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Chapitre : Les racines de l’euthanasie dans les idéologies du dix-neuvième siècle - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre : Les racines de l’euthanasie dans les idéologies du dix-neuvième siècle

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Les racines de l’euthanasie dans les idéologies du dix-neuvième siècle)

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La Chanson des Nibelungens (Nibelungenlied) est le mythe-épopée national du peuple Allemand. Réintroduite (et universellement popularisée) au dix-neuvième siècle, il s’agit d’un mélange de Sagas Nordiques, et d’évènements semi-historiques (mais souvent fantastiques), de la Période des Migrations et de la Dynastie Merovingienne (du quatrième au huitième siècle). Elle existe en forme écrite depuis environ 1200 A.D. Sa rediffusion consacra le mouvement post-napoléonien pour affirmer l’allemand en langue littéraire. Présentée ici : Une illustration anonyme du manuscrit « Hundeshagen » (circa 1480), bibliothèque d’état, Berlin.

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— La défaite de Napoléon et la fin de la dominance latine (1815) ; le Réveil National de l’Allemagne ; le Romantisme Néo-primitif

     L’histoire de l’Occident moderne se distingue par un déplacement progressif, du centre de gravité culturel et politique, à partir de l’Italie (qui fut le cœur de l’ancien Empire Romain) vers les provinces plus éloignées : la France, l’Espagne, l’Autriche, et éventuellement, jusqu’aux zones limitrophes, ou le pouvoir Romain ne s’est jamais tout à fait installé, c’est-à-dire vers le nord de l’Europe, les îles Britanniques, et enfin, l’Allemagne. Dans un mot, le pouvoir économique et culturel s’est déplacé de la zone Latine et Catholique du sud, vers la zone Protestante et Teuton/Anglo-saxonne du nord, ; un fait échelonné sur plus d’un millénaire et accompli définitivement, seulement à la fin des Guerres Napoléoniennes (1815).

     Pourtant, la compréhension savante de cette histoire passait encore, universellement à l’époque, par une narration latine de la Civilisation : la Rome envahie et détruite par les Barbares ; un Age Sombre de la Période des Migrations jusqu’au Moyen Âge Tardif, dont L’Europe s’en serait péniblement sortie grâce à la redécouverte des traces tièdes de la civilisation Gréco-Romaine, à la fin du 15ieme siècle (la Renaissance).

     Implicite dans ce portrait méditerranéen, ou même franco-centrique de l’histoire, se trouvait l’espoir implicite que « maintenant » (c’est à dire, avec le Siècle des Lumières 1715 – 1789), et après un détour lamentable de quinze siècles, le train de l’histoire serait, finalement, réinstallé sur les rails du destin. Telle était, d’ailleurs, la signification de toute cette symbologie de la République Romaine qui fut mise en évidence à travers les formes de la Révolution Française (et aussi dans sa transformation Bonapartiste vers le Premier Empire).

     Cependant, avec la défaite de l’impérialisme français, les héritiers pratiques de toute cette évolution historique, n’étaient pas eux-mêmes les descendants des Romains tant adulés — ni mêmes les occupants latinisés du bloc Romain d’antan — mes plutôt, les descendants encore relativement rustres des infâmes Barbares Teutons. Car ce seraient eux, qui géraient maintenant la politique et l’économie mondiale, à partir de leurs territoires d’origine (Londres, Hambourg, Amsterdam, Munich, et Berlin).

     Il ne devrait pas nous surprendre, donc, que ces Allemands du dix-neuvième, tout juste sortis de l’humiliation d’une dominance culturelle millénaire — Italienne, Austro-Espagnol et Française – aient pu vouloir raviser, quelque peu, la perception des faits.  Et c’est ainsi, qu’avec leurs cousins Anglo-Saxons, Outre-manche (et même leur diaspora Américaine, Outre-Mer), ils commencèrent à donner voix à leur nouvelle fierté de suffisance dominante ; à regarder et à représenter l’histoire autrement ; en s’accordant eux-mêmes le beau rôle. C’est-à-dire : en véhiculant une mythologie alternative peuplée d’héros Teutons, naturels, francs, directs, toujours libres, et jamais contraints par le pouvoir cruel du Sud.

     Bref, la consécration de cette dominance, matérielle et militaire, dans le Nord de l’Europe, s’est accompagnée par la montée d’un nouveau mythe identitaire parmi ces peuples, par lequel ils s’efforceraient de s’expliquer à eux-mêmes ; non plus à travers une compréhension servile de récits anciens et étrangers ; mais bien d’après leur propre perspective, et dans leur propre langue ; de s’affranchir, enfin, après vingt siècles pénibles, de la colonisation intellectuelle du Sud.

— Les nouveaux mythes néo-primitifs des origines du Teuton moderne ; la révision historique ; les ambitions futures

     L’essentiel de ce mouvement culturel et politique résidait dans une valorisation des qualités positives — réelles ou imaginaires — des guerriers Teutons de la préhistoire : la liberté, la franchise, la joie immédiate dans la force naturelle de la jeunesse, et surtout le courage : ce courage qui prédisposerait tout homme (digne de ce nom) à courtiser une mort glorieuse dans la force de l’âge ; et à mépriser, d’autant, la mort hanteuse des lâches, marquée par la vieillesse et l’infirmité.

     Bref, au lieu de fuir les charges de barbarie, ils épousaient délibérément les traits : d’une humanité plus jeune, plus naturelle, moins sophistiquée, moins fourbe, et moins soumise. Ils en faisaient une fierté plutôt qu’une honte.

     Pour eux, le Sud ne serait plus un endroit merveilleux ; ni encore peuplé d’êtres supérieurs, tels qu’ils furent décrits dans les éloges des « touristes » intellectuels et artistiques qui parcouraient l’Italie depuis déjà quelques siècles ; qui s’abreuvaient à la fonte romaine ; et qui se flattaient de la sophistication d’écrire leurs impressions en latin, ou en français.

     Peu importe les ironies de passage : qui nous enseignent, par exemple, que le premier parmi les nouveaux disciples de la nature, Jean-Jacques Rousseau, fut en fait un français, déjà mort en 1778 ; ou encore, que celui qui ait le plus contribué à la nouvelle stature littéraire de l’allemand, Johanne Goethe, aurait lui-même fait le « tour » de l’Italie, et se soit trouvé grandement affecté par son influence.

     Peu importe, disais-je, de telles absurdités : l’allemand provincial type du dix-neuvième siècle, tout au contraire, s’estimait en supérieur naturel aux peuplades métissées du Sud, qu’il se contentait de regarder à distance — avec une incrédulité moqueuse —  comme des êtres dégradés par la servitude ; détournés par la corruption ; dégénérés par la civilisation ; mollement destitués de leur saine nature primaire ; et enfin : rudement (et justement) balayés du tapis de l’histoire par une race qui fut, manifestement, destinée à les supplanter.

     Bien sûr, au niveau culturel cette nouvelle interprétation de l’histoire, et des races, fut bien accueillie. Car elle promettait la guérison des cicatrices psychiques qui perduraient depuis deux mille ans sous la présomption humiliante que la civilisation du sud — et par extension les hommes du sud — étaient en tout point meilleurs (ou au moins plus sophistiqués) que ceux du nord. Mais il y avait également une autre raison ponctuelle d’ordre purement politique : car ce nouvel idéal de l’homme naturel, intègre et courageux à l’outrance, se trouvait parfaitement adapté aux besoins nationalistes des grandes puissances, qui se préparaient déjà à cette lutte finale, cette « guerre totale » ou tout homme serait d’abord un soldat au service de la nation.

     Et c’est ainsi qu’au dix-neuvième siècle, nous nous apercevions d’une concordance presque parfaite, entre le romantisme populaire et la propagande belliqueuse d’état ; une concordance qui résulta, sous le signe robuste du « Nationalisme », dans une quasi-unanimité d’opinion publique. Et alors, dans plus d’un grand état, le peuple s’accordait naïvement au sujet de son caractère spécial ; et se félicitait collectivement de tous les bienfaits d’une telle psychologie enivrante. Mais en Allemagne, devant ces mêmes influences, et surtout dans sa nouvelle primauté géopolitique, les ailes de l’esprit battaient d’encore plus forts : car la nation se réveillait ; et s’armait joyeusement — avec confiance — devant un destin qu’elle croyait garant, enfin, de la satisfaction intégrale d’une rancune millénaire.

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« La rencontre de Wellington et de Blücher après la bataille de Waterloo », Un moment possiblement digne de symboliser cette période charnière de l’histoire : ou les Teutons/Anglo-Saxons faisait clairement démonstration de leurs capacités grandissantes ; ou la France perdit sa primauté en Europe ; ou le français perdit son statut de lingua franca ; et ou le Modernisme, dans tous les domaines, se préparait à déplacer le Classicisme.

Gebhard Leberecht von Blücher (Generalfeldmarschal, Prusse, 1742 – 1819) et Arthur Wellesley (premier Duc de Wellington, Royaume Uni, 1769 – 1852) se rencontrent sur le champ de bataille, à La Belle Alliance (Waterloo), le 18 June 1815, réunion qui consomma la défaite de Napoléon Bonaparte (Napoléon I, Empereur des Français, 1769 – 1821) . Tableau commémoratif (1861) par Daniel Maclise (1806 -1870). Ce fut un évènement qui projeta une ombre longue sur l’histoire.

Voir l’encadré : Le croiseur lourd KMS Blücher (Troisième Reich, 1937)

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