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- Éviter le piège de situer notre matière dans un court épisode historique qui demeure inaccessible à la discussion rationnelle : les bases plus larges de l’utilitarisme collectif - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— Éviter le piège de situer notre matière dans un court épisode historique qui demeure inaccessible à la discussion rationnelle : les bases plus larges de l’utilitarisme collectif

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Le besoin de regarder franchement, et avec candeur, les arguments et les précédents historiques — Éviter le piège de situer notre matière dans un court épisode historique qui demeure inaccessible à la discussion rationnelle : les bases plus larges de l’utilitarisme collectif)

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Helen Keller circa 1905, auteure, socialiste, eugéniste, fille miracle sourde et aveugle, en compagnie de Samuel Clemens (Mark Twain, 1835 – 1910). Clemens désigna Helen comme « l’égale de Caesar, Alexandre, Napoléon, Homer, Shakespeare, et tous les autres immortels ». Ce fut lui qui s’est chargé de trouver les dons nécessaires pour financer ses études universitaires.

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     Habituellement, toute discussion historique de l’euthanasie conduit tout droit à l’Aktion T4, programme Hitlérien d’euthanasie étatique, instauré en Allemagne pendant la Deuxième Guerre.

     Or, cette circonstance s’annonce très mal pour une discussion fructueuse de notre sujet, et ce, grâce aux excès associés avec l’usage d’une erreur de logique identifiée en 1953 par le philosophe germano-américain, Leo Strauss (1899 – 1973). Nommée par ce dernier « reductio ad Hitlerum » cette stratégie d’argumentation fallacieuse consisterait à condamner les personnes, les idées ou les choses, simplement parce que Adolf Hitler les ait affectionnés.

     Mais en dépit du fait que nous nous en conviendrions (j’espère) que la maternité ne soit pas une mauvaise chose (uniquement parce que Hitler en aurait fait l’éloge) ; j’espère, également, que nous ne tomberions pas dans le piège symétrique (de penser que toute mention des actions de ce dictateur fasciste indiquerait, d’emblée un mauvais argument, ridicule, exagéré et hors propos).

     Il existe, d’ailleurs, un pratique courant, parmi les polémistes de penchant ahistorique, au cours des discussions-internet, où la première personne qui fait mentionne d’Hitler serait automatiquement déclarée perdant ! Pourtant Michael Godwin, avocat et auteur (1956 -), objecte lui-même à cet usage, bien que sa « loi » s’y trouve à l’origine. Car la célèbre « Loi de Godwin » ne dit, seulement, qu’au cours de toute discussion-internet substantielle — et quel que soit le sujet disputé — il deviendrait de plus en plus probable (quasi-inévitable en fait) que quelqu’un puisse faire référence à Adolf Hitler ; mais elle ne dit pas, cependant, que cette personne en aurait tort d’agir ainsi : car il se peut toujours fort bien qu’une telle référence soit parfaitement à propos !

     Plus pertinemment, affirmerais-je : le fait que les gens soient continuellement en train de se rappeler les tragédies totalitaires du vingtième siècle (et cela soixante-quinze ans après les événements) ne fait que souligner l’importance extraordinaire de cette période, et de toutes les tendances intellectuelles qui s’y rencontrèrent. Car — que cela nous plaise ou non — tant de choses (et telle l’euthanasie) ne peuvent que difficilement être compris sans s’attarder à cette époque charnière ; et le réflexe post-moderne d’en tourner en ridicule toute mention, nous empêche, de manière importante, autant d’assimiler notre passé, que de comprendre notre présent.

     Heureusement, par contre, il ne sera pas nécessaire, ici, de se lancer toute de suite dans une « chasse aux Nazis » sordide. Car les bases conceptuelles de l’euthanasie utilitaire sont beaucoup plus larges que cela : et dans la géographie, et dans le temps. La mort systématisée des personnes dépendantes et improductives n’est aucunement un phénomène qui puisse être rejeté sommairement, comme le pendant bizarre d’un épisode de folie collective singulière, qui se serait subitement manifestée un beau jour — on ne saurait comment — mais pendant 5 ans seulement, et seulement en Allemagne. Au contraire, ses racines traversent les siècles, et leurs fondations idéologiques modernes se sont consolidées, non seulement en Allemagne, mais aussi aux États-Unis et en Grande Bretagne, et ce, bien avant la montée du Fascisme, et même avant la popularisation de ce mot.

     En fait, la logique derrière la normalisation de l’euthanasie est implicite dans toute idéologie qui définit la valeur de l’individu en fonction de sa contribution utile à l’ensemble.

— Un Héros (mal remercié) de la Révolution : le grand cheval « Boxer »

     Nous possédons une description délicieuse de cette dynamique dans le récit satirique provenant du célèbre contemporain de J.R.R. Tolkien — George Orwell (1903 – 1950), socialiste déchanté, et anti-autoritaire farouche.

     Au climax de ce petit conte génial  (« La ferme des animaux », 1945), le fort cheval Boxer, infatigable héros de la révolution animalière : ayant tout donné pour la cause commune ; s’étant rendu squelettique dans la famine collective ; s’étant rendu infirme dans l’application intransigeante de sa maxime personnelle de révolutionnaire dévoué (« Je travaillerai plus fort ») ; se trouva dirigé, comme toute récompense, vers « la fabrique de colle » (l’abattoir), par les cadres porcins ingrats, toujours désireux de tirer une dernière contribution, pathétique, de celui qui fut leur plus ardent partisan.

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L’ordre signé (1939) par Adolf Hitler (1889 – 1945), à l’intention de son médecin personnel, Karl Brandt, ainsi que le Reichsleiter Philipp Bouhler, autorisant l’euthanasie systématique des individus handicapés, suite aux examens « méticuleux »

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— Helen Keller : La douce Muse de l’utilité

    Plus tard, je présenterai comme définition type du programme d’euthanasie utilitaire, les écrits d’un autre personnage, contemporain de Tolkien et d’Orwell, presqu’universellement admiré par les adeptes de toute tendance à travers le monde entier, et ce, autant après qu’avant la Deuxième Guerre Mondiale. Il s’agit, cette fois, de l’Américaine, Helen Keller (1880 -1963), fille lourdement handicapée, qui aurait survécu et apprivoisé ses incapacités d’une manière jusqu’alors inouïe et toujours aussi extraordinaire (même parmi les exemples les plus surprenants qui aient pu se produire dans ce genre).

     Or, étrangement à la première vue, et tant ironiquement à la réflexion subséquente : au début du siècle dernier, Helen Keller s’est démarquée comme une championne des plus influentes — et des plus éloquentes — dans la promotion de l’infanticide systématique des enfants handicapés.

    En fait, ce serai mon espoir, que ces idées, présentées sans préjudice et sans pudeur — issues d’une bouche tellement sympathique, et exprimées dans une prose aussi belle — seraient plus rationnellement abordables (par le lecteur modern)  que les mêmes pensées associées avec ceux qui aient suivi, effectivement, dans ses traces ; ceux qui se soient vus répudiés, par la suite, en monstres d’une singularité inhumaine ; mais qui n’auraient seulement tenté, enfin,  que d’implémenter les prescriptions de Mlle Keller — fidèlement dans le vraie – vingt-cinq ou trente ans plus tard. Étonnamment, ainsi, la théoriste aurait survécu, dans l’estime générale, la déconfiture de ses jeunes disciples pragmatiques (un aboutissement qui ne fut pas entièrement insolite dans cette période).

     Alors, je me propose maintenant à décrire l’évolution et la signification des débats de société à l’endroit de l’euthanasie, mais uniquement avant la Deuxième Guerre (pour nous épargner, encore, les réactions irrationnelles qui soient propres à toute discussion directe). Mon but, bien sûr, en examinant lucidement les positions prises jadis par les populations et par les politiciens dits « civilisés » serait de solliciter et de faciliter une discussion des plus ouvertes, des plus franches, des plus complètes, des plus informées, et donc des plus significatives dans notre présent.

     Or, pour commencer, puisque le phénomène idéologique moderne de l’euthanasie fut le fruit de ce que l’on appelait auparavant « l’Ouest » (mais qui serait devenu plus souvent le « Nord » dans le discours économique de nos jours), il faudrait prendre un moment pour nous replacer dans le contexte culturel et politique de l’évolution récente de ce grand ensemble humain.

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« La ferme des animaux » (1945), une satire mordante du régime Socialiste de l’ancienne Union Soviétique : « Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres… »

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