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Chapitre : la division du marché médical au bénéfice de l’idéal hippocratique - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre : la division du marché médical au bénéfice de l’idéal hippocratique

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section II: Hippocrate : tradition et histoire de la profession médicale — Chapitre : la division du marché médical au bénéfice de l’idéal hippocratique)

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Le médecin (1891), Sir Luke Fildes (1843 – 1927)

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– Hippocrate : une première spécialisation, éthique et économique, du marché médical

    Le Serment d’Hippocrate représente une conception sublime de la profession médicale ; il aurait inspiré des générations innombrables de praticiens médicaux à soutenir, sans réserve, le bien de leurs patients, et cela, souvent dans de conditions cliniques des plus primitives. Précisons, alors, sans réserve, que rien dans l’analyse présente n’impugne, ni la sincérité du sentiment, ni la noblesse d’exemple, qui nous soient légué par ceux qui s’adhèrent inconditionnellement à la simple commandement millénaire « tu ne tueras point » ; et elle ne réduise en rien, non plus, la sacrifice accordée par ceux qui refusèrent, dans chaque génération, de se plier aux caprices coercitifs de l’état, ou du tyran — ou de l’état tyrannique — au risque de leurs biens, de leur liberté, et même, souvent, de leurs vies. Au contraire, un tel dévouement dans le droit ne perd jamais de son éclat transcendant, même dans la défaite.

     Pourtant, il existe aussi une simplicité et une beauté dans la rigueur mathématique de l’analyse économique qui nous permet, souvent, de tirer des inférences claires, là où le vocabulaire traditionnel ne fait qu’obscurcir les faits observés.

     Au plus simple, il existerait toujours beaucoup plus de gens qui cherchent une guérison à la maladie, qu’il n’existe des opportunités de s’enrichir en assassin ; il existerait, aussi, beaucoup plus de patients non-suicidaires que ceux qui désirent en finir avec la vie. Hippocrate et ses successeurs comprenaient alors : premièrement, que le marché grecque de la santé était assez large pour admettre de la spécialisation ; et deuxièmement, qu’une minorité de médecins — ceux qui seraient prêts à renoncer aux revenus des pratiques sombres — pourraient s’accaparer de la plus grosse part.

     Oui, il existaient des malades, certes, qui réclamaient la mort en libération de souffrance ; et il existaient surement d’autres, prêts à subir n’importe quel souffrance, à n’importe quel prix financier, pour une mince chance de survie — ou peut-être rien que le mirage d’une chance aussi infime fut-elle ; mais tout comme aujourd’hui, il en existaient — et bien plus souvent — des malades, face à l’opinion sobre d’une personne reconnue pour sa compétence et pour son honnêteté, qui préférèrent mourir aussi paisiblement que possible, sans craintes, ni de la multiplication gratuite des souffrances, ni de l’abrégement fatal et précoce de celles-ci : le tout en foi d’une confiance simple dans le Serment juré du médecin disciple d’Hippocrate.

     Et ainsi en allait-t-il, également, de l’entourage du malade : Il serait facile d’imaginer (sinon d’identifier franchement dans les récits préservés), des cas ou le malade fut assassiné par son médecin au bénéfice de ses ennemis (ou encore à celui de ses amis et de sa famille), tout comme il serait facile d’imaginer l’avantage gagné par un médecin espion; mais il serait également évident que les commanditaires de telles méfaits ne seraient vraisemblablement pas intéressés à engager ce même médecin, pour les prodiguer à eux des soins guérisseurs, dans leur propres moments de besoin, ni de vouloir ouvrir les secrets de leur intimité a son regard.

     Encore une fois, le concept clé en est un de spécialisation : Un médecin qui s’enrichissait par une stratégie précise (que ce soit de guérison ou de son contraire) se trouverait, du fait même, disqualifié de profiter de la stratégie inverse, du moment qu’il existait un spécialiste dans la matière qui lui en ferait concurrence.  , À la fin, il devint apparent pour certaines visionnaires, que l’intérêt du médecin, autant que celui du patient, exigea une conception de l’éthique professionnelle qui s’accorderait avec ces faits ; et la médecine hippocratique en fut le résultat. Or, les disciples d’Hippocrate s’en sont âprement profités en renonçant aux pratiques sombres de la tradition existante.

     L’importance de ces faits, dans le contexte des politiques actuelles, est énorme. Car si, à l’examen des médecins grecs d’antan, nous écartions temporairement tout discussion de la moralité du suicide assisté, et de l’euthanasie ; si nous nous penchions uniquement sur les distinctions rationnelles économiques définissant le rôle idéel du médecin ; nous nous apercevrions aussitôt, je soumets, qu’il soit tout à fait possible — et tout à fait logique — d’ouvrir l’accès au suicide assisté (s’il faut vraiment que les choses se passe ainsi) — sans pour autant que cela soit l’affaire des médecins dans leur ensemble (ou même l’affaire des médecins tout court) vu le nombre restreinte de patients suicidaires, et alors, sans bouleverser l’espace médicale à la désavantage de la majorité.

– Réticence (et nécessité) à analyser l’art médical selon les termes économiques

     En abordant ce sujet, il faudrait noter, cependant, une réticence importante – instinctive, même, chez la plupart des médecins — de cautionner l’analyse de l’art médical dans ces termes.

     Décrire l’octroi de soins médicaux comme un « service », les patients comme des « clients » ou pire encore des « consommateurs », le rapport d’offre et de demande des services comme un « marché », l’ensemble de l’activité comme un « industrie », ou encore l’état/payeur-unique comme un « employeur », choque et blessent, à la fois,  les sensibilités du médecin type, pour lequel la prescription de soins médicaux transcende le contexte mercantile, et dépend d’un jugement professionnel qui soit indépendant, à la fois des exigences de la demande marchande, et de celles du mécanisme de rémunération.

     Pour compliquer d’avantage cette perception, il existe un préjugé social, palpable, qui déborde largement du contexte médical. Car pour des raisons historiques apparemment irréversibles, les pires maux sont invariablement associés dans notre culture — d’emblée, et comme de droit — avec l’argent et la richesse : avec sa possession, et avec sa poursuit. Et cela, en dépit du fait que toutes les interactions comportent une dimension économique (et que presque tout le monde cherche instinctivement l’avantage monétaire dans les moindres circonstances). Pourtant, il faut répéter l’évidence : la prospérité n’est pas un mal ; c’est un bien.

     Surtout, les manifestations pathologiques d’exploitation et de rapine, qui restent brulés dans le souvenir collectif comme conséquence des millénaires tyranniques qui soient passés dans l’enfance de notre civilisation, n’ont rien en commun avec la création libre de la richesse qui caractérise la prospérité de l’ère moderne.  Car dans un marché libre, le consommateur donne son argent, au producteur de services, de façon volontaire. Il ne se le fait pas voler d’après l’usage des seigneurs d’antan (au moins pas dans un état démocratique ou l’imposition serait collectivement consentie de bonne grâce). Alors, normalement, pour devenir riche de nos jours, il faudrait satisfaire la clientèle de façon substantiel. Et il en conviendrait d’en être fier.

      Encore faudrait-il être sensible aux conditions historiques du développement de la classe professionnelle, qui s’est distinguée dès le départ avec un ethos de savoir qui s’opposa moralement, à la fois aux privilèges héréditaires de l’aristocratie et au mercantilisme brut des commerçants. Mais aussi pointilleuse qui furent, jadis, ces distinctions de condition parmi les classes bien nanties, permettons-nous, au moins dans ce cas particulier, de faire abstraction du tabou normalement observé parmi ces professionnelles à l’endroit de toute discussion des mobiles inferieurs de l’argent ou de l’économique. Car notre enquête nous impose ce devoir, et les bénéfices récoltés dans la compréhension de notre matière seront considérables.

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argent et art médical : un lien naturellement rebutant

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