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-Helen Keller et le Pacifisme: une tactique ponctuelle des révolutionnaires internationalistes - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

–Helen Keller et le Pacifisme: une tactique ponctuelle des révolutionnaires internationalistes

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre: Un personnage politique tout à fait extraordinaire : Féministe, Marxiste, et Eugéniste — Helen Keller et le Pacifisme: une tactique ponctuelle des révolutionnaires internationalistes)

Il serait impossible de deviner, d’après cette photo (1899), que Helen Keller (à gauche) ne voit pas. Annie Sullivan, son enseignante (1866 – 1936) avait elle-même une vision très limitée. Puisque Helen était sourde, également, leur communication se fit par code tactile.

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Il semblerait, en effet, que Mlle. Keller ait partagé plus du caractère de ses contemporains martiaux (d’un Ludendorf, par exemple, ou d’un Hindenberg) que nous ne serions facilement portés à vouloir croire, peut-être, sans plus d’explications. Car tout en exploitant le vocabulaire de la paix dans sa lutte stratégique, contre ce qu’elle comprenait comme les intérêts des grands industriels capitalistes, Helen Keller n’était pas du tout Pacifiste par principe :

“Je ne m’oppose pas à la guerre pour des raisons sentimentales. Le sang d’ancêtres guerriers me coule dans les veines. C’ est avec joie que je regarderais nos jeunes hommes partir pour livrer bataille, si je pensais que cette lutte en était une pour la liberté véritable.” –Helen Keller, extrait d’une lettre privée, Novembre 1917

Or, pour comprendre cet extrait, il faudrait préciser que pour Mlle Keller « la liberté véritable » serait nul autre que la “dictature du prolétariat” postulée par Karl Marx un demi-siècle plus tôt. Dans d’autres mots: Helen Keller militait pour la paix, mais seulement pour une paix post-révolutionnaire. Ou, encore plus précisément, elle militait pour empêcher l’entrée des États Unis dans le conflit en cours, dans l’espoir d’un refus global de toute la classe ouvrière.

Pourtant, après longue réflexion, elle s’est abstenue de participer au voyage de la célèbre « navire de la paix », organisée par Henry Ford (1917). Car autant une paix Européenne aurait pu permettre, aux élites capitalistes, de survivre et de continuer leur dominance: autant elle en était opposée.

Ultimement, donc, comme tant d’autres Marxistes internationalistes autour du monde, elle en était venue à rêver d’un dénouement ou l’épuisement des économies capitalistes, dans les efforts extrêmes de la guerre, ouvrirait la voie vers une mutinerie générale des classes opprimées, des ouvriers et des soldats, suivie de cette lutte interne finale, dans chaque pays du monde (telle que promise par les prophéties marxistes –“d’Inévitabilité Historique”); qui produirait, enfin, cette Dictature tant espérée: où le soleil brillerait; où les oiseaux chanteraient; où tous et chacun vivraient désormais l’harmonie du bonheur final; et où il n’y aurait plus de bien que le bien commun.

Même la possibilité d’une victoire absolue des Allemands (résultant au pire dans un empire mondial Teuton) n’ébranlait pas la confiance sereine de sa foi. Car, dans ses propres mots: une telle concentration de pouvoir capitaliste ne ferait qu’ouvrir l’opportunité, aux révolutionnaires socialistes, de «gagner d’un seul coup » !

Alors dans la mesure où elle appelait au refus du soldat d’exécuter les volontés belliqueuses de ses maîtres, elle préparait (ou essayait de préparer) ce cataclysme subséquent, si ardemment désiré par tout révolutionnaire conséquent. Et dans aucun cas, la révolutionnaire convaincue qu’était Helen Keller, ne reculerait –pour une seule question de sang et de sacrifice– devant l’opportunité de remporter cette lutte ultime des classes.

— Se réconcilier à la réalité du caractère

Or, c’est à la lumière de ces faits, et bien malgré moi, que je suis arrivé à cette conclusion surprenante: qu’en dépit des apparences –et malgré les artifices de l’oratrice– Helen Keller faisait, aussi, partie de cette petite élite de personnes psychologiquement adaptées au temps d’exception, sanguinaire, où se situait l’année 1915; incluant dans sa capacité conceptuelle, et émotive, d’accepter (et même d’embrasser âprement) les pertes massives de vie qui seraient exigées, de toute évidence, par les idéologies de son époque. Et ce fut cette conclusion, aussi, qui m’aurait permis de me réconcilier, un tant soit peu, à l’idée que cette personne –si positive, si admirable, et si engageante– ait pu également, avec son candeur simple et sans apologie, avancer la suggestion d’un mécanisme général, et obligatoire, d’infanticide sélectif; et cela: sans pour un instant se préoccuper de la nature extraordinaire, et potentiellement monstrueuse, de sa proposition.

— À son escient? Ou à son insu?

Il serait facile peut-être (et je crois de beaucoup trop facile) d’imaginer que la portée de ses mots échappait tout simplement à la compréhension de cette demoiselle célèbre.

Telle était, en effet, la prétention de plusieurs de ses détracteurs. Mais pour en juger de la pertinence de cette allégation, et avant de regarder, plus en profondeur, son plan d’infanticide comme tel, je vous offre ici dans ses mots propres, un avertissement livré directement –en termes gentiment moqueurs mais non moins fermes– vers ceux (très nombreux de ces contemporains) qui faisaient précisément cette erreur : de mésestimer, sur la force des plus superficielles apparences, la véritable trempe du personnage qui nous parle.

Voici un extrait tiré d’une allocution prononcée, par Helen Keller, contre la politique de « préparation » militaire américaine. Ce discours fut intitulé « Strike Against War » (En grève contre la guerre), et fut livré sous la bannière du Women’s Peace Party (Parti des femmes pour la paix) et celle du Labor Forum (Forum du travail) à Carnegie Hall, New York, 1916:

“Tout d’abord, j’ai un mot à dire pour mes bons amis, les éditeurs et autres, qui sont mus par pitié à mon endroit.

Certaines personnes s’attristent en imaginant que je me trouve entre les mains de gens sans scrupules: qui m’induisent en erreur; qui me persuadent à épouser des causes impopulaires; et qui font de moi le porte-parole de leur propagande.

Eh bien, qu’il soit compris, une fois pour toutes, que je ne veut pas de leur pitié; je ne changerais pas de place avec eux.

Je sais de quoi je parle. Mes sources d’informations sont aussi bonnes, et aussi fiables, que celles de n’importe qui. J’ai des journaux, et des revues –de l’Angleterre, de la France, de l’Allemagne, et de l’Autriche– que je suis capable de lire moi-même. Ce n’est pas tous les éditeurs de ma connaissance qui peuvent en faire autant. Grand nombre de parmi eux doivent prendre leur Français, et leur Allemand, à main seconde.

Non. Je ne dénigrerai pas les éditeurs. Ils sont une classe surmenée et mal-comprise. Qu’ils se souviennent, pourtant: qu’autant je suis incapable de voir le feu au bout de leurs cigarettes, autant ils sont incapables d’enfiler une aiguille dans l’obscurité.

Tout ce que je demande, Messieurs, c’est un champ égal et aucune faveur. Je suis entrée dans la lutte contre l’état de préparation (prepardedness), et contre le système économique sous lequel nous vivons. Ce sera une lutte pour en finir, et je ne demande aucun quartier.” — Helen Keller, le 5 janvier 1916

— Une déclaration d’intention sans la moindre ambiguïté

Mais quelle déclaration extraordinaire! On croirait voir Bambi, sortir des rangs, pour défier King Kong!

Ce serait très difficile, je soumets, d’imaginer un meilleur avertissement, servi à la fois à ses amis, et à ses adversaires: qu’elle n’accepterait pas une place de figurante symbolique, invitée seulement pour associer sa célébrité émotive à la cause en cours.

Considérons, d’abord, le vocabulaire utilisé: “je suis entrée dans la lutte” (“I have entered the fight”), et encore: “ce sera une lutte pour en finir” (“It is to be a fight to the finish”). Ce serait impossible, dans le contexte décrit (de l’année 1916), que ces mots aient été interprétés en simple artifice de rhétorique. Car au moment exact où Mlle Keller prononçait ces paroles, des activistes progressistes (quelque fois les amis et les correspondants intimes de Helen elle-même) se trouvaient déjà emprisonnés aux États-Unis (et sommairement exécutés, au berceau des pensées révolutionnaires, en Russie, et en Allemagne) et cela, pour précisément le genre d’activités anti-militaristes qu’elle encouragea: de grève, d’agitation, voire: de sabotage). Alors la lutte dont elle parle, ce serait bel et bien un vrai combat; et bel et bien une “lutte pour en finir“.

Très évidemment, alors, Helen Keller, ne faisait aucunement partie des dupes, ni des acteurs tragiques accidentels. Au contraire: elle se voulait l’un des esprits moteurs des événements de son époque. Elle connaissait déjà la douleur de la perte des proches; elle était étudiante assidue des révolutions précédentes; elle comprenait l’enfer dans lequel le monde était déjà embarqué; et elle comprenait parfaitement bien, aussi, que sa préférence personnelle –d’un chemin de sortie révolutionnaire– prolongerait de beaucoup cette période de désordre, et (selon l’exemple subséquent des Russes), traverserait inévitablement des horreurs humaines encore plus vastes, avant d’aboutir (selon la foi prophétique) à sa conception de la Terre Promise.

En somme, trente ans après l’énoncé Nietzschéen, du surhomme moderne (dit “Übermensch”) –matérialiste, agissant “au-delà du bien et du mal”– Helen Keller s’est déclarée lucidement prête, elle aussi, à « dépenser » les vies humaines nécessaires à la réalisation de sa vision sociale et politique.

Or cette vision incluait, notamment, la poursuite du projet eugénique d’amélioration génétique de notre espèce, ainsi que l’instauration d’une économie dirigée, d’extraction Marxiste –utilitaire et collective– qui assumerait résolument son devoir de maintenir les corps (et les esprits) du peuple, dans un état de “solidité et d’efficacité” (encore selon son discours du 5 janvier, 1916) même en supprimant, systématiquement, les nouveau-nés “défectueux”.

À suivre …

Le début du miracle: Anne Sullivan entreprit l’éducation d’Helen Keller quand elles avaient 7 et 20 ans respectivement. Ensemble, ces deux personnes transformèrent, par leur exemple, tout le champ d’éducation des sourdes et des aveugles.

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