Deprecated: Le crochet jetpack_pre_connection_prompt_helpers est obsolète depuis la version jetpack-13.2.0, sans aucune alternative disponible. in /hermes/bosnacweb01/bosnacweb01an/b2067/nf.euthanasiediscussion/public_html/euthanasiediscussion/wp-includes/functions.php on line 6078
- À défaut de contagion ou de conflit extraordinaire, demeure toujours le stress routinier, du quotidien médical - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— À défaut de contagion ou de conflit extraordinaire, demeure toujours le stress routinier, du quotidien médical

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C: l’euthanasie et la médecine — Section VI : L’avis des médecins — Chapitre : La mentalité « dure » des médecins ; et comment ils méritent, en effet, leur réputation — À défaut de contagion ou de conflit extraordinaire, demeure toujours le stress routinier, du quotidien médical)

.

H1N1 : La vaccination de masse au Stade Olympique, Montréal, Décembre 2009. Craint comme la pandémie du siècle, jusqu’à 150,000 personnes par jour (au totale 40 pourcent de la population) se seraient fait vacciner contre ce virus, qui s’est heureusement montré beaucoup moins léthal que prévu.

.

     Le SIDA, le SARS, le H1N1, l’Ébola, le Zika : les risques de pandémie sont toujours présents ; et les experts s’accordent unanimement, pour prévoir que nous devions affronter, périodiquement, des irruptions pour lesquelles ces exemples dramatiques ne peuvent servir qu’en précurseurs presque bénins.

     Mais à ce moment-là, nos professionnels médicaux seront les premiers sur la ligne de bataille ; et l’histoire nous apprend qu’ils y fourniront, aussi, un nombre disproportionnel des victimes. Car tout comme le soldat, et exactement à l’opposé des « civils innocents », le vrai professionnel, médecin ou infirmière, ne fuient pas la zone de conflit, mais figurativement parlant, (et pas toujours figurativement), marche, au contraire, directement vers le son des canons.

     Considérons aussi, un instant — au-delà de la métaphore — le cas du médecin, ou de l’infirmière, pour lequel les ravages de la vraie guerre ne sont plus des rumeurs lointaines ; pour lequel le devoir de servir ne relève plus d’une aventure limitée et volontaire ; mais pour lequel la réalité s’impose avec toute la férocité du sort.

     Remémorons, donc, les cas innombrables, passés et présents, du médecin qui ne fait pas la garde divisée en quarts, ou en journées, mais qui vit carrément dans sa clinique de fortune ; ou il passe le temps à regarder ses patients mourir, faut de matériel ; et où il reste, néanmoins, perpétuellement disponible pour réagir à n’importe quelle urgence ; ou la clinique devient sa femme ; ou ses assistants deviennent sa famille ; et ou la pratique présente de son devoir occulte presque tout souvenir d’une vie autre.

     Et non, malheureusement, les circonstances de catastrophe ne sont pas équivalentes pour tous. Je répète : dans les moments extrêmes, les médecins et les infirmières se trouvent dans un petit groupe de métiers, dont les praticiens se trouvent naturellement porteurs de responsabilités et de risques élevées ; des risques que nous n’associons pas à l’individu normal (pour lequel la seule responsabilité se résume dans la survie simple, suivant la formule d’usage « Sauve que peut ! »). Car, dans l’idéal (et tout autant dans les faits remémorés de la tradition) les médecins et les infirmières se trouvent toujours – hors des paramètres de toute probabilité statistique : parmi ceux, justement, qui ne se sauvent pas.

     Pardonnez-moi, si je me permets à rappeler, ici, ces faits difficiles. Je fais cela, en premier lieu, pour que nous puissions tous concéder l’importance des corps médicaux parmi nous ; et nous acquitter honnêtement de notre devoir d’informer nos jeunes, loyalement et avec franchise, des responsabilités qui les attendent en choisissant cette voie professionnelle. Mais aussi, dans le contexte et limites du texte présent, je voulais remarquer que l’esprit de corps sévère, et l’ethos exigeant dont ces professions se soient dotées de par leur histoire, ne sont pas du tout absurdes ou exagérés, et ne sont pas, en outre, aucunement dépassés dans le temps. Ils sont bien réels et ils s’appuient à la fois sur les réalités inoubliables du passé, et sur les exigences statistiquement inévitables du futur.

     Et encore ! même dans les circonstances normales — en temps paisible et devant la pratique ordinaire — les médecins sont couramment appelés à fournir des réponses, là où il n’y en a pas. Souvent, ils se trouvent, ainsi, entourés de personnes dépassées, qui se permettent, sous le poids des pires peurs personnelles, des emportements regrettables dans les paroles et dans les gestes, de façon compréhensible, certes, mais également et évidement improductive. Le médecin, par contre, s’efforce toujours (au moins en théorie) à maintenir un comportement mature, raisonnable, confiant, et rassurant même quand les certitudes requises pour honnêtement projeter ces qualités lui en manquent dans les faits.

— Une discipline d’objectivisation, de minimisation, de dissimulation et d’abnégation, qui sied mal avec un besoin présent de communiquer la détresse

     Pour revenir, donc, au propos : Les médecins (et les infirmières) ne sont pas des gens habitués à se plaindre ou à se complaire dans les descriptions pathétiques de leur sort. Habituellement, ils se discipline à objectiver la tache devant eux, faisant abstraction de leur expérience personnelle –état d’âme, fatigue corporelle — de sorte que leurs besoins subjectives n’entrent pas dans cette équation fonctionnelle, qu’en toute fin, après que toute autre considération soit adressée. Et encore. Car en quittant le lieu de travail, ils réintègrent un monde ou les personnes normales, incluant proches et famille, sont habituellement incapables de comprendre ou de partager leur expérience, exactement à la manière des militaires aguerris, passant parmi la population civile.

     Il en résulte, ainsi, une habitude d’objectivisation et de minimisation des expériences intérieures et des besoins subjectifs, qui serait –à la lumière de ce que nous ayons déjà décrit — évidement une adaptation favorable à la vie professionnelle choisie. D’ailleurs ce sont des stratégies familières, régulièrement employées par toute personne en position d’autorité responsable, et en particulier, par tous les parents devant les insécurités de leurs enfants. Mais cette même tendance — à ignorer ses propres limites pour plus facilement en passer outre, et à minimiser l’articulation de son propre malaise pour plus facilement rallier la certitude des tiers– peut facilement devenir, dans d’autres circonstances et pour d’autres fins, un comportement tout aussi néfaste, et de façon toute aussi évidente.

     Et si je peux me permettre, ici, un petit point d’ironie, les médecins seraient les premiers à s’en plaindre, face aux patients qui affichent un tel caractère stoïque ! Car le refus (ou l’incapacité) de rapporter naturellement la sévérité et l’étendue des maux ressentis, complique nécessairement tout processus de diagnostic. Or, nous ne pouvons plus, je crois, nous échapper à la suspicion qu’un tel ethos — de fierté démesurée dans l’idéal, et d’auto déception dans la pratique — puisse occasionnellement résulter dans des effets pervers à l’intention des premiers concernés, et par extension, de leurs charges.

     Par contre, légion sont les patients — et les familles — sauvées par les efforts infatigables des partisans de cette tradition.

.

Prêt à tout : Une unité de chirurgie dans un hôpital de campagne de la Croix Rouge, Trans Baïkal, Russie, 1916

.

Chapitre : L’euthanasie : Un vieux débat, confortable et stylisé ; subitement transformé en urgence pratique

     Dans les dernières pages, J’aurais offert quelques impressions personnelles, à l’égard de la mentalité professionnelle des médecins. Mon but fut d’expliquer autant à moi-même qu’aux lecteurs potentiels, le caractère apparemment peu urgent de la réponse collective médicale qui fut témoignée devant l’introduction appréhendée de l’euthanasie dans la pratique courante.

     Au fait, les opinions des médecins ne manquaient pas de profondeur à ce sujet, mais ils s’exprimaient, cependant, dans une continuité de débat millénaire — circonstance très défavorable aux débordements passionnés — et dont les subtilités s’échappaient certainement aux membres d’un public plutôt mu par des excès d’enthousiasme émotifs contradictoires et des collisions idéologiques contextuelles.

     Le débat poursuivi proprement parmi médecins, alors, se faisait largement à l’insu du public, dans les tons modérés et respectueux qui seraient appropriés à la discussion d’un vieux différend sans issue imminente ; et les arguments prenaient habituellement la forme de questionnements théoriques, formulés de façon conventionnelle, et dont les aboutissements avaient été étudiés et commentés, à travers les siècles, avec autant de détail et de rigueur qu’une analyse équivalente accorderait aux premiers coups qui comprenne la phase ouverture d’un partie d’échecs.

     C’est autant dire, que les arguments avancés de part et d’autre auraient eu un fond sérieux, bien sûr, mais auraient été présentés, aussi, sous un aspect exagérément conventionnel, organisés autour de principes idéalisés, et par conséquence, substantiellement divorcés dans l’esprit des médecins (et encore plus dans l’esprit populaire), des véritables bouleversements à prévoir dans l’immédiat subjectif — le vécu personnelle des professionnelles et de leurs patients — suite à l’introduction d’une telle innovation, non plus dans une lointaine réalité spéculative, mais ici, et maintenant.

     Dans aucun cas (ou presque), aurait-on fait cette analyse à la manière des chapitres présents, à partir, non des droits du patient, de l’intégrité éthique de la médecine, ou encore de la liberté de conscience des médecins (de cette balance théorique entre les divers devoirs professionnels) mais plutôt avec référence aux véritables exactions — psychologiques et personnelles, autant que collectives et économiques — qui seraient certainement exigées par l’autorisation générale accordée aujourd’hui aux médecins, aux infirmières (et même à d’autres métiers encore), de passé outre aux lois et aux tabous universels contre l’homicide.

Mais cela étant dit, je proposerais maintenant une considération plus détaillée des positions épousées par les médecins canadiens lors des consultations pratiquées sous l’égide de leurs corporations professionnelles. Ces consultations furent entreprises pendant la période qui précéda plus immédiatement l’introduction de l’euthanasie active, sous les nouvelles appellations « suicide assisté » et plus tard, « aide médicale à mourir ». La manière que les médecins furent consultés, par contre, ne rebond à l’honneur de personne, puisqu’elle semble porter les marques évidentes de manipulation par une petite cadre idéologiquement engagée dans la promotion du projet.

     À vrai dire, je pense que la profession médicale s’est fait prendre à court par les évènements. Il existe une différence énorme, entre les quelques exceptions extraordinaires, de miséricorde humanitaire, qui furent à l’origine envisagées, et la pratique généralisée de l’euthanasie, telle qu’elle se développe de nos jours. Il me semble, en effet, que le médecin type d’antan, pleinement occupé avec les exigences immédiates de sa pratique normale, n’aurait pu que très difficilement imaginer la situation actuelle ; et ne possédait aucunement les moyens d’y faire obstruction de manière efficace.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : L’euthanasie et la médecine — Section VI : L’avis des médecins — Chapitre : L’euthanasie : Un vieux débat, confortable et stylisé ; subitement transformé en urgence pratique — Les consultations pratiquées auprès des médecins Canadiens (au sujet du suicide assisté et de l’euthanasie))

Laisser un commentaire