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La rencontre des cultures, américaine et continentale, occasionnée par la rassemblement des armées alliées sur le sol français (1914 - 1918) - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

La rencontre des cultures, américaine et continentale, occasionnée par la rassemblement des armées alliées sur le sol français (1914 – 1918)

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section III : Une société en rupture — Chapitre : La rencontre des cultures, américaine et continentale, occasionnée par la rassemblement des armées alliées sur le sol français, 1914 – 1918)

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La femme perçue en idéel de beauté et de bonté transcendantales : Ellen Louisa Emerson (née Tucker) 1811 – 1831. Portrait miniature d’artiste inconnu, circa 1829. Dernières paroles attribuées : “Je n’ai pas oublié la paix et la joie”.

La mort de cette dame de vingt ans, avait fortement ébranlé Ralph Waldo Emerson (1803 – 1882), spiritualiste, abolitionniste, et parrain de Henry David Thoreau (1817 – 1862). Il avoua même avoir ouvert la tombe de son épouse lors d’une visite une année après sa mort.

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Il arrive dans la vie d’un homme qu’une catastrophe ponctuelle peut faire flancher, fatalement, sa confiance dans des certitudes jusqu’alors acceptées sans question. Tel fut le cas, par exemple, de Ralph Waldo Emerson (1803 – 1882)), célèbre Pasteur Unitarien et propagandiste anti-esclavage, qui renia tristement sa foi dans le Dieu personnelle des Chrétiens (sans pour autant abandonner tout espoir d’un bien transcendant) suite au décès tragique, et pour lui inexplicable, de sa première femme, Ellen Louisa Tucker agée de seulement vingt ans (1831).

Par analogie, ainsi, entre la vie individuelle, et la vie sociale collective, je me serais permis de suggérer une explication similaire, de trauma psychologique — bâtie sur la violence extrême de la Première Guère — pour analyser la dislocation civilisationnelle qui s’est produite dans la suite du vingtième siècle ; la conséquence, postulée (selon cette analyse), d’une perte de confiance générale dans la rationalité du paradigme de compétition nationale, et de justification évolutionnaire.

Mais quelle que soit la justesse de cette explication, le phénomène décrit demeure indéniable.

— Le développement d’une culture propre à la Amérique

Depuis les débuts de la colonisation, très évidemment, le Nouveau Monde dépendaient du Vieux Continent pour alimenter ses repères culturels. Tranquillement, cependant, avec la formation d’une économie autosuffisante et la perception d’intérêts collectifs distincts de ceux des Puissances Européennes, de nouvelles consciences nationales, et culturelles, émergèrent en Amérique : par nécessité, d’abord, chez les colons de la Nouvelle France, abandonnés dans les défaites du roi Louis XV (dit le Bien-aimé, 1710 – 1774) ; mais surtout par choix, au sein des Treize Colonies britanniques qui s’étalaient sur la côte atlantique, de la Massachusetts à la Géorgie, et dont l’identité propre fut consacrée par la Guerre d’Indépendance (ou Révolutionnaire) Américaine : débutée en 1775, déclarée en 1776, et gagnée au prix de grands sacrifices, en 1783.

Pendant le siècle suivant, notamment suite à l’expansion explosive à travers le centre et l’Ouest du continent — avec la défaite déterminante de l’esclavage, et avec la victoire du capitalisme industriel — un nouveaux caractère national émergea, consommé par la révélation d’une série de nouveaux dialectes distincts, dont la représentation littéraire iconique demeure typisée dans l’œuvre de Samuel Clemmens, alias Mark Twain (1835 – 1910)

En harmonie avec cette histoire rude de développement improvisé, réalisé par des individus et des familles établis, très souvent, en position d’isolement extrême, le caractère dominant était marqué (au mieux) d’une confiance indépendante, d’un courage personnel, et d’une éthique de travail tout à fait extraordinaires, secondés par une foi religieuse sciemment cultivée dans le but de renforcer ces traits. Il s’ensuivit, alors, que le caractère culturel du Nouveau Monde, fondé dans la certitude et dans la discipline de la réussite, se trouvait très, très, éloigné de sa contrepartie européenne, prise elle, entre le drame inachevé d’une civilisation autocratique en décomposition, et l’émergence trouble d’alternatives aux contours incertains.

Nous pourrions possiblement affirmer, à cet égard, que le culte du progrès signalé en France par Alexandre Dumas (entre autres), fut d’autant plus puissant en Amérique pour deux raisons : premièrement, que la réalisation du progrès, matériel et social, se dessinait sur l’équivalent historique d’une toile blanche où tout pouvait se réinventer en neuf, utilisant des ressources apparemment illimitées, et sans heurter aux structures du passé ; deuxièmement aussi, parce que la perte de foi dans l’intention providentielle (et l’athéisme plus généralement) progressait moins rapidement parmi les Chrétiens du Nouveau Monde, du fait que l’abjuration de la foi religieuse ne se confondait pas, chez eux, avec un simple anticléricalisme spécifiquement hostile à l’église catholique, perçue en institution imposée, tel que ce phénomène se présentait en France.

Il en sortit, de ces faits, la perception d’une Amérique proprement affranchie des erreurs de l’ancien continent, et bénit ainsi, d’un progrès qui semblait partout positif. Cette conviction, d’ailleurs, d’un lien direct entre l’intention providentielle (essentiellement entendue comme la volonté divine) et le développement de l’état américain, fut ouvertement proclamée par plusieurs, à partir de 1845, dans la doctrine expansionniste de “Destinée Manifeste”

Avec l’impossibilité de rester indifférente, cependant, devant les enjeux de la Première Guerre, c’est à dire, devant l’impossibilité pratique de maintenir une position de neutralité “isolationniste” face aux intrigues de l’Ancien Monde, l’Amérique se trouva bien contrainte, malgré elle et de par une obligation incontournable, de renouer avec des courants historiques, et politiques, dont ses habitants s’étaient crus heureusement débarrassés. Surtout, les Américains de cette époque prenaient subitement conscience de la réalité implacable — sur une échelle globale — de la force de destruction industrielle mise, désormais, à la disposition de multiples protagonistes nationaux : un danger apparemment sans résolution, ni imminente, ni heureuse ; un danger constant et existentiel (tel que décrit par Winston Churchill) où “la Guerre était entrée dans son royaume” ; un danger qui menaçait tous sans exception — Américains inclus — malgré leur puissance potentielle, et malgré leur éloignement.

Mais s’impliquer dans les drames européens signifia, également, s’exposer aux courants culturels, et philosophiques, qui existaient pour alimenter et pour expliquer ces drames.

— La culture française du dix-neuvième en singularité iconique

Or, la culture dominante du continent européen avait longtemps été la culture française ; et la culture française avait été marquée dans le dernier siècle par une forte tendance désabusée et même cynique, découlant, celle-ci, autant des attitudes fatalistes de l’Ancien Régime, que des déceptions amères associées aux emportements de la Révolution, et de l’Empire, qui furent éventuellement soldés par la relégation de ce pays au deuxième rang impérial : suite d’abord à la défaite de Napoléon I, en 1815 ; et confirmée par celle de son petit-fils, Napoléon III, devant les « hordes » Prussiennes en 1870.

Mais comme dans l’Art, aussi dans la vie ! Et tandis qu’un récit de sucés facile ne peut aucunement soutenir une narration digne d’intérêt, les obstacles et les échecs rencontrés sollicitent toujours le meilleur, autant des caractères fictifs que des vivants.

À la fin, cette perte de dominance impériale, par une population française intensément politisée, et imbue d’une perception de vivre toujours à l’avant-garde des transformations sociales, produisit une culture fortement introspective, susceptible autant aux regrets, pessimistes, qu’aux élans passionnés vers un futur glorieux de rédemption nationale (dont les paramétrés demeuraient, cependant, sujets aux polémiques ardentes). Il en sortit surtout (et pourtant) l’une de ces effervescences humaines extraordinaires, semblables à la Florence de Laurent de Médicis (et l’Athènes de Périclès), où dans l’espace d’une seule génération, un petit nombre de personnes, surtout à Paris, produisit une regarde sur la condition humaine qui colorie profondément, encore, la perception actuelle ; et dont les traces physiques, telles les toiles peintes, commandent régulièrement des prix plus forts que celles de toute autre période.

Ce fut, aussi, pour retourner aux discours direct : un mélange à la fois complexe, attirant, mais rébutant, aussi, pour des intelligences américaines habituées à des représentations plus absolues de la réalité.

— Degas, et Flaubert, face à Nathaniel Hawthorne : des points de départ très éloignés qui se rapprochent quelque peu dans les conclusions.

En particulier, les représentations littéraires réalistes des mœurs domestiques et mondaines, avancées en France avec le mémé refus de la pudeur qui motivait Edgar Degas (1834 – 1917) à peindre les femmes dans leurs bains, alimenta une perception de la société française comme étant fondamentalement scandaleuse (et même obscène) parmi des esprits littéraires qui tachaient, au Nouveau Monde, de produire une description du vécu qui identifierait, rigoureusement, le bien et le mal parmi (et à l’intérieur) des caractères dépeints ; un désir de clarté morale qui n’admettrait même pas les prémisses des situations développées, à la même époque, dans la littérature française.

Pour illustrer cette affirmation je signalerait l’écart énorme qui subsiste entre le ton sérieux avec lequel le thème de l’adultère fut exploré par Nathaniel Hawthorne (1804 – 1864) dans sa romance populaire “La lettre écarlate” (1850), et les espiègleries ridicules de Jacques Arnoux et de Rosanette (dite “la Maréchale”) dans “L’éducation sentimentale”, parue sous la plume de Gustave Flaubert (1869). Dans le premier livre, pour une indiscrétion jamais clairement élucidée, plusieurs personnes vivent un véritable calvaire, composé des passions de la culpabilité pénitente, et de la revanche acharnée, sur fond de sanctions sociales des plus sévères, et qui terminent seulement avec la mort. Dans le deuxième, le jeune Frédéric participe aux bêtises d’Arnoux, dans sa double vie illicite, tout en lui dérobant les attentions, et de la femme : Mme Arnoux ; et de la maîtresse : Rosanette. Or, grâce au caractère essentiellement critique de cette littérature, furent exposés, par le Parisien : l’insatisfaction inséparable de la frivolité des mœurs ; et par l’Américain : l’excès intransigeant du puritanisme.

— L’échec éventuel de la suffisance Victorienne et de son auto-censure conventionnelle

Aussi, cette tendance prévalait à travers toute la diaspora Anglo-saxon, incluant en premier lieu la Grande-Bretagne elle-même, où la victoire nationale dans les guerres coloniales, et Napoléoniennes, avait nourri un mépris pour la décadence continentale, qu’ils assimilaient non à la “sophistication” des français, mais plutôt (selon l’explication allemand aussi) comme le signe d’une dégradation raciale, à la fois cause et résultat des défaites géopolitiques à répétition. Il s’ensuivit, en conséquence, que le produit littéraire français avait été longtemps banni (en version intégrale) dans les véhicules culturels dits « biens » tout au long de la période Victorienne, autant en Amérique, qu’en Grande-Bretagne.

Les lecteurs curieux trouveront les traces de cette pratique, surtout, dans les textes incomplets de divers éditions anglaises de l’époque (et non des œuvres françaises uniquement), mais incluant, aussi, des classiques gréco-romains “abrégés” à l’intention de la jeunesse, et parfois même : des œuvres tronquées d’ancienne source anglaise, telles certaines passages parmi les plus épicés de Geoffrey Chaucer (1343 -1400). Cette censure sélective (et presque omniprésente à l’époque) produisait des sauts capricieux dans le texte dont il en résultait des éditions non seulement moins intéressantes, mais parfois, tout à fait incompréhensibles ; le tout selon un raisonnement pudique voulant qu’il ait pu demeurer possible de transmettre l’import “essentiel” d’un œuvre, tout en supprimant ses détails caractéristiques ; de la même manière que des générations précédentes aient cru rendre “convenables” des images et des statues, classiques, en y appliquant des draperies et des feuillages.

Mais quelle erreur ! Non seulement nous ne pourrions jamais “améliorer” les toiles du dix-neuvième en y collant des feuilles stratégiques : le sens mème de la réflexion artistique à cette époque se trouva dans la décision consciente d’enlever ces feuilles, à la fois physiques et conceptuelles, pour percevoir le réel avec franchise.

Apparemment, cependant, les membres de la diaspora Teuton-anglo-saxon se sentaient suffisamment confiants dans la jouissance de leur dominance ponctuelle, pour pouvoir supprimer, tout bonnement, les réalités qu’ils eussent voulu éviter. Mais à ce chef, remémorons seulement ce fait essentiel : que contrairement à l’expérience de leurs cousins français, ces populations n’avaient pas acquis (encore) le bénéfice de ce recul artistique qui tempère les certitudes confortables ; né dans la déception, et dans le doute existentiel.

Or, cet isolement volontaire, pratiqué par la culture Anglo-saxonne devant la “décadence” européenne, fut effectivement balayé avec le retour des soldats alliés du front occidental de la Grande Guerre — par millier, et par million — en 1919.

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Edgar Degas (1834 – 1917) La sortie du bain (no. 1)

La femme comme sujet d’étude réaliste, observée dans l’intimité de ses gestes quotidien
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