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Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie

À l’instar de la récolte planifiée, l’euthanasie utilitaire se recommande comme modèle pour gérer la mortalité humaine : commode, efficace, et rentable

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Partie A : Mise en matière

Chapitre 1 : Au-delà de la satisfaction du choix suicidaire

— Les tares propres à l’euthanasie : pourquoi s’en encombrer ?

     Le premier tome de cet ouvrage porte comme titre : « L’euthanasie et le choix ». Mais la leçon tirée de son étude, décevante et apparemment inéluctable, se trouve, plutôt, dans un constat franc de la nature fondamentalement oxymoronique de cette expression.

     Comme nous l’aurions stipulé, la mort choisie s’appelle le suicide. Nous pouvions, donc, parler de « suicide assisté », et même de « suicide assisté par médecin », mais cette médicalisation du suicide ne peut jamais comprendre l’euthanasie proprement dit. Car le médecin qui effectue l’euthanasie (quand ce terme serait correctement compris) n’agit pas en simple instrument du patient suicidaire. Ce médecin, au contraire, procède dans les règles de l’art médicale en effectuant un traitement, qui répond — selon son meilleur jugement en tant que scientifique objectif — aux indications cliniques présentées par le patient.

     Il s’ensuit que la volonté du patient n’a, véritablement, rien à y voir, sauf bien sûr, dans la mesure où tout patient ait le droit de refuser tout traitement. Alors, la circonstance possible, qu’un patient puisse refuser l’euthanasie proposée, ne change en rien le fait que le médecin aurait cru (selon son meilleur expertise objective) que l’euthanasie ait été, bel et bien, le traitement approprié dans tel cas, en principe et en général (proposition qui ouvre grande la porte logique vers un multitude d’effets secondaires que nous pouvions qualifier de regrettables).

     De manière plus détaillée, à travers les pages du premier tome, nous aurions découvert plusieurs raisons importantes pour éviter la médicalisation du suicide, ou à tout le moins, pour garder ce suicide médicalisé rigoureusement à part de l’euthanasie simple.

     Nous avons vu, d’abord, le vice général de logique qui consiste à prétendre justifier le choix subjectif, de suicide, en fonction de critères objectifs de la science médicale. Et en particulier nous aurions vu la menace sociale et physique qui pèse sur les personnes handicapées, ou malades, suite à la validation rétrograde des préjugés populaires préexistants concernant la valeur moindre de ces vies « indignes » (en raison de leur correspondance avec lesdits critères).

     Ensuite, nous avons indiqué la nature fallacieuse de l’espoir naïf voulant que la définition stricte de critères médicaux puisse limiter la taille éventuelle du phénomène suicidaire : car les critères ne seraient, en fait, que de simples compromis arbitraires de la politique ponctuelle, et l’évolution de ces critères suivrait surement le même cheminement, vers une liberté subjective complète, que nous aurions si récemment observé dans d’autres domaines de la liberté personnelle, tels le divorce, l’orientation sexuelle, ou encore l’accès à l’avortement (dont ce dernier nous fournirait, je crois, un exemple exacte du genre d’évolution, des balises médicales, auxquelles nous pouvions nous attendre face à l’euthanasie volontaire, dite « aide médicale à mourir »).

     Aussi, nous n’avions pas pu éviter, non plus, ce simple mais terrible constat : que nous ne pouvions pas, longtemps, refuser aux personnes qui ne sont pas capables de formuler de telles demandes (en raison d’âge, de démence, etc.), les bienfaits d’un traitement qui soit « objectivement indiqué » ; et alors, que la vie de toute cette classe de personnes serait menacée en conséquence.

     Finalement, nous aurions considéré les réserves (voir les refus) de conscience (personnelle et professionnelle) exprimées par un si fort pourcentage, des professionnels médicaux, devant l’imposition de ce mandat homicide ; nous avons examiné la perte sociale inestimable qui  accompagnerait ce rejet définitif des conclusions empiriques tirées de deux milles ans d’évolution dans la philosophie médical ; nous nous sommes inquiété, surtout, devant l’érosion dans la relation de confiance entre le médecin euthanasiste et les patients non-suicidaires (résultat inévitable de la répudiation de l’injonction hippocratique contre les interventions homicides) ; et nous avons  regardé, aussi, cette folie économique qui consisterait à exposer une ressource humaine, tant rare et dispendieuse, dans les personnes de nos médecins et infirmières, aux stresses et séquelles psychologiques indissociables du fait éventuel de tuer délibérément leurs semblables.

     Ce sont tous des arguments familiers, régulièrement articulés par ceux qui s’opposent à l’euthanasie et au suicide assisté. Et même si ce fut dans l’espoir de faire quelque chose d’utile que j’aie fait la répétition systématique de ces matériaux, je n’aurais jamais eu le sentiment de présenter, ici, quoi que ce soit de nouveau. Pourtant l’exposition de ces arguments fut nécessaire à la préparation de cette  « Conclusion provisoire » : que nous aurions tout avantage à séparer rigoureusement ces deux notions — de la mort justifiée en fonction d’un choix subjectif souverain (le suicide) — et de la mort justifiée par des indications médicales objectives (l’euthanasie).

     Il est à noter que sous l’action de disputes judicaires à répétition, le paradigme actuel, d’un interdit catégorique invalidé par des exceptions spécifiques, et le paradigme proposé, d’un liberté subjective balisée par de conditions facultatives, aboutiraient, fonctionnellement (en toute vraisemblance), au même résultat quant aux personnes qui puissent accéder au service offert.

     Cependant, dans ce dernier cas, l’abandon des critères objectifs relatifs à la condition médicale du demandeur – sa maladie ou son handicap –nous libérerait, du même coup, des terribles effets secondaires énumérés ci-haut, soit : un renforcement des stéréotypes négatifs à l’égard des personnes, malades, handicapés et dépendantes ; une pression diffuse, mais omniprésente, vers l’idéation suicidaire chez les personnes capables — handicapées et malades — ainsi qu’une menace directe à la vie des dépendants incapables ; une vandalisme dénaturante de source politique, pratiquée sur la profession médical ; une perte de confiance entre le médecin et la vaste majorité (non-suicidaire) des patients ; un atteinte extraordinaire aux principes non-discriminatoires à la base de notre société (qui proclament la valeur égale de toute vie et de toute personne) ; et enfin, un précédent légal puissant qui pourrait servir de justification à des attaques futures à l’endroit de ces principes.

     Vue la simplicité de ce constat, c’est à dire, réalisant que nous pourrions encadrer la pratique du suicide assisté sans impliquer les médecins en juges objectifs, et donc sans nous exposer à tous les effets négatifs répertoriés ici, la question doit impérativement surgir, à savoir :  pourquoi tient-on si farouchement à la médicalisation de ce phénomène ? Pourquoi tient-on mordicus à l’imposition de ce mandant homicide : en soin universellement garanti en tout lieu ou le médecine ce pratique ; et avec la participation mandatée de l’ensemble des corps médicaux ? Quel serait, enfin, le futur, médical et social, que de tels choix nous imposera ?

     Car répondre à ces interrogations serait la raison d’être de ce deuxième tome, où nous tenterons d’illuminer les éléments suivants : les forces économiques qui nous poussent vers un régime d’euthanasie utilitaire ; les acquis culturels, philosophiques — religieux et autres — qui nous protégeaient, jadis, de telles pressions ; la franche description de l’euthanasie simple, telle qu’annoncée par les promoteurs de ce pratique ; la crise, de conscience et d’idéologie, qui nous poussent vers de nouvelles attitudes à l’égard de la vie humaine ; l’opération de ces facteurs au cours du siècle passé ; et surtout, enfin, ce que tout cela signifierait pour notre société à venir.

     Ou, pour utiliser l’image choisie pour fournir à ce deuxième tome son titre : nous nous tacherons d’explorer les implications — présentes et futures — de vivre « Sous l’ombre de l’euthanasie »

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Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie A : Mise en matière — Chapitre : Suivre la piste de l’argent)

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