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- Un dernier facteur, déterminant celui-ci : la prospérité moderne - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— Un dernier facteur, déterminant celui-ci : la prospérité moderne

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section III : Une société en rupture — Chapitre : Prohibition III : Une démission fonctionnelle de l’autorité répressive — Un dernier facteur, déterminant celui-ci : la prospérité moderne)

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11:20, en matinée du 11 novembre 1918 : la foule Parisienne accueille, avec bonheur, l’inauguration de l’armistice mettant fin aux hostilités de la Première Guerre Mondiale

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     Nous sommes en droit, pourtant, de nous demander pourquoi d’autres moments de désastre — de guerre, et de famine, si familier à l’histoire — n’aient pas pu provoquer des moments similaires de remise en question fondamentale de la société humaine. Et l’explication, je soumets ne serait pas difficile à trouver : car dans toute civilisation préindustrielle, à part des rares intellectuels protégés — témoins détachés des événements insolites — les individus de tout degré social seraient totalement absorbés dans la lutte immédiate pour survivre.

     Au vingtième siècle, par contre, à l’issue de la Grand Guerre, l’homme possédait enfin les bienfaits pleinement manifeste de la révolution industrielle. La survie fut infiniment plus facile. La réflexion fut devenue possible. Le jeu se trouvait, alors, modifié dans son essence.

— Le paradigme préindustriel, et la nouvelle donne

     Jusqu’alors, quelle que fut la nature des cataclysmes endurés (le conflit humain, la perte des récoltes, ou l’absence de gibier) et quelque fut l’ampleur de ceux-ci, la vie « normale » se serait reprise selon l’usage, sinon social, au moins anthropologique de l’être humain. Car les crises terribles sollicitent des efforts suprêmes ; et à défaut d’un anéantissement simple à l’égard d’une collectivité complète, un ordre viable serait bientôt rétabli parmi un nombre plus restreint.

     Au cours de telles périodes, cependant, aucune latitude de conduite était possible, ou tolérée, parmi ceux qui œuvraient à la reconstruction. Les gens improductifs ne pouvaient espérer le moindre secours. Ceux trop nombreux pour nourrir — enfants et vieillards — seraient résolument sacrifiés. Les étrangers errants, en groupe ou tout seul, étaient vigoureusement repoussés. Tout tentative d’enfreindre ce processus serait rencontré avec une force brute dont la sauvagerie (de part et d’autre) fut le gage du désespoir immédiat devant la probabilité de disparaitre.

     Même la condition « civilisée » (dans le sens préindustriel de ce terme) ne serait d’aucun bénéfice pour les personnes ordinaires devant les catastrophes de la nature. En particulier, la générosité compatissante (cet idéal d’entraide qui se manifeste avec plus ou moins d’efficacité dans les temps prospère) diminue subitement en proportion avec les moyens requis pour l’assouvir, et disparait tout à fait quand la charité pour son voisin ne signifie plus que la mort de deux personnes, à la place d’une seule. Tout au contraire : la société traditionnelle s’arme contre elle-même. Le petit monde meure publiquement de faim, tandis que des réserves de vivres seront retenues sans pitié, soit par les astuces des paysannes, soit par les murs garnisonnés des privilégiés. Et la violence arbitre tout.

     Une seule miséricorde favorise les sociétés pré-lettrées (ou du moins pré-impressions) : l’expérience des générations meurt avec les témoins ; les pires atrocités s’oublient ; la collectivité tourne allégrement la page ; et tout commence, littéralement, à neuf. Comme corolaire néfaste, cependant, nous observons qu’aucune leçon ne soit apprise définitivement ; que les mêmes suites d’événements se reproduisent, apparemment, sans fin.

     Or, l’histoire de la crise économique qui suivit la Première Guerre dément, point par point, cette description traditionnelle.

     Car, comme par miracle, dans le deuxième quart du vingtième siècle, les mêmes progrès technologiques et administratifs (d’industrie, de transport, de commerce et de finance), celle qui rendaient possible l’avènement de la guerre totale selon W.S. Churchill, fournissait également l’opportunité (potentielle), d’en guérir les plaies. De toute évidence, la barbarie ne pouvait plus prétendre suffire, à la fois, en cause et en résultat de la misère qui l’accompagne : l’homme avait, enfin, un choix.

— Les événements et leurs conséquences : une crise matérielle, et une victoire humanitaire

     Souvenons-nous, d’abord, des faits saillants :

     À l’issue d’une guerre qui eut produit des pertes, humaines et matérielles, d’une importance sans précédent, succéda une crise financière produite par l’effondrement des marchés de crédit publiques (dangereusement éprouvés, ceux-ci, par les défauts de paiement des gouvernements européennes — des vaincus et des vainqueurs — des dettes et des réparations massives, héritées du conflit récent).

     De plus, les banques, les bourses et les marchés privés furent aussi tombés victime, en même temps, d’une période d’expansion excessivement optimiste (dans le remplacement des pertes physiques de la guerre), qui se transformait en bulle financier incontrôlable.

     Et puis, déterminantes dans les séquelles, se sont manifestées les réactions désastreuses, des gouvernements européennes devant ces faits (ultra-nationalistes et revanchistes pour la plupart), qui tuèrent le commerce et haltèrent la création de la richesse.

     Or, la bulle d’expansion s’est explosée ; le marché mondial du crédit s’est effondré ; les épargnants et les investisseurs furent ruinés ; et les ouvriers de plusieurs continents furent jetés dans la rue (1929)

— La spécificité Nord-Américain : une victoire surprennante

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Suite à l’éclosion générale de l’indigence, du chômage, et avec la déplacement massive des migrants (du « bol de poussière » et autres), des bidonvilles apparaissaient en marge de toutes les villes en Amérique, et jusqu’à dans le Central Park, à New York. Elles s’appelaient toutes « Hooverville » en épithète d’honneur moqueuse à l’endroit du Président Herbert Hoover (1874 -1964) qui avait la malchance d’occuper la Maison Blanche pendant les quatre premières années terribles de la Grande Dépression (1929 – 1933). Cette photo montre l’un des innombrables « Hooverville », celle-ci à Seattle.

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     Incroyablement, au même moment qu’advinrent les catastrophes décrites ci-haut (1929 – 1940), il s’est produit, en plus, — en Amérique et au Canada — une sècheresse d’ordre carrément Biblique dans son étendue temporelle et géographique. Car il se trouvaient, dans la vaste région des plaines centrales du continent — qui s’étend du Manitoba et du Saskatchewan (au Nord) jusqu’au Texas au Nouveau Mexique (au Sud), en passant par le Dakota du Nord, le Dakota du Sud, l’Oklahoma, l’Arkansas, le Missouri, l’Iowa, le Nebraska, le Kansas, et le Colorado — une zone à laquelle fut accordé, collectivement, le nom terrible de « dust bowl » ou « bol de poussière ». Dans toute cet espace semi-aride, la sècheresse était telle que la récolte des céréales nécessaires à la vie, fut simplement impossible pendant presque dix années. Pire. Il s’est formé, même, des noyaux désertiques plus intenses, dans divers lieux riches en production avant le fléau (Saskatchewan, Oklahoma), ou la couche de sol arable s’est enlevée entièrement, s’envolant littéralement en poussière, et où aucune sorte de culture agricole n’ait jamais pu s’établir par la suite.

     La réponse à ce phénomène, tel que décrit romantiquement par John Steinbach (1902 – 1968) dans son romain d’observation et d’idéologie socialiste, « The Grapes of Wrath » (« La Vendange de la Colère »), 1939, fut le déplacement massif de migrants destitués, impliquant aux moins trois millions de personnes, qui arrivaient — telle une invasion de sauterelles — dans des régions avoisinantes qui furent, déjà, elles-mêmes, fortement éprouvées par la crise universelle.

     Décidemment, dans tout pays pré-industrialisé, le résultat d’une telle suite d’événements serait la famine brute ; la mort directement attribuable à la faim chez de millions de personnes ; et très certainement aussi : toutes les sortes de violences, personnelles et collectives, dues aux déplacements de population.

    Or, à l’opposé exact de cette scenario typique, la société industrialisée de l’Amérique du Nord en 1930 s’est montrée — accueillie à cette extrémité terrible — suffisamment résiliente, dans ses capacités de production et de transport, pour subvenir aux besoins vitaux de toute cette population, même dans les conditions décrites.

     Certes, il existe beaucoup de spéculation sur les mécanismes réels derrière l’accomplissement de ce miracle social. Il n’existe, par exemple, pas de consensus sur l’efficacité des initiatives publiques entreprises pour mater la Dépression, et il continue, même, un débat âpre pour déterminer si l’action gouvernementale n’aurait pas, au contraire, contribuer à la duration de la crise. Cependant, il n’y a pas de doute sur le phénomène principal : soit, la force économique, intrinsèque, de la société moderne. Car nous savons, sans peur de contradiction, que le corps robuste du patient social avait, dans cette circonstance difficile, suffisamment de force pour se redresser, seul, quels qu’eussent été les effets réels des remèdes qui lui furent administrés, à l’improviste, par les shamans bien intentionnés de la politique.

     Voilà, enfin la leçon surprenante de cette époque, et le paradoxe de son assimilation sociale : Car la caractéristique principale de la grande crise économique des années trente – crise qui s’est immortalisée dans le souvenir mythique des survivants comme la pire crise de l’existence humaine — fut en réalité exactement le contraire : que la société moderne — traumatisée fatalement dans son identité psychologique, certes, fut en réalité assez riche pour la survivre presque sans pertes humaines ! La grande crise des années trente marqua, dans les faits, la première fois que l’industrie humaine ait pu véritablement pallier aux désastres périodiques de la nature. Alors, loin d’un effondrement catastrophique, la crise se présente en victoire.

     Et sans, pour autant, complétement effacer les craintes vagues, qui nous hantent toujours à l’endroit des puissances technologiques responsables pour la singularité destructrice de la Grande Guerre, cette victoire moderne, sur la calamité ponctuelle de la Nature, peut avantageusement se poser, je soumets, en singularité positive, d’une équivalence symétrique à ces désastres, et nous réconcilier, plus qu’un peu, avec la technologie qui soit à l’origine des unes, comme de l’autre.

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Les enfants, refugiés, de la Dépression : Une étrange génération de transition. Venus au monde pendant les années trente, ils furent trop jeunes pour faire, eux-mêmes, la guerre qui reviendrait en 1939. Arrivés dans la trentaine pendant les années soixante ils furent trop vieux pour faire la contre-culture. Des enfants de famine et de guerre, nés dans un monde, pour vivre dans un autre, ils faisaient les frais d’une révolution culturelle, sans connaitre l’euphorie de la révolte.

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