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- Gérald Godin - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

– Gérald Godin

Gerald Godin, député élu, 15 Novembre, 1976

     Dès le début des années soixante, il y avait, aussi, dans ce monde d’idées et de culture en ébullition, un autre habitué des cabarets politiques, dix ans plus jeune que Pauline Julien, celui-ci — journaliste, intellectuel et poète — : Gerald Godin.

     Avec cette assurance qui accompagne naturellement les jeunes hommes beaux, talentueux et volontaires –aussi attirante pour les uns qu’insouffrable pour les autres – Gerald Godin fut le prince consort, parfait, auprès de la grande dame de ce micro-cosmos politico-culturel. Ils passèrent plus de trente ans de vie ensemble.

     L’incomparable soirée du 15 Novembre, 1976, ou le mouvement indépendantiste se trouvait subitement bénéficiaire d’un victoire électorale éclatante — d’une envergure ni prévue, ni même espérée — se couple populaire était au centre des festivités : elle, en quelque sorte, comme l’emblème féminin, la mère, la reine du mouvement, et lui, comme député fraichement élu, à cette majorité magique qu’on croyait mandatée à réaliser, dans les plus brefs délais, cet indépendance glorieuse à laquelle tout le monde présent croyaient, fermement, que le Québec fût enfin destiné.

     Gerald Godin était encore jeune, dans les termes politiques, même dans ce mouvement qui présentait un visage de jeunesse. Le chef du Parti Québécois, et le nouveau Premier Ministre du Québec, Réné Levesque, été âgé, à l’époque, de 54 ans, et son lieutenant/rival, Jacques Parizeau, de 46, tandis que Gerald Godin n’en avait que 38. Il n’en faisait pas partie, alors, du petit groupe de politiciens aguerris, vétérans de la Révolution Tranquille, qui se trouvèrent marqués d’emblée pour occuper de postions d’influence et de grands portefeuilles ministériels. Pourtant, il avait déjà une distinction de taille, unique et bien à lui : car ce fut Gerald Godin, et personne d’autre, qui avait personnellement affronté, et détruit en combat singulier, le véritable Dragon Fédéraliste qui fut, jadis, Robert Bourassa : Premier Ministre sortant, et co-auteur des Mesures de Guerres, tantes humiliantes, imposées sur la peuple Québécoise en Octobre 1970 pour maitriser l’état social invoqué « d’insurrection appréhendée »  !

     Six ans Premier Ministre, et dix ans député dans la circonscription de Mercier, personne ne pouvait imaginer que Robert Bourassa ait été personnellement vulnérable ; mais Gerald Godin lui avait bel et bien vaincu sur le terrain, et s’est ainsi accaparé de son siège ! Dès lors, le destin semblait le distinguer de l’ensemble des députés majoritaires. Et c’est également très certain que son identification populaire avec Pauline Julien ne nuisait aucunement dans son ascension au pouvoir.

     À partir de 1979, M. Godin fut successivement nommé : adjoint parlementaire des Affaires Culturelles ; adjoint parlementaire de la Justice ; Ministre de l’Immigration (1980) ; Ministre des Communautés Culturelles et de l’immigration (1981) ; Ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française (1982) et Ministre délégué aux affaires linguistiques (1984).

     Les lecteurs moins familiers avec la spécificité du Québec, penseront, possiblement, que ce ne sont pas là des portefeuilles de grande responsabilité comme, par exemple, le Trésor, le Commerce, etc., mais dans le contexte de la lutte identitaire du peuple québécois, ce sont précisément la culture, l’immigration, et surtout, la langue, qui se trouvent au cœur de tout cette démarche, qui fournissent, en fait, la raison d’être du parti Québécoise et de chacun des gouvernements que ce parti ait pu former.  Or, Gerald Godin faisait partie du groupe, très restreint, chargé avec l’élaboration et l’implémentation des politiques qui, au mieux, pouvaient aboutir dans la naissance d’un nouveau pays qui donnerait forme aux aspirations de la nation Québécoise, et à défaut de ce résultat, qui garantirait, au moins pour quelques générations à venir, la survie territoriale de cette nation, comme ensemble dominant, culturo-linguistique.

    Spécifiquement, devant des évidences démographiques inquiétantes, et le rejet du premier référendum sur la souveraineté (1980), Gerald Godin en était un des partisans fondateurs de la nouvelle théorie d’une nation Québécoise, non ethnique, mais culturelle, dont la caractéristique première serait l’usage commun de la langue française : une stratégie par laquelle le Québec francophone pouvait être renforci, selon ses auteurs, par la création de politiques d’immigration qui favoriseraient l’arrivé prioritaire d’immigrants francophones, dont les effectifs sentiraient une adhésion naturelle aux aspirations de la majorité.

     En somme, de ces faits s’en dégageait le portrait d’un homme, déjà très influent à partir du premier mandat du Parti Québécois, et, possiblement même, destiné pour la première place parmi ses pairs, quand, subitement, toutes ces possibilités basculèrent devant la main impénétrable de la chance brute : Gerald Godin fut diagnostiqué, en 1984, d’un cancer du cerveau, fut opéré, et se trouva, par la suite, aux prises avec de séquelles neurologiques importantes, et à terme imprévisible, avec la mortalité précoce ; surtout, homme de paroles, il se trouva subitement aphasique, ne pouvant plus parler qu’avec la plus grande difficulté et avec la plus pénible application.

Gerald Godin : dans la force de l’âge

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