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Chapitre : Offuscation dans la clarté de l’information, et fausse représentation de la liberté de choix : l’octroi d’un mandat général, versus le recrutement éthique d’assistants au suicide. - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre : Offuscation dans la clarté de l’information, et fausse représentation de la liberté de choix : l’octroi d’un mandat général, versus le recrutement éthique d’assistants au suicide.

Glasgow High School for Girls, circa 1894 : Est-ce que les étudiant(e)s futurs des sciences appliquées seront réellement averti(e)s, des implications multiples du mandat homicide, avant de se diriger vers une carrière médicale ?

— La suppression des informations essentielles aux choix éclairés

     Considérons d’abord la question de clarté : Au cours d’une démarche éthique de recrutement à l’intention d’un métier simple d’assistance au suicide, et tel que relaté précédemment, on ne pourrait faire autrement que de demander, immédiatement, si le candidat se croirait capable de vivre avec le fait de tuer ; et même, devant une réponse affirmative, de procéder à des évaluations secondaires pour s’en assurer du bien-fondé de celle-ci.

     Mais qui, parmi les conseillères de la jeunesse, serait prêt à employer cette méthode avec ceux et celles qui songent, tout jeune, à orienter leurs études vers la médecine ? Au contraire, n’aurait-on pas tendance –et intérêt–, à noyer le poisson, en insistant d’abord sur les éléments valorisants de la profession médicale, tel que cette profession se présenta (et se présente largement encore dans l’esprit populaire), avant l’imposition de cette exigence de tuer des patients au besoin ?

     Jamais au sein du régime actuel, je l’oserais affirmer, cette nouvelle réalité ne sera accordée la considération sérieuse qu’elle requiert dans le recrutement des futurs médecins, et qu’elle commanderait impérativement –et certainement–, dans le recrutement de simples techniciens à l’assistance au suicide.

– Une fausse liberté de choix

     Mais qu’importe ? dirait-t-on : le législateur ne fait qu’autoriser l’euthanasie, selon le jugement des médecins, et la volonté des patients, personne ne serait contrainte de pratiquer (ou subir) de telles interventions.

     Tristement, encore une fois, une telle affirmation relève plutôt de l’astuce que de la raison : car, au-delà de la question de clarté exposée dans le point précédent, il serait plutôt évident que le principe de décision libre et volontaire soit également offusqué dans les eaux brouillées de la médicalisation du suicide.

     D’abord, il existerait toujours une confusion, voulue ou non, dans les esprits un peu moins rigoureux (ou simplement moins méfiants), –et une confusion qu’il serait dans l’intérêt administratif de favoriser– entre la contrainte individuelle et la contrainte collective. L’apparence peut être projetée, ainsi, à l’effet que chaque médecin puisse choisir, ou non, de participer librement au programme d’euthanasie. Mais cela ne demeure qu’une apparence, car si l’ensemble du corps médical se trouve contraint par un mandat collectivement imposé, –de fournir de l’euthanasie essentiellement sur demande–, la liberté de chaque médecin, en particulier, se trouve aussi compromis, en principe, — et souvent en pratique — devant les nouvelles réalités de son milieu de travail.

     Déjà, devant les exigences actuelles, de fournir de l ’information auprès du patient concernant l’aide médicale à mourir (que celui-ci n’en demande ou non), ainsi que les références « efficaces » (vers un professionnel complaisant au cas où le patient exigerait cette procédure contre l’avis du médecin traitant), nous pouvions constater que tout médecin soit effectivement contraint de collaborer à cette pratique, comme condition d’exercer sa profession au Canada.

     De façon évidente, aussi, en médecine interne, en gérontologie, en oncologie, et dans les autres spécialités où le taux de décès des patients est plus élevé et plus présent, la pratique normale se voit largement et rapidement modifiée en remplaçant l’attente passive du décès — traditionnellement préférée — par de plus en plus d’interventions actives, c’est à dire, d’euthanasies.

     Or, j’imagine qu’il peut y avoir de jeunes gens aujourd’hui, fortement motivés à travailler dans la lutte contre le cancer, et qui pense éventuellement pouvoir éviter la responsabilité des gestes mortelles qui seront certainement demandés d’eux, tout comme il y avait sûrement, un demi-siècle plus tôt, des gens qui pensaient pouvoir mettre au monde des bébés sans pratiquer des avortements. Mais, en réalité, quel pourcentage des gynécologues, aujourd’hui, peuvent travailler, ou même se qualifier, sans avoir jamais pratiqué (ou au moins assisté à la pratique), d’un seul avortement ? La réponse est plutôt évidente : la chose peut être possible en principe, mais celui qui en ferait le choix se trouvent marginalisé d’emblée dans ses options professionnelles, et il devient, alors, impossible de parler honnêtement d’un choix libre.

     Surtout, avec cet exemple à l’esprit, je crois que nous nous devions d’avouer lucidement, dès maintenant, qu’il en soit également ainsi pour l’euthanasie et pour les médecins dont les études les amèneraient vers la connaissance des spécialités citées plus haut ; et cela, malgré le fait que ce soient précisément les spécialistes œuvrant dans ces domaines qui aient traditionnellement enregistré les plus forts taux d’opposition à la pratique de l’euthanasie.

     Et même  (comble de l’ironie), dans le cas des candidats à la spécialité des Soins Palliatifs, –là où tout l’effort fut dirigé précédemment vers un état perfectionné de soins qui écarterait, idéalement, toute motivation suicidaire (et dont la quasi-totalité des praticiens furent personnellement opposés à l’assistance au suicide), il me semble fonctionnellement  impossible, dans une ambiance ou ces pratiques sont légales et  généralisées, d’acquérir les compétences voulus dans les spécialités connexes — et encore moins de travailler dans ce domaine — sans côtoyer (voir participer), dans des cas aboutissants à l’euthanasie. Nous avons pleinement le droit, alors, de nous questionner sur la réalité d’un choix libre et éclairé, quand ce choix serait représenté, en partant, comme hypothétique et facultatif, mais deviendrait, dans moult cas, de plus en plus inéluctable et pressant, avec le cheminement professionnel.

— D’autres spécialités et la Médicine Générale

     Or, cet engrenage n’affecterait pas uniquement les praticiens des spécialités reconnues pour leur fort taux de morbidité.  Imaginons, à ce chef, une jeune étudiante qui ne s’est jamais vue en assistante au suicide, qui aurait suivi ses études en écartant passivement cette question, et qui s’est vouée, plutôt, à la pratique familiale en région, là où elle aurait espéré réparer des bras cassés et mettre au monde des bébés.

     Eh bien, éventuellement, il se tisse des liens de confiance, intenses, de loyauté envers des patients suivis à travers de longues années, dont certains peuvent éventuellement devenir désireux de se prévaloir de l’option suicidaire, et qui se fieraient tout naturellement à leur médecin de confiance pour fournir l’assistance requise. Pouvions-nous, toujours — dans ce scénario de loyauté et de confiance intime — réellement représenter le choix du médecin en choix libre de contraintes ? Franchement, cette question se répond d’elle-même.

     En fait, le seul vrai choix s’exerce au moment où le candidat se fixe sur une spécialité médicale, ou encore sur la carrière médicale tout court.  Mais est-ce que nous aurions, collectivement, –et ce dès la première orientation de l’élève vers les sciences de la vie– l’honnêteté de représenter clairement, dans les termes les plus crus, et l’inévitabilité de l’engrenage qui conduit vers de telles circonstances dramatiques, et la signification psychologique pour celui qui s’y trouve pris ?

     Permettez-moi d’en douter. Car la pénurie actuelle, dans le recrutement des médecins, militerait sûrement dans le sens d’une représentation plus vague, et moins pressante de la réalité qui attendent le candidat éventuel : c’est à dire d’une représentation fondamentalement moins honnête, moins responsable, et alors, d’autant plus dangereuse pour celui-ci.

     Je ne peux, alors, faire autrement que de retenir un portrait plutôt sombre des circonstances dans laquelle le mandat homicide s’est introduit dans notre industrie médicale, et en particulier, je ressent le plus grand inconfort face à la manière honteuse avec laquelle nous nous défilons, actuellement, devant les deux responsabilités que nous avions immédiatement constaté en considérant l’hypothèse de candidats postulants pour un simple métier d’assistante au suicide, c’est-à-dire  : de nous assurer que leur choix soit réellement volontaire, et que ce choix soit véritablement informé.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… Les sévices supplémentaires, réservés pour les employé(e)s subalternes, face à l’euthanasie

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