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La médecine perçue de la coté obscur - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

La médecine perçue de la coté obscur

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Section IV : Hippocrate bis — Sous-section IV b) La médecine perçue de la coté obscur)

Telle la Lune, la profession médicale possède, elle aussi, une face cachée

Chaptire : Pourquoi l’assistance au suicide fut-elle considérée, d’emblée, comme le domaine présomptif des médecins ?

— Brouiller, de nouveau, les distinctions à la base de la réussite hippocratique

Vue les effets, tant salutaires, qui s’étaient produits, jadis, avec l’arrivée de la médecine hippocratique, il peut nous sembler difficilement compréhensible que l’on ait voulu compromettre cette profession, de nouveau, en y introduisant des fonctions homicides qui lui soient logiquement étrangères.

Pourquoi, en effet, avoir capricieusement hypothéqué les relations de confiance — entre patient et médecin — en ayant voulu combiner, de nouveau, les deux visages (guérisseur et homicide) de l’ancien personnage sorcier ? Pourquoi n’a-t-on pas insisté, dans notre sophistication moderne, sur la création de nouveaux métiers pour répondre aux volontés non-médicales des clients ? Et surtout… pour accomplir les volontés fatales ?

N’avions-nous pas déjà remarqué, à ce sujet, que la médecine (encore instinctivement hippocratique), aient largement réussi à évacuer l’avortement (et même la chirurgie esthétique) de son espace premier ?

Or, quel indice puissant ! Car le phénomène constaté (cette spécialisation des marchés distincts) s’illustre ici dans des pratiques dont presque tout le monde s’accorde pour admettre un lien inévitable, et nécessaire, avec la médecine hippocratique : avec les cas proprement thérapeutiques d’abord ; et avec la sécurité des interventions discrétionnaires ensuite.

Mais que dire de l’euthanasie ? Dans ce cas il n’y a aucune question de « sécurité » ; aucune vie à protéger ; aucun besoin des connaissances approfondies du médecin ; ou selon plusieurs : aucun besoin de médecin du tout !

Pourquoi, donc, s’obstiner à pousser ce mandat incongru sur la profession médicale ?

Comment faillir s’apercevoir de la force inhérente de ces marchés dissimilaires ? Non seulement celui de la minorité, qui veuille accéder à des services de suicide assisté, mais plus pertinemment : celui de la majorité qui n’en veulent pas ; celui de la majorité dont l’intérêt exige un service qui n’en soit pas compromis ?

Comment imaginer que les clients de l’un puissent se faire agencés parmi les clients de l’autre ? Entassés pêle-mêle dans les mêmes institutions ? Dans les mêmes départements ? Dans les mêmes chambres ?

— La promiscuité des clientèles : un environnement franchement hostile aux patients non-suicidaires

Au cours des discussions passées, plusieurs auraient fait grand cas du patient suicidaire, affirmant que la collectivité ait dû protéger celui-ci contre les préjugés des médecins hippocratiques. Mais qu’en est-il, maintenant, de la situation inverse ?

Comment se vouloir tellement obtus, face à l’émotivité humaine, que d’imaginer un patient aucunement suicidaire, désireux seulement de vivre ses derniers instants en harmonie paisible (dans la mesure où cela lui serait possible), mais obligé, malgré tout, à l’intérieur de cette expérience, tant intime et tant significative, d’écouter — c’est à dire : d’être positivement incapable de ne pas entendre— la famille de son voisin de chambre (et peut-être même la sienne, aussi) en discussion au sujet des avantages d’une mort accélérée ? (Et ça, en tête à tête avec les mêmes infirmières — avec les mêmes médecins — dans lesquels il doit, lui, reposer sa confiance ultime ? Sur lesquelles il dépend, en dernier lieu, pour tout espoir de sursis, ou de vie ?)

Sommes-nous tellement éloignés des réalités humaines –et pour tout dire : des réalités animales et préhumaines — que nous refuserions aux patients en milieu hospitalier les dernières considérations accordées, par le boucher ou le chasseur, aux bêtes qui leurs servent de proies et de victimes ?

Car, ils savent bien ces derniers, depuis toujours et d’expérience ancestrale, ce que nos législateurs, nos juristes et nos bureaucrates auraient semblé vouloir ignorer  : que la peur de la mort est instinctive et viscérale ; qu’elle est contagieuse ; et qu’elle soit d’effet imprévisible.

Le chasseur, par exemple, nous dirait que la viande des bêtes effarées soit gâchée par la présence d’hormones secrétées sous l’influence de la peur ; et le boucher nous raconterait, pour sa part, le danger inhérent dans une bête qui devine trop vite son intention. Mais surtout (selon l’un et l’autre), faut-il éviter la transmission de cette connaissance (et cette peur) aux autres bêtes à proximité.

Comment ignorer, alors, que la première règle de ces métiers consiste à garder les victimes scrupuleusement isolées : de l’odeur du chasseur ; du sang de l’abattoir. Elles ne doivent pas voir ; elles ne doivent pas entendre ; elles ne doivent pas douter ; elles ne doivent pas flairer la mort.

— De la bête à l’humain

Or, le patient non-suicidaire se trouve, aujourd’hui, en proie à précisément les mêmes pressions psychologiques qui puissent affliger notre bête-victime, qui s’achemine, métaphoriquement, vers la mort en embuscade. Sauf que ce soit bien pire pour l’humain ! Car le patient sait d’emblée –au contraire de la bête– que la mort soit proche. Il sait où il se trouve ; et il sait pourquoi. Il comprend, aussi — de compréhension exclusivement humaine — le sens des paroles, des personnes qui l’entourent.

Déjà, en temps normaux, la fatigue, les médicaments, et le stress brut produisent (chez certains patients plus fragiles) des crises d’angoisse, accompagnées parfois de comportements agités et même violents ; des crises qui sont caractérisées par d’affirmations (voire : de cris et de hurlements) à l’effet que l’on « tue du monde ».

Puis-je avoir la témérité, alors, de suggérer ici, que le fait de d’héberger ces patients dans des lieux où l’on tue réellement du monde — de les placer, en fait, sous la responsabilité de médecins et d’infirmières qui sont, effectivement, les agents responsables de ces morts puis-je intimer, enfin : que ces faits ne servent en rien pour diminuer l’angoisse des patients, ni pour réduire la fréquence ou le sérieux de telles épisodes de terreur ?

— Une insensibilité générale qui soit impossible de justification raisonnable

Que le lecteur me pardonne cette plaisanterie ironique. Je comprends très bien la logique qui nous ait amené vers la satisfaction d’une demande minoritaire d’assistance au suicide. Seulement, j’oserais aussi questionner la sagesse de transformer l’ensemble de nos institutions, de soins-santé, dans des lieux qui soient psychologiquement hostiles aux attentes de la majorité ; des lieux ou les peurs profondes du patient — des peurs devant la vie, la mort, et l’épouvantable personnage du sorcier-guérisseur  — deviennent des peurs parfaitement fondées : non dans la délire, ni dans la paranoïa, mais dans les fait objectifs ; des faits ouverts à l’observation de tout le monde — staff, patients, visiteurs — et surtout (grâce au côtoiement promiscue de la clientèle) : un élément psychologique incontournable pour le patient-type de la majorité non-suicidaire.

Ce sont des circonstances, à mes yeux, qui prennent une direction tout à fait insensée et impossible de justification.

— Affirmer la force commerciale de la majorité non-suicidaire

Que fait-on, alors, du droit strict de la majorité ? Non du droit moral, d’imposer sa pensée ; ni même du droit légal, d’imposer ses comportements préférés ; mais simplement de son droit commercial, fondé dans une prépondérance du marché : de s’assurer que ses attentes (aussi) soient réalisées ?

Je ne peux m’imaginer qu’un tel état de fait puisse longtemps durer dans une société libre et démocratique. Même que je ressens, déjà, une certaine confiance que la clientèle, les familles, ainsi que les professionnels soignants — tous réunis dans l’affirmation de leur force commerciale spécifique — parviendront, éventuellement, à imposer la nécessité d’institutions intégralement hippocratiques ; et possiblement aussi : à l’expulsion des pratiques homicides de l’espace médicale.

Non, je me précipite a répéter, que les pratiques homicides soient nécessairement supprimées (car telle serait une discussion toute autre), mais seulement, comme l’un de mes amis se plaît à exprimer la chose : que les pratiques homicides soient expulsées de la “Maison de la Médecine”

— Un problème, pourtant, firmament enracinée

Mais toujours est-il, que dans l’immédiate (et pour une durée indéterminée), nous sommes accablés d’un problème sérieux. Car le pouvoir s’est apparemment convaincu (largement en vertu du précédent fourni par la décriminalisation de l’avortement) : que les oppositions hippocratiques, au sujet des interventions homicides, soient dorénavant tombées caduques, sans plus ; que le refus hippocratique de pratiquer, de conseiller, ou de référer des patients vers l’euthanasie ne résulte, à la fin, que d’une déférence malsaine devant l’autorité reçue ; que l’éthique hippocratique ne soit qu’un substitut médical pour la moralité religieuse (elle-même réputée vestige, des relents ataviques et irrationnels, d’une tradition prémoderne) ; qu’en attaquant l’un, il soit possible, aussi, de balayer l’autre.

Or, ce sont des conclusions entièrement fausses (les souches culturelles et les méthodes philosophiques étant parfaitement distinctes), mais la perception n’en est pas moins empreinte, indélébilement.

On peut alors se choquer. Mais, comme dit l’Empereur-philosophe Marc Aurèle (au sujet de certaines comportements ignobles — mais habituels — parmi sa proche parenté) : « (sic) Même si j’explosais (d’indignation, et de colère) ils feraient toujours pareil ». On pourrait, alors — que dis-je — à la manière ancienne : se déchirer les vêtements, s’arracher les cheveux (et maudire les dieux).

Mais la réalité reste.

On pourrait, aussi, se demander avec véhémence, et humour noir : pourquoi ce serait aux médecins de tuer les suicidaires ? Pourquoi pas les barbiers ? les esthéticiennes ? les barmans tant qu’y être ? Pourquoi, diable, faut-il installer le meurtre dans la pratique médicale ?

Mais la réponse à cette dernière question serait plutôt déroutante, sérieuse, et éventuellement sans réplique : Le meurtre n’a aucun besoin de « se faire » installer dans l’espace médical ; nous ne parlons pas « d’innovation » ni « d’introduction » au sujet de l’euthanasie ; nous parlons seulement de « décriminalisation ». Car le mal, il s’y trouve déjà — et depuis toujours.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Le Livre en devenir — Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section IV : Hippocrate bis — Sous-section IV b) : La médecine perçue de la coté obscur — Chapitre : Une tradition médicale d’homicide : où l’occasion fait le larron)

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