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Chapitre : Des explications, des anecdotes, et un plaidoyer de l’auteur, au sujet de la volonté vitale exprimée par la clientèle, et leur rejet de l’option euthanasique - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre : Des explications, des anecdotes, et un plaidoyer de l’auteur, au sujet de la volonté vitale exprimée par la clientèle, et leur rejet de l’option euthanasique

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie B : L’euthanasie et la clientèle – Section I : Le vécu des personnes handicapées, malades et mourantes — Chapitre : Des explications, des anecdotes, et un plaidoyer de l’auteur, au sujet de la volonté vitale exprimée par la clientèle, et leur rejet de l’option euthanasique)

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Un exemple-type : Jonathan Marchand, ingénieur, fondateur de l’Alliance québécoise des citoyens hébergés, atteint de la dystrophie musculaire, dépendant de la ventilation artificielle, et résident de Centre d’hébergement de soins de longue durée (Sainte-Anne-de-Beaupré, QC), s’indigne du fait que la mort soit rendue plus accessible, au Québec, que la vie : « … aux soins intensifs (en raison d’un épisode de pneumonie aigue), on m’a offert l’euthanasie à plusieurs reprises sans jamais m’offrir le choix de pouvoir vivre ma vie dans la communauté… »

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— L’auto-identification, de l’auteur, comme client désigné de l’euthanasie

     Par souci de transparence complète, je dois signaler, au lecteur, que j’en fais moi-même partie de ce groupe, officiellement désigné, « apte à mourir ».

     Dans l’écriture du livre en cours, je crois avoir transcendé, ne serait-ce qu’un tant soit peu, mon cas immédiat et mes intérêts individuels, pour contribuer de façon acceptablement objective au débat plus large concernant le futur de notre société. Pourtant, j’admets, aussi — et bien volontiers —  que sans ce lien direct avec la matière, j’aurais certainement investi mes énergies dans d’autres entreprises plus souriantes.

     Je peux affirmer, ainsi, qu’il y a quelque chose de très prenant, et de très motivant, dans le fait de se sentir personnellement menacé dans sa sécurité physique ; et l’assiduité au travail, dans de telles circonstances, peut dépasser, facilement, tout ce que nous pouvions observer autrement. De plus, la sincérité de l’engagement à l’endroit des adversaires idéologiques devient plus profonde, car il importe, réellement, de trouver des solutions pragmatiques, plutôt que de briller, seulement, dans une exposition géniale d’une position intransigeante.

     Or, pour comprendre et intégrer ma situation particulière face à la légalisation de l’euthanasie, il eut fallu que je m’applique à comprendre, aussi, la validité des affirmations, et des contre-affirmations, parvenant de sources multiples, soit principalement : les professions médicales, les apôtres de la liberté personnelle, les idéologues de souche collectiviste-utilitaire, les communautés religieuses, les philosophes de dérivation séculaire, et la grande publique.

     Mais seulement le premier de ces groupes, c’est à dire les médecins et autres professionnels de la santé, possèdent, à mon avis, une motivation proprement personnelle (d’identité et de fonction professionnelle) qui peut se comparer — même de loin — avec l’impératif ressenti par les personnes handicapés ; et c’est ainsi que les médecins, aussi, recherchent instinctivement des accommodements pratiques : pour pouvoir poursuivre, convenablement, une médecine d’inspiration hippocratique, même en cohabitation avec les promoteurs d’une pratique alternative d’euthanasie.

     Les intervenants philosophiques et religieux, par contre, avance des positions dont la valeur principale consiste, plutôt, dans leur caractère de rigueur sans compromis, et dans la clarté, nettement démarquée de leurs conclusions ; tandis que les administrateurs publiques, eux, se complaisent dans l’attente passive d’économies appréhendées ; et la grande publique (avec les politiciens qui l’accompagnent) ballotte au gré de préjugés ancestrales et d’opinions tirées de la dernière tendance ponctuelle.

     Malheureusement, encore, aucun de ces intervenants ne possèdent, nécessairement, de motivations suffisamment directes pour les amener à faire, loyalement, l’effort requis pour comprendre les autres. Mais toujours est-il, que les handicapés,  les malades, les mourants — ces personnes vers lesquelles se pointe, actuellement, la flèche mortelle, non simplement du suicide assisté, mais de la normalisation médicale de l’euthanasie ; ces personnes pour lesquelles ce régime d’euthanasie fut inventé — à leur intention, et contre leur gré ; ces personnes qui ne sont que rarement en situation de s’exprimer ; ces personnes, enfin, dont la caractéristique socialement dominante demeure leur dépendance sur la bienveillance d’autrui ; ces personnes, dis-je (incluant moi-même très candidement) : ces personnes auraient absolument besoin que leur expérience soit entendue, car leur survie en dépend.

     Pourtant, je ne doute pas de la bonne volonté du lecteur présent. J’imagine seulement qu’il puisse (possiblement) lui manquer de motifs d’urgence, suffisamment impératifs, pour comprendre la situation des handicapés et malades, et non, pas, qu’il lui manque le désir pour ce faire. Alors je me permets, à ce propos, de présenter les quelques paragraphes suivants, de nature un peu personnelle et anecdotique, dans le but de lui faciliter cette tâche.

— L’Énoncé primaire de la volonté vitale

     Premièrement, fallait-il souligner, que la vie de l’handicapé, du malade, du mourant, lui semble, subjectivement, aussi importante que celle de n’importe quelle autre personne.

     Voilà donc, tout le problème résumé dans une simple phrase : car toute la démarche de légalisation du suicide assisté (converti chemin faisant en euthanasie simple), fut postulé sur la présomption, quasi-unanime parmi les bien-portants, que la mort serait préférable à la vie dans les circonstances décrites. Alors qui dit vrai ? Qui aurait raison ? Celui qui désire encore vivre ? Ou celui qui s’apprête à le tuer ?

     Et c’est ainsi, que je me permets d’insister auprès du lecteur :

     Même si vous ne retiendrez rien de plus, cher ami, suite à la lecture de ce livre ; retenez, s’il vous plait, ce qui suit : À l’exception d’une minorité suicidaire, assez marginale, les personnes handicapées, malades, et mourantes, désirent vivre aussi longtemps que possible, tout comme leurs voisins bien-portants ; et pour ceux qui en douteraient toujours : cette affirmation se confirme rigoureusement dans les taux massifs de refus de l’option euthanasique, partout, et dans tout catégorie, sans exception.

— Des anecdotes de l’auteur, et ses conclusions personnelles

     Non ! Je n’ai aucun désir suicidaire. Pourtant, depuis plus de quarante ans, je me fais interpeller, régulièrement, un peu partout, et même dans la rue – par des proches ou par des parfaits inconnus — qui semble ressentir un besoin pressant de partager avec moi leur conviction que, « s’ils étaient à ma place … » ils se suicideraient. Rien de moins.

     Je suis habitué, bien sûr. Je suis de tendance intellectuelle. J’ai étudié et j’ai réfléchi aux divers arguments, philosophiques, qui entourent cette question. J’ai lu avec intérêt les réflexions autobiographiques des gens concernés. En fin, je suis plutôt flegmatique. Mais même pour moi, c’est n’est pas facile de trouver le détachement nécessaire pour répondre posément à de propos aussi dangereux, et qui me touchent d’aussi près. Alors, il va sans dire que j’arrive mal, actuellement, à me resigner à cette cadre légale par laquelle ces individus naïfs, et ignorants (parmi lesquels nous nous devons de compter, aussi, bon nombre de médecins) — que tous ces gens alors — se trouvent objectivement validés et réaffirmés dans leurs jugements grossiers, de par de décrets livrés par les plus hautes autorités de notre société.

     Est-ce si difficile, à la fin, de comprendre que nous, les abimés de parcours, n’ont plus ce choix qui se voit si cavalièrement invoqué par ceux qui sont assez chanceux pour n’avoir rien, encore, perdu ? N’est-il pas apparent, que derrière ce souhait de mort, si légèrement proféré, ne demeure rien qu’un exercice, assez insouciant, de choix imaginaire entre ce que l’on est, d’abord, et une possibilité catastrophique, à peine créditée, de ce que l’on pouvait devenir ?

     Évidement la personne indemne se recule devant cette vision d’épouvante ! Pourtant, la personne abimée fait précisément le même calcul ! Car elle ne fait que comparer son état actuel (la vie) avec un état qui serait pire (la mort) et elle choisit le premier ; elle ne fait, ainsi, que s’accrocher à son bien présent comme n’importe quelle autre le ferait (quoique plus vivement, peut-être, dans la mesure qu’elle comprend plus, maintenant, les secrets de la vie qui s’en va en s’amoindrissant ; et qu’elle apprécie, d’avantage, les étincelles qui en reste). Et s’est ainsi que, moi-même, je ne désire que de jouir pleinement de ma vie, quelles que soient ses limites ; car, pour moi, cette vie serait tout, exactement comme la vie de quiconque. Et encore :  je ne cesse jamais de m’étonner à ce que cela puisse sembler si étrange pour les non-initiés.

     Non ! Je ne désire pas mourir. Non ! Je ne veux pas d’un droit au suicide en guise de soin médical. Je désire, au contraire, la promesse d’attentions protectrices pour les jours où ma morale, comme la morale de n’importe qui, puisse fléchir ponctuellement.

     J’hésite, néanmoins, par souci de réalisme, à demander (en plein droit de citoyen) les ressources nécessaires à ma survie. Mais en autant que je sois toujours capable de me les procurer, je refuse de partir de mon propre gré. Et plus encore, quoique je reconnais le droit, aux autres, de m’abandonner à la mort (selon leur propres priorités financières), je ne les reconnais pas le droit de me tuer ; et je refuse, catégoriquement, à leur proférer une excuse pour ce faire, dans cette machination macabre d’euthanasie volontaire.

— La consternation, des personnes visées, de se voir amoindries dans la perception publique, en fonction de critères objectifs

     En somme, la résistance spécifique la plus féroce, parmi les gens malades et handicapés, face au suicide médicalisé et à l’euthanasie pure, vient d’une indignation primaire devant le fait de voir leurs vies officiellement définies comme étant de moindre valeur que celles de leurs voisins dites « normales ». Dans un mot : les malades et les handicapés s’insurgent contre ce principe discriminatoire, flagrant, qui est indissociable du régime actuel de critères médicaux objectifs ; un principe qui les menace dans leur dignité humaine, dans leur paix psychologique, et éventuellement — disons-le franchement : dans leur sécurité physique.

— Les Assurances peu convaincantes véhiculées par les promoteurs de l’euthanasie

     Évidemment, il y a un effort considérable de la part des champions de la justification objective du suicide médicalisé, à se montrer rassurants. Non, non, dirait-on, le risque appréhendé n’existe pas dans les faits. La volonté informée, et clairement exprimée, restera toujours la première condition de l’autorisation des euthanasies ; les plus vulnérables peuvent être protégés en fonction de mesures étroites de sécurité élaborées à leur intention ; la majorité ne sera pas touchée ; les non-suicidaires n’ont, donc, rien à craindre ; sans consentement éclairée, personne ne sera tuée. Point finale. Tout le reste tiendrait des malentendus, sans plus…

     Remarquez-bien, s’il vous plait, que dans ce discours, la « personne vulnérable » était toujours représentée, par dessin ou par ignorance, comme une personne extraordinaire et spécifique, dont la protection pouvait être assurée — par des moyens également extraordinaires — sans contrevenir aux droits de la majorité non-vulnérable.  Or, outre le fait que les membres de cette clientèle — malades chroniques, mourants, handicapés lourds — sont, à bien d’égards, vulnérables d’emblée, il faudrait de nouveau signaler la situation quantitative précisé dans un chapitre précèdent : que 90 % ne désire pas se suicider !

     Et en conséquence, les circonstances réelles sont exactement contraires aux représentations des faits : il ne s’agit pas d’une volonté majoritaire, qui doit être satisfait, malgré un certain risque au nombre limité de « vulnérables » ; d’une réforme —  d’après la théorie — qui soit  bénéfique pour l’ensemble.  Pas du tout.

     Même si nous imaginons que tous les suicidaires sont pleinement volontaires, et aucunement influençables, nous devrions toujours reconnaitre que la vaste majorité sont devenus vulnérabilisés davantage, puisqu’exposés aux nouvelles pressions – publiques et intimes — d’abandonner leur choix de vivre. Et de façon étonnante (vue de la perspective de l’auteur actuel), Il ne semble pas, somme toute, y avoir trouvé la moindre crainte (parmi la majorité bien-portante), que cette innovation ait pu avoir des effets néfastes — systémiques et généraux — imposés sur la totalité de la population visée.

     Eh bien, permettez-moi de présenter mes excuses auprès du lecteur, mais dans ce cas, je me sens obligé de m’objecter avec force :

     Ce sont de propos de beaucoup trop faciles. Les vices de fond sont bien réels, à la fois dans la tradition philosophique, et dans la forme de la loi. Ces vices ne peuvent que favoriser la validation implicite de préjugés préexistants à l’égard des vies « indignes » ; et la validation de ces préjugés ne peut que produire des effets pratiques — sinistres et d’étendu imprévisible — sur le vécu de toutes les personnes, malades et handicapées.

Commençons d’abord par la tradition philosophique.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section II : la morale et la loi)

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