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L’avortement : Une première brèche dans l’hégémonie hippocratique - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

L’avortement : Une première brèche dans l’hégémonie hippocratique

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section IV: Hippocrate bis : l’avortement — Chapitre : L’avortement : Une première brèche dans l’hégémonie hippocratique)

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— Une dominance hippocratique, apparemment assurée en permanence

     Au début du dernier siècle (c’est à dire circa l’année 1900), et tel que nous l’avions décrit ailleurs, il exista une concordance quasi-parfaite — entre les conceptions corporatistes, morales, légales, professionnelles, et commerciales de la pratique médicale — qui semblaient être parfaitement réunies dans un respect intégral de l’esprit du Serment d’Hippocrate. Ni la contestation générale des principes moraux dominants (qui fut évidente à travers les années vingt et l’échec de la Prohibition), ni l’ascendance des théories utilitaires (caractéristiques du fascisme, et du bolchévisme, qui dominèrent les années trente), n’ont pu rompre les précédents — d’attente et d’intention —  qui régissaient, depuis l’antiquité, la relation patient-médecin.

     Tout au contraire, dans la mesure où l’instrumentalisation étatique du médecin ait pu subordonner les intérêts du patient à ceux de la collectivité, la défaite du Fascisme, 1945, suivie de la lutte permanente engagée avec le Bolchevisme soviétique (1946 – 1988), cimenta un rejet profond de ces pratiques au sein des états vainqueurs démocratiques. Alors, même à travers les pires secousses, de guerre et de crise économique, et ce, jusqu’à l’arrivé des Années Soixante, il aurait semblé, à maints observateurs, que le cadre hippocratique ne serait jamais remis en cause.

     Pourtant, puisque l’une des revendications au cœur de la révolution sociale du vingtième siècle fut le droit individuel de définir, chacun, sa propre relation à la reproduction ; et puisque d’une manière pratique une telle liberté impliquerait, pour plusieurs, un recours quasi-inévitable à l’avortement : l’abjuration de l’avortement par les praticiens médicaux, sous l’égide des principes hippocratiques, les amena du jour au lendemain au banc des accusés, eux aussi, pour subir la colère révolutionnaire.

— Une confusion de principes et un tort inutile

     Se serait la prétention exposée dans ces pages, bien sûr, que les leçons tirées des luttes autour de l’avortement aient été très mal appliqués à la question subséquente de l’euthanasie (et au préjudice évident de celle-ci). Mais toujours est-il que ce fut au cours de cette déchirement sociale intense — et pour la première fois depuis deux millénaires — que le nom d’Hippocrate de Cos se trouva conspué, et tourné à la dérision dans le discours public. Or, ce coup porté, cette blessure institutionnelle reçue, fut immédiatement compris par plusieurs comme une brèche fatale dans le rempart d’argument et de tradition qui entourait, aussi, l’euthanasie.

     Ironiquement, une partie de la faute, qui fut responsable pour l’éclaboussure et pour la délégitimation soufferte par l’idéal hippocratique, au terme de ces batailles, incomberait plutôt au compte des traditionnalistes ! Puisque ces derniers, imaginant naïvement l’euthanasie comme une impossibilité sociale (à tort comme nous nous en apercevons de nos jours), ils se sont délibérément servis des parallèles superficiels entre ces deux phénomènes pour retarder l’événement de l’avortement libre. Et pour être plus précis : ces traditionnalistes auraient soutenu la thèse catégorique qu’une renonciation de l’interdit prononcé à l’endroit de l’avortement : 1) ne signifierait rien de moins que la fin de la médecine hippocratique, et 2) résulterait, à plus ou moins brève échéance dans la normalisation, aussi, de l’euthanasie.

     Ce fut, comme nous pouvions le constater, une stratégie dangereuse. Car les promoteurs de l’avortement prenaient tout bonnement leurs adversaires au pied du mot. Ils devinrent convaincus, à leur tour, que la liberté de l’avortement dût passer obligatoirement par le démantèlement intégral de l’autorité hippocratique. Et en conséquence, investirent-ils beaucoup de créativité rhétorique dans l’atteinte de ce but exact, et avec des résultats appréciables.

     Or, ce fut un dénouement, à mon avis, tragique et inutile : car le système hippocratique, tel que nous l’ayons décrit au cours des chapitres précédents, n’est pas principalement un système moral, mais aussi (et surtout) une puissante promesse d’intention commerciale, qui recommanderait ses adeptes à une partie particulière des consommateurs (mais une partie qui se révèle toujours majoritaire) ; c’est-à-dire, ces patients qui désirent retenir les services d’un médecin n’ayant aucun intérêt autre que le leur ; et en particulier : un médecin ayant explicitement répudié les actions homicides à leur égard. Perçue ainsi, la légalisation de l’avortement ne diminue en rien, ni la légitimité, ni l’utilité, de l’intention hippocratique dans la pratique médicale.

— À la recherche d’une perception plus juste

     Devant ces constats, il serait très important pour le propos présent, de désengager avec soin ces deux phénomènes — qui sont l’avortement et l’euthanasie — à fin que nous puissions discuter rigoureusement de cette dernière, sur ses mérites propres ; et en passant, de réhabiliter quelque peu la réputation de notre ami constant, Hippocrate.

     Mais pour ce faire, il serait également nécessaire de réexaminer l’avortement historiquement, dans ses rapports avec la profession médicale, et avec la tradition hippocratique ; avec toute la délicatesse requise par une telle matière, bien sûr ; mais aussi (heureusement), avec l’avantage de quarante ou cinquante ans de recul.

     Et tel sera le sujet de cette nouvelle section du texte, ainsi entamée.

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Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : L’euthanasie et la médecine : Section IV : Hippocrate bis : L’avortement — Chapitre : L’avortement II : Comment la digue traditionnelle fut subitement éventrée par le progrès technologique)

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