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janvier 2021 - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

L’avortement III : Son intégration dans l’éthique médicale

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section IV : Hippocrate bis : l’avortement — Chapitre : L’avortement III : Son intégration dans l’éthique médicale)

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— Un passage radical, en temps accéléré, entre deux régimes de loi

     Il y a de cela, maintenant, un demi-siècle (au début des années dix-neuf-cent-soixante-dix), des autobus nolisés se chargeaient routinièrement de femmes, le matin au Canada, pour les amener dans des cliniques ambulatoires aux États Unis ; là où elles pouvaient subir des avortements discrétionnaires (de première trimestre), et rentrer au pays dans la journée même.

     À cette époque, l’avortement était encore illégal au Canada (avec certaines exceptions — en cas de danger potentiel à la santé de la mère – qui eurent été autorisées depuis 1969 seulement). À partir de 1988, cependant, le Canada se démarquait comme la seule nation, au monde, où l’avortement se pratiquaient sans restriction légale aucune.

     Dans l’espace de 20 ans, alors, la profession (et l’industrie) médicales, étaient contraintes à s’ajuster : d’un état d’interdiction totale, vers une permission qui le fut tout autant.

-Une obligation d’accommodation institutionnelle : globale, rapide et largement involontaire

     D’une certaine façon, je serais tenté de décrire la situation de la profession médicale, dans cette période, comme celle d’une victime innocente : prise au milieu d’une fusillade idéologique, dont elle s’en serait volontairement passée si cela eut été le moindrement possible.

     D’un côté, se trouvait un système moral, monolithique et ancestral, appuyé instinctivement par la quasi-totalité de la société (et jouissant, en outre, de tout le poids de la machine judiciaire) ; de l’autre, se rangeait une toute petite faction intellectuelle : agissant au service d’une notion révolutionnaire idéalisée ; identifiant la liberté de l’avortement aux tendances en vogue — individualistes ou collectivistes — au gré des circonstances ; cherchant, à travers cette improvisation tactique, n’importe quel point solide pour poser le pied de l’argument polémique.

     Mais en dépit de l’inégalité apparente des forces en présence, les champions de la révolution reproductrice bénéficiaient d’un atout inestimable : il y avait maintenant (grâce aux nouvelles conditions chirurgicales sécuritaires), une provision littéralement inépuisable de femmes, qui étaient toujours opposées –collectivement — aux pratique de l’avortement, mais qui (confrontées individuellement à la réalité d’une grossesse non-voulue) se montraient de plus en plus enclines à recourir à cette option.

     En partant, donc, la profession médicale se trouvait en opposition, comme presque tout le monde, à ce nouveau phénomène de société ; aussi, la vaste majorité des médecins ne pratiquèrent jamais d’avortement. Mais, en plus des partisans de la cause comme telle, l’appât, de ce marché en expansion, en attirait quand-même plusieurs ; et ceux-là, inévitablement arrêtés et traduits devant les tribunaux, offraient dans leur défense une nouvelle vision de l’avortement en intervention légitime.

     Or, de ce fait, bon gré, mal gré, l’ensemble des médecins — ainsi que les organismes qui les représentaient—se voyaient obligés, de procès en procès : à débattre publiquement sur la nature idéale de leur métier ; et d’opiner sur le bienfondé éthique des gestes posés.

— La santé de la mère et les avortements « thérapeutiques »

      Le plus puissant argument chez les défenseurs de l’avortement — celui qui engageait le plus favorablement l’opinion publique en partant (et celui, je crois, qui eut garanti son acceptation éventuelle) — concernait la « santé » de la mère.

     Dans sa forme la plus convaincante, cet argument nous enjoindrait à considérer la situation d’une femme qui mourrait certainement (sans avortement) suite aux complications de sa grossesse, et ce, sans même pouvoir mener cette grossesse à terme (de sorte qu’il n’y aurait aucune chance que cette femme accouche d’un bébé vivant).

     Dans cette hypothèse-limite, l’avortement se présentait comme une intervention médicale nécessaire dont l’omission résulterait dans la perte inutile de deux vies, plutôt que d’une seule. Et devant la présentation des faits sous cet aspect, presque tout le monde était d’accord pour autoriser les médecins à agir ainsi.

     Évidemment, cet argument ne servait qu’à percer une première brèche dans l’interdit catégorique. Et il s’ensuivit toute une série d’hypothèses et de jugements subséquents, au sujet des maux potentiellement portés à l’endroit de l’une ou l’autre (mère ou bébé), et les actions appropriées dans chaque cas. Pourtant, sans entrer dans les détails de ces discussions ultérieures, nous pouvions tout de suite constater que l’acceptation de l’avortement dans cette seule circonstance rarissime exigea que la théorie éthique de la médecine trouve un espace, malgré elle, pour ce phénomène d’avortement thérapeutique (tout comme l’acceptation populaire de la mort assistée — pour ce patient hypothétique, à l’article de la mort,  pleinement volontaire, torturé de maux insupportables et sans possibilité de soulagement — nous eut apparemment imposé une exigence théorique, similaire, une génération plus tard).

— Hippocrate et l’avortement thérapeutique

     Tristement, pourtant, cet exercice secondaire (qui consiste à définir le rapport optimal entre l’avortement et la tradition hippocratique), n’a pas reçu l’attention qui eut été son dû. Car ces nuances furent largement oubliées dans la foulé du débat surexcité sur le statut, éthique, de l’avortement (libre) perçu dans une perspective absolue. Sereinement regardé, cependant, ce ne serait pas du tout évident qu’un recours extraordinaire à l’avortement thérapeutique soit en contradiction irréconciliable avec l’essence hippocratique.  

     Il y aurait ici, peut-être, une contradiction apparente face à la lettre du Serment, certes ; mais nous pouvions aussi prétendre que l’esprit, au moins, du mandat hippocratique, eut été respecté dans de tels cas. Car il réside une différence importante dans l’écart technologique qui sépare ces deux périodes de l’histoire : d’une part les contemporains d’Hippocrate ne pouvaient pas diagnostiquer, à l’avance, les conditions de grossesse qui présenteraient des risques pour la vie de la mère ; et d’autre part, les dangers de l’avortement sans stérilisation et sans antibiotiques auraient nullifié, à cette époque, tout bénéfice attendu.

     De plus, à ce stade-là du débat, il n’était aucunement (encore) question de légaliser l’avortement discrétionnaire ; et vu que l’interdit hippocratique des drogues avorteuses suggère surtout une telle intention, il n’y avait en réalité, que très peu de contradiction entre les nouvelles autorisations contemplées, et la forme originale du Serment.

     Aussi, pouvions-nous considérer, ainsi, cette autorisation exceptionnelle (d’avortement pratiqué pour protéger la vie de la mère) non comme une négation de la médecine d’Hippocrate, mais plutôt comme une révision rendue nécessaire, devant de nouvelles possibilités thérapeutiques et diagnostiques.

— D’autres tentatives de justification « objective » qui n’invoquerent pas (tout à fait) la liberté simple

     Malheureusement, cependant, les choses n’en sont pas restées ainsi. Car face à l’expansion phénoménale de ce nouveau marché illicite (et lucratif), toutes sortes de caractères, plus ou moins salubres, furent naturellement attirés par les profits escomptés — à pratiquer des avortements chirurgicaux dans des endroits inadéquats ; souvent sans une formation à la hauteur du geste ; et parfois sans formation du tout. Or, le résultat, comme nous pourrions nous en douter : passait par l’apparition routinière — dans les salles d’hôpital, et dans les bureaux de médecins réputés– de séquelles moins réussies, voir fatales, de ces improvisations.

     Par conséquent, on voyait apparaitre une nouvelle défense, parmi les médecins (plus compétents) qui se faisaient prendre par la justice :  l’affirmation qu’ils eurent voulu agir en philanthropes désintéressés, dont la seule motivation eut été le souhait de sauver leurs patients, des soins malsaines et dangereux des malfaiteurs prédateurs.

     C’est vrai, cependant, que ce raisonnement n’a jamais tout à fait triomphé, car elle renferme en elle un principe des plus douteux : que nous pouvions nous trouver contraints à poser des gestes (possiblement repréhensibles) grâce à la seule volonté d’une autre personne. Mais en revanche, cette motivation jouait fortement dans la décision de certains médecins, et même de très haute réputation, de pratiquer occasionnellement des avortements illégaux, surtout, quand il s’agissait de personnes chères : des patients de longue date, par exemple ; ou encore des membres des familles de leurs collègues ; des personnes, en somme, qu’ils n’eurent pas voulu abandonner aux soins incompétents des avorteurs d’usage.

     Ultimement, ces deux principes se sont réunis dans la pratique : les avocats de l’avortement devinrent de plus en plus créatifs dans la justification des avortements en fonction du « bien » de la mère ; tandis que les praticiens de l’avortement se sont progressivement persuadés que tout avortement compétent représente une vie sauvée (du moment que l’alternative eût été contemplée). Et c’est ainsi que nous en sommes arrivés à un dénouement qui ne peut que sembler agaçant pour les puristes de la tradition hippocratique (sans parler des moralistes de souche traditionnelle), car, contrairement à la lettre et à l’esprit du Serment : l’avortement discrétionnaire se trouva, malgré eux, fermement identifié comme l’affaire des médecins.

— La répudiation apparente de l’interdiction Hippocratique

     Ce fut dommage du point de vue strictement logique, certes, mais dans le contexte pratique de l’époque décrite, il nous paraitrait inévitable, aussi, que le petit nombre d’avortements proprement hippocratiques eût servi de justification pour le traitement médical du nombre beaucoup plus élevé d’avortements discrétionnaires.

    Toujours est-il cependant (faut-il se le rappeler, aujourd’hui, comme il y avait deux milles ans) : que l’engagement hippocratique se présente en choix ; qu’aucun médecin n’est obligé de prodiguer des avortements ; et qu’il existe, toujours, un fort avantage clinique à gagner auprès de la cliente-type, dans une communication du sérieux avec lequel le médecin en devoir (c’est à dire : son médecin), considère non seulement son bien-être à elle, mais encore … celui de son bébé.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section IV : Hippocrate bis : l’avortement — Chapitre : À défaut d’un consensus moral, la cohabitation pragmatique : comment la médecine hippocratique accommoda l’avortement discrétionnaire ; les leçons pour l’euthanasie)

La Prohibition : En guise de conclusion

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : L’euthanasie et la médecine — Section III : Une société en rupture — Chapitre : La Prohibition : En guise de conclusion)

— Un moment décisif de l’histoire

      La défaite de la Prohibition semblerait, peut-être, une conclusion pratique tellement évidente — et nécessaire — que l’on s’étonnerait à l’espace qui y soit accordé ici.  Mais il ne faudrait pas, non plus, perdre, dans la simplicité du constat, une appréciation juste de l’énormité du phénomène décrit.

     Et c’est ainsi que se présente la narration ici suggérée : pour décrire (à défaut de comprendre) la rupture sociale du vingtième siècle ; une rupture provoquée par la Grande Guerre, et manifestée dans la défaite de la Prohibition ; une rupture des plus spectaculaires, encore inachevée, et dont la survie même, de la société qui l’a donné naissance, n’est pas encore assurée.

— l’anomalie historique de la liberté

     Dans l’arbre de la civilisation, la liberté personnelle demeure une pousse fragile, qui comporte des contradictions sérieuses, et possiblement fatales.

     Car l’histoire de la « civilisation » n’a pas privilégié la liberté. Au contraire : sa narration consiste principalement dans un récit de la soumission de l’être humain devant la tyrannie de l’obligation sociale : de manière légitime (dans la mesure où la vie de tous en dépendrait) ; mais de manière injuste aussi (dans la mesure où cette civilisation fut sujet à la tyrannie des caractères forts, qui en arrangeaient les formes à leur guise, en abusant, de manière systématique et intime, de leurs semblables).

— l’esprit de révolte et sa suppression constante

     Il existait, alors, et cela toujours, une tendance vers la répudiation de ces formes civilisées, c’est à dire un esprit de révolte, primitif et permanent.  Mais en contrepartie, il y avait aussi — depuis la première organisation sociale — une application symétrique de la répression : pour extirper (ou à tout le moins pour limiter) cet esprit.

     Il faudrait admettre, ainsi, que la règle sociale première — du sacrifice de l’individu aux intérêts supérieurs de la collectivité — fut restée (jusqu’alors) intégrale. Car, même au dix-neuvième siècle, tous les schémas proposés pour l’amélioration de la vie humaine (que ce soit les principes religieux, ou encore celles de la nouvelle religion séculaire de la Socialisme), dépendait entièrement de ce principe d’abnégation.

— La sagesse du passé

     Pourtant, il y eut également eu un travail philosophique et spirituel, long et patient, pour réconcilier l’homme à la vie en société, et pour en éliminer les injustices. L’expérience et la spéculation morale des derniers millénaires avaient produit, même, une assimilation générale de cette idée tant simple : que tous vivraient mieux dans la mesure où ils se respecterait mutuellement les uns les autres.

     Ils semblaient, donc, que les aspirations humaines, et les formes sociales, aient pu s’accordé au moins en principe, sinon en détail, et que l’homme sage ne pouvait faire mieux, alors, que de se resigner à l’imperfection du monde présent, dans la contemplation d’un ordre meilleur d’inspiration divine.

— La maitrise technologique, la prospérité matérielle, et le « progrès » moral

     Puis soudainement, contre tout espoir, la technologie, et l’industrie née des énergies artificielles, semblaient fournir, enfin, les moyens d’amoindrir cette tyrannie du réel. Et il y surgissait cet espoir : que dans une amélioration matérielle de la vie de l’homme, aboutiraient tout naturellement, aussi, une amélioration générale de la nature (et de la société) humaines. Ce fut, pour y insister, une notion très radicale qui semblait réduire à rien les croyances du passé. Car cet idéal d’amélioration pragmatique se déclara antipathique, même, à la recherche consciente de la vertu, qui avait absorbé le plus gros des énergies intellectuelles depuis des millénaires.

     Il y avait, donc, l’ébauche d’un nouveau programme pour enrayer la délinquance humaine, dédié à la proposition simple qu’on puisse éliminer les mauvais comportements, scientifiquement, en éliminant leurs causes matérielles. D’une certaine façon, la société s’apprêtait, réellement, à mettre aux épreuves empiriques les explications courantes de la criminalité, qui furent communément véhiculées par ceux de la trempe de Charles Dickens, et de Victor Hugo : que l’amélioration des conditions des classes asservies, seraient suivie, inévitablement, par une plus grande cultivation de la dignité personnelle parmi ces dernières.

— Une conservation nécessaire de la répression

     La lucidité, cependant, dicta aussi que le recours aux principes répressifs n’eut été aucunement répudié dans l’esprit progressif, particulièrement face à la période de transition attendue. Car déjà, avant l’arrivée de La Grande Guerre, les limites du mouvement de la tempérance volontaire, furent manifestement atteintes. Et dans cet esprit, l’auteur à grand succès, Jack London (1876 – 1916) — intellectuel socialiste, et lui-même un alcoolique invétéré — eut consacré la matière de son chef d’œuvre autobiographique, « John Barleycorne » (1913), à la démonstration de la nécessité d’interdire la vente d’alcool. La Prohibition, elle, s’organisa franchement, alors, sur ce principe « réaliste » que les comportements habituels n’eussent pu se modifier sans l’encouragement de mesures répressives.

 — L’évolution d’une philosophie de synthèse

     À l’aube du vingtième siècle, en Amérique, donc, furent apparemment réunis : et les moyens matériels requis pour transformer la vie ; et une pénétration suffisante des principes de la philosophie collaborative pour permettre aux êtres humains de s’en profiter. La voie devant semblait enfin claire : des conclusions éclairées seraient collectivement et librement consenties (par formalité démocratique) ; et ensuite, seraient mises en vigueur grâce aux consensus sociaux, appuyés par le pouvoir coercitif.

     Or, dans une telle ambiance de confiance fondée dans une psychologie collective, tant positive, ce fut, peut-être, fortement optimiste (mais pas encore franchement impossible) d’imaginer que le temps fut vraiment arrivé — qu’il serait, enfin, devenu possible – de chasser les remèdes traditionnellement employés pour tamiser le désespoir (c’est à dire le vice et l’alcool) en chassant la cause endémique du désespoir elle-même (qui fut la misère matérielle).

— Les progrès déjà accomplis : l’abolition de l’esclavage et du duel

     Aussi pour contrer cette objection simple, qui se présenterait possiblement ici, et qui insisterait sur la nature immémoriale de l’habitude humaine de consommer des préparations euphoriques, je répondrais avec deux exemples encore récents : premièrement, l’abolition de l’esclavage, institution préalablement omniprésente de la société humaine ; et deuxièmement (au titre des comportements intimes) la prohibition du duel.

     Or, je prétendrais qu’il n’y a absolument rien de plus primale dans le comportement humain que le recours au combat singulier pour régler les différends d’ordre privé. Et, alors, que si l’on ait pu songer à éliminer (ou même à délégitimer, seulement) ce comportement universel (ce qui fut étonnamment déjà chose faite au début du dernier siècle), il serait tout aussi possible d’en faire autant avec l’abus des substances psycho-affectifs. 

     Surtout faudrait-il retenir cette évidence : que la Prohibition ne fut pas une improvisation isolée. Au contraire : selon cette lecture de l’histoire, la prohibition s’inscrivait dans une tradition nouvelle de progrès humain, simple et clair dans son optimisme ; une tradition de progrès qui fut issue d’une série heureuse d’expériences politiques, d’intuitions morales et de découvertes technologiques ; une tradition qui fut arrivée à son apogée dans le tournant du dix-neuvième au vingtième siècle.

     Mais tragiquement, comme nous le savions aujourd’hui, cet élan historique — des plus positifs et des plus prometteurs — fut brutalement interrompu par la Première Guerre Mondiale.

— La rupture fatale des guerres modernes ; le refus des citoyens 

     Ironiquement, la Première Guerre elle-même (et la suite des catastrophes du vingtième siècle) fut, aussi, le fruit de cette idéologie progressiste (sous l’influence de la théorie récente, darwinienne, d’une lutte évolutionnaire des personnes et des peuples). Car pour être clair, tous les débordements monstrueux, tant des fascistes que des bolcheviks, (ainsi que le recours final des démocraties à l’arme nucléaire), furent l’œuvre de gens fortement imbus d’une conviction de la supériorité de leur essence collective, et d’une certitude que toute violence pouvait s’excuser par la noblesse du résultat attendu.

     Par contre, néanmoins (et toujours selon cette lecture des évènements), la Première Guerre, marqua le moment précis où le cœur et l’âme du peuple (au moins en régime démocratique) ne pouvaient plus endosser, sans critique, les ambitions grandioses de ce programme historique. Désormais, une fissure grandissante se développerait, entre l’un et l’autre, dont la répudiation de la Prohibition fut le premier symbole et la première preuve.

— Une halte civilisationnelle, aux suites incertaines

     Sur le coup, bien sûr, rien n’indiqua la profondeur du choc civilisationnel ainsi engendré. Et à la fin des hostilités en 1918, même ce profond mouvement social de la Tempérance fut immédiatement repris, dans une confiance dont nous apprécions aujourd’hui la naïveté. Et grâce au travail sincère d’une majorité importante, ce programme aboutissait véritablement dans la réalisation — presqu’impossible — d’un amendement à la constitution américaine ; amendement qui instaura la Prohibition.

     Mais, contre toute espoir — et à la grande déception des enthousiasmes ainsi éveillés, d’un retour facile à la continuité préalable — cette initiative s’est révélée non-viable dans le nouveau monde permissif en devenir ; une gestation stérile ; un fruit mort-né.

     Je n’affirme pas, pour autant, que le programme prohibitionniste, et le mouvement moraliste plus généralement, n’aurait pu réussir sans l’avènement de la Première Guerre. Personne ne peut prétendre résoudre une telle question. Mais par contre : il me semblerait évident que la présence traumatisée de plusieurs millions de soldats démobilisés, et d’un nombre proportionnel de familles en deuil ou autrement affligées, ne pouvait en rien améliorer les chances d’une telle réussite.

     Surtout, et tel que nous eussions remémoré les faits : la nature de cette guerre fut différente des guerres passées, et la relation du citoyen à la nation en fut profondément mise en cause. Le modèle proposé auparavant ne pouvait plus suffire. À tort ou à raison, il n’existait plus assez de confiance collective pour poursuivre dans cette veine. Et vue de cette perspective, la Prohibition représente le symbole puissant d’une ligne limite, marquée dans le sable de l’histoire, à la marée haute de la poussée inachevée de cette vision morale du progrès humain.

     Mais qui dit limite (comme eut démontré sans ambiguïté le futur immédiat) dit aussi : recule.

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À Suivre …

L’eugénisme en rationalisation « scientifique » de préjugés préexistants (voire universels)

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Des compagnons de route naturels : L’euthanasia et l’Eugénie — L’eugénisme en rationalisation « scientifique » de préjugés préexistants (voire universels))

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Protéger le patrimoine génétique en refusant les immigrants : En mai 1939 MS Saint Louis quitta Hambourg, Allemand, avec plus de 900 refugiés juifs à bord. Ayant traversé l’Atlantique, ces personnes furent refusées le débarquement : à Cuba, aux États Unis, et au Canada.

En conséquence, les passagers du Saint Louis retournèrent en Europe pour y subir les fortunes de la guerre.

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     Programme inhumain et impossible ? Eh bien, malheureusement que non, car toutes les initiatives répertoriées, ici, n’existent pas uniquement dans l’histoire des idées du passé. Elles ont réellement vu le jour, aussi, en politiques pratiques de santé publique : en Europe ; à travers l’Empire Britannique ; et notamment aux États Unis — là où les lois et les pratiques eugéniques, avant-gardistes, eurent servi, même, d’inspiration aux National-Socialistes allemands, dans leur propre quête de purification raciale aux années dix-neuf-cent-trente (et cela, avec la collaboration chaleureuse de leurs auteurs outre-Atlantique).

     Nous nous souvenons tous, par exemple, au moins par représentation cinématographique,  des infâmes lois contre les mariages interraciales (voir, « Showboat » de Jerome Kern et Oscar Hammerstein II, 1927) ; et avec moins d’urgence peut-être dans la culture populaire (mais pas avec moins de raison) des lois qui restreignit l’immigration sous prétexte des impératifs génétiques, incluant : des Africains officiellement décrétés « inadaptés » au climat nordique (Canada) ; ou cette autre épisode, on ne peut plus dramatique, où le monde entier refusait (aux États Unis, et un peu partout ailleurs) d’accepter des bateaux chargés de réfugiés juifs fuyant l’Allemagne, immédiatement avant la Deuxième Guerre.

     Ce serait très évident, certes, qu’il n’y a jamais eu de population « nationale » ou tribale (que ce soit en Amérique, en Europe, en Asie ou en Afrique) qui aurait jamais regardé d’un bon œil le métissage de leurs enfants avec des personnes aux traits physiques dissimilaires aux leurs. Seulement, ce qui en différenciait les temps modernes, fut la nouvelle capacité de rationaliser ces préjugés, en fonction de doctrines « scientifiques » à teneur moralisatrice.

— La pénétration politique et institutionnelle de l’Eugénisme

     Il serait normal, alors, avec une distance de plus de cent ans, que le lecteur contemporain recule brusquement des descriptions de l’Eugénisme, et des eugénistes de l’époque ; qu’il les consigne par reflexe intellectuel — au sein de sa carte idéologique personnelle — dans un petit coin peuplé d’extrémistes, racistes et proto-nazis, répudiés et ridiculisés par la majorité, comme nous sommes habitués à concevoir leurs imitateurs fidèles de nos jours. Mais telle n’était pas la réalité. Car déjà, à l’approche de la « Première » Guerre, l’eugénique fut devenue un mouvement d’appui largement majoritaire parmi la classe instruite.

     Et c’est ainsi qu’ à l’occasion de la « Première conférence internationale de l’Eugénie », présidée, à Londres en 1912, par Leonard Darwin (fils de Charles), étaient présentes (pour donner une apparence quasi-officielle aux tractations) : Lord Balfour ( ancien Premier Ministre), Lord Alverstone (Lord Chief Justice en fonction) et Winston Churchill (à l’époque, First Sea Lord) ; tandis que d’autres noms associés au mouvement (et facilement reconnaissable autant en Grande Bretagne qu’aux États-Unis) étaient ceux des invités vedettes : Président Theodore Roosevelt, John Maynard Keynes, George Bernard Shaw,  Margaret Sanger, John Harvey Kellogg, Marie Stopes, et H. G. Wells.

— L’application pratique des principes eugénistes : contraception, avortement, et stérilisation

     Ironiquement, l’application la plus évidente du programme eugénique, promue plus tard avec tant de célébrité par Margaret Sanger (et par sa créature éventuelle Planned Parenthood), c’est à dire la suppression des naissances parmi les pauvres (par voie de contraception et d’avortement) s’est fait plutôt mal accueillir, du fait qu’elle s’inscrivait en faux à l’égard d’un autre des plus forts impératifs darwiniens des collectivités nationalistes, soit : le besoin d’ augmenter au maximum leurs populations, pour augmenter, aussi, le nombre total de soldats qu’elles pourraient mobiliser dans la défense de leurs territoires. Et pour cette raison, les Français (entre autres), fidèles à leurs prétentions post-révolutionnaires de rationalité séculaire, punissaient les praticiens avorteurs avec la peine capitale, non simplement pour l’homicide, mais plus explicitement : pour « crimes contre la Patrie ».

     Toujours est-il que cette autre pratique anticonceptionnelle, beaucoup plus envahissante, et beaucoup plus agressante qui soit la stérilisation forcée des indésirables, gagnait du support rapidement : car elle ne souffrait pas des mêmes inconvénients collectifs (qui déconseillaient la suppression générale des naissances). Alors, tandis que la simple contraception mécanique (ex. diaphragme) n’était entièrement légale aux États Unis qu’à partir de 1938, la stérilisation forcée, elle, fut mandatée par loi des 1907 dans l’état d’Indiana. Et pour donner une idée de l’importance éventuelle de ce phénomène– dans l’espace, dans l’ampleur, et dans le temps– environ 60,000 personnes (idiotes, fous, sourdes, aveugles, épileptiques, difformes-physique, etc.) se seraient stérilisées, de force, entre 1907 et 1981, suite aux lois eugéniques introduites dans 33 des états américains.

     Alors, même si nous pourrions soupçonner — dans une population de 100 à 250 millions de personnes (selon l’année) — que la stérilisation de soixante mille personnes, échelonnée sur une période de soixante-dix ans, n’aurait eu qu’un impact des plus triviaux sur la condition génétique de l’ensemble : le programme de stérilisation forcée constitua,  sans contredire,  la plus grand victoire des collectivistes, d’inspiration darwinienne, à travers leur programme eugénique ; et surtout, vu les dimensions humaines du phénomène, elle témoignait du sérieux et de la popularité de l’idée Eugénique, de l’énergie et des ressources affectées à sa réalisation, ainsi que du niveau de sa pénétration réelle dans la vie sociale.

— Pas seulement (ni principalement) un phénomène « raciste »

     Dans les conversations contemporaines, l’Eugenie se trouve, le plus souvent, associée aux discours anti-racistes. Mais il ne faudrait pas que notre compréhension demeure à l’intérieur de ces limites étroites. Car, pour adapter à cette circonstance un adage politique d’usage courant : «Si tous les racistes semblaient être eugénistes (sur ce point), ce n’était décidément pas tous les eugénistes qui furent racistes ! ».

     Au sein de l’imagination populaire, bien-sûr, le métissage des races représentait un exemple évident de la dégénération du « stock » humain (et cela, selon l’opinion partagée de toutes les populations : autant en Orient, ou en Afrique, qu’en Europe ou en Amérique). Mais l’eugénisme fut une théorie de beaucoup plus précise à ramifications immédiates. Et la première cible des eugénistes se trouva, non chez « l’autre » (là-bas), mais à l’intérieur de la population ambiante (ici), c’est à dire :  les êtres individuellement « déficients ». Car il s’agissait (et s’agit) avant tout, d’une opération d’auto-purification.

     Les premières personnes évacuées, ainsi, au cours du programme allemand des années dix-neuf-cent-trente, et quarante, furent simplement des personnes faibles, de corps ou d’esprit ; tandis que l’évacuation subséquente des homosexuels, des Juifs, des Gitanes (et autres groupes « indésirables ») se justifia plus tard — par analogie et par association — dans l’extension proprement génocidaire de ce principe eugénique.

     Or, de la même façon que l’Eugenie ait précédé les génocides Nazis, ses principes essentiels ont survécu, aussi, à la répudiation de celles-ci.

— Pas seulement (ni principalement) un phénomène relégué au passé

     Manifestement, même si les discours entourant la commodité de « décourager » la reproduction « indésirable » — des sourdes, des trisomiques, des nains et des personnes exhibant une foule d’autre traits génétiquement transmissibles — se sont quelques peu adoucis dernièrement : ces discours sont toujours discrètement présents. Et si la stérilisation forcée de telles personnes ne se produit plus en Amérique du Nord (depuis quarante ans), l’avortement prophylactique, lui, pratiqué pour en empêcher l’expression des traits, se présente en phénomène dont la normalisation ne cesse de s’affirmer ; et ces avortements, à la différence des stérilisations d’antan, ont réellement résulté dans une diminution importante des populations visées.

     En plus, l’acceptation sociale, de plus en plus répandue de l’infanticide — cette pratique particulière où l’avortement et l’euthanasie se rencontrent et se chevauchent — nous apprendrait que l’étude des motivations, propres à l’eugénie, conserve tout son intérêt de nos jours, et surtout face à la compréhension de notre sujet présent.

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Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : L’euthanasie en soi)

Le patrimoine philosophique ancestral : le caractère sacré de la vie ; la valeur intrinsèque de l’individu humain ; l’origine divine de « l’égalité » politique

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie – Section III – Le patrimoine philosophique ancestral : le caractère sacré de la vie ; la valeur intrinsèque de l’individu humain ; les origines divines de « l’égalité » politique — Chapitre : Une heureuse occasion pour décrire, enfin, une tradition plus positive)

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La vie de l’individu humain, représentée en flamme précieuse : de provenance divine ; de nature unique et fragile ; éphémère mais éternelle

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Chapitre : Une heureuse occasion pour décrire, enfin, une tradition plus positive

— Le devoir déplaisant accompli

     Dans la section précédente, nous avions regardé brièvement l’ascendance de la pensée moderne (circ. 1800 – 1900) à partir d’une optique culturelle qui catalogua le développement des mythes identitaires, et des ambitions sociales, des peuples d’origine européenne en interaction avec la pénétration des notions rigoureuses de la science — mécanique et darwinienne — accompagnées à leur tour par l’apparence d’une nouvelle vision collective de l’individu humain, dépersonnalisé, et instrumentalisé, à l’avantage de l’ensemble.

     Mon but dans cet exercice consistait surtout à illuminer, quelque peu, les racines sociales et intellectuelles qui donnèrent naissance– puisque le sujet présent soit l’euthanasie utilitaire– aux tendances les plus sombres du vingtième siècle.

     Cela étant dit, le bilan final fut, quand-mème, très partagé. Car il serait extrêmement difficile de prétendre que le progrès fulgurant de la science, au cours de cette période, ait pu être considéré autrement qu’en gain net, proprement époustouflant, pour toute l’humanité. Mais toujours est-il que ce mariage du matérialisme scientifique avec les nouvelles idéologies collectives de race, de nation, et de classe, auraient résulté, aussi, à travers ses expressions les plus extrêmes, dans des emportements tragiques de militarisme et de totalitarisme qui bouleversèrent le monde alors, et dont les séquelles demeurent toujours inachevées au moment d’écrire ces lignes.

     En particulier, nous avions suivi l’émergence d’un nouvel idéal au sujet d’une humanité organiquement améliorée par l’application systématique des principes Darwiniens ; en favorisant — par la compétition et par l’éducation — les unions reproductrices propices ; mais aussi, de façon négative, en empêchant la reproduction des spécimens dits « inferieurs » : par la prohibition des métissages raciales ; par l’approbation médicale des mariages ; par la contraception ; par l’avortement ; par la stérilisation ; par l’euthanasie ; et même par le génocide.

     Nous avions remarqué l’adhérence importante des politiciens et des intellectuels influents, de tout le spectre idéologique, à cette nouvelle préoccupation « eugénique ». Et enfin, nous avions décrit le personnage unique et surprenant de Helen Keller (1880 — 1968) : universellement adulée, dans la société affluente autant que populaire ; coqueluche de la gauche progressiste ; et qui aurait eu l’audace, en 1915 — en dépit de ses lourds handicaps personnels –, de réclamer un régime universel d’infanticide sélectif : dans le but de libérer la société des charges (et des menaces) — financières et morales – qui semblaient être posées par le simple fait d’exister, des êtres moins parfaits.

     Or, j’aurais l’intention, sous peu, de considérer plus en détail les principes énoncés par Mlle Keller, puisqu’elle nous fournit un véritable model-type pour comprendre tous ses successeurs dans le genre ; et puisqu’elle nous présente, aussi, avec une œuvre littéraire où chaque mot se voit si admirablement bien posé.

     Mais pour rendre compréhensible le tout, il faudrait regarder, pareillement, les courants philosophiques ancestraux qui s’opposaient à ces nouveautés, délaissés peut-être, peu à peu, par l’intelligentsia sophistiquée, mais toujours massivement dominants à tout niveau social (formellement à l’époque et de manière intuitive encore de nos jours) au moins de par la force conservatrice de la tradition, et certainement de par les habitudes de la culture populaire.

— Une vision fondamentalement autre

     De nombreuses personnes, d’ailleurs, en défendent toujours la vérité catégorique ; et dans le cas contraire, d’autres — presqu’aussi nombreuses — ne sauraient exprimer, que de manière très confuse, les raisons de leur opposition ; des raisons, aussi, qui sembleraient se résumer surtout par une répudiation vague et globale des autorités et des traditions du passé ; réaction viscérale, sans plus.

     Ce sont, avant tout, des idées imbues d’un espoir et d’une confiance humains qui nous font cruellement défaut dans notre sophistication post-moderne ; là où une grande partie des énergies intellectuelles se dépense, très précisément, dans des efforts continuellement renouvelés, pour remplacer ces balises morales millénaires : mais des efforts malheureusement, qui se sont montrés, jusqu’à présent, essentiellement infructueux.

     C’est avec plaisir, alors, et avec un grand soulagement (suite à la nécessité déplaisante précédente), que j’entreprendrais maintenant la description des idées qui contredisent et s’opposent aux notions modernes, réductrices, de la vie humaine individuelle, perçue en valeur moindre, essentiellement négligeable dans les calculs d’intérêt collectif ; des perceptions traditionnelles, tout au contraire, qui rendrait logiquement impossibles de telles conclusions philosophiques et sociales.

— La vie sacrée

     Au plus simple :  la révérence due au Créateur se traduirait par une révérence, aussi, à l’égard de sa Création ; et en ce qui concerne l’Homme : par une révérence devant le fait d’exister, pour soi et pour ses semblables.

     Tel serait, en essence, l’origine de ce que les philosophes nommeraient aujourd’hui « le caractère sacré de la vie », et dont la manifestation primaire eût été, depuis déjà des millénaires (selon l’endroit), un interdit catégorique de toute forme d’homicide : à l’égard d’un autre, ou à l’égard de soi-même.

     Accessoirement, aussi (mais non de signification négligeable pour autant) : ce principe de respect, à l’égard de l’individu, se trouve à la base de nos formes libres et démocratiques de gouvernance, incluant même, tant ironiquement, les traditions de protection et de pluralité, dans le débat et dans l’action, qui permettent à nos compétiteurs idéologiques, de souche plus totalitaire, de renouveler encore et toujours leurs efforts de subversion.

      Et voilà notre matière, ici entamée.   

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