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Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident)

Chapitre : Le besoin de regarder franchement, et avec candeur, les arguments et les précédents historiques

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Plus poète que héros : linguiste, historien et paradoxalement, à la fois, survivant de la Bataille de la Somme (1916), et pourvoyeur hors pair des mythes identitaires du guerrier Teuton — John Ronald Reuel (J.R.R.) Tolkien. Son épopée parle d’un mal périodique et existentiel, permis à renaître, horriblement, grâce à l’ignorance et l’oubli, mais quand-même surmonté, in extremis, dans une lutte inconditionnelle menée par des gens simples de bonne volonté. Par chance ou par dessin ce fut une parabole parfaite pour la première moitié du vingtième siècle.

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— un malaise certain, devant le mot « euthanasie », qui confronte les intentions optimistes de notre présent, avec un bagage lourd du passé

     Malheureusement, a cette joncture, faudrait-il avertir le lecteur que notre enquête nous obligerait à entretenir des idées et des discours qui sont devenus, à l’heure actuelle, presque inavouables sinon carrément imprononçables : car ces idées se trouvent à l’extérieur accepté de ce que l’on voudrait imaginer que puisse contenir notre présent idéalisé.

     Pour en croire aux dires de certains penseurs post-modernes, nous nous trouvons déjà (ou, au moins, nous nous trouverons sous peu) dans un beau paysage idyllique de social-démocratie, non-violente, inclusive et égalitaire, qui serait peuplé uniquement de lutins et de hobbits bienveillants, motivés par l’amour et la compassion, sans bornes, les unes des autres.

     Pourtant pour l’auteur de l’un des versions des plus populaires de cette vision du bonheur (J.R.R. Tolkien, 1892 – 1973), ce fut un thème reçurent, que le mal pousse toujours dans les ombres à notre insu, et que les pires dangers guettent les communautés heureuses : des dangers anciens survivants du passé ; ignorés par les gens — incrédules et moqueurs ; mais non moins présents, non moins proches, et non moins menaçants.

     À la fin de la trilogie tant célèbre de M. Tolkien (« Le Seigneur des Anneaux », 1954 -55), les habitants de la Terre du Milieu émergeaient, presque miraculeusement, de la catastrophe globale précipitée par l’esprit primaire et maléfique de Sauron de Mordor ; et ils sont entrés dans un temps inouï de sécurité et de prospérité. Ce fut un message parfaitement adapté aux expériences des survivants des deux Grands Guerres contre l’Empire Allemand, des Autocrates Prusse (1914-18) et ensuite des Fascistes Pangermaniques (1939 – 1945). Car eux aussi, ils furent des survivants bénis, qui vivaient des bonheurs presqu’inespérés :  mais dans la réalité du quotidien, eux, et non de la littérature, au même moment que fut apparue cette œuvre.

     Pourtant, à la même manière que Tolkien aurait décrit la réorganisation et la reconstitution périodique de cet agent de mal, quasi-éternel, que fut Sauron, nous aussi, nous sommes entourés de nos jours par des idées néfastes, conquises jadis, mais toujours vivantes et toujours séduisantes ; des idées qui poussent patiemment à l’ombre, et qui risque continuellement d’éclore de nouveau. Telles sont, par exemple, les notions économiques de la Socialisme classique, toujours aussi dangereuses pour chaque génération de jeunesse altruiste. Et telles, aussi, sont certaines idées d’utilité collectiviste, qui se sont révélées aussi chères aux Bolcheviks qu’aux Fascistes.

     Imagine, par exemple, à la conclusion triomphale du livre, que le père vieillissant de l’héros accidentel que fut Samwise Hamfast (compagnon fidèle de Frodo Baggins), que ce vénérable Gaffer, disais-je, ne finirait pas (selon la vraie version de l’histoire) dans un beau petit cottage chouette, habillé dans un nouveau gilet de laine chaud, et confortablement installé devant un foyer crépitant et radieux… mais dirigé fermement, plutôt, vers une exécution médicale, du moment que son état puisse moindrement la justifié en fonction des critères retenus pour la « bonne mort ».

     N’y a-t-il pas une certaine hérésie implicite dans l’évocation d’une telle divagation d’intention ? N’est-ce pas un aboutissement anathème, irrecevable, à bannir franchement du discours ? Est-ce possible que l’on puisse prétendre trouver un à-propos tel conque entre notre présent illuminé et ces fantasmes invraisemblables ?

     Encore une fois, je me trouve, ici, obligé de m’excuser auprès du lecteur pour cette légèreté peu digne. Mais j’avoue que ce soit l’énormité même de la réalité présente qui me pousse vers l’absurde par mécanisme d’autodéfense psychique. Car, devant cette récupération surprenante de l’euthanasie, nous n’aurions plus le luxe de nous berner sur la présence, parmi nous, de sombres courants idéologiques ostensiblement enterrés avec le vingtième siècle, mais, au contraire, fermement enracinés, et croissants tout près — discrets mais constants depuis ce temps ; des portes que nous ayons cru fermées à tout jamais, mais qui s’entrouvre, délicatement, de nouveau. Décidément, en s’aventurant sur ce terrain, faudrait-il au moins se montrer pleinement conscient des embuches qui, sans aucun doute, ne s’offriront.

— Permettre la description honnête, du passé, dans le vocabulaire qui lui soit propre

     Pour entamer une discussion fructueuse au sujet de ces pratiques, à tout le moins devrions-nous appeler les choses correctement par leurs noms, en commençant avec les mots « suicide », « homicide », et, bien sûr, le mot « euthanasie » lui-même. Car certains voudraient voir ces mots, directs et francs, entièrement occultés de la conversation.

     Tout au contraire ! Il faudrait fermement rejeter cette idée facile. Il ne faut absolument pas imaginer que tout le bagage associé à ces mots, ainsi que tout le fruit des débats précédents (et toutes les conclusions qui y furent retenues), puissent aujourd’hui s’ignorer, grâce aux simples astuces de changements arbitraires de vocabulaire ! Nous ne devrions pas (pour y insister) permettre l’évacuation des leçons du passé avec l’évacuation des mots utilisés, autrefois, dans leurs descriptions.

     Il semblerait avoir, en fait, un désir dit « présentiste » de limiter la discussion au seul moment actuel ; de rétrécir notre attention uniquement au sort du pauvre souffrant-suicidaire devant nous : sans se préoccuper de la fragilité du contexte médical dans lequel ce suicide se produit ; sans se préoccuper des patients non-suicidaires qui se feront ciblés par association ; sans se préoccuper des dérapages documentés, à ce sujet, au Canada et à l’étranger ; et surtout : sans se préoccuper des buts clairement annoncés dans le passé, par les promoteurs antérieurs d’une vision plus pratique de l’euthanasie – de personnes qui se réclamaient ouvertement, et avec fierté (autrefois), d’un courant idéologique proposant l’euthanasie comme instrument de gérance rationnelle de la mort, conçue en exercice d’hygiène collective.

     Alors n’en déplaise à ceux et à celles qui aimeraient s’épargner cette étude ; qui aimeraient, possiblement, que les débordements du dernier siècle — dans l’action, et dans la pensée – aient pu y rester dormir paisiblement : il ne peut pas en être ainsi. Il ne peut pas en être aucunement possible de parler rationnellement des projets présents, particulièrement dans leur signification sociale, sans apprécier les souches dont ils sont originalement les pousses, et auxquelles, malgré notre malaise, ils se rattachent toujours.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Le besoin de regarder franchement, et avec candeur, les arguments et les précédents historiques — Éviter le piège de situer notre matière dans un court épisode historique qui demeure inaccessible à la discussion rationnelle : les bases plus larges de l’utilitarisme collectif)

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