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- La profession médicale pré-Hippocrate - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

– La profession médicale pré-Hippocrate

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section II: Hippocrate : tradition et histoire de la profession médicale — Chapitre : Hippocrate — La profession médicale pré-Hippocrate)

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Sorcier-guérisseur, Congo Belge, période coloniale, circa 1920

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     Aux origines, et partout au monde, les pratiques des médecins-sorciers-guérisseurs comprenaient, habituellement, toute la gamme de bien et de malfaisance. Le métier en était un de pouvoir, et le pouvoir n’a pas toujours de morale ; ou plus précisément :  le pouvoir n’a souvent d’autre morale que sa possession, sa suffisance et son exercice. Or, évalué de cette perspective, l’essentiel de la réussite professionnelle dépendrait de la capacité du praticien à projeter une image de puissance ; et devant l’efficacité plutôt maigre des méthodes de guérison préscientifiques, cette image de pouvoir se fondait, le plus souvent, sur la peur – voir la terreur — avec laquelle le guérisseur/sorcier était perçu par les gens simples autour de lui. Dans cette optique, et sans trop exagérer, nous pouvions dire que plus le sorcier fût méchant – et plus qu’il fût cruel — d’autant plus son personnage professionnel eût été craint et respecté ; et d’autant plus les gens auraient pu être portés à solliciter son intervention rémunérée.

     Mais malheureusement, pour entretenir cet aspect de puissance terrible, l’aspirant sorcier devait bâtir une réputation d’avoir fait vraiment des choses terribles (telle la destruction de bétail, ou de récoltes). Mais le moyen le plus facile et le plus sûr, de projeter cette image de pouvoir redoutable, passe toujours par la destruction des hommes (car les tempêtes, et les pestilences, sont — pour être franche — des phénomènes assez difficiles de fabrication, tandis que l’homicide, lui, se trouve à la portée de n’importe quelle personne qui se veuille prête — tels les sorciers d’antan – à oser passer outre aux tabous communs de l’humanité).

     En ce qui concerne les contemporains d’Hippocrate, bien que partiellement sortie de la brume intellectuelle originaire de l’humanité, il y avait encore dans l’antiquité hellénique, beaucoup de guérisseurs/philosophes qui se prêtaient à ce jeu de magicien, dont l’estime de la capacité de guérir allait de pair avec l’estimation des pouvoirs plus sombres : de blesser, défigurer, rendre fou… et tuer. Eux aussi, se présentaient en maîtres-de-la-vie-et-de-la-mort ; et parce que c’est la guérison de la vie qui soit, dans cette dualité, tellement plus difficile à effectuer, il serait facilement compréhensible comment ces guérisseurs préscientifiques auraient pu subir la tentation d’afficher leur pouvoir en produisant l’effet inverse. Et c’est ainsi, que dans l’imagination populaire et parmi une grande partie de la clientèle : un médecin sans poisons serait perçu comme un ignorant sans métier, sans connaissance — sans pouvoir.

     Encore, en ce qui concerne la préoccupation hippocratique d’épargner la souffrance au malade, nous pouvions soupçonner que la pratique traditionnelle tendait, dans cette particularité aussi, dans la direction opposée : car pour justifier leurs honoraires élevés, certaines médecins — dépourvus de remèdes réelles – auraient tenté d’offrir valeur pour argent dans la seule qualité impressionnante du spectacle produit ; et à cette fin, le caractère grotesque des interventions infligées, ainsi que les agonies spectaculaires des malades qui s’y soient soumis, auraient témoigné éloquemment de la conclusion voulue : que le redoutable docteur, avait bel et bien tout essayé, sans absolument rien omettre, dans son effort herculéen pour sauver la vie du patient.

     Et finalement, vu dans son caractère d’agent amoral et surhumain, qui se plaçait agressivement à l’extérieure des normes éthiques des gens ordinaires, ce serait facile à comprendre, aussi, comment le philosophe/médecin/sorcier traditionnel aurait pu profitablement agir en espion privilégié pour le compte des adversaires — politiques, économiques, ou légaux — des malades sous sa surveillance.

     S’ensuivrait la conclusion, selon les préjugés dominants de cette époque qui précédait la révolution hippocratique, qu’un médecin qui renoncerait à la torture spectaculaire de ses patients ; qui ne tuerait point ; et qui ne marchanderait pas d’informations privilégiées, perdrait d’autant dans sa réputation, que dans ses revenus.

     Mais par contre — et contre toute attente intuitive — le génie que nous associons avec le nom d’Hippocrate de Cos, réside précisément dans sa capacité étonnante de prétendre augmenter le confort du malade, tout en augmentant les revenus du médecin.

     Le secret, bien-sûr, se trouve dans la division du marché.

poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section II: Hippocrate : tradition et histoire de la profession médicale — Chapitre : la division du marché médical au bénéfice de l’idéal hippocratique)

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