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- Le taux d’euthanasie, quelque peu plus élevé, qui soit observé parmi les patients atteints de cancer - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— Le taux d’euthanasie, quelque peu plus élevé, qui soit observé parmi les patients atteints de cancer

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix – Partie B : l’euthanasie et la clientèle – Section I : Le vécu des personnes handicapées, malades et mourantes – Chapitre : Un portrait quantitatif des choix exprimés devant le suicide assisté et l’euthanasie parmi la clientèle visée – Le Taux d’euthanasie, quelque peu plus élevé, qui soit observé parmi les patients atteints de cancer)

La personne et le cancer

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     Le cancer présente un profil unique parmi les diverses causes de décès : d’abord par le nombre, puisque les décès dus aux cancer (un peu moins de 30 %), sont encore plus nombreux que ceux attribuables aux deuxième et troisième causes combinées, soit : les maladies du cœur (20 %), et les maladies cérébrovasculaires (5%). Mais plus encore, ces décès sont parfaitement prévisibles, à la différence des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux, qui se présentent habituellement en faits immédiats. Le patient-type atteint de cancer, lui, voit sa situation détériorer rapidement vers la fin, mais pas assez rapidement pour lui enlever l’obligation d’attendre la mort, et souvent dans des circonstances d’inconfort important, ce qui peut rendre la conceptualisation de cette mort beaucoup plus positive.

     Il en résulte, que les cancéreux constituent, de loin, la clientèle qui soient la plus disposée à recourir à l’aide médicale à mourir. En fait, pour prendre les Pays Bas (2018) en exemple : quoique 26 % des décès furent dus au cancer, 70 % des euthanasies y furent attribuables, ce qui nous donne un taux d’euthanasie chez les cancéreux de 10 %. C’est-à-dire, que dans ce groupe nous observions deux fois et demie l’incidence générale déjà citée de 4%.

     Aussi, Dans la réflexion populaire, l’image torturée du cancéreux (ou autre souffrant à l’article de la mort) fut étroitement liée à l’idéalisation de l’euthanasie qui aurait abouti dans la médicalisation du désir suicidaire en soin de fin de vie.

     Pourtant, quand nous évaluions la place légitime qui reviendrait à cette intervention dans l’industrie médicale d’un pays comme le Canada, nous sommes quand même obligés à faire distinctement ce constat : que seulement 10 % des mourants atteints de cancer acceptent, actuellement, l’euthanasie proposée — et ce, parmi cette tranche de la clientèle qui y soit la plus favorablement disposée ; qui soit la plus encouragée à y recourir ; et au sein, même, de la société qui présente, à la fois, la plus grande prédisposition  vers l’euthanasie, et la plus grande expérience de sa pratique.

     Cela demeure, certes, un taux de pourcentage qui signifie un nombre de morts très important en chiffres absolus, mais qui représente, aussi, une proportion statistique assez minimale. Car de par ce même calcul, nous sommes également amenés à constater (et peut-être avec surprise), que même devant le pronostic terrorisant du cancer : 90 % des patients refusent leur consentement à l’euthanasie et exigent, plutôt, d’autres stratégies de soins.

     Or, d’une perspective statistique, ce 90%, de refus exprimé, semblerait fournir un taux suffisamment élevé pour accorder, sans difficulté, un statut normatif au désir non-suicidaire.

— l’importance de la dissonance entre la perception du phénomène, et la demande réelle : une accommodation institutionnelle, à l’euthanasie, qui dépasse grossièrement la demande.

     Voilà, d’ailleurs, une explication partielle pour l’allégresse avec laquelle les fonctionnaires de la médecine canadienne auraient embrassé l’idée d’un soin de fin de vie universellement disponible. Car la loi Québécoise ne fut adoptée qu’en 2015, tandis que sa discussion et sa formulation se faisaient surtout dans les années 2009 – 2014, période au cours de laquelle les taux d’euthanasie en Bénélux auraient augmenté de pas moins de 200 % (en cinq ans). Or, en projetant une telle croissance pour les années à venir, il aurait semblé, j’imagine, très évident pour certaines, qu’il s’agissait de se préparer devant un véritable raz-de-marée, et que la loi à venir devait être façonnée, surtout, pour faciliter au maximum cette transformation radicale dans les mœurs médicales.

     Pourtant la courbe d’augmentation avait déjà commencé à s’aplatir pendant ces années et, alors, la rigueur statistique dans l’interprétation de données aurait conseillé une plus grande prudence. Mais malheureusement, cet optimisme face à la croissance future de l’euthanasie se nourrissait, aussi, d’une confirmation flatteuse de préjugés préexistants, et alors, la prudence fut abandonnée par le pouvoir législatif, et l’optimisme activement épousé, devant la popularité apparente de l’euthanasie.

        Voilà, donc, un regard sur le passé qui puisse nous fournir une explication des plus charitables pour la prépondérance démesurée, de mécanismes conçus pour favoriser la croissance de la pratique de l’euthanasie, au Canada, tels que nous les observions aujourd’hui, tout autour de nous. Pourtant, l’explication de ces excès ne nous excuse nullement du devoir d’en corriger les erreurs ainsi consacrées. Car logiquement, loin du modèle actuel : le système canadien devrait s’adapter, plutôt, en fonction d’une stabilisation éventuelle du taux d’euthanasie, à 4% (tout au plus), à l’image de ce que nous observions actuellement au Pays Bas, ou à la moitié de ce chiffre, si nous nous referions à l’expérience Belge.

     De plus, il existe une raison technique de première importance pour prendre au sérieux la leçon de prudence statistique exposé ci-haut, car l’euthanasie en fin de vie concerne, majoritairement, le cancer, tandis que le traitement de cette maladie soit un champ d’activité actuellement en proie à des transformations colossales. D’aucuns nous promettent, même, mettre fin à ce fléau au cours d’une génération à peine ! Et autant que j’aimerais bien, à mon tour, me garder du piège de l’optimisme débridé, je ne peux m’empêcher de signaler que le taux global de décès attribuable à l’euthanasie descendrait, dans ce cas, au même niveau que celui des non-cancéreux aujourd’hui, pour s’établir, enfin, au niveau plus modest de 1.7% au Pays Bas et de 0.9%, seulement, en Belgique.

     Semblerait-t-il rationnel, alors — raisonnable, ou même marginalement justifiable — de privilégier la pratique de l’euthanasie au point observé actuellement (au dépens manifeste des besoins de sécurité des patients non-suicidaires) dans l’attente d’une demande maximale de 4% (ou même de 1%) seulement, des mourants ?


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