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Paradoxe : l’intérêt vital de chaque particulier versus l’intérêt budgétaire de la collectivité - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Paradoxe : l’intérêt vital de chaque particulier versus l’intérêt budgétaire de la collectivité

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section I : Paradoxe : l’intérêt vital de chaque particulier versus l’intérêt budgétaire de la collectivité)

Chapitre : L’euthanasie : Une idéologie qui invite aux individus de sacrifier leurs prochains d’abord (et eux-mêmes par la suite) aux intérêts collectifs utilitaires

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Le citoyen décide d’acheter ou de louer son logis, mais le financement des soins de santé est pris en charge par l’état (Canada)

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— La responsabilité publique des soins de santé : statut éthique particulier ; conflit entre l’intérêt individuel et l’intérêt collectif

     Nous avons vu, à travers notre description de l’évolution économique de la pratique médicale, qu’il y a toujours eu une distinction importante entre la santé publique et la santé personnelle. Nous avons vu aussi que la nature des soins de santé rend leur livraison moderne éthiquement plus complexe que la livraison libre d’autres services.

     Considérons, par exemple, le marché de l’habitation : Parmi les personne-types qui gagnent suffisamment d’argent pour se loger convenablement, il se produit de grandes différences qui sont le résultat des choix fait par chacun. En particulier, il se peut très bien qu’un individu demeure locataire, en dépit d’un revenu adéquat pour accéder à la propriété. Ce sont, dirait-on des choix personnels qui reflètent les priorités de chacun, en évaluant la satisfaction future, versus le sacrifice immédiat exigé. Et de façon générale nous n’éprouvons pas de difficulté éthique au constat des disparités qui en résultent. Ou à tout le moins, les inconforts potentiels du régime de propriété privé nous n’auront pas semblés suffisamment dramatiques pour transformer le tout en régime universel de propriété publique.

     Mais dans la sphère médicale, au contraire, cette logique ne suffit pas pour apaiser le sentiment public. Car, en autant qu’il existe une personne souffrante, malade ou victime d’accident, il nous semblerait absolument nécessaire, dans la conscience éthique de notre époque, que cet individu puisse recevoir les soins appropriés. Et remarquez bien, qu’il ne s’agit pas ici des personnes profondément désavantagées pour lesquelles la société admet assumer, d’emblée, une responsabilité spéciale. Non. Le vrai problème se pose, encore, devant cette personne-type, parfaitement capable d’assurer ses besoins futurs en soins de santé, mais qui ne l’aurait pas fait. Et peu importe que cette personne se soit montrée, précédemment, de la plus audacieuse prodigalité, notre conscience éthique nous demande, toujours, qu’elle soit soignée au besoin. Or, pour pallier à ce problème, la livraison des soins de santé personnels, dans son ensemble, serait devenue la responsabilité de l’administration publique ; mais il en résulte, également, que l’individu dépend, ainsi, sur l’agence d’un état administrative dont les intérêts propres sont en opposition avec les siens.

Impossible à nier ces faits : Les intérêts de l’administration publique sont clairement avantagés par la normalisation de cette nouvelle « médecine de la mort », car elle promet d’évacuer le system engorgé de tous ces individus, économiquement non-valables qui l’encombre actuellement. Cependant, l’intérêt de chacun de ces personnes, prise individuellement, serait de profiter des ressources curatives les plus avancées, aussi longtemps que possible et à n’importe quel prix, dans le simple but instinctif de prolonger sa vie. Autant en serait parfaitement limpide.

— Un conflit parmi les intérêts distincts du citoyen

     Pourtant, beaucoup moins évidente serait la notion naïve que l’individu bien informé réclamerait, par nécessité, la satisfaction de son intérêt personnel par voie politique ; c’est-à-dire qu’il réclamerait le rejet de toute pratique institutionalisée d’une véritable médecine de la mort. Car les intérêts publics sont également les intérêts de l’individu dans son rôle de citoyen/contribuable. Et tout comme le locataire qui hésite devant l’accession à la propriété, d’individus différents à de stages différents de leurs vies peuvent favoriser différentes priorités, aussi, dans l’évolution de politiques publiques. Ou pour parler crument : beaucoup sembleraient d’accords pour s’imaginer prêts à recevoir moins de soins « rendu là » en autant qu’ils soient persuadés (à tort ou à raison) que cette option puisse les économiser de l’argent liquide dès maintenant.

     Et c’est ainsi que s’ouvre devant nous, une période de discussion essentielle qui opposera, certainement, les uns aux autres autour de cette question brulante : d’utiliser, oui ou non, notre système publique de santé comme une instrument pour optimiser l’état fonctionnel, et productif, de la population ; non seulement en soignant les blessures des plus productifs, mais également : en éliminant activement — c’est-à-dire en tuant — les personnes malades et dépendantes qui n’offrent pas l’espoir d’un rétablissement rentable pour l’ensemble.

— Le choix ainsi posé

     Car le choix devant nous à l’heure actuelle, c’est bien cela : non seulement de permettre, ou non, le suicide assisté (chose déjà fait), ni même la médicalisation de ce suicide (qui est également acquise au Canada avec la substitution de l’euthanasie volontaire pour le suicide assisté) ; ce qui importe maintenant, ce serait le degré de pénétration que ce principe de médicalisation produira vers une véritable normalisation institutionnelle de l’euthanasie.

     Il serait inutile (pour répéter cette évidence essentielle) de prétendre que les intentions originales ne furent aucunement de cette nature, car les conditions de départ se trouvent transformées aujourd’hui par nos décisions d’hier ; et la porte vers une véritable médicine de la mort, se trouve, maintenant, grande ouverte. À nous la décision fatidique de traverser, ou non, le seuil.

     Car peu importe que cette autorité, pour nos médecins de tuer leurs patients, eut été accordée délibérément, et sciemment, dans le but de rentabiliser sa pratique, ou encore, que cette autorité eut été accordée dans un flou intellectuel, où les aboutissements probables furent simplement ignorés dans le désir de satisfaire, rapidement, au tollé médiatique en faveur du droit à mourir ; dans les deux cas :  les pressions économiques en faveur de son utilisation maximale seront exactement les mêmes.

     Il ne suffit plus, alors, qu’une majorité de la population ait pu être amenée à accepter la réforme en cours, passivement, sous l’effet de promesses sécurisantes faciles.  Pour prétendre procéder plus loin, avec un mandat réellement légitime dans cette matière tant importante, nous aurions maintenant un devoir beaucoup plus exigeant. Car il faudrait faire la démonstration, nette : que cette population désire toujours (et en toute connaissance de cause) que la pratique médicale, et la relation entre le patient et son médecin, soient altérées en profondeur ; qu’elle désire vraiment permettre l’éclosion progressive de cette médecine de la mort, dont la mission serait fondamentalement collective et utilitaire, non personnelle et curative.

    Or, pour faire une telle démonstration, et pour faire un tel choix, faudrait-il toujours que nous examinions, avec franchise et ouverture, tous les arguments qui existe, des deux bords du débat. Et pour ce faire nous n’aurions pas à tout inventer, car des arguments, en fait l’ensemble d’une idéologie mature et définie en détail, existe déjà pour justifier l’euthanasie utilitaire. En fait, ce qu’il faut plutôt faire, c’est d’arrêter de se comporter comme si ces raisonnements n’eurent pas été présentés de par le passé (ni répudiés à répétition), car tel n’est pas le cas.

     La franchise minimale, donc, et l’intégrité intellectuel, exigerait des champions modernes de l’euthanasie qu’ils épousent (ou au moins qu’ils adressent ouvertement) les traditions, et les aboutissements passés ; qu’ils surmontent ces antécédentes déplaisantes ; et qu’ils parviennent à convaincre la population de la réalité des bienfaits escomptés en tenant compte, aussi, du prix ultimement réclamé de chacun. Car sinon, faudrait-il reculer de quelques cases face à la démarche actuelle, vers le seul suicide assisté pleinement volontaire, et justifié uniquement dans la subjectivité souveraine ; très loin, celui-ci, de l’euthanasie justifié dans l’objectivité de la médicine.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident)

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