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Un aperçu du climat social dans lequel furent accueillies les nouvelles théories, moralement ambiguës, du matérialisme et de l’évolution : de la Mer au banc d’école - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Un aperçu du climat social dans lequel furent accueillies les nouvelles théories, moralement ambiguës, du matérialisme et de l’évolution : de la Mer au banc d’école

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Un aperçu du climat social dans lequel furent accueillies les nouvelles théories, moralement ambiguës, du matérialisme et de l’évolution : de la Mer au banc d’école)

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Quoiqu’il fut décédé presqu’un siècle avant la fin de la Guerre Civile Américaine, John Woolman (1720 – 1772) joua un rôle majeur dans la libération des esclaves. Avec sa présence personnelle charismatique, en visitant les fermiers Quaker un par un — en priant et en discutant avec eux — cet homme réussit, presque seul, à liberer l’ensemble de la secte Quaker de la tare de l’esclavage. À leur tour, les Quakers exerçaient une forte influence sur une grande partie des colonies de la Nouvelle Angleterre, et en dépit du fait qu’ils abjuraient personnellement le service militaire, leur présence politique jouait fortement dans la décision de certains États, comme le Commonwealth de Pennsylvanie, d’opposer la Sécession sudiste.

Portrait anonyme trouvé dans la collection du Gouverneur de la Pennsylvanie, Samuel Pennypacker (1843 – 1916)

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— La difficulté de postuler l’existence d’une civilisation humanitaire dans les conditions préindustrielles : l’universalité du travail forcé

     Pour comprendre l’attrait de cette nouvelle interprétation sociale évolutionnaire (« la survie du plus fort »), qui fut tant choquante en soi mais qui prétendaient, pourtant, se justifier dans l’observation impassible de la science, il faudrait apprécier, aussi, dans quelles conditions culturelles fut arrivée cette doctrine.

     Depuis les débuts de la civilisation, la cohésion de l’ensemble dépendait d’un surplus agricole qui fut, surtout, le fait de travailleurs sous obligation, c’est à dire, d’esclaves. Et ce n’est pas le seul secteur qui dépendait de la compulsion, car les mines et les carrières, la construction des fortifications et le service militaire, nécessitaient, également, la participation d’hommes qui eurent préférés, très probablement, se trouver ailleurs. Je pense, d’ailleurs, que nous pouvions facilement prétendre, sans controverse, que la civilisation préindustrielle eut été franchement impossible (partout et toujours) sans le travail forcé. Et ainsi en fut-il, aussi, dans les galères qui sillonnaient les mers.

— La nécessité particulière de maintenir l’efficacité de la marine coloniale

     Or, dans la modernité préindustrielle, une grande partie de la richesse (et de la puissance) des États européens se fondait, précisément, sur la nouvelle capacité technique de naviguer entre les continents. Par contre, la vie et le travail des matelots, entassés dans une promiscuité insalubre sur de petits bâtiments de voile, exposés aux dangers d’un travail incessant, dans toute température et à toute heure — de nuit comme de jour — ne pouvait que se qualifier d’inhumains.

    En conséquence, outre l’aristocratie de la navigation (les officiers pour lesquels la mer représentait un métier, un art, et un statut social considérable) il fallait qu’un grand nombre d’hommes soit trouvé, pour travailler sous la contraint d’une discipline féroce, dans des conditions souvent épouvantables. Et pour combler ses rangs dans les circonstances décrites, la marine de guerre, en particulier, utilisait la force pure (sous raison d’état), en enlevant, ni plus ni moins, la jeunesse paysanne qui ait pu se montrer suffisamment téméraire pour se présenter dans les villes, dans les foires, ou même sur la grande route, des régions côtières.

— La réalité éprouvante de la vie marine (et militaire)

     Pour commenter l’état de ce secteur, nous pouvions utilement remémorer les paroles profondément touchantes, prononcées par John Woolman, célèbre abolitionniste Quaker (1720 -1772), quand celui-ci décrivit de son expérience directe, la réalité regrettable d’une « dépravation presqu’universelle parmi les matelots », affirmant  (après un voyage passé en fréquentation intime avec ces derniers, 1772), que « la dégradation lamentable, si fréquente parmi ceux qui travaillent sur la mer, m’aurait tant affecté le cœur, que ce ne serait pas chose facile d’en communiquer, à la compréhension d’autrui, les sentiments que j’aurais éprouvé ».

     Même au début du vingtième siècle, nous retrouvions des sentiments similaires, (exprimés dans un vocabulaire moins discret, cependant), au cours d’une anecdote impliquant Winston Churchill, qui fut chargé à cette époque d’évaluer les possibilités de réforme dans la marine britannique. Apparemment, face à l’opposition instinctive et institutionnelle, exprimée par certaines haute-gradés navales devant cette intrusion politique dans une culture de nature tant exclusive, M. Churchill répliqua en qualifiant les soi-disant « belles traditions » de ce service, comme rien de plus que : « le rhum, la sodomie, et le fouet ».

     Et entre les deux, circa 1830, Arthur Wellesley, Duc de Wellington (Premier Ministre, et Vainqueur de Waterloo), constata les mêmes conditions humaines chez les forces terrestres :

« Notre armée (sic) se compose de la crasse de la terre. C’est un miracle que nous en faisons autant avec eux par la suite. Les soldats anglais sont des types qui se sont enrôlés pour la boisson – voilà la simple vérité : ils se sont tous enrôlés pour la boisson. » — en conversation avec Philip Henry, Cinquième Earl de Stanhope, le 4 novembre 1831.

Au sujet de la discipline :

« Je ne vois pas comment une armée peut fonctionner sans discipline… ni comment la discipline peut se maintenir sans punition. La seule punition qui fait la moindre impression sur les hommes, c’est le châtiment corporel. La véritable raison du châtiment (…ce n’est pas de punir mais…) c’est d’empêcher d’autres, grâce à l’exemple de ce qu’ils voient souffrir le coupable … » — témoignage devant une Enquête royale au sujet de la discipline militaire, 1835

Un exemple pratique :

« Les soldats (X, Y, Z) furent inculpés pour le vol de brebis, pour avoir quitté leur poste dans leur quête de pillage, d’avoir offert d’utiliser de la violence en désobéissance à leur officier, et même, de lui avoir tiré dessus. En conséquence, le soldat X sera fusillé à mort; les soldats Y et Z recevront un châtiment corporel de 1000 et de 800 coups de fouet, respectivement. » — Ordres générales, du Field marshal Wellington, Freneda (royaume d’Espagne), le 2 février, 1813.

— Le caractère idéal du chef

    À la différence d’autres travaux durs, cependant, qui pouvaient être accomplis sous la compulsion de surveillants seulement brutaux, la navigation et le combat militaire, (s’ils voulaient réussir), exigeaient la présence de vrais chefs, capables, ceux-ci, de partager toutes les rigueurs physiques et morales ; capables alors, de solliciter une obéissance dont l’exécution serait imbue (idéalement) de prestance, d’intelligence et d’une ardeur largement volontaire. Car seulement ainsi, pouvaient-ils espérer survivre, maitre ou matelot, général ou fantassin — tous sans distinction — devant les crises existentielles qui se présenteraient (avec certitude) sur leur chemin. Et alors, fallait-il que ces officiers fussent non seulement craints, mais respectés aussi, et dans certains cas (à l’instar d’Arthur Wellesley lui-même) : aimés, par « leurs hommes ».

— Au trait d’union humain entre l’idéal et la réalité : le caractère des dirigeantes subalternes

      Les distinctions de classe, pourtant, devaient être maintenues dans des conditions de côtoiement très étroits, notamment dans la marine, et surtout pour les officiers de rang junior. Car, au bas de l’échelle de l’ambition, là où les preuves de capacité furent démontrées en premier (et là où les futurs furent déterminés, souvent avec finalité), se trouvait l’interface, essentielle, entre la main-d’œuvre brute et la direction. Les fils de la classe dirigeante ne pouvaient pas éviter la fréquentation des hommes/esclaves sous leurs ordres ; ils devaient, au contraire, se montrer capables d’affronter le pire chez l’humain ; et pour ce faire, ils devaient cultiver, délibérément, des qualités naturellement étrangères à la mollesse privilégiée.

     Car au bout du compte, la nouvelle prospérité globale, produite par le système colonial, dépendait de l’efficacité de ses agents, à tout niveau de l’administration. Et la seule manière pour un officier subalterne de gagner le respect (et l’ascendance morale qui lui serait nécessaire) fut de se montrer, réellement, l’égale de « ses hommes » à tout égard, y incluse celui de la dominance violente. Et pour développer systématiquement les qualités de dominance requises (et disons le franchement : de brutalité au besoin), la société avait perfectionné, dans le dix-neuvième siècle, un système d’écoles résidentielles qui promettait de transformer en « homme » — advienne que pourra — tout garçon digne de ce nom.

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HMS Victory : Vaisseau amiral à Trafalgar (1805), gigantesque à l’époque, la Victoire (en service circa 1769, et en exposition de nos jours) n’a que 200 pi de longueur. Se trouvaient entassés là-dedans : 104 cannons et 840 hommes..

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