manière si mordante par Antoine de Saint-Exupéry (1900 – 1944) (dans cette explication essentielle des rouages du monde écrite à l’intention des enfants, « Le petit prince ») : que son autorité absolue dépendait, ultimement, sur une sage résolution de ne jamais demander de ses sujets des services qu’ils aient pu être disposer à lui refuser. Car prescrire un traitement ne garantit aucunement que tel traitement soit réellement fourni.

De manière formelle, grâce au pouvoir administratif, les médecins sont soumis à un système complexe de priorités, de justifications et de rationnement à l’intérieur duquel ils doivent présenter leurs « ordres ». Mais il y a aussi des contraintes purement pratiques. Soumettre en bonne forme la requête pour une consultation spécialisée, ou pour une intervention majeure, peut facilement donner accès, non au service convoité, mais uniquement à l’inscription du patient sur une liste d’attente entretenue à l’égard de ce service. Et encore, au plan du quotidien, même si les notes au dossier du malade exigent des soins respiratoires à toutes les quatre heures, il se peut très bien que les techniciens préposés à ces services ne puissent y répondre que deux fois par jour.

Et même à l’intérieur des possibilités existantes (ou de ses capacités de créer des exceptions) il lui faudrait sérieusement réfléchir, ce médecin, aux chances qu’une ressource limitée puisse véritablement contribuer à l’obtention d’un résultat heureux. Car utiliser cette ressource à mauvais escient signifierait, aussi, qu’elle ne soit pas disponible ailleurs, là ou elle serait d’une aide capitale.

Et c’est ainsi qu’apparaît, inévitablement, ce dilemme qui oppose l’attention consacrée à chaque patient, avec l’efficacité globale de l’unité de production ; et qui contraindrait éventuellement le médecin moderne, en régime publique, à peser les intérêts des patients particuliers, à l’avantage des uns, et à la désavantage des autres.

Dans les meilleurs conditions, encore une fois, le patient particulier serait traité sans autre considération que son bien propre ; mais dans des circonstances moins favorables, (comme les nôtres actuellement) son bien peut être compromis par des calculs d’économie, et même, dans des situations extrêmes : les vies de certains patients peuvent-être délibérément sacrifiées dans le but d’assurer que l’unité de soins maintienne les ressources, et donc la capacité requise, pour en sauver d’autres.

— Un changement important dans la relation médecin/patient

Pour exposer cette situation avec un maximum de franchise : Jadis, le médecin n’avait qu’à soigner, de son mieux, le patient devant lui ; en utilisant des ressources consenties par le client même. Alors, pour parler crûment : la survie du patient fut de l’intérêt propre du médecin, puisqu’un patient mort fut un client perdu. Les médecins modernes, cependant, et plus particulièrement les médecins en régime public, n’ont plus ce problème. Au contraire, le médecin type au Canada est tellement sollicité, qu’il (elle) ne sait plus ou donner de la tête.

Or, dans ces circonstances, non seulement la mort d’un patient difficile ne priverait pas le médecin de revenus, mais dans beaucoup de cas, la disparition de celui-la enlèverait au médecin une source de préoccupation importante, tout en lui restaurant des ressources requises pour en soigner d’autres avec un succès plus grand.

Alors nous constatons : premièrement, qu’il existe bel et bien un conflit réel entre le bien individuel, du patient et le bien du système dans son ensemble ; deuxièmement, que c’est dans les choix et sous la responsabilité des médecins traitants que se pratique l’arbitrage de ces intérêts divergents ; et ultimement, que l’exercice de cette responsabilité, dans le contexte clinique, signifierait qu’en décidant de la répartition des ressources disponibles, le médecin traitant déciderait aussi, parmi les patients en présence, lesquels puissent vivre, et lesquelles doivent mourir.

– Au-delà des sacrifices obligés par la répartition des soins : l’euthanasie en option thérapeutique

Voici, d’abord, une situation qui se révèle des plus sérieuses. Car il s’ouvre ainsi un schisme fatal dans la confiance qui doit nécessairement exister entre patient et médecin. Et tragiquement, de plus en plus souvent, le médecin apparaîtrait au patient sous l’aspect d’un juge plutôt que d’un confident : un juge dont dépendrait tout accès aux soins, et donc le sort du patient, tout court.

Voilà certes, qui soit très grave ! Mais voilà, aussi qui n’est pas encore tout. Car dans ce contexte de pressions économiques et de conflits d’intérêts professionnels, nous nous devons de situer, aussi, les effets logiquement inévitables — sur la pratique médicale, sur la satisfaction du patient, et sur la société dans son ensemble — de la pratique maintenant normalisée de l’euthanasie ; c’est à dire : de la mise à mort routinièrement employée comme solution de rechange pour d’autres stratégies d’intervention (ou d’évitement d’intervention) cliniques.

Or, d’après l’opinion présente, il y aurait lieu de nous demander si nous ne nous exposons pas, ainsi, au risque que notre système-santé bascule progressivement dans son ensemble — sur un niveau beaucoup plus profond — vers un fonctionnement économic entièrement dysfonctionnel, de sorte que la réalité des services proposés ne répondra plus, du tout, aux désirs naturellement exprimés par la clientèle majoritaire, non-suicidaire.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire : (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie B : L’euthanasie et l’économie — Section II : Le régime de santé publique — Chapitre : Le triage médical : un outil d’exception employé dorénavant de façon ordinaire)

À défaut d’un consensus moral, la cohabitation pragmatique : comment la médecine hippocratique accommoda l’avortement discrétionnaire ; les leçons pour l’euthanasie

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section IV : Hippocrate bis : l’avortement — Chapitre : À défaut d’un consensus moral, la cohabitation pragmatique : comment la médecine hippocratique accommoda l’avortement discrétionnaire ; les leçons pour l’euthanasie)

— La liberté favorisée aux dépens de la répression : un paradigme politique inconnu ailleurs

Décidément, le manque d’un jugement et d’un consensus clairs, sur la moralité de l’avortement, s’est fait durement ressentir.

Avec le recul historique, et devant le récit des autres grands ajustements du vingtième siècle, nous constatons que la décriminalisation de l’avortement s’est réalisée, justement, en esquivant ce jugement, et en renonçant à ce consensus. En continuité directe avec la désobéissance de la Prohibition, du Flower Power, de Woodstock et de Kent State, la légalisation de l’avortement s’est imposée, plutôt, comme un fait accompli d’ordre pratique.

Cette légalisation fut acceptée, ainsi, pour éviter les frais sociaux d’une répression judiciaire devenue, selon plusieurs, considérablement plus nocive que la pratique réprimée. Face à l’avortement, comme dans tous les autres cas cités, l’État démocratique n’a tout bonnement pas voulu manifester suffisamment de cruauté dans la résolve ; le pouvoir aurait hésité ; et renoncé, finalement, à utiliser le volume de répression nécessaire pour forcer les individus à plier devant les intérêts (présumés) de la collectivité ; et dans cette circonstance particulière : à forcer les femmes à enfanter contre leur gré.

Mais aussi évident que ce dénouement puisse nous paraitre aujourd’hui, il faudrait toujours signaler, en passant, la nouveauté et de la rareté de politiques sociales semblables ! Car pour faire une comparaison directe avec les politiques épousées à la même époque en Chine totalitaire : les femmes de ce pays furent effectivement contraintes à ne pas enfanter, avec recours, au besoin, à l’imposition d’avortements forcés. Car ayant identifié le ralentissement démographique comme un but désirable, ce régime (devenu aujourd’hui le principal concurrent évolutionnaire au notre) n’hésita aucunement à poursuivre l’intérêt collectif par la force coercitive, aussi intimement agressante fut-elle.

L’état démocratique et libéral, par contre — même insatisfait des ambivalences morales de l’avortement discrétionnaire — hésita d’abord (et recula ensuite) devant la désobéissance complice, des nombreuses femmes qui désiraient cette solution chirurgicale, et de la minorité des médecins qui acceptèrent de les servir.

Dans l’un cas, le bien fut identifié et imposé aux dépens des récalcitrants ; dans l’autre, une ambivalence officielle fut adoptée face aux affirmations morales contradictoires.

Ce serait, sans doute, un indice important de la nature franchement révolutionnaire de notre société actuelle. Pourtant, il ne faudrait pas se montrer surpris, en conséquence, si une grande partie de la population, des deux côtés des différends exposés, n’aurait aucunement pu se réconcilier avec de telles incertitudes morales.

— Une lutte morale vigoureusement engagée, mais sans issue, et dépassée dans les faits

D’abord, la majorité traditionnelle ne comprenait pas, n’acceptait pas –et n’accepte toujours pas — que leur démonstration de l’immoralité de l’avortement (fondée, celle-ci, sur un appel irréfutable au premier principe de la vie en société « tu ne tueras point ») ait pu se voir ainsi ignorée dans les textes de loi.

Et peut-être tout aussi aigue fut la déception des défenseurs du « choix » : que la moralité de l’avortement (rigoureusement différenciée, celle-ci, de l’utilité, de la commodité, et même parfois de la nécessité) n’ait jamais su s’imposer en consensus social.

Pour les traditionalistes, le fœtus serait une vie humaine, vulnérable et sacrée, qui demande impérativement la protection de tous.

Pour leurs adversaires, ce même fœtus (non-désiré) serait plutôt un parasite qui s’approprie des ressources de la mère –vitales, affectives, sociales et économiques – et que sa destruction, en conséquence, serait un acte d’auto-défense légitime.

Il se peut que l’une de ces propositions soit vraie, et que l’autre soit fausse ; il se peut également que l’application du principe dépende du contexte. Mais dans chaque cas, absolu ou particulier, quelqu’un doit inévitablement trancher. Le véritable changement, alors, dans la moralité occidentale tout au long du vingtième siècle, ne concerna pas les jugements comme tels, mais plutôt : la question cruciale de qui en serait juge. Et de plus en plus souvent, dans ce dernier siècle charnière, cette responsabilité fut accordée à l’individu.

Mais (au moins en théorie), la société n’accorda pas nécessairement, avec ça, son approbation.

Alors, autant le choix de l’avortement fut devenu la prérogative personnelle de chaque femme ; autant le droit de jugement moral, devant ces faits, resta la prérogative propre à chaque témoin. Et si les uns furent privés de leur droit, collectif, de contraindre les comportements de leurs voisins ; les autres, tout en se prévalant du droit convoité, n’ont pas pu gagner un assentiment général voulant qu’ils (elles) aient eu raison en ce faisant.

— La nature émotive des différends moraux, et la difficulté (voire : l’impossibilité) d’en faire abstraction

Ce fut (et ça demeure encore) un denouement palpablement insatisfaisant pour plusieurs. Et ce fut une conclusion largement non admise de surcroit. Car, nonobstant l’évolution philosophique ici décrite, il semblerait que le besoin (ou au moins le désir résiduel), d’une morale objective, reste toujours aussi important pour la stabilité psychologique de l’être humain ; et aussi utiles qu’elles puissent paraitre dans les calculs pratiques de la complexité moderne, les nouvelles distinctions subtiles qui prétendraient différencier ce qui est « bien » de ce qui soit « légal » semblent, encore, intuitivement inadéquates pour satisfaire aux instincts moraux de l’homme.

Or, de ces réalités en découlent les faits observés : que nonobstant le caractère plutôt amoral de notre système de justice actuel, les grands changements socio-légaux sont toujours débattus, passionnément, et en premier lieu, sur les questions morales sous-entendues ; que l’inefficacité légale – voire, en maint cas : l’inutilité pure (de ces arguments) — résulterait souvent dans le ton encore plus inflexible avec lequel ils sont présentés ; et que cette impossibilité, pour les parties de trouver une véritable satisfaction dans les jugements tranchés, expliquerait, aussi, la férocité du combat.

Car, si l’on ne peut jamais vaincre l’adversaire franchement sur ce terrain de discours objectif ; et si l’on demeure, tout de même, moralement invaincu ; les tentations et les occasions se trouverons toujours bonnes pour s’attaquer encore et sans cesse : non pas dans un but immédiat de vaincre ; mais simplement pour nuire, pour blesser ; pour affaiblir.

— Les emportements punitifs, suscités par la question « avortement »

Et c’est ainsi que la bataille de l’avortement ait dégénéré dans une opposition personnelle d’une intensité singulièrement hargneuse. Les personnalités devinrent identifiées avec les causes qu’elles défendaient ; et les défauts de l’une furent crédités à la charge de l’autre. La déclaration — dans un article ou dans un discours — que tel ou tel individu défendait une position immorale — voir criminelle — se confondit naturellement dans l’esprit de l’auditeur avec la notion plus simple que cette personne fût, elle-même, de caractère immoral et criminel. D’ailleurs, le plus souvent, les combattants ne se contentaient pas de se fier à cet effet facile d’association fortuite : ils n’hésitaient pas à noircir délibérément, et directement, le caractère et l’honneur de leurs adversaires. Et dans ces cas, des paroles furent proférées pour lesquelles ni le remords, ni le temps, ne pouvaient suffire pour en effacer l’affront.

Or, pour reprendre le discours direct au sujet des répercussions produites, par les batailles de l’avortement, dans nos discussions subséquentes de l’euthanasie : tel fut aussi, très malheureusement, le sort réservé pour notre pauvre ami Hippocrate.

— Hippocrate : présenté en effigie du passé ; et brulé comme telle

Qu’importe si la signification de l’inspiration hippocratique fut manifestement mal traduite par les deux cotés ? Qu’importe si la résolution du différend moral ne fut nullement affectée ?

Avec la même haine invétérée et implacable qui fut témoignée par les « mouillés » dans les années vingt (à l’intention des « secs ») ; avec le même dédain témoigné par les « hips » à l’égard des « straights » (une génération plus tard, dans la « contre-culture » des années soixante) ; avec cette rancune née dans le sentiment d’être les victimes innocentes d’une persécution, générale, pratiquée par la société à leur égard ; avec cette haine, enfin, exprimée partout et dans toutes les époques par l’élément délinquant envers les gens dits « biens » : les défenseurs de l’avortement discrétionnaire se sont tournés vers ce vieux Grec « poussiéreux », issu d’une société qu’ils qualifiaient d’archaïque, de vétuste, de militariste, colonialiste, impérialiste et surtout : de sexiste.

Bref, autant le camp traditionnel se referait à cette Vénérable Autorité, autant le camp adverse répliquait avec une campagne globale de dénigrement, et de délégitimation. Dans la même mesure, encore, ou le respect partout témoigné pour la tradition hippocratique ait pu servir à retarder la décriminalisation de l’avortement, les militants de cette cause s’attaquèrent à la base de ce respect : en maniant, entre autres, l’arme du ridicule ; une arme qu’ils aient si bien su employer que de nos jours — et de manière générale — le Serment d’Hippocrate soit perçu, presqu’uniquement, en curiosité historique : précurseur archaïque des codes déontologiques de la médecine moderne, peut-être, mais sans plus. Et de ce fait, le génie proprement révolutionnaire du mouvement hippocratique fut sérieusement atteint.

En fait, il semblerait que le vandalisme, philosophique et culturel, produit au sein de la communauté médicale au cours de cet épisode, fut la séquelle corollaire d’une lutte sociale beaucoup plus large et autrement plus coriace ; que puisque les promoteurs de l’avortement se voyaient incapables d’ébranler, directement, l’autorité première de la religion chrétienne (du fait des nombreux fidèles, totalement indifférents aux arguments employés), ils se sont tournés, par dépit (mais avec beaucoup plus de succès), vers cette moindre représentation de l’autorité du passé — beaucoup moins vigoureusement défendue — qui fut la tradition classique d’Hippocrate. Et à défaut de pouvoir sérieusement écorcher l’un, ils se seraient quand-même acharnés, avec une vigueur étonnante et vénéneuse, pour saccager brutalement, l’autre.

— Le débat « euthanasie » hypothéqué en conséquence

Malheureusement, pour l’euthanasie, les implications furent graves. Car ayant porté atteinte à l’image d’Hippocrate dans l’esprit populaire (gratuitement, j’affirmerais toujours, mais pas moins significativement) ; et surtout, ayant réussi à libérer les médecins, activistes, des provisions d’un code criminel qui eut couru en parallèle, jusqu’alors, avec l’abjuration hippocratique de l’avortement : il s’est produit une forte présomption (factice mais naturelle) que les autres éléments du Serment fussent devenus également désuets dans le monde moderne (et ce, même s’il y aurait faute logique évidente à rejeter, ainsi, tous les éléments d’un ensemble, simplement parce que nous eussions cru bon d’en modifier l’un de parmi eux).

Loin d’être appréciés sur leurs mérites propres, alors, les termes du Serment d’Hippocrate furent considérés, seulement, comme des éléments d’appui secondaires d’un argument moral auquel ils furent largement étrangers (par leur filiation païenne et classique). Et si le juriste et le législateur avaient trouvé bon, ainsi, de modifier le code légal sans trancher la question morale du fond, pourquoi, se demanda-t-on, ne pourrait-on pas faire fi, tout autant, de l’autorité hippocratique ? Aussi, dans ce cas, ne pouvait-on pas y voir, en fait, la limite finale de l’influence projetée à travers tant d’histoire, par notre vénérable Grec ?

— Un constat plus encourageant

Heureusement que non (comme je suis très content de pouvoir l’affirmer, ici, sans réserve) ! Car telle conclusion ferait fi, aussi, de la troisième distinction déjà répertoriée (et celle qui opère véritablement à la base de la réussite hippocratique) : qu’après le « bien », et après le « légal », nous avons toujours l’obligation de tenir compte de ce qui soit « commercialement désirable » (c’est-à-dire, de ce qui est réclamé par la clientèle). Et, visiblement, une grande majorité de la clientèle désire toujours (pour eux-mêmes) un « service » médical de nature hippocratique (et cela, bien qu’ils puissent en ignorer tout de ce dernier).

.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section IV : Hippocrate bis : l’avortement — Chapitre : À défaut d’un consensus moral, la cohabitation pragmatique : comment la médecine hippocratique accommoda l’avortement discrétionnaire ; les leçons pour l’euthanasie — L’exemple de l’avortement : exiger un régime commercial cohérent, mème dans l’absence d’une concorde d’origine morale)

.