Deprecated: Le crochet jetpack_pre_connection_prompt_helpers est obsolète depuis la version jetpack-13.2.0, sans aucune alternative disponible. in /hermes/bosnacweb01/bosnacweb01an/b2067/nf.euthanasiediscussion/public_html/euthanasiediscussion/wp-includes/functions.php on line 6078
Chapitre A - 6 : Aide médicale à mourir : un aperçu de la voie devant - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre A – 6 : Aide médicale à mourir : un aperçu de la voie devant

Francine Lalonde (1946 – 2019), députée du Bloc Québécois et architecte du projet de loi C – 384 (droit de mourir dignement) présenté en 2005, 2008, 2009 ; rejeté par le Parlement Canadien, 228 voix contre 59, le 21 Avril 2010

 – la nouvelle donne

       Voici, donc, en peu de mots, la tombée successive des dominos théoriques et légales qui nous eut amené au statut quo — toujours manifestement en état de flux —  que l’on connait actuellement :

     Sous l’impulsion de la tendance moderne vers une liberté personnelle toujours plus grande, un nouveau droit fut revendiqué, en vertu d’un exercice de volonté subjective, arbitraire et souverain, concernant la détermination autonome — pour chaque individu — du moment, et de la manière, de sa mort.  

     Cependant, malgré le fait que le peuple s’est montré sympathique à l’égard du choix personnel, il s’est manifesté, aussi, une résistance face à l’octroi d’une liberté aussi large, jugée potentiellement porteur de risques trop importants pour les tiers.

     Il en résultat un compromis, par lequel le droit de mourir fut balisé avec l’adoption de critères qualifiants objectifs (ex. « souffrances insoutenables ») ; et pour plus de sureté, l’assistance au suicide se pratiquerait uniquement sous la responsabilité médicale.

     Tragiquement, cependant — accessoirement et comme conséquence directe de cette suite logique — une nouvelle respectabilité fut accordée aux arguments favorables à l’euthanasie simple, longtemps discrédités — voir effectivement tabous – depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.

     Car à la base du système de justification objective des morts, ainsi réalisées, se trouvent la notion qu’il existe des indications médicales pour lesquelles la mort s’impose en traitement approprié ; qu’il existe — pour adopter un vocabulaire longtemps supprimé — des vies qui ne valent pas la peine d’être vécues, ou même (de constat objectif toujours) : qui ne méritent pas de vivre ; et que ce soit le devoir des médecins d’identifier et de mettre terme à celles-ci.

     Or, ce serait vain de nous nous rappeler que telle ne fut pas l’intention au départ (que la volonté du suicidaire était, originalement, notre seul souci) mais cette problématique surgit, inéluctablement, avec la logique hybride de l’aide médicale à mourir.

     Tel serait, sans détour, le fort prix exigé par la justification médicale propre à l’euthanasie, qu’elle soit volontaire ou non.

– effets collatéraux

     Dans la caprice du réelle – c’est-à-dire, selon le jeu contextuel de la politique et loin d’une rigueur théorique idéelle — ce discours, double et incompatible (de suicide-subjectif et d’euthanasie-objective) fut tour à tour : rejeté par la Cour (1992) ; rejeté par le Parlement Canadien (2010) ; adopté par l’Assemblée Nationale de la Province du Québec (2015) ; ordonné par la Cour Supreme du Canada (2015), et, — largement à contre cœur — endossé par le Parlement Canadien (2016).

     Ces faits seront accueillis avec enthousiasme, certes, par ceux dont la première préoccupation demeure l’autonomie volontaire devant la mort. Pourtant, ils nous imposent, aussi, un certain nombre d’inconvénients sérieux qui peuvent se résumer rapidement ainsi :

     1) Il existe un corollaire — très sinistre celui-ci — à la prétention que l’euthanasie soit médicalement « bien » : c’est-à-dire, la suggestion rationnellement inévitable, que les patients « non-volontaires » auraient objectivement tort de s’obstiner à vivre.

     2) À l’égard de la communauté médicale, les torts sont multiples : en définissant l’euthanasie en soin médical, le pouvoir politique aurait utilisé sa puissance de payeur unique pour outrepassé les limites des compromis historiques ; le statut antérieure de la médecine, en profession autonome et auto-régulé, se trouve sérieusement atteint ; les médecins, collectivement, se trouvent non seulement autorisés, mais bien contraints, à fournir un service homicide ; et les médecins, individuellement, se trouvent contraints d’y collaborer.

     3) Socialement, nous subissons la perte, collective, du droit d’opposition morale devant le fait de « l’aide médicale à mourir »  — à la différence de toute autre forme de suicide – puisque ce suicide, par définition (d’état), serait objectivement, c’est-à-dire médicalement « bien ».

     4) En consommateurs et consommatrices des services de santé, la majorité non-suicidaire aurait perdu la sécurité et le lien de confiance dont elle jouissait auparavant, face au médecin traitant, en foi du serment juré de ce dernier que « je ne remettrai à personne une drogue mortelle si on me la demande, ni ne prendrai l’initiative d’une telle suggestion », principe fondamental qui eut régi le comportement médical pendant deux millénaires et demi.

     Ajoutons, donc, à notre liste de taures accessoires à la démarche de l’aide médicale à mourir — à notre liste d’ « œufs cassés » : l’association fortuite et involontaire — des mourants, des handicapés et des malades chroniques non-suicidaires — à ce groupe spécialement catégorisé comme « apte à mourir » ;  la collaboration obligée — également fortuite et largement involontaire – des membres de la profession médicale, collectivement conscrits en exécutants du mandat homicide ; et ce dernier taure des plus significatives :  l’acceptation législative et juridique de certains principes à la base de l’euthanasie — au sujet de la légitimité objective de la mise à mort administrative, fondé sur une classement des vies dans des catégories de valeur inégales  — principes qui dépassent, de loin, la cadre du suicide assisté.

     Au plus simple, ce nouveau phénomène d’homicide étatique, se positionne en contre-courant explicit au cheminement évolutionnaire de notre société moderne : car au Canada, depuis un bon demi-siècle, nous ne tuons plus personne au nom de l’état (et cela même devant les circonstances criminelles les plus sordides). Il serait à craindre, donc, avec candeur et lucidité, que l’ouverture d’une nouvelle porte vers de telles pratiques puisse nous promettre des effets sociétaux, aussi importants qu’imprévisibles.

poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire…

Laisser un commentaire