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Chapitre – L’ampleur du suicide assisté malgré les lois existantes, ou : Au-delà de la théorie, la vraie vie - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Chapitre – L’ampleur du suicide assisté malgré les lois existantes, ou : Au-delà de la théorie, la vraie vie

(Tome Premier : l’euthanasie et le choix — Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section III : La « Pente Glissante » — Chapitre : L’ampleur du suicide assisté malgré les lois existantes, ou :  Au-delà de la théorie, la vraie vie)

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L’homosexualité aristocratique : interdite mais courante — Oscar Wilde (1854 – 1900), poète, romancier, dramaturge et homme de société, accusa le Marquess de Queensberry, père de son amant (Lord Alfred Douglas) de diffamation de caractère (1895), puisque le Marquess aurait traité Wilde, publiquement, de « sodomite ». Cette bravade en fut de trop (car l’homosexualité de Wilde était bien connue). Et quoique la haute société de Londres s’accommodait de l’homosexualité discrète, elle n’admettait pas de scandale à ce sujet. Alors, inculpé à son tour, et trop fier pour s’enfuir, Oscar Wilde fut condamné à deux ans de prison, sur 25 chefs d’accusation, pour « grossière indécence ».

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     Conformément à la déclaration d’intention avec laquelle j’aurais commencé cette section de la « Pente Glissante » je tiens à réitérer, de nouveau, que le but visé n’est pas d’effrayer, et encore moins de scandaliser, le lecteur, devant la miroitage d’éventualités déplaisantes, proférées dans un espoir maintenant dépassé d’éviter le dérapage dépeint (ou même de criminaliser l’euthanasie de nouveau). Pas du tout. Il s’agit, simplement, de constater lucidement la suite probable des événements.

     Toujours est-il, cependant, que le lecteur rigoureux pourrait objecter, ici, pour insister que la conclusion plutôt radicale, offerte dans le dernier chapitre, ne relève que de spéculations imaginaires ; et que la déduction fantaisiste, aussi saisissante soit-elle, ne peut fidèlement prédire la future. Or, je m’inclinerais, volontiers, devant ce raisonnement si, véritablement, la spéculation en fut notre seul indice. Mais, malheureusement, tel n’est pas le cas. Car nous nous trouvons, encore plus significativement, devant de faits présents. Et vue de cette perspective, la réalité dépasse déjà nos projections les plus pessimistes.

— De nombreuses confirmations de fait, déjà visibles dans l’histoire récente de la société contemporaine

      Décidément, la vie ne consiste pas seulement de principes, d’analyses, ou de débats idéals. Elle se constitue plutôt de personnalités, d’événements, de compromis et de volontés. Il faut, alors, non seulement regarder l’état de la loi, mais aussi son efficacité ; il faut, surtout, peser le sérieux d’intention avec lequel cette loi s’applique, contre la détermination avec laquelle elle serait contestée et enfreinte. Car la loi n’est qu’une série de déclarations de principe.  Elle ne garantit aucunement que soit accompli, dans les faits, ce qui est mandaté ; et encore moins, que soit réellement supprimés, les gestes interdits.

     Nous avons fait, d’ailleurs, l’esquisse de plusieurs changements importants de société qui se sont produits dans le dernier siècle. Or, ces transformations ne se sont pas produites, principalement, grâce à l’habilité des orateurs et des théoriciens, ni grâce à des consensus formés autour de nouvelles vérités découvertes, mais surtout, du fait qu’il exista – peut-être plus dans cette période qu’auparavant — nombre important de gens pour les contrevenir délibérément ; de sort que la volonté de répression fléchissait devant la volonté de désobéissance. Et présentés de cette manière, les faits peuvent totalement contredire la théorie (voir la fiction) légale.

— Décriminalisation informelle sans changement de loi : l’homosexualité et le cannabis

     Par exemple, ça fait au moins trente ans, sinon quarante, que personne ne soit sérieusement puni, au Canada, pour la simple possession de petites quantités de cannabis. Nous savions, tous, depuis ce temps, que l’interdiction répressive de l’usage de cette substance serait impossible (à l’intérieure des limites à la force répressive jugées acceptables). Pourtant la société ne fut pas prête, pour autant, à sanctionner la présence ouverte de cette pratique. Et il en résulta une fiction légale, possiblement plus nocive que la légalisation simple ; puisque de telles lois inopérantes invitent un mépris à l’égard du régime de justice dans son ensemble.

     Il y aurait habituellement, donc, une suite logique dans la normalisation des comportements proscrits, ou la pratique devancerait, largement, l’assouplissement des lois ; et ou, pour commencer, la désobéissance se fait dans la clandestinité complète. Tel était, par exemple, le lot des homosexuels qui furent, jusqu’à tout dernièrement, métaphoriquement contraints à se cacher « au placard ». Mais il y avait quand même des zones de la société ou de tels comportements furent inévitables, tels la marine, la prison, le couvent ; et il y avait toujours des personnes qui n’arrivaient pas à dissimuler entièrement leurs prédilections, souvent protégées par leurs proches. Aux plus hauts niveaux de la société, également, le pouvoir personnel de certains individus les permettait de faire à peu à près tout ce qui ait pu les plaire.

     Au moment, donc, ou la contestation des interdits commençait plus robustement au milieu du siècle passé, il existait une forte population déjà contrevenant aux lois existantes — selon les compromis pratiques établis et de façon presque ouverte — ce qui rendait, à la fin, l’acceptation officielle beaucoup moins difficile (décriminalisation du sodomie : 1969, avec âge de consentement 21 ans, réduit progressivement vers 16 ans en 2019). Tout cela pour dire, que soit peu probable la floraison d’un arbre, sans la croissance préalable d’un important réseau racinaire.

— L’exposition, de plus en plus explicite, du suicide assisté et de l’euthanasie

     Or, au sujet de l’euthanasie, soyons franche : la chose se connait et se pratique, avec et sans le consentement du sujet, par des médecins et par d’autres, depuis le début des temps. Et quand nous regardons les causes entreprises, de nos jours, dans la défense du droit de mourir, nous devons lucidement voir, non l’arrivée d’une nouveauté de pensée inouïe, mais bien l’apparition publique d’une faction, parmi le corps médical, qui aurait resté dissimulée autrefois, mais qui soit devenue confiante, maintenant, dans la réalité d’un fait existant ; suffisamment hardie, enfin pour oser s’exposer au regard intense de la répression, et pour jouer — en quelque sorte — son existence présente, sur la solidité de ses racines historiques et sociales.

     Au Canada, le véritable point de bascule fut atteint, selon l’analyse présente, au début des années quatre-vingt-dix, avec la cause célèbre de Sue Rodriguez, perdue devant la Cour Supreme, mais gagnée sur le terrain de la politique pratique. Je dis bien que cette cause fut gagnante, puisque à sa conclusion, la loi fut formellement reconfirmée, mais le suicide de Mme Rodriguez s’est tout de même accompli, avec l’assistance de tiers, de manière ouverte et médiatisée, sans que personne n’ait été punie, ni même arrêtée, au cours d’une enquête de circonstance, rapidement terminée, sans la moindre dépense véritable d’énergie.

     À l’instar de sa politique de non intervention devant la consommation du cannabis, notre société de lois, sans aller jusqu’à la décriminalisation formelle, aurait signalé dans ces faits (il y a presque trente ans déjà), que l’euthanasie volontaire, à l’intérieure de limites informelles des plus larges, ne serait plus poursuivie activement en contravention criminelle.

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