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Le germe hippocratique - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Le germe hippocratique

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Sous-section IV c) Une pratique hippocratique, malgré tout — Une courte coda au texte : Le germe hippocratique)

La guérison est un miracle de la nature, tout comme la germination. Mais ces miracles demandent, aussi, des environnements propices pour s’accomplir. La graine a besoin de la terre et de l’eau; de la chaleur et de la lumière. La guérison nécessite la protection de la flamme, fragile, de la vie; la manipulation des équilibres chimiques; la livraison artificielle de nutriments, d’eau, et d’oxygène; le remplacement complet de la fonctionnalité d’organes entiers.

Parfois la guérison sera totale ; la crise sera résolue et aucun soutien supplémentaire ne sera requis. Souvent par contre, la survie ne sera plus jamais possible sans un minimum de modifications, délibérément apporté à l’organisme, et à l’environnement. Et dans ces cas, c’est la survie simple qui en devient le miracle : une graine, destinée à flétrir et disparaître, parvient à pousser, et même à s’épanouir, dans des conditions soigneusement contrôlées.

Mais les patients humains ne sont pas comme les autres organismes vivants. Leurs besoins débordent largement du seul soutien physique à la vie. Car Ils ont également besoin, ceux-ci, d’une volonté de vivre. Or, cette volonté serait, elle-aussi, une flamme fragile, nécessitant la protection. Et encore: la livraison des soins réparateurs ne peut se limiter à l’application mécanique d’une méthode; elle doit, aussi, se montrer sincère.

Dans les meilleures des circonstances, la détresse intense du patient sera égalée par la certitude calme du soignant. Au plus simple, le préposé qui fournit les soins personnels au patient – qui le lave, qui le repositionne – accomplira ces gestes avec l’intention constante de minimiser l’inconfort tout en s’acquittant scrupuleusement de la tache exigée. L’interaction sera, nécessairement, de la plus grande intimité, mais le soignant n’aura pas (ou à tout le moins ne fera pas apparaître) le moindre sentiment d’aversion qui puisse être interprété comme un rejet de la personne devant lui. Encore là, la peur, la honte, et le dégoût avec lesquels la personne peut elle-même se regarder, ou auxquels elle pourrait s’attendre des tiers, seront rencontrés par une acceptation expérimentée, fondée sur ce principe commun au métiers médicaux, mais pas toujours retrouvé ailleurs: que toute vie humaine soit de valeur égale, sans égard à la dépendance, aux capacités, ou aux pronostics.

Il serait confortable de croire qu’une telle attitude se révèle naturellement dans le caractère de certains individus, et parfois ce serait vraie, indubitablement; mais pour la plupart des gens, l’adhérence à l’idéal Hippocratique résulte d’un choix et d’une habitude. Convaincus par le principe, et renforcés par l’expérience, nous devenons capables d’une communication honnête, respectueuse, et même aisée, avec des personnes qui subissent des états, physiques et émotifs, qui les placent à l’extérieur de ce qui serait normalement confortable, non seulement pour des tiers dans l’ensemble, mais même pour les proches. Et c’est ainsi que, dans le meilleur des mondes, l’équipe thérapeutique apprend à bien soigner toute personne: avec confiance; avec acceptation; avec expérience; avec compréhension; avec patience; et — si j’ose utiliser ce mot– avec amour; fournis pour répondre au besoins de nos semblables.

C’est cela, en effet, la terre fertile, chaude, humide et noire, dans laquelle la graine métaphorique de la vie peut trouver son essor. C’est ça l’environnement accueillant au sein duquel les miracles de la guérison, et de la survie, peuvent être provoqués et entretenus; et au besoin, c’est également cela, le meilleur environnement pour mourir. Voilà, en bref, la pratique médicale qui fut choisie, de tous temps, par les médecins d’inspiration hippocratique, et l’idéal auquel ils aspirent toujours.

Aussi, telle était la nature des soins auxquels des générations innombrables de patients eurent pu espérer bénéficier, en vertu des traditions Hippocratiques, alliées aux dogmes de charité qui caractérisent la période Chrétienne. Au cours de ces deux millénaires, dans une absence presque totale de véritables remèdes médicaux — et vécus par les souffrants dans une condition d’inconfort infiniment plus aiguë que celle dont nous ayons la connaissance aujourd’hui – le suicide ne s’est pas largement affirmé en « solution » aux épreuves du patient. Au contraire, les souffrants cherchaient simplement refuge dans les attentions sincères de l’entourage, attentions mues par l’amour, teintes toujours — et quelle que soit l’extrémité — par l’espoir.

Or, arrivé de nos jours au même point, où les stratégies actives de la médecine moderne sont épuisées, le patient type désire toujours le même support, le même soutien à l’espoir, le même amour. Et ce n’est rien de moins que la perte de cela — la perte, significative, de l’appui humain dans nos derniers moments — que nous risquons tous, avec la normalisation de l’euthanasie.

À suivre …

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