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Chapitre : influence incontournable de l’ethos traditionnel dans la vie contemporaine - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre : influence incontournable de l’ethos traditionnel dans la vie contemporaine

(Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section II : la morale et la loi — Sous-Section II a): La morale dite « catégorique », « objective », « universelle », ou « absolue » — Chapitre : influence incontournable de l’ethos traditionnel dans la vie contemporaine)

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l’Avocat Clarence Darrow en consultation avec le Juge Raulston au cour du celebre « Procées du Singe » Scopes, au Tennessee, circa 10 Juillet, 1925

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— actualité de la morale objective : le reflexe toujours dominant d’exiger l’unanimité et le consensus

     Quand-même bien qu’on aimerait, peut-être, épouser une logique post-morale, de choix personnels justifiés uniquement dans la préférence subjective, nos préjugés intuitifs des plus profonds semblent s’opposer à l’intégration sociale d’une telle idée.

     D’après l’observation, des personnes qui disputent des questions du jour dans notre quotidien houleux, les passions se lèvent toujours avec la plus grande chaleur dans la dimension morale, et cela même si ce vocabulaire serait soigneusement évitée. Remarquez à ce titre, que l’adversaire ne se fait pas seulement chargé de d’avoir tort ; non ; on lui suppose un caractère criminel ! Et contrairement à toutes les protestations de pureté logique, d’hyper-rationalisme, et d’opinion formé dans les évidences objectives, il est clair, je soumets, qu’habituellement et pour la plupart des gens, la conclusion voulue – morale et émotive — précède franchement les arguments à son appui, et que les seules évidences retenues seront celles qui puissent servir à la confirmer.

     Aussi, pour les gens honnêtes et sincères, l’intensité des débats dépasse rapidement ce qui puisse sembler rationnellement admissible devant l’importance des seuls enjeux politiques. Car, au niveau moral, il s’agit d’un sens d’identité et d’intégrité personnelle.

     On ne veut pas accepter l’idée que deux personnes puissent présenter des choix subjectifs différents. Pas du tout. On voudrait — pour simplifier au maximum — faire la démonstration que l’un ait raison, et que l’autre ait tort. Absolument. Et à moins que l’on n’prétend que l’adversaire ne soit entièrement idiot, la seule explication pour son refus d’accepter la vérité (pour l’autre si limpide et manifeste), se chercherait dans sa méchanceté. On demanderait, donc, que la bataille d’idées soit déterminante : une véritable lutte idéologique à la mort.  Et on demanderait à l’adversaire – à défaut de pouvoir vaincre – de s’incliner ; de se soumettre devant « les évidences » ; de se rallier ; de se conformer.

     Décidément, le paradigme courant en est toujours un de morale objective dont la nature, seulement, offre matière de dispute.

– décalage, des conclusions instruites face aux croyances primaires : nécessité et fragilité des libertés de conscience et d’expression

     Pourtant, cette question de vérité morale rejoint de très près la question des limites à la « vérité » tout court. Car nous avions appris à admettre, à travers la Renaissance, la Reformation et l’Age de la Lumière, que la nature de la vérité soit impossible à démontrer objectivement en raison des limites de la perception et de l’entendement humain. Remarquer bien que cette question soit tout à fait distincte de celle, déjà notée quoique plus moderne, au sujet de la réalité même d’une hypothétique « vérité » profonde (surtout appliquée dans la sphère morale).

     Il en résulte la proposition, alors, longtemps admis parmi les intellectuels de bonne foi : que l’on ne peut jamais vraiment savoir si l’on a raison ou tort, surtout dans les discussions comportant la moindre dimension métaphysique (tel que la morale) et ce, même au cas où la vérité existerait en fait.

     Telle fut la toile du fond philosophique devant laquelle les personnages éminentes de la politique, et de la loi, auraient érigé les premières règles fondamentales de la société moderne — les droits de conscience et d’expression — qui n’affirment, seulement, que pour avancer en paix, la société doit défendre la possibilité, pour tous et chacun, d’entretenir et de promulguer ses propres vérités (ou plutôt, dans ce contexte historique : de promulguer ses propres hypothèses au sujet de la vérité). Mais il reste toujours un grand pas entre cette théorie d’accommodation des différences, et la réalité pratique. Car, plusieurs siècles plus tard, l’assimilation de cette idée reste encore assez précaire dans notre quotidien.

     Dans les années dix-neuf-cent-vingt, nos grands-parents assistèrent au célèbre spectacle du « Scopes Monkey Trial » (le « Procès du Singe ») à travers lequel fut revendiqué pour les uns (et contesté pour les autres), le droit d’enseigner la théorie de l’évolution dans les écoles publiques des états américains du sud, fortement traditionnalistes (le procès ayant lieu au Tennessee).

     Remarquez, SVP, qu’il n’y était aucunement question, à cet époque, pour la faction scientifique de prétendre établir la « vérité », et encore moins d’interdire l’enseignement du « créationnisme » (doctrine plus acceptable aux Chrétiens intégristes) ; tout ce que l’on voulait, dans le respect de la libre conscience et de la libre expression, fut de permettre l’enseignement de l’évolution ; de permettre la compétition d’idées ; et de permettre, ainsi, à la sagesse des êtres humains intellectuellement libres, le soin d’assurer l’évolution positive des idées.

      Or, telle que nous connaissons l’histoire subséquente, la théorie de l’évolution n’a jamais cessé, dans cet environnement compétitif, de triompher sur la version alternative des faits, moins facilement défensable, celle-ci, d’une planète créée dans sept jours, ayant un âge total de six mille ans. Pourtant, même face à ces évidences de la robustesse des bienfaits de la pensée et de l’expression libre, le bouclage du cercle ironique, se serre de nouveau, encore de nos jours, avec l’intransigeance des nouveaux intégristes du « Scientisme », qui ne demande rien de moins que la suppression inconditionnelle de tout doctrine de création ! Alors, manifestement, la leçon évolutionnaire durement apprise, de pluralisme dans la compétition, ne s’est pas encore très bien assimilée !

     Similairement, dans notre culture en transition, la virulence du mépris communément témoigné à l’égard de la « morale », et des « moralistes », ne jaillit pas vraiment d’une maitrise des notions de la morale relative, mais plutôt d’un rejet spécifique des détails particulières du paradigme moral propre à nos aïeuls.

     Pour la plupart, cette idée plus radicale — que la réalité même du bien objectif soit remise en cause – n’aurait à peine effleuré l’esprit populaire.

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