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La Reforme protestante: une remise en cause, nourrie en grande partie par la lecture populaire des Saintes écritures - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

La Reforme protestante: une remise en cause, nourrie en grande partie par la lecture populaire des Saintes écritures

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section III : Le patrimoine philosophique ancestral : le caractère sacré de la vie ; la valeur intrinsèque de l’individu humain ; les origines divines de « l’égalité » politique — Chapitre: La Reforme protestante: une remise en cause, nourrie en grande partie par la lecture populaire des Saintes Écritures)

“La captivité babylonienne de l’église”, est un pamphlet dans lequel Martin Luther prétend que l’église chrétienne était tenue en esclavage par Rome, à la manière des Israélites à Babylone. Nous y trouvons la première suggestion de l’épithète célèbre (lancée par des générations de Protestants à l’endroit de l’Église romaine): “La putain de Babylone”; phrase qui fait référence à la “grande prostituée” de “Babylone la grande, mère des prostituées et des abominations de la terre.” (Livre de l’Apocalypse, chapitre 17)

Reproduite ici: page couverture, gravure sur bois (1520) par Hans Baldung Grien (c. 1480-1545), d’après un portrait de Luther comme frère Augustin, par Lucas Cranach l’Ancien (1472 – 1553)

–La critique d’une Église qui s’était manifestement égarée de ses préceptes originaux

À partir de l’adoption formelle du Christianisme par l’Empire Romain, le reflet institutionnel de ce culte, c’est à dire l’Église catholique Romaine, s’égara peu à peu de la doctrine désintéressée de Jésus à l’égard du pouvoir temporel (« Ma royauté n’est pas de ce monde… » Jean 18:35) dont la description iconique se conserve dans le récit poétique des Tentations du Christ.

Matthieu 4: (8) Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, (9) et lui dit: Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores.

(10) Jésus lui dit: Retire-toi, Satan! Car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. (11) Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent auprès de Jésus, et le servaient.

Il serait impossible, je soumets, d’éviter des sentiments inconfortables dans la comparaison de cette doctrine, tant limpide, avec la splendeur et le pouvoir de l’Église Catholique au cours de la période féodale; ainsi qu’avec son rôle de collaboration, d’influence –et parfois de domination– dans les conseils des potentats de l’époque

Plus tard, le grand écrivain Russe, Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821 – 1881) décrivit cette splendeur institutionnelle (de façon ironique mais pas moins condamnatoire) comme rien de moins que la réalisation blasphématoire du pacte démoniaque: offert jadis à Jésus; refusé par ce dernier; mais accepté, après sa mort, par ceux qui se disaient ses disciples.

(Dans un autre place, d’ailleurs, cet auteur inimitable invente une version imaginaire, du retour du Christ, où celui-ci se fait immédiatement arrêter par l’autorité ecclésiastique; et, où le Grand Inquisiteur –parfaitement connaissant de son identité divine– lui somme de partir sur le champ, et de ne jamais revenir.)

Ce sont des plaisanteries qui s’accordaient bien avec certaines opinions exprimées depuis déjà très longtemps à la fin des années quatorze-cents. Par contre, il y a différence entre regretter les abus perpétrés par des personnes condamnables à l’intérieur de l’institution de l’Église, et de créditer ces abus à l’institution même.

Or, au début du seizième siècle, c’étaient réellement de telles critiques –livrées à l’endroit de l’Église catholique comme telle– qui provoquèrent ce que nous appelons la Réforme protestante.

–Usurpation, par l’Église, des prérogatives réservées à Dieu seul

Outre le luxe et l’immoralité souvent associés avec le clergé (et les ordres monastiques en particulier), les réformateurs s’attaquaient à ce qu’ils croyaient être une appropriation, par l’Église, de pouvoirs qui ne relevaient (selon eux) que de Dieu. L’exemple par excellence de cet abus concernait la vente des “indulgences”, ou “lettres de pardon”, qui se voulaient les garanties écrites de la rémission de péchés, accordée par les agents du Pape, en retour d’une contribution monétaire.

Cette pratique était longtemps condamnée, notamment, par John Wycliffe (1330-1384), reformater Anglais, et par le Tchèque, Jan Huss (1373-1415) tout deux des prédicateurs précurseurs de la Reforme comme telle. Le premier fut excommunié de manière posthume, tandis que le deuxième fut brûlé vif en hérétique –bien que les adhérents “Hussite” se défendaient toujours (et dominaient largement) en Bohème et en Moravie, jusqu’à l’an 1620 quand ils furent enfin annihilés par les forces Catholiques, au tout début de la Guerre de Trente Ans (1618-1648).

Martin Luther (1483 – 1546) –communément considéré comme le véritable auteur de la Reforme proprement dite– s’exprima longuement sur la vente d’indulgences dans ses célèbres “Quatre-vingt-quinze thèses”, théâtralement clouées sur la porte de l’Église du château de Wittenberg, le 31 October 1517.

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John Wycliffe (1328-1384) était un réformateur anglais, et traducteur de la Bible dans cette langue. Son exemple servait fortement d’inspiration à Jan Hus, et Wycliffe fut condamné d’hérésie, au même moment que ce dernier, au cours du concile de Constance (1415). Bien que décédé quarante-cinq ans plus tôt, ses dépouilles étaient exhumées (1428) et brûlé sur l’ordre du Pape Martin V.

Portrait 1493.

–Luther et les indulgences

Luther affirma, d’abord, que ni les agents du Pape, ni le Pape lui-même, n’aient pu se porter garants de la rémission des pêchés, car cette rémission ne peut se vendre ni s’acheter: étant uniquement dépendante de la volonté divine.

52. Il est vain de croire à un salut acquis par les lettres d’indulgences, même si le commissaire des indulgences ou, mieux, le pape, donnaient pour cela leur âme en gage.

28. Il est certain que dès que la pièce tinte dans la caisse, le gain et la cupidité peuvent être augmentés; mais l’intercession de l’Église dépend du jugement de Dieu seul.

Ensuite, Luther dénonce le fait de détourner les fidèles, ainsi, de leur seule véritable voie de salut, soit: la contrition et la charité (et ce, en leur proposant d’acheter, tout bonnement, la rémission de leurs pêchés).

39.Il est extrêmement difficile, même aux plus savants théologiens, d’exalter en même temps auprès du peuple la profusion des indulgences et la vérité de la contrition.

43. Il faut apprendre aux chrétiens que celui qui donne aux pauvres ou prête à celui qui est dans le besoin fait mieux que s’il achetait des indulgences.

Finalement, il est remarqué qu’il soit inutile, pour les vrais chrétiens, d’acheter des indulgences, car la rémission des pêchés leur revient, déjà, de plein droit de par la promesse divine, sans aucune nécessité d’intercession papale.

36 N’importe quel chrétien, vraiment repentant, a pleine rémission de la peine et de la faute; elle lui est due même sans lettres d’indulgences.

87. De même: que remet ou répartit le pape à ceux qui, par la contrition parfaite, ont droit à une pleine rémission et participation?

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Jan Hus, associé de près avec les discours de John Wycliffe, et en particulier aux doctrines d’une “pauvreté nécessaire” de l’Église, ainsi que d’une présence uniquement “sacramentelle” du corps du Christ (dans le pain et le vin de l’eucharistie), fut excommunié en 1411.

Fort du sauf-conduit de l’Empereur du Sainte empire romain germanique, Sigismond (1368-1437), Hus s’est rendu au concile de Constance (1414-1415) pour expliquer ses enseignements. Malheureusement cependant, Il fut emprisonné à cette occasion et brûlé en hérétique, le 6 juillet, 1415.

–La résolution des controverses doctrinales: l’autorité biblique contre celle de l’Église

La vente des indulgences, étant la monétisation directe de la rémission des pêchés (et donc la monétisation crue de l’entrée à la paix éternelle), était facilement indiquée comme une usurpation scandaleuse (par l’Église) des pouvoirs divins. Mais le principe en était beaucoup plus large.

Où, par exemple, trouverait-on l’autorité pour trancher dans les interprétations doctrinales?

Or, les deux sources d’autorité communément admises étaient les saintes écritures (la Bible) et les dires des potentats de l’Église (les prêtres, les evêques, et en dernier lieu le Pape). Mais qu’adviendrait-il au cas qu’un différend opposerait les dires des ecclésiastiques et le texte de la Bible?

De manière pratique, ces problèmes avaient toujours été résolues au bénéfice de l’autorité pastorale et pontificale. Car la signification des écrits bibliques était fixée par l’interprétation de ces mêmes ecclésiastiques, étant essentiellement les seuls capables de lire (ou même de approcher physiquement) les rares manuscrits existants.

Pendant des siècles, alors, et malgré l’apparition (et la suppression) de quelques souches divergerantes importantes, l’Église avait toujours réussi à garder un grand contrôle doctrinal. Or, elle favorisait dans ce but (et très délibérément) une image de l’homme en brebis; membre obéissant d’un troupeau intellectuel; sous la tutelle du prêtre/berger. Et elle réprimait aussi, instinctivement, toute originalité dans la pensée populaire (et toute autonomie d’analyse chez l’individu).

Les premiers réformateurs, par contre, s’appuyaient sur une lecture directe des textes saints, pour élaborer une critique biblique de l’Église, comme Luther lui-même faisait face aux indulgences.

La propagation générale de ces arguments demeurait très difficile, cependant, du fait que la Bible n’existait qu’en langue antique (et en forme manuscrite) et donc sa lecture était inaccessible, non seulement au peuple, mais à beaucoup parmi le clergé lui-même.

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William Tyndale est renommé surtout pour avoir produit la première Bible (Nouveau Testament) imprimée en Anglais (1526). Plus significatif encore, cependant: Tyndale utilisa le mot “congrégation” plutôt que “église” dans sa traduction, ce qui favorisait la thèse radicale voulant que “l’église” chrétienne se trouve partout où des chrétiens se rencontre (et donc que la notion d’Église Romaine “unique” soit un non-sens).

En exile dès 1520, Tyndale était éventuellement étranglé et brûlé en hérétique, 1536, à Vilvoorde (Belgique).


Ci-haut: L’Évangile de St. Jean, William Tyndale,1526

–La traduction et l’impression de la Bible: la vulgarisation (démocratisation) des controverses doctrinales

Or, pour pallier à cette déficience, et malgré un interdit catégorique assorti des plus sévères sanctions: Wycliffe traduisit la Bible en Anglais: les successeurs de Hus en firent autant en Tchèque: et Luther en Allemand.

Aussi, la difficulté extrême de reproduire la Bible en forme manuscrite posait obstacle à sa diffusion élargie. Or, tel était précisément le fruit premier de la révolution de l’imprimerie: car Johannes Guttenberg (1400-1468) publia la Bible en Latin vulgaire (1455); tandis que William Tyndale (1484-1536) en fut de même en Anglais (1526); et que la traduction allemande de Martin Luther fut imprimée en 1522 (Nouveau Testament) et 1534 (intégrale).

Sans doute, la traduction, et l’impression de la Bible favorisaient l’éclosion de nouvelles critiques (au sujet des comportements de la classe ecclésiastique et des doctrines de l’Église); mais surtout: elles augmentèrent, prodigieusement, le nombre de personnes qui pouvait y prendre part.

Enfin, toute la trame critique de la Reforme dépendait de cet accès de plus en plus large au Textes saints; et de leur analyse libre, de plus en plus populaire.

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La Reforme protestante ne peut se comprendre sans référence à l’évolution politique contemporaine. D’abord Roi de Hongrie, Sigismond (1368-1437) Empereur du Saint empire romain germanique, était le patron séculaire du concile de Constance (1414) qui mit fin au Grand schisme d’Occident opposant Papes et Anti-papes dans des “croisades” partisanes scandaleuses (à l’intérieur même de l’Église Catholique) entre 1378 et 1417.

Ironiquement, ce concile condamna, aussi –au bûcher– Jan Hus, qui enseignait que “aucun Pape ni Évêque ne possède le droit de prendre l’épée au non de l’Église”.

Portrait de Albrecht Dürer (1471-1538)

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À Suivre …

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