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L’eugénisme en rationalisation « scientifique » de préjugés préexistants (voire universels) - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

L’eugénisme en rationalisation « scientifique » de préjugés préexistants (voire universels)

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Des compagnons de route naturels : L’euthanasia et l’Eugénie — L’eugénisme en rationalisation « scientifique » de préjugés préexistants (voire universels))

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Protéger le patrimoine génétique en refusant les immigrants : En mai 1939 MS Saint Louis quitta Hambourg, Allemand, avec plus de 900 refugiés juifs à bord. Ayant traversé l’Atlantique, ces personnes furent refusées le débarquement : à Cuba, aux États Unis, et au Canada.

En conséquence, les passagers du Saint Louis retournèrent en Europe pour y subir les fortunes de la guerre.

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     Programme inhumain et impossible ? Eh bien, malheureusement que non, car toutes les initiatives répertoriées, ici, n’existent pas uniquement dans l’histoire des idées du passé. Elles ont réellement vu le jour, aussi, en politiques pratiques de santé publique : en Europe ; à travers l’Empire Britannique ; et notamment aux États Unis — là où les lois et les pratiques eugéniques, avant-gardistes, eurent servi, même, d’inspiration aux National-Socialistes allemands, dans leur propre quête de purification raciale aux années dix-neuf-cent-trente (et cela, avec la collaboration chaleureuse de leurs auteurs outre-Atlantique).

     Nous nous souvenons tous, par exemple, au moins par représentation cinématographique,  des infâmes lois contre les mariages interraciales (voir, « Showboat » de Jerome Kern et Oscar Hammerstein II, 1927) ; et avec moins d’urgence peut-être dans la culture populaire (mais pas avec moins de raison) des lois qui restreignit l’immigration sous prétexte des impératifs génétiques, incluant : des Africains officiellement décrétés « inadaptés » au climat nordique (Canada) ; ou cette autre épisode, on ne peut plus dramatique, où le monde entier refusait (aux États Unis, et un peu partout ailleurs) d’accepter des bateaux chargés de réfugiés juifs fuyant l’Allemagne, immédiatement avant la Deuxième Guerre.

     Ce serait très évident, certes, qu’il n’y a jamais eu de population « nationale » ou tribale (que ce soit en Amérique, en Europe, en Asie ou en Afrique) qui aurait jamais regardé d’un bon œil le métissage de leurs enfants avec des personnes aux traits physiques dissimilaires aux leurs. Seulement, ce qui en différenciait les temps modernes, fut la nouvelle capacité de rationaliser ces préjugés, en fonction de doctrines « scientifiques » à teneur moralisatrice.

— La pénétration politique et institutionnelle de l’Eugénisme

     Il serait normal, alors, avec une distance de plus de cent ans, que le lecteur contemporain recule brusquement des descriptions de l’Eugénisme, et des eugénistes de l’époque ; qu’il les consigne par reflexe intellectuel — au sein de sa carte idéologique personnelle — dans un petit coin peuplé d’extrémistes, racistes et proto-nazis, répudiés et ridiculisés par la majorité, comme nous sommes habitués à concevoir leurs imitateurs fidèles de nos jours. Mais telle n’était pas la réalité. Car déjà, à l’approche de la « Première » Guerre, l’eugénique fut devenue un mouvement d’appui largement majoritaire parmi la classe instruite.

     Et c’est ainsi qu’ à l’occasion de la « Première conférence internationale de l’Eugénie », présidée, à Londres en 1912, par Leonard Darwin (fils de Charles), étaient présentes (pour donner une apparence quasi-officielle aux tractations) : Lord Balfour ( ancien Premier Ministre), Lord Alverstone (Lord Chief Justice en fonction) et Winston Churchill (à l’époque, First Sea Lord) ; tandis que d’autres noms associés au mouvement (et facilement reconnaissable autant en Grande Bretagne qu’aux États-Unis) étaient ceux des invités vedettes : Président Theodore Roosevelt, John Maynard Keynes, George Bernard Shaw,  Margaret Sanger, John Harvey Kellogg, Marie Stopes, et H. G. Wells.

— L’application pratique des principes eugénistes : contraception, avortement, et stérilisation

     Ironiquement, l’application la plus évidente du programme eugénique, promue plus tard avec tant de célébrité par Margaret Sanger (et par sa créature éventuelle Planned Parenthood), c’est à dire la suppression des naissances parmi les pauvres (par voie de contraception et d’avortement) s’est fait plutôt mal accueillir, du fait qu’elle s’inscrivait en faux à l’égard d’un autre des plus forts impératifs darwiniens des collectivités nationalistes, soit : le besoin d’ augmenter au maximum leurs populations, pour augmenter, aussi, le nombre total de soldats qu’elles pourraient mobiliser dans la défense de leurs territoires. Et pour cette raison, les Français (entre autres), fidèles à leurs prétentions post-révolutionnaires de rationalité séculaire, punissaient les praticiens avorteurs avec la peine capitale, non simplement pour l’homicide, mais plus explicitement : pour « crimes contre la Patrie ».

     Toujours est-il que cette autre pratique anticonceptionnelle, beaucoup plus envahissante, et beaucoup plus agressante qui soit la stérilisation forcée des indésirables, gagnait du support rapidement : car elle ne souffrait pas des mêmes inconvénients collectifs (qui déconseillaient la suppression générale des naissances). Alors, tandis que la simple contraception mécanique (ex. diaphragme) n’était entièrement légale aux États Unis qu’à partir de 1938, la stérilisation forcée, elle, fut mandatée par loi des 1907 dans l’état d’Indiana. Et pour donner une idée de l’importance éventuelle de ce phénomène– dans l’espace, dans l’ampleur, et dans le temps– environ 60,000 personnes (idiotes, fous, sourdes, aveugles, épileptiques, difformes-physique, etc.) se seraient stérilisées, de force, entre 1907 et 1981, suite aux lois eugéniques introduites dans 33 des états américains.

     Alors, même si nous pourrions soupçonner — dans une population de 100 à 250 millions de personnes (selon l’année) — que la stérilisation de soixante mille personnes, échelonnée sur une période de soixante-dix ans, n’aurait eu qu’un impact des plus triviaux sur la condition génétique de l’ensemble : le programme de stérilisation forcée constitua,  sans contredire,  la plus grand victoire des collectivistes, d’inspiration darwinienne, à travers leur programme eugénique ; et surtout, vu les dimensions humaines du phénomène, elle témoignait du sérieux et de la popularité de l’idée Eugénique, de l’énergie et des ressources affectées à sa réalisation, ainsi que du niveau de sa pénétration réelle dans la vie sociale.

— Pas seulement (ni principalement) un phénomène « raciste »

     Dans les conversations contemporaines, l’Eugenie se trouve, le plus souvent, associée aux discours anti-racistes. Mais il ne faudrait pas que notre compréhension demeure à l’intérieur de ces limites étroites. Car, pour adapter à cette circonstance un adage politique d’usage courant : «Si tous les racistes semblaient être eugénistes (sur ce point), ce n’était décidément pas tous les eugénistes qui furent racistes ! ».

     Au sein de l’imagination populaire, bien-sûr, le métissage des races représentait un exemple évident de la dégénération du « stock » humain (et cela, selon l’opinion partagée de toutes les populations : autant en Orient, ou en Afrique, qu’en Europe ou en Amérique). Mais l’eugénisme fut une théorie de beaucoup plus précise à ramifications immédiates. Et la première cible des eugénistes se trouva, non chez « l’autre » (là-bas), mais à l’intérieur de la population ambiante (ici), c’est à dire :  les êtres individuellement « déficients ». Car il s’agissait (et s’agit) avant tout, d’une opération d’auto-purification.

     Les premières personnes évacuées, ainsi, au cours du programme allemand des années dix-neuf-cent-trente, et quarante, furent simplement des personnes faibles, de corps ou d’esprit ; tandis que l’évacuation subséquente des homosexuels, des Juifs, des Gitanes (et autres groupes « indésirables ») se justifia plus tard — par analogie et par association — dans l’extension proprement génocidaire de ce principe eugénique.

     Or, de la même façon que l’Eugenie ait précédé les génocides Nazis, ses principes essentiels ont survécu, aussi, à la répudiation de celles-ci.

— Pas seulement (ni principalement) un phénomène relégué au passé

     Manifestement, même si les discours entourant la commodité de « décourager » la reproduction « indésirable » — des sourdes, des trisomiques, des nains et des personnes exhibant une foule d’autre traits génétiquement transmissibles — se sont quelques peu adoucis dernièrement : ces discours sont toujours discrètement présents. Et si la stérilisation forcée de telles personnes ne se produit plus en Amérique du Nord (depuis quarante ans), l’avortement prophylactique, lui, pratiqué pour en empêcher l’expression des traits, se présente en phénomène dont la normalisation ne cesse de s’affirmer ; et ces avortements, à la différence des stérilisations d’antan, ont réellement résulté dans une diminution importante des populations visées.

     En plus, l’acceptation sociale, de plus en plus répandue de l’infanticide — cette pratique particulière où l’avortement et l’euthanasie se rencontrent et se chevauchent — nous apprendrait que l’étude des motivations, propres à l’eugénie, conserve tout son intérêt de nos jours, et surtout face à la compréhension de notre sujet présent.

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