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- Les sévices supplémentaires, réservés pour les employé(e)s subalternes, face à l’euthanasie - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— Les sévices supplémentaires, réservés pour les employé(e)s subalternes, face à l’euthanasie

Gravure sur bois : Florence Nightingale en devoir à l’hôpital de Scutari au cours de la Guerre de Crimée (circa 1854)

     Il faudrait, ici, signaler les difficultés particulières auxquelles sont exposées les infirmières, et autres personnels auxiliaires, suite à l’instauration générale de l’euthanasie en milieu institutionnel. En fait, les médecins ne représentent qu’une minorité parmi les personnes associées à l’implémentation du mandat homicide, et qui subissent, en conséquence, les séquelles psychologiques inséparables de l’acquittement intégrale de celui-ci.

     Il apparaitrait même, que la situation des infirmières, et des autres assistants techniques, se présent de manière plus dramatique encore. Car, le médecin, lui, retient quand-même la capacité de définir sa propre pratique médicale, c’est-à-dire, d’épouser, ou non, le recours à l’euthanasie en option clinique ; mais l’infirmière, elle, se joint tour à tour, aux pratiques distinctes de multiples médecins, et en théorie, sa relation à l’euthanasie dépendrait, seulement, sur lequel, de parmi eux, elle porte assistance dans la circonstance présente.

     Or, puisque l’euthanasie s’est actuellement transformée en intervention normale et routinière, l’ordre du médecin, de la prêter assistance (ou même de la remplacer dans l’accomplissement des gestes), se représente également en ordre normal et routinier, auquel le refus serait inévitablement teint d’une certaine odeur de mutinerie. Il serait à prévoir, donc, qu’une infirmière individuelle — bien qu’elle puisse faire valoir son privilège d’abstenir de cette pratique dans un moment particulier — ne pourrait pas continuer, longtemps, à travailler dans un lieu où de tels services sont régulièrement demandés ; et malheureusement, cette définition comprend, actuellement, l’ensemble des institutions de notre réseau-santé.

     Pire encore, il existe une tendance, aussi, à nier le sérieux, ou même l’existence d’une telle problématique. Car il existe toujours, j’en aurait bien peur, suffisamment de sentiments autoritaires traditionnels pour encourager l’idée cruelle que la simple exécutante ne partage pas, pleinement, le fardeau moral de responsabilité porté par celui qui la dirige dans ses gestes. Dans d’autres mots : ce n’est pas grave ! les crises de conscience des subalternes ne sont pas importantes ; ces derniers ne sont pas, à la fin, de vraies acteurs morals au même titre que leurs « supérieurs » !

     Mais (s’il faut même indiquer cette évidence) :  ce n’est pas vraie. Les hommes et les femmes ne se transforment pas en simple bêtes, ou machines ouvrantes, au moment de recevoir un ordre de leurs supérieurs ; ils ne perdent ni la sensibilité devant les gestes, ni l’inévitabilité de remords ; ni suite aux ambiguïtés complexes, ni face aux évidences crues.

     En fait, c’est la nature même de l’instrumentalisation de l’être humain, que la violence psychique produit par l’imposition de tâches équivoques soit accompagnée, aussi, par le viol injuste de cette dignité humaine qui se trouve uniquement dans la liberté morale de choisir ses actions et d’en assumer les conséquences. Les relations traditionnelles d’autorité, donc, transforme conceptuellement la personne de statut inférieur en chose — en instrument simple d’utilité– mais sans, pour autant, la libérer de ses sentiments humains, dont elle perd seulement le droit d’expression, de plainte, de refus, et même de la lamentation ouverte des plaies émotives intimes.

     Alors même si nous en ferions grand cas — et bonne apparence — de la liberté de conscience accordée aux médecins (en dépit du fait que l’exercice de cette liberté impliquerait souvent un rétrécissement des options dans la voie professionnelle), pour l’assistante/exécutante, l’urgence du choix se présente d’une façon autrement plus brutale. Car dans cet environnement de normalité institutionnelle, outre les droits acquis des anciennes employées déjà installées au moment de l’imposition du mandat d’euthanasie, le consentement de participer aux gestes homicides devient rapidement une condition essentielle de tout possibilité d’emploi, et même une condition d’appartenance aux ordres professionnels.

     Mais dans tout cas, il n’y aurait rien qui puisse effectivement soulager la conscience de l’exécutante malaisée devant la tâche accomplie. Il est possible qu’elle puisse se satisfaire rationnellement, dans le moment, avec l’idée que ses gestes auraient été contraints par les ordres reçus ; mais les mêmes sophismes ne suffiront jamais pour chasser les terreurs nocturnes trop familières à ceux, comme le bon soldat (ou l’infirmière remplaçante) — seule sur le quart de nuit — qui obéiraient loyalement et sans réflexion aux dictats de l’autorité, avec des gestes trop rapidement accomplis dont les séquelles persistantes se répercuteront, possiblement, sur toute une vie.

     Que fait-on, alors, des conditions minimales que nous avions répertoriés dans le but de pratiquer un recrutement éthique auprès de personnes honnêtement engagées pour devenir des techniciens de la mort (l’information exhaustive ; le choix libre et éclairé ; la suivie protectrice ; la restriction étroite du nombre pour garantir le tout) ? Comment justifier le remplacement de cet idéal par la réalité d’un mandat accordé –imposé, pour vraie dire — à des centaines de milliers de personnes, sans préparation, ni précaution, autre que l’appartenance aux corporations professionnelles médicales (et peut-être l’impératif de nourrir sa famille) ?

     Si je pourrais me permettre, ici, enfin  — dans le but d’illuminer plus clairement cette réalité — de transposer les dangers invisibles et largement dissimulés de la psychologie, dans un image qui les représenterait par un volume équivalent de blessures physiques parfaitement visibles, je prétendrais que le niveau de désinvolture, devant la détresse humaine, qui soit incarné dans le modèle actuel du mandat généralisé d’assistance au suicide, serait l’équivalent, toute proportion gardée, à celui requise pour donner suite à la décision (hypothétique et fantaisiste) de construire tous les blocs appartements d’une ville de taille moyenne, comme la Ville de Québec ou encore celle de Winnipeg (soit 400,000 ou 500,000 individus habitants), avec chaque unité locative — des étages supérieures — munie d’un balcon extérieur, mais sans rampe de sécurité, accessible en tout temps aux chutes mortelles.

     Voilà l’image d’une mode de construction totalement indifférente aux dangers constants. Certes, il n’y aurait peut-être pas d’inévitabilité dans la possibilité que chaque locataire puisse se blesser ; mais l’opportunité pour se blesser, seraient toujours présente pour chacun d’entre eux.  Tel serait, À mon avis, le cas analogue, émotive et psychologique — qu’elle le veuille ou non — de chaque professionnelle de la santé, qui se trouve installée, aujourd’hui, dans notre nouvel édifice médical ; et les dangers –déjà très importants pour les médecins– sont proportionnellement plus présents encore, dans les rangs des employées subalternes, c’est-à-dire, chez ceux et celles qui agissent avec moins d’autorité, et alors, avec moins de choix.

À quoi servent-ils les garde-fous ?

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire…(Tome Premier – L’euthanasie et le Choix, Section V. – Considérations pratiques : pertes financières et humaines à prévoir suite à l’utilisation des professionnels médicaux comme agents homicides, Chapitre — Minimiser le nombre de personnes, médecins et autres, qui soient impliquées dans la pratique de l’euthanasie : une stratégie évidente)

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