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- Ce n’est pas la faute des médecins - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— Ce n’est pas la faute des médecins

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : L’euthanasie et la médecine — Section V : Considérations pratiques : pertes financières et humaines à prévoir suite à l’utilisation des professionnels médicaux comme agents homicides — Chapitre : Instrumentalisation du Mystère médical pour rendre acceptable l’euthanasie — Ce n’est pas la faute des médecins)

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L’observation de la pression sanguine, pratiquée à l’ancienne manière

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     Permettez-moi de préciser, ici, que je ne dispute pas du tout aux médecins la position unique qu’ils occupent dans notre société, ni individuellement, ni collectivement.

     Au contraire, c’est mon expérience personnelle que dans l’ensemble, et au quotidien, les professionnels de la santé s’efforcent réellement à monter au niveau des attentes qui leur soient imposées. L’histoire impressionnante, d’ailleurs, des succès médicaux réalisés jusqu’à nos jours, ne serait rien d’autre que le récit des victoires remarquables que ces personnes, courageuses, auraient déjà remportées dans cette bataille sans fin, ou les buts se reculent toujours dans la même proportion que nous nous y rapprochons.

     En particulier, je peux attester — avec gratitude et sans retenue — que je ne suis ici pour écrire ces lignes, que grâce, uniquement, aux efforts infatigables de nombreux médecins qui m’auraient sauvé la vie : autant ponctuellement et dans le drame du moment, que tranquillement et surement, à travers les années.

     De plus, et pour la plupart d’entre eux, je suis persuadé que les médecins s’en passeraient, bien volontiers, de ce qui ne pourrait être qu’un poids psychologique difficilement supportable : car les attentes illimitées, nourries par la collectivité à l’égard du médecin, seraient probablement ressenties toujours, par ce dernier, comme un fardeau de responsabilité auquel il ne pourrait jamais répondre adéquatement. Et comprise dans ce sens, l’autorité du médecin ne serait pas un privilège convoité autant qu’une exigence imposée, ou au mieux, un devoir idéel assumé, auquel chaque médecin consent individuellement à se mesurer.

     Certainement, dans l’immédiat, et chose très importante pour le propos présent : il est évident qu’une large majorité des médecins n’auraient aucunement le désir, ni d’exercer, ni de posséder, ce pouvoir mortel de l’euthanasie.

     Ce ne serait, alors, aucunement mon intention de reprocher aux médecins cette mystique de pouvoir occulte qui les entourent depuis toujours, ni cette image mythique du guérisseur-sorcier-médecin-scientifique, entretenue à tort ou à raison dans la conscience populaire. Je considère cette perception extérieure comme le sous-produit inévitable de l’évolution de leur métier.

     Ce que je regrette, cependant, c’est l’instrumentalisation de cette mystique, par notre classe politique, pour faciliter l’introduction sociale de l’euthanasie.

— La commodité politique, illusoire, de confier la responsabilité pratique, de l’euthanasie, aux seuls médecins   

     C’est ici, je crois, que nous découvrons l’un des visages des plus séduisants, mais des plus dangereux aussi, de ce modèle de mise à mort médicalisée : car, c’eut été très rassurant (et peut-être de bien trop rassurant) pour nos décideurs, en s’approchant de ce nouveau terrain controversé — moralement et légalement obscur — que de définir le tout en simple intervention médicale bénigne, et de remettre ainsi, toutes les responsabilités –de jugement et d’action– aux seuls médecins.

     Quelle façon plus simple (non seulement pour les législateurs, mais également pour les juges qui auraient contribué de façon tant substantielle à l’évolution conceptuelle de l’euthanasie) de se réconcilier avec les imprécisions des jugements et des textes ? De se réconcilier à l’incapacité d’expliquer, ou même de prévoir, les aboutissements futurs des lois et des jugements dont ils furent les auteurs ? De se réconcilier à tout cette opacité dans la démarche et à tout cette ambiguïté dans le produit ? De se réconcilier, à la fin, avec l’insuffisance du travail accompli, grâce à la foi simple — mais profondément irrationnelle — témoignée devant l’agence supérieure de la science médicale : que les médecins, seuls, sauraient résoudre sur le terrain, toutes les contradictions coriaces qui eurent résisté aux meilleurs efforts dans la théorie ? Apparemment, et de toute évidence, nos décideurs auraient procédé avec la présomption absurde que nos médecins puissent posséder une sagesse proprement Salomonique !

     Soit. Sur un premier niveau d’analyse, et avec une certaine générosité d’esprit, fondée sur la recognition de nos faiblesses communes, nous pouvions simplement voir, ici, un exemple de plus de la naïveté touchante et enfantine avec laquelle l’humanité aurait l’habitude de se décharger des responsabilités lourdes de son existence ; d’abdiquer ses compétences à la faveur de pouvoirs supérieurs, humains ou surhumains, réels ou imaginaires.  Mais force serait également de constater que nous nous trouvons, ainsi, devant une construction politique dont la fierté de ses architectes fut de l’avoir assis sur une fondation solidement objective, tandis qu’à la fin, nous pataugeons en pleine explication magique !

     Et ce qui serait d’une importance éventuellement plus importante : de manière concrète, nous ignorions, ainsi, les torts vifs imposés aux médecins individuellement, grâce à cette illusion collectivement rassurante.

— Quel sera l’effet cumulatif des blessures spécifiques : sur les professionnels individuellement, et alors, sur l’industrie dans son ensemble ?

     Apparemment, et aussi étonnant que cela puisse nous paraitre, il semblerait que cette question ne s’est même pas posée, à toute fin pratique, avant l’entérinement du nouveau projet euthanasiste. Nos décideurs auraient agi, de toute évidence, avec la même confiance, insouciante, propre à l’enfant qui se couvre les yeux en se croyant invisible.

     Plus encore, vu la nature inédite de l’euthanasie légale, il n’existe aucune (ou presqu’aucune) donnée à ce sujet. Pour l’instant, les simples aveux anecdotiques des euthanasistes les plus prolifiques, à savoir « Je le fais et je me sens bien », semblent satisfaire aux journalistes — gagnés d’avance à l’idée, et peu curieuse au détail. Surtout, il n’y aurait aucun motif politique pour creuser plus à fond cette question, puisque la voie de l’euthanasie universelle serait déjà trop franchement engagée pour reculer facilement.  

     Pourtant, nous ne pouvions éthiquement faire autrement que de répéter cette évidence simple (n’en déplaise à la mythologie naïve) : que les médecins sont bel et bien des hommes et des femmes comme les autres ; qu’ils (et qu’elles) subiront les mêmes torts, dans les même proportions, que toute autre personne qui se trouverait aux prises avec le fait homicide dans son espace psychologique intime : bourreau, soldat, forçat, ou technicien ; et qu’ils  mériteraient, ainsi, le même respect, et le même souci protecteur, que nous prodiguerions sans hésitation à l’endroit de n’importe quelle autre.

    Car autant qu’il pouvait sembler imprudent d’accorder de pouvoirs tellement exceptionnels à toutes ces personnes, aveuglement, en vertu de leur profession médicale, autant il semblerait imprudent — et franchement cruel de surcroit – que d’assujettir ces mêmes individus aux suites psychologiques, statistiquement inévitables, de son exercice pratique. Les torts prévisibles, à la fois individuels et collectifs, sont simplement trop importants pour ignorer.

     Oublions, alors, pour l’instant, le médecin dans son rôle de garant idéel de la légitimité éthique du nouveau phénomène social de l’euthanasie (nous reviendrons, certes, à cet usage trompeur de l’objectivité scientifique) ; retournons, plutôt, à la matière immédiate de cette section qui concerne les pertes pratiques et financières dues à la mauvaise gestion, des ressources humaines, suite à l’imposition du mandat homicide ; considérons les répercussions psychologiques des responsabilités, lourdes de décision, qui attendent les médecins dans chaque cas particulier ; ou plus simplement encore : considérons le fait crû de tuer, et les blessures intimes qui doivent nécessairement accompagner sa pratique.

Chose certaine, il nous incomberait, sérieusement, de contempler sans préjudice, et sans complaisance, le résultat généralisé de tous ces effets individuels et particuliers ; de calculer leur impact sur l’intégrité morale et économique de notre vaste ensemble publique de la santé : car tel serait, sans détour, la responsabilité publique que nous nous partageons, tous, dans notre rôle complexe de citoyen/client/électeur.

     Et pour les moins sentimentaux : tel serait aussi notre intérêt direct en tant que bailleurs de fonds (contribuables) et de consommateurs (patients éventuels), de l’industrie médicale.

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