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- Les jugements personnels de l’auteur devant le phénomène Rodriguez, et les résolutions ainsi provoquées dans l’action - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— Les jugements personnels de l’auteur devant le phénomène Rodriguez, et les résolutions ainsi provoquées dans l’action

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section III : La « Pente Glissante » — Chapitre : Rodriguez II : Un regard d’handicapé sur le phénomène Sue Rodriguez — Les jugements personnels de l’auteur devant le phénomène Rodriguez, et les résolutions ainsi provoquées dans l’action)

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Madonna della Seggiola, 1514, Raffaello Sanzio (Raphael) 1483 – 1520

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     Fort de toutes ces considérations — en tant que personne assez sérieusement handicapée, et en tant que père de quatre enfants — je tiens fortement à encourager tous ceux de mon espèce qui puissent y songer, à suivre leurs instincts, leurs intuitions, leurs consciences et leurs cœurs, dans cette entreprise sublime qui soit la relation parentale.

     Je ne concorde aucunement, sur ce point, avec Sue Rodriguez. Car je garde toujours la certitude intime que tout enfant serait mieux avec un parent affectueux – aussi infirme soit-il – que sans parent aucun. Aussi, comme tout parent (ou dans la manière typique des parents) je peux affirmer que ma satisfaction dans la vie, à cette époque, et par la suite, aurait tourné largement autour d’un sens d’utilité profonde qui soit découlé de cette relation privilégiée avec la continuité humaine, personnifiée, dans l’instant, par l’enfant unique qui se trouve devant soi.

     Il n’y a pas de raison, donc, à mon avis, que les personnes handicapées se retiendraient de former des familles, et encore moins de raison que des personnes comme Sue Rodriguez s’effaceraient d’une relation parentale existante, suite seulement à l’arrivée d’une maladie ou d’une déficience ; il n’y a pas de raison, enfin, que de telles personnes renonceraient à ce volet, tant significatif, de la vie humaine.

     Il serait peut-être dit, ici, que Sue Rodriguez agissait toujours pour le mieux en confiant son enfant à ceux qui pouvaient mieux en prendre soin. Pourtant, un tel transfert de responsabilité pratique n’exclue pas, d’emblée, l’entretien du lien privilégié de mère, quelle que soit la manière dont ce lien se trouve défini par l’usage. Et même l’inévitabilité d’une mort éventuelle ne change pas les bases de ce calcul, car rien dans la vie, malheureusement, ne serait plus naturel que le dépérissement et la mort.

     Alors, devant ces faits, — et perçue dans le prisme de mes propres circonstances — la prétention de Sue Rodriguez (qu’il serait préférable qu’elle soit morte, à fin que son enfant ne la voit pas déficiente) me semblait à la fois choquante et inconcevable. Et la résolution ainsi prise, de priver cet enfant des dernières années, des derniers mois, des dernières heures, même, de l’existence de son parent – et de son amour maternel – témoignait pour moi (toujours dans la perspective de mon émotivité contextuelle), d’un égoïsme se relevant, presque, de la criminalité.

    Telle fut, en clair, ma première réaction devant ce personnage tant marquant ; une réaction qui m’aurait lancé, effectivement, sur cette voie de réflexion au sujet de l’euthanasie ; réflexion que j’aurais poursuivi, maintenant, pendant plus de vingt-cinq ans (aux dépends d’autres prédilections possiblement plus agréables) ; réflexion qui se soit soldé aujourd’hui dans la production de ce texte en cours.

     Certes, mes sentiments à l’égard de feu Mme. Rodriguez se sont beaucoup adoucis avec le temps. Mon antipathie envers le personnage s’est amoindrie, et mes sympathies se sont augmentées d’autant. Cependant, mon désir de contrer son influence sociétale n’a aucunement diminué. Au contraire, il continue tout aussi fort qu’au premier jour : de faire contre poids, dans quelque petite mesure, aux gestes de Sue ; de faire comprendre la nature atypique et insolite de son raisonnement ; d’exposer la pensée, très différente, des gens majoritaires non-suicidaires ; d’encourager des choix positifs parmi mes semblables ; de promouvoir, à la fin, non seulement les besoins des morts, mais surtout, ceux des vivants.

— De retour au mystère subjectif

     Peu importe à la fin, alors, que les agissements de Mme. Rodriguez aient trouvé leur source dans des conditions psychologiques exceptionnelles, ou plus banalement, dans les effets d’une dépression endurée suite à sa diagnostique catastrophique.

     Peu importe, aussi, l’opinion d’autrui.

     Sue Rodriguez, dans la solitude de sa subjectivité, aurait fait son choix ; comme nous aurions tous fait des choix. Et entre nous, de par le mystère du choix, subsiste le gouffre.

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Femme avec enfants à l’intérieur (1660), de Pieter de Hooch (1629 – 1684)

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