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Une proposition d’accréditation, facultative et obligatoire, à l'intention des praticiens de l'euthanasie - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Une proposition d’accréditation, facultative et obligatoire, à l’intention des praticiens de l’euthanasie

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie D : L’euthanasie et la société — Section : Recommandations spécifiques — Chapitre: Une proposition d’accréditation, facultative et obligatoire, à l’intention des praticiens de l’euthanasie)

–Description

L’octroie d’un mandat qui inclue la terminaison directe de la vie humaine (que ce soit pour motif médical ou autre), devrait, en toute prudence, se baliser d’une accréditation, non collective mais individuelle, à l’endroit des professionnels autorisés.

En particulier, il est proposé qu’une telle accréditation, conçue pour autoriser la pratique de l’euthanasie, comprenne les éléments suivants:

1) Que les individus ainsi accrédités le soient en vertu de demandes présentées, par eux, de manière entièrement volontaire, et pleinement informée.

2) Que les candidats certifiés soient choisis, parmi les demandeurs, sur la base d’une évaluation psychologique, ainsi que d’un examen des antécédentes judiciaires et professionnels.

3) Que les professionnels mandatés soient correctement formés pour assumer cette responsabilité exigeante.

4) Que ces professionnels, et leur pratiques individuelles, soient le sujet d’une suivie systématique dans le temps.

5) Que des ressources soient disponible au besoin, pour venir en aide aux professionnels mandatés, dans le but de pallier aux effets de difficultés psychologiques, possiblement surgissant dans l’accomplissement des pratiques envisagées, ou par la suite.

5) Que les professionnels accrédités soient du nombre minimal pour répondre adéquatement à la demande manifestée parmi la clientèle

Un tel système d’accréditation, facultative et obligatoire, prodiguerait des bénéfices importants: pour les patients; pour les professionnels; et pour la société dans son ensemble.

— Des avantages pour les patients: transparence; confiance; sécurité

L’un des éléments les plus importants, de toute interaction clinique, réside dans la relation de confiance dont jouit le patient face au médecin.

Il aurait souvent été suggéré que le spectre de l’euthanasie sape, où détruise, même, cette confiance. Les supporteurs de l’euthanasie, par contre, affirment que l’assurance, chez le patient, que son médecin lui porterait, au besoin, ce dernier coup de miséricorde qu’il croit être l’euthanasie, n’affaiblit en rien le lien de confiance patient/médecin, mais le raffermit, au contraire.

La vérité, comme dans toute question de désire vital subjectif, dépendrait des sentiments particuliers du patient spécifique. Car le patient qui est possédé par un peur de la vie souffrante (ou simplement par une ambivalence devant la survie prolongée) peut très bien prendre confort dans la présence d’un médecin prêt, selon son choix, à lui écourter cette vie. Mais en même temps, le patient qui ne veut pas mourir ressentirait, tout aussi spontanément, une peur irrépressible devant la nécessité de se confier à ce même médecin. Or, la différence en est une de choix, personnel, devant la pratique de l’euthanasie: et pour le patient, et pour le médecin. Et dans ces circonstances, l’identification transparente des prédilections du médecin individuel –reflétées dans son choix de demander (ou non) l’accréditation requise– faciliterait un assortiment heureux de patients et de médecins compatibles.

En particulier, un telle distinction garantirait, généralement, que le patient consentant soit traité par un véritable professionnel de l’euthanasie, et non sujet, selon les cas, aux soins d’un néophyte, possiblement emporté par des enthousiasmes de passage, mais sans être réellement compétent pour en évaluer l’opportunité de ce recours (ni pour intervenir avec délicatesse; ni pour en atténuer les effets sur les proches survivants).

–Des avantages pour les professionnels: formation; support; protection de conscience

Pour les professionnels, l’exigence d’une accréditation facultative comporte plusieurs avantages: tant parmi les supporteurs de l’euthanasie que parmi les adversaires, et parmi ceux, aussi, qui sont respectueux de la liberté de chacun, mais qui désirent rester, néanmoins, personnellement non-participants.

Pour ceux, d’abord, qui désirent accéder aux dignités d’une telle accréditation, il en résulterait les bénéfices immédiats d’une formation spécifique, formellement élaborée, qui les informerait de toutes les nuances –cliniques, éthiques, et légales– entourant la pratique, et la théorie, de l’euthanasie. De plus (étant donné que ce soient des questions en évolution dynamique), une structure formelle de formation favoriserait l’adoption méthodique de futurs principes de meilleure pratique; développement qui contribuerait fortement à l’estime dont bénéficieraient les professionnels concernés.

Au niveau personnel, aussi, il y aurait l’avantage d’une suivie spécifique, comportant un accès à des services de support, ciblés précisément aux besoins de ceux qui peuvent se trouver touchés par des séquelles psychologiques, possiblement négatives, résultant de cette pratique.

Pour tous ceux, au contraire, qui ne désirent pas participer à l’euthanasie (et cela, quelle que soit la raison), une source d’irritation majeure serait ainsi enlevée face aux modalités de refus: car ayant choisi de s’abstenir de chercher l’accréditation requise, ces personnes ne posséderaient, de toute manière, aucun droit de pratique à cet égard.

Or, cette circonstance ferait disparaître, sans plus, une grande partie des questions épineuses concernant la conscience personnelle (que celles-ci soient de nature morale ou professionnelle); mais seraient protégés aussi: l’ensemble des professionnels non-participants (possiblement très peu engagés dans leurs opinions à ce sujet), qui serait autrement exposés, en permanence, à la possibilité de vivre des crises subites de conscience (imprévues et accidentelles) produites par des demandes occasionnelles (et possiblement impliquant des patients attachés par des relations étroites de longue date) auxquelles le refus, autant que l’acquiescement, seraient capables de susciter des remords importants.

— Des avantages pour la société: renforcement des usages solennels qui entourent la mort et qui sont entretenus pour en empêcher la banalisation

La mort, et surtout la mise à mort, sont des phénomènes particulièrement significatifs pour l’être humain. Et en conséquence, nous les avons toujours entourés de formes cérémonieuses de la plus grande solennité. Or, selon l’opinion présente, il serait tout à notre avantage de procéder de la même manière avec l’euthanasie.

Décidément, il existe de très bonnes raisons pour restreindre, et pour formaliser, notre lien avec la mort. Car, paradoxalement, la mort représente ce qu’il peut avoir de plus ordinaire: notre mortalité nous définie tous; et, avec l’âge nous témoignons de la mort tout autour de nous. De plus, il survient régulièrement des moments moins sécuritaires (de guerre, de famine, de pestilence) où la mort –et parfois la mise à mort aussi– sont presque omniprésentes; où toute personne survivante connaît la perte des proches; et où (au pire) presque tout survivant se reconnaît, aussi, en homicide réel ou potentiel.

Dans ces occasions, il peut surgir une attitude d’indifférence envers la mort qui soit très peu propice pour le maintien d’une société respectueuse de la vie de ses membres. Et en ces moments, les formalités cérémonieuses qui entourent notre traitement de la mort (des morts, et des mourants), se révèlent absolument essentielles: pour maintenir nos prétentions au statut humain.

Or, il n’y a rien qui tend plus directement vers la désensibilisation déshumanisante que la mise à mort administrative, et malheureusement, malgré les efforts sémantiques déployés pour minimiser ce fait: il n’en demeure pas moins que l’euthanasie systématique (telle que pratiquée aujourd’hui au Canada) soit indéniablement un phénomène de cette nature. Et pour cette raison, les plus grands efforts seront nécessaires pour éviter une banalisation, dans le geste, qui ouvre la voie vers une banalisation de nos sentiments humains tout court.

Or, sans doute (je soumets), la première des formalités indiquées à cette fin réside dans la création d’un statut particulier (d’un grade, d’un dégrée, d’une accréditation) qui soit accordé uniquement aux individus ainsi mandatés, et qui les démarquent nettement de leurs paires; une dignité qui soit réservée uniquement aux candidats pleinement volontaires, et objectivement méritants, des responsabilités (très lourdes) qui leur soient confiées.

Par voie de comparaison, discerner ce statut –tant exceptionnel– au premier médecin ou infirmière venu (soit 500,000 personnes au Canada) –sans qu’ils en aient même exprimé l’envie– favorise l’impression d’une banalisation maximale.

Il peut, peut-être, avoir une objection à cette logique, voulant que les pratiquants de l’euthanasie se trouvent sujets (déjà) à la désapprobation, et à la l’ostracisation, parmi certains de leurs paires; qu’ils souffrent (aussi) des suites d’une incompréhension mal-informée chez une bonne partie de la clientèle; et que cette stigmatisation s’aggraverait, vraisemblablement, en proportion avec tout signalement, ou différenciation, de leur état.

À cela faudrait-il répondre, je crois, que cette désapprobation, et cette ostracisation, se manifestent inévitablement à l’égard de toute personne dont le travail concerne directement la mort (et surtout la mise à mort), à partir des techniciens de salon funéraire, jusqu’aux militaires (sans parler des bourreaux d’antan). Heureusement, les médecins, et les infirmières, ont été traditionnellement épargnés de cette stigmatisation: mais seulement parce que leur travail ait toujours été populairement conçu en effort dirigé uniquement vers la survie et la guérison. Dès (par contre) que soit introduite la notion de terminaison –active– de la vie sous surveillance médicale: et il survient un réflexe de recul instinctif devant les professionnels responsables; et cela sans considération des mobiles, ni des appuis populaires au principe.

Se pose alors la question essentielle: faudrait-il permettre à cet inconfort instinctif à teindre tout l’ensemble médical; à s’insinuer sourdement dans toutes les relations patient-médecins? Ou est-ce qu’il ne vaille pas mieux identifier ce malaise, uniquement, avec les circonstances et avec les professionnels, spécifiquement liés au phénomène (d’euthanasie) qui en soit la cause?

N’est-ce pas une question qui réponde d’elle-même?

L’estime de la clientèle, pour cette spécialité (et pour ses spécialistes), s’ accroîtrait en proportion directe, je soumets, avec le sentiment du patient-type: qu’il en soit personnellement épargné (jusqu’à la manifestation d’une volonté contraire) la présence et l’attention. Et autant l’apparition de tels spécialistes puisse soulever un malaise naturel, chez les uns, autant serait-il à présumer que les patients, réellement désireux de tels services, accueilleront positivement les professionnels exclusivement mandatés à cette fin. Ultimement, cette identification formelle servirait à protéger la perception positive de la médecine dans son ensemble (et l’expérience sereine du patient-type), tout en permettant l’éclosion d’un nouveau marché de service qui soit rationnellement assorti: et à la demande organiquement issue de la clientèle; et à la volonté éclairée des professionnels souhaitant y répondre.

L’accréditation facultative obligatoire, donc, nous promet une perception que l’entrée –au statut socialement sensible d’euthanasiste– soit limitée à des personnes aptes à assumer ce devoir de manière volontaire, sans faire du tort: ni envers eux-mêmes, ni envers leurs patients, ni envers la société.

La médecine, elle, en serait la première bénéficiaire de cette perception, avec une introduction de l’euthanasie qui soit calculée pour produire un minimum de disruption dans les rapports traditionnels entre patients et professionnels. Mais la bénéficiaire principale en serait la société élargie, dans la mesure qu’elle puissent intégrer l’euthanasie, rationnellement, sans contribuer à la désensibilisation et à la déshumanisation collectives.

À suivre …

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