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Du génocide tribal au Bon Samaritain : La notion de "valeur" humaine s'universalise - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Du génocide tribal au Bon Samaritain : La notion de “valeur” humaine s’universalise

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section III : Le patrimoine philosophique ancestral : le caractère sacré de la vie ; la valeur intrinsèque de l’individu humain ; les origines divines de « l’égalité » politique — Chapitre : Du génocide tribal au Bon Samaritain : La notion de “valeur” humaine s’universalise)

“…un Samaritain … arriva près de lui et fut rempli de compassion … Il s’approcha et banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin” (Luc 10: 33-34); détail de vitrail, Cathédrale de Chartres, circa 1205 A.D.

— Une tradition largement civilisatrice, mais toujours contestée

Grace au récit d’Isaac, épargné, in extremis (par l’ordonnance de Jéhovah il y quatre milles ans): la conviction s’est transmise parmi les successeurs d’Abraham, que leur Dieu en été un, imbu, de sentiments tendres à leur égard; que la vie d’Isaac (et par extension la vie de tous les fidèles) lui importait; et que parmi les hommes, aussi, le caractère du père et du Roi –proposé en idéal d’émulation– en dût être un de clémence, et de souci bienveillant, à l’égard des personnes sous son égide.

Aussi, avec les injonctions du Décalogue, dont surtout “Tu ne tueras pas” et “Tu ne convoitera pas”, cette obligation de bienveillance s’est élargie au-delà des liens familiaux (et des obligations paternelles des personnes en autorité) pour comprendre, éventuellement, toute la communauté des fidèles, dans leurs rapports les uns aux autres.

L’évolution de ce modèle de mœurs sociales, au sein du monde farouche des tribus du Moyen Orient antique, semblerait représenter, certes, une grande victoire pour la méthode religieuse, et une grande preuve de la valeur civilisationnelle de cette dernière.

Pourtant, les critiques ne tardent pas à signaler l’incohérence et l’hypocrisie (voire l’irréalité effective) de cette conception de la religion civilisatrice, en citant d’autres commandements, ostensiblement du même Dieu, qui sont –au moins pour les sensibilités modernes– d’une atrocité innommable. En particulier, sont remémorées en exemple, les consignes militaires fournies aux Israélites pour encadrer la conquête, et l’expansion, des “terres promises” de Canaan; des consignes, très évidement, non seulement meurtrières, mais explicitement génocides.

— Où la justification religieuse prêta son autorité à la guerre de conquête

Pour remémorer les circonstances: Ayant sorti de l’Égypte les Israélites passèrent quarante ans dans le désert. À la fin de cette période, ils entreprirent la conquête systématique de terres plus désirables. Voici les consignes fournies à cette fin, par leurs chefs, et créditées à l’autorité divine.

Deutéronome 20: 10-17

10) Lorsque tu t’approcheras d’une ville pour la combattre, tu lui proposeras la paix. 11) Si elle accepte la paix et t’ouvre ses portes, toute la population qui s’y trouve sera astreinte à la corvée et te servira. 12) Mais si elle refuse la paix et engage le combat, tu l’assiégeras.

13) Le Seigneur ton Dieu la livrera entre tes mains, et tu passeras tous les hommes au fil de l’épée. 14) Quant aux femmes, aux enfants, au bétail, tout ce qui se trouve dans la ville, tout le butin, tu t’en saisiras ; tu te nourriras du butin pris aux ennemis que le Seigneur ton Dieu t’aura livrés. 15) Tu agiras ainsi envers toutes les villes très éloignées de toi, villes qui n’appartiennent pas aux nations que voici.

16) Dans les seules villes des peuples que le Seigneur ton Dieu te donne en héritage, tu ne laisseras vivre rien de ce qui respire. 17) Car tu les détruiras entièrement comme étant voués à l’anathème, le Hittite, l’Amorite, le Cananéen, le Perizzite, le Hivvite et le Jébuséen, selon l’ordre du Seigneur ton Dieu

— Non une anomalie, mais un portrait fidèle des migrations tribales

Ce qui précède nous ouvre une fenêtre extraordinaire sur le monde du passé. Il ne s’agit pas, cette fois, d’une innovation comme le pardon d’Isaac, ou les Dix Commandements. Les mesures prescrites reflètent exactement l’usage courant (nous pourrions mème dire l’usage universel), des conquérants mobiles, devant les populations établies.

Dans le cas où le but militaire consistait seulement dans une extension de suzeraineté (“les villes très éloignées”) la soumission et le tribut suffirait. (Quoique devant une résistance offerte, le prix de celle-ci serait l’exécution de tous les hommes, et l’esclavage des femmes et des enfants). Au cas, cependant, où le but serait d’occuper en permanence les terres des populations visées (en Canaan, par exemple), il s’agissait d’extirper, entièrement, tout “ce qui respire”, et de remplacer le stock humain, intégralement.

Il serait injuste, donc, de signaler la sévérité du code militaire des Israelites. Il ressemble en tout point aux normes, non seulement de l’endroit, et de l’époque, mais de migrations aussi éloignées, dans le temps et dans l’espace, que celle des Anglo-saxons, envahissant et colonisant la Grande-Bretagne, 2500 ans plus tard (du cinquième au septième siècles de notre ère; où la population Breton, elle-aussi, fut apparemment exterminée au fur et à mesure que leurs terres étaient occupées par les colons envahisseurs). Mentionnons aussi, à cet égard, l’extermination probable des Dorsétiens (circa 1300 A.D.), par les ancêtres des Inuits actuels, dans le grand Nord Canadien. Car les exemples de migration génocide abondent sur tous les continents, et à toutes les époques (y comprise la nôtre).

Encore plus injustes, d’ailleurs, seraient les tentatives de blâmer cette violence génocide sur la religion. Tel que relaté, les décrets crédites à Moise dans la Deutéronome, ne font qu’entériner des usages partout préexistantes. Il serait même possible de prétendre, au contraire, que la conscience relativement civilisée des Israélites, à cette époque, leur demandait une justification supplémentaire (pour des comportements toujours acceptés par l’humanité élargie); et que les mobiles et les sentiments religieux (exécuter l’anathème divin pour éviter un métissage des cultes et des mœurs) furent ainsi instrumentalisés, pour excuser des gestes qui aient pu sembler, déjà à leur auteurs, d’une inhumanité inconfortable.

Mais toujours est-il qu’une véritable gouffre subsiste, visiblement, entre le commandement original: “tu ne tueras pas”; et cet autre, subséquent: “tu ne laisseras vivre rien de ce qui respire”.

Or, l’explication immédiate de cette différence se trouve dans la nature exclusive et tribale du culte de Jéhovah. Car manifestement, le respect exigé au départ, de l’Israelite à l’endroit de ses frères d’appartenance, ne s’avança pas jusqu’aux étrangers incultes. Cependant, avec l’émergence progressive d’une notion de Dieu unique, la communauté humaine devenait, aussi, conceptuellement unie.

— Le bon Samaritain et l’universalité humaine

À l’évocation de cette parabole, proférée par Jésus (réputé incarnation et fils de Dieu), nous sommes toute naturellement émus par son exemple iconique de bonté charitable. Et pourtant, telle n’est pas la signification première du récit.

Luc 10: 25-37

25) Un professeur de la loi se leva et dit à Jésus pour le mettre à l’épreuve: «Maître, que dois-je faire pour hériter de la vie éternelle?» 26) Jésus lui dit: «Qu’est-il écrit dans la loi? Qu’y lis-tu?» 27) Il répondit: «Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.» 28) «Tu as bien répondu, lui dit Jésus. Fais cela et tu vivras.»

29) Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus: «Et qui est mon prochain?» 30) Jésus reprit la parole et dit: «Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba entre les mains de brigands qui le dépouillèrent, le rouèrent de coups et s’en allèrent en le laissant à moitié mort. 31) Un prêtre qui, par hasard, descendait par le même chemin vit cet homme et passa à distance. 32) De même aussi un Lévite arriva à cet endroit; il le vit et passa à distance.

33 Mais un Samaritain qui voyageait arriva près de lui et fut rempli de compassion lorsqu’il le vit. 34) Il s’approcha et banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin

La clé de cette histoire se trouve dans le contexte non-dit. Car à cette époque les Samaritains étaient vus en hérétiques, conspués par les Juifs auxquels s’adressa Jésus. Le Prêtre et le Lévite, par contre, sont les frères de culte de l’homme blessé. Et pourtant, chacun d’eux “passa à distance”; tandis que le Samaritain, l’hérétique –l’étranger– lui porta secours.

36) Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands?» 37) «C’est celui qui a agi avec bonté envers lui», répondit le professeur de la loi. Jésus lui dit [donc]: «Va agir de la même manière, toi aussi.»

Et voilà ! L’étranger devient le prochain. La véritable sympathie humaine se manifeste à l’égard de tous, jusqu’aux limites du monde. La relation parentale de Dieu comprend, non un peuple particulier, mais l’humanité au complet. Et l’homme particulier en reçoit le devoir ferme de reconnaître, dans tout autre, l’enfant bien-aimé de son propre Père spirituel.

Et encore:

“Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.” (Jean 3:16)

Or, “quiconque” dit bien l’Évangile ! Non plus un peuple, non plus une tribu: le Monde entier sera susceptible de Salut; chacun l’objet spécial de l’amour divin; chacun interpellé, non plus collectivement, mais personnellement.

Et c’est ainsi que Jesus en ait fait, de la religion juive, un culte universel. Et la “valeur sacrée” du vie humain fut devenue, du même coup, un attribut de chaque vie sans exception.

— Comparer les pertes –et les gains– crédités à la religion

Il est souvent affirmé que rien de cela ne vaille; que les grandes guerres de religion (à l’exemple des Croisades) en démontrent la mendicité intellectuelle; que la religion, et surtout les religions monothéistes ne sont qu’un fléau visité sur l’humanité crédule.

Pourtant, les guerres, les migrations, les entrechoquements de populations et de cultures –les exterminations, grandes et petites– se présentent en élément constant, tout à travers l’expérience humain. De plus, ce dynamique de colonisation génocide descende jusqu’à la longue lutte sapiens/neanderthalensis, et même au-delà, dans les comportements de bandes compétitives, ennemies et assassines, parmi les chimpanzés. Aussi surprenant que cela puisse paraître, alors, il n’y avait rien de nouveau dans les comportements, brutaux, catalogués au cours des guerres de religion. Et il n’y a, donc, aucun besoin d’en chercher les causes de ce côté. Car sans la religion, en toute probabilité, la guerre aurait tout autant souillé notre histoire.

Ce fut, pourtant, manifestement à travers cette méthode, religieuse, que soit apparu –transmis, et conservé– l’ensemble des idées civilisatrices (dont cette notion centrale d’une valeur inhérente à la vie) qui se trouvent à la base de notre société présente.

À l’encontre, donc, des préjugés chics des académiciens de notre époque: le bilan mixte des efforts intellectuels, de la période religieuse, s’affirme largement en héritage positif.

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La cathédrale Notre-Dame de Chartres: Construit surtout entre 1194 et 1225; consécration solennelle 1260

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