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Chapitre : Souffle d’une mouvance multi-centenaire vers l’émancipation individuelle : le divorce, l’homosexualité et l’avortement - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre : Souffle d’une mouvance multi-centenaire vers l’émancipation individuelle : le divorce, l’homosexualité et l’avortement

la liberté ou la mort

contexte plus large ou s’inscrit le « droit à mourir » 

     Dans les discussions préalables à la décriminalisation du suicide médicale, qui aurait abouti dans l’adoption du régime d’euthanasie institutionnelle que nous connaissons aujourd’hui, les appréhensions de chute douloureuse sur la « Pente Glissant » furent repoussées avec une légèreté insouciante, comme les fruits d’imaginations morbides — déraisonnable et hyperactives. Pourtant, il apparaitrait avec clarté (dans la rétrospective), que les l’évidences indiquant l’inévitabilité des élargissements de la pratique de l’euthanasie — actuelles et à venir – nous pendait littéralement du bout du nez, et ce, dès le début.

     Car, pour apprécier la suite probable des choses, il aurait fallu se rappeler que la question du suicide assisté n’en est pas un de débat isolé. Elle s’inscrit dans un processus plus large d’évolution philosophique, légale, et sociale, qui s’est arrivé à un point de crise, certes, à travers les dernières deux ou trois générations, mais qui s’exerce en fait, depuis déjà plusieurs siècles. Cette évolution — ou révolution selon certaines — opposent toujours des idées traditionnelles de morale absolue, apparemment objective, intuitivement évidente pour l’être humain – et accessoirement calculés à produire une homogénéité de comportements — contre une mouvance de morale personnelle, fondée dans la perception d’une validité première dans l’expérience et dans la conscience subjective, qui s’opère souvent, elle, dans la direction d’une pluralité de moeurs.

     C’est une révolution que les champions de la nouvelle tendance articulent, souvent, en termes d’opposition entre contrainte, et liberté, de l’esprit humaine. Or, on ne peut pas prendre la place, ici, pour considérer ces idées sur leurs mérites propres (quoique nous y retournerons plus substantiellement dans des chapitres à venir). Je signalerais seulement, que le dernier siècle fut fortement marqué par plusieurs luttes autour de ces thèmes, et plus particulièrement dans la légalisation de différentes phénomènes jusqu’alors interdites, notamment : la divorce, l’homosexualité et l’avortement.

      Vue l’importance soudaine et transformationnelle des changements vécus dans cette période, il serait compréhensible que la discussion en soit encore quelque peu pénible. Les passions s’enflamment très facilement et la discussion rationnelle devient presqu’impossible.

     En conséquence, l’analyse de ces phénomènes se résume, habituellement, dans une version standard des faits plutôt superficielle, qui se restreint à une vague certitude que ce qui se passe maintenant soit « bien » tandis ce qui se passait avant fut « mauvais ».

     Mais, malheureusement, cette attitude trahit, aussi, une ignorance certaine du sujet : car le fond de dispute ne concerne, en fait, rien de moins que la réalité (ou l’irréalité) du « bien » et du « mal », dans l’absolu. Alors, en toute logique, celui qui réclame le droit d’agir, de telle ou telle façon controversée (en vertu d’un jugement subjectif), aurait sacrifié, aussi, le droit de prétendre que tel ou tel régime légal soit « bien » (c’est à dire : bien de manière absolue).

     Et c’est ainsi que la prise peu profonde sur les éléments de discorde, conjuguée avec la ferveur proprement religieuse investie dans l’issue de celle-ci, s’est traduit, depuis une vingtaine d’années par un tabou presque complet autour de la discussion critique de ces sujets. Pourtant, comment voudrions-nous comprendre notre présent sans référence au passé ? Je demande, donc, au lecteur, de faire preuve de patience pendant que nous revisitons, brièvement – et avec ce que j’espère être le plus grand respect et sensibilité– ces transformations sociales tant émotives.

     La plus impressionnante de toutes, peut-être, fut le changement extraordinaire réalisé dans le statut de l’homosexualité et des homosexuels. La réalisation des revendications homosexuelles s’est faite avec le plus grand effet, toutefois, en fonction d’une logique institutionnellement plus puissant : de discrimination collective à l’encontre des droits civils d’une classe spécifique ; ce qui aurait amené non seulement la liberté d’expression sexuelle mais accès, également, à des institutions comme la mariage et l’adoption.

Cependant, il ne faut pas oublier ce fait : que dans ses débuts, la décriminalisation des comportements caractéristiques de l’homosexualité s’est effectuée, sous la bannière de la liberté sexuelle (voir la liberté humaine) tout court. Et dans cette perspective elle doit aussi s’inscrire, dans notre étude de droit personnel, et donc, servir d’exemple prédictive pour l’acceptance d’un éventuel « droit de mourir ».

     La légalisation du divorce, elle, présente un profil moins ambigu d’affranchissement de l’individu, car des individus de tout genre et de tout degré sociale peuvent désirer, et chercher, le divorce, chacun pour de raisons personnelles. Or, l’acceptation progressive du divorce représente une victoire évidente de la liberté, de tout individu, aux dépens du droit sociétale d’imposer des standards communs de comportements, et ce, malgré les inconvénients subis par la collectivité.

      En dernier lieu, nous trouverons, dans l’exemple de l’avortement, une coïncidence quasi-parfaite de circonstances, et de stratégies employées — sans la moindre effet dans l’aboutissement —  pour enfreindre l’exercice de la libre disposition de sa personne, par voie de règlementation médicale.

     Toutes comme nos projets actuels concernant le suicide assisté et l’euthanasie, ces innovations légales furent toutes, d’abord, introduites par le biais d’exceptions à l’interdit, soigneusement circonscrites ; et chacune, de par le processus de contestation juridique à répétition, s’est éventuellement établie (non toujours dans la théorie, mais certainement dans la pratique) comme un choix pleinement personnel, justifié uniquement par le jugement subjectif des individus concernés. On peut donc, raisonnablement penser que le cheminement futur des exceptions médicales à l’interdit de l’homicide (le suicide assisté, l’euthanasie, l’aide médicale à mourir) suivra le même schéma et aboutira aux résultats semblables.

     Comment, en effet, douter de la réalité de la « pente » (et de l’inévitabilité de la glissade) devant ces évidences historiques, toute fraiche encore, dans le souvenir collectif ?

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