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Le regard américain tourné de nouveau vers le Vieux Continent; un lien de destin inéluctable; le tourisme artistique et intellectuel - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Le regard américain tourné de nouveau vers le Vieux Continent; un lien de destin inéluctable; le tourisme artistique et intellectuel

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie C : l’euthanasie et la médecine — Section III : Une société en rupture — Chapitre : Le regard américain tourné de nouveau vers le Vieux Continent; un lien de destin inéluctable; le tourisme artistique et intellectuel)

–La douce illusion américaine (1918), de pouvoir retrouver l’indépendance isolationniste de l’Avant-guerre

En Amérique, l’Entre-deux-Guerres se vivait d’une psychologie passablement différente (quoique étroitement connectée) à celle de l’Europe. Le constat moral d’un échec civilisationnel reçu, tant évident dans les décombres européens du conflit fraîchement achevé, était ressenti Outremer, certes, mais ressenti d’une manière autre. Car, en partant, les Américains associèrent cet échec uniquement à L’Ancien Continent, et non au Nouveau.

Ils avaient vu –et avaient vécu– cette crise de civilisation qui fut la “Grande” Guerre (livrée pour en finir avec toutes les guerres). Mais ils avaient survécu aussi (les plus chanceux de parmi eux), pour retourner dans un pays qui n’en avait pas été directement touché, et où le deuil national était de beaucoup moindre (les pertes militaires américaines étant 23 fois moins élevées que celles de l’Allemagne –en proportion des deux populations– et 29 fois moins élevées que celles de la France). De toute apparence, donc: les américains étaient destinés à vivre les fruits, de leur victoire, dans la paix et dans la prospérité.

Loin, encore, de craindre l’industrialisation de la guerre comme une faille potentiellement mortelle de la civilisation moderne (selon les réflexions prophétiques de W.S. Churchill), les Américains voyaient leur propre industrialisation (à la lumière de leur victoire récente, et dans l’absence de voisins ennemis) comme la garantie d’une indépendance parfaite. Pourtant, en souterrain, il s’agitaient des forces psychologiques de beaucoup plus sombres, et de profondeur insoupçonnée.

Car la société Américaine n’était pas, réellement, une société nouvelle. Elle représentait, plutôt, l’avant-garde progressiste d’une société bien entamée: une société qui trouvait ses racines dans la déconfiture des Empires Classiques (il y a maintenant deux milles ans); et à plusieurs égards, bien au-delà.

–La promesse civilisationnelle remise en cause des deux côtés de l’Océan

Avec le temps, cette société avait développé un modèle de moral, fondé, à la fois, dans un souci de liberté individuelle, et dans une responsabilité, publique, qui se voulait rationnelle et volontaire. Le tout étant bâti sur une foi (divergente parfois dans les détails, mais unanime dans l’essentiel): que la réalité répond à la volonté d’une Providence toute-puissante (voire: d’un Déité), dont la volonté divine serait résolument bienveillante à l’égard de l’homme; et donc (malgré les épreuves inévitables de passage): que la direction arrêtée de cette grande civilisation, dite “occidentale”, en soit une de “progrès” perpétuel, vers un futur humain toujours plus rose.

Et pourtant: ce modèle s’était perdu, manifestement, dans les délires récents du nationalisme, et du collectivisme, perçus dans un paradigme de compétition Darwinienne. Et puis, par coup de tonnerre irréparable, la confiance partagée de tout ce corps civilisationnel s’est vue écrasée dans les déboires de la Première Guerre. Or, la tête avancée de ce corps –le “progrès” social américain (symbolisé dans ces pages par le mouvement avorté de Tempérance)– s’est retrouvée subitement seule; abandonnée comme une pousse verte au bout de branche au soleil du printemps –d’un arbre apparemment fendu à la souche.

–L’attention américaine, intellectuelle et artistique, fixée formellement sur l’Europe, par habitude historique

Il y a une forte ironie dans ce fait que l’intervention victorieuse des soldats et de l’industrie américains (dans la dynamique politique de l’Europe) ait définitivement consacré la variante culturelle du Nouveau Monde en tendance dominante, mais qu’en même temps, tant d’intellectuels et d’artistes se tournait vers l’Europe, toujours, pour y puiser leur inspiration.

La musique populaire, par exemple, était en train de se transformer complètement, sous les influences du Jazz, tandis que rien n’ait pu se considérer comme une produit plus typiquement américain. Pourtant, il existait à l’époque (et il existe encore), une idéalisation des clubs de Jazz européens –de Paris et de Berlin– à l’effet que ce soit ces clubs qui se trouvaient à l’épicentre véritable du mouvement. Objectivement, cependant (et bien qu’il y avaient, effectivement, des musiciens célèbres qui fuyaient les contraintes relatives de la Prohibition): ni Paris, ni Berlin. ni Londres, ne pouvait aucunement se comparer avec la floraison culturelle qui se produisit, au même moment, à New York, à Chicago, à la Nouvelle-Orléans, et (phénomène totalement unique parmi tous) à Hollywood.

Or, cela étant dit: l’habitude universelle, de voir l’Ancien Continent comme le conservatoire historique d’une culture supérieure (dont chaque pierre préservait, et en respirait l’essence), était trop profondément inculquée dans la conscience coloniale, pour disparaître d’un coup. De plus, les souvenirs licencieux, des soldats récemment retournés, y prêtaient un mystère des plus fascinants; au point où même l’inimitable George Gershwin (1898 – 1937) –déjà compositeur consacré de la “Rhapsodie in Blue” (1924)– est allé à Paris (1928) pour se perfectionner sous l’instruction des maîtres qui s’y trouvaient. Or, rien ne pouvait exprimer plus fidèlement ce moment de rupture historique (et de passage définitif du bâton culturel), que la réponse négative qui lui était rendue par le compositeur français alors proéminent, Maurice Ravel (1875 – 1937): “Pourquoi” écrit-il, “vouloir devenir un Ravel, de deuxième ordre, quand vous êtes déjà un Gershwin, du premier?”

–Un bref sens de suffisance domestique au cours des Années Vingt; des préoccupations européennes qui revint avec l’élargissement de la crise

Paradoxalement, ce sont les années prohibitionnistes de la décade dix-neuf-cent-vingt qui se remémorent toujours sous le sobriquet nostalgique des “Années Folles”. Car ce fut pendant cette brève période de prospérité fébrile que la confiance américain battaient au plus fort; qu’une nouvelle littérature, et une nouvelle musique, se sont imposées par les goûts populaires; que la présomption d’une Amérique matériellement et moralement supérieure (industriellement et géographiquement distincte; apparemment intouchée par l’implosion européenne) ait pu rallié une croyance presque unanime.

Et pourtant! Avec l’effondrement des marchés qui débuta en dix-neuf-cent-vingt-neuf, il transperça clairement ce fait: (que même victorieuse; même en temps de paix; et même à dix années d’intervalle) l’Amérique ne pouvait pas s’échapper indemne aux effets de cette catastrophe, générale, qui fut la Grande Guerre.

Car telle était, en fait, la signification première de ces événements (vus de la perspective américaine): que l’isolement volontaire de la Révolution (1776) ne pouvait plus continuer; que cette nation avait enfin été attirée dans les guerres impériales inachevées –de bon ou de mauvais gré– par un intérêt propre qui ne pouvait pas s’ignorer; et cela: non dans un théâtre périphérique (comme à l’occasion des guerres Napoléoniennes de 1812), mais au cœur de l’Europe même, et de manière décisive. Dès et désormais, donc, le sort des américains serait indissociable de celui des européens. Et, alors, si cette leçon n’avait pas été entièrement apprise grâce aux sacrifices exigés par la guerre, elle le fut, sans doute aucun, face aux misères de la crise économique, inéluctable, qui en résulta.

Il s’ensuivit, donc, un intérêt renouvelé pour les affaires européennes, un peu à la manière des voisins d’un volcan inquiète, qui ne peuvent rien pour calmé celui-ci, mais qui s’en préoccupent toujours, du fait qu’ils savent ne pas pouvoir s’en soustraire aux effets d’une irruption éventuelle.

–Les idéologies nouvelles sont épousées en Amérique, également, mais jamais tout à fait

Comme conséquence, aussi, de la Guerre, et de la Dépression (deux crises aiguës qui semblaient solliciter, chacun, des solutions de la mème trempe), les enthousiasmes européennes pour les idéologies et pour les politiques “fortes” se rependirent en Amérique également, où l’on admira, tour à tour: Lénine, Staline, Mussolini, et Hitler.

Plus encore, le Trente-deuxième Président des États Unis, Franklin D. Roosevelt (pour la toute première, et pour une seule fois) faisait fi de la tradition longtemps établie par l’exemple, tant salutaire, de George Washington (pour limiter le service du président à deux termes seulement). Car, F.D.R. (à l’image de ses contemporains autoritaires célèbres) se transforma effectivement en “président à vie”, servant non moins de quatre termes présidentiels (de 1933 jusqu’à sa mort en 1948); et provoqua, ainsi (en réaction à tel précédent menaçant), l’entérinement du Vingt-deuxième Amendement à la Constitution (1947), qui interdit, à tout Président subséquent, la poursuite d’ambitions similaires.

Il est à noter, donc, qu’à travers cette époque: non-seulement l’équilibre géo-politique et économique, mais la prolifération des mouvements idéologiques, aussi, évoluaient dans un rapport, dynamique, d’interdépendance intercontinentale, où toutes les tendances européennes trouvaient leur adhérents américains.

Pourtant, la nation américaine ne fut jamais franchement emportée par les idéologies modernes: ni de droite, ni de gauche (mème si cela fut possiblement manqué de très peu). Et alors, tandis que l’Allemagne sombrait dans le Fascisme –et la Russie dans le Socialisme Bolcheviste– le Démocratie, en Amérique, évita par miracle ce piège. Il en résulta une politique extérieure non-préférentielle qui se voulait scrupuleusement “juste” à l’égard de tous les différents pays en présence; une politique presque paralysée, parfois, dans ses actions (ce qui explique l’hésitation prolongée qui précéda l’entrée des États Unis dans chacune des deux Guerres Mondiales).

(Rendu aux limites, cependant, de l’impartialité idéelle; et malgré la présence de très forts lobby collectivistes (et autoritaires), le peuple américain s’est décidé –dans l’un cas, comme dans l’autre– de défendre le futur de leur propre expérience de liberté démocratique: en intervenant du côté de la démocratie française (1917) et de celle de la Grande-Bretagne (1941).)

–Les intellectuels américains à l’étranger: un trait d’union intercontinental

Au niveau des Arts et de l’information, enfin, il s’est développé une importante mode de tourisme artistique pendant toute cette période (et redoublée avec l’arrivée de la Dépression des Années trente), à l’exemple de Christopher Isherwood, Jean Ross, Ernest Hemingway, Josef von Sternberg, et F.Scott Fitzgerald: par où Britanniques et Américains, de la classe littéraire, tournaient leur attention vers le Vieux Continent; et par où cette grande malaise civilisationnelle (en Europe si palpable) s’est progressivement répandue, aussi, parmi les habitants du Nouveau.

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