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La santé personnelle se transforme progressivement en charge publique : comment et pourquoi - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

La santé personnelle se transforme progressivement en charge publique : comment et pourquoi

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie B : L’euthanasie et l’économie — Section II : Le régime de santé publique — Chapitre : La santé personnelle se transforme progressivement en charge publique : comment et pourquoi)

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La pandémie de 2020 : une inflation extraordinaire dans les attentes publiques, face aux pouvoirs présumés de la science et de l’état.

En 1957 — 1958, le monde souffrait des ravages d’une pandémie de l’influenza A H2N2, dite influenza “Asiatique” ; et d’une autre, le H3N2, dite influenza « Hong Kong » en 1968. Ces deux pandémies tuèrent, aux seuls États-Unis 116,000 et 100,000 personnes respectivement, (ce qui équivaudrait à 212,000, et à 165,000 aujourd’hui, quand ces chiffres sont ajustés selon la population actuelle).

Au moment d’écrire ces lignes (avril, 2020), les populations des pays développés demandent à leurs dirigeantes de mater une crise virologique similaire (le coronavirus covid-19), coûte que coûte, même avec un arrêt presque total de l’activité économique, aux risques d’une dépression mondiale de durée indéterminée.

Les plus âgés de parmi nous se souviennent toujours, non seulement des pandémies de 1957 et de 1968, mais également des amis paralysés (ou tués) par la polio, ou portant au visage les cicatrices caractéristiques de la petite vérole. Les personnes de cette époque comprenaient parfaitement les risques de transmission infectieuse, et pendant les épidémies (et pandémies) récurrentes ils évitaient, spontanément et rationnellement, les rassemblements inutiles. Par contre, il n’en était pas question, pour les personnes en santé de s’absenter du travail, et encore moins de fermer l’économie au complet. Voilà, donc, un changement dramatique dans la perception du risque, qui s’est produit dans les derniers trois quarts de siecle !

Photos : San Antonio, Texas, Jeudi le 9 avril, 2020. Six mille familles, en auto, font la file en attente d’une distribution charitable de nourriture suite aux congédiements massives produites, non par la pandémie, mais par la réaction politique à celle-ci. Une expérience sociale, inédite, dont les aboutissements demeurent imprévisibles

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— Une responsabilité publique à la fois problématique et nécessaire

     Au départ, j’aimerais avancer l’hypothèse que, pour la plupart, les difficultés inhérentes à la gérance publique de la santé des individus découlent du fait que cette demande serait mieux satisfaite, au moins en théorie, par les agissements des consommateurs individuels : dans la quête de trouver des solutions personnelles à des situations particulières ; à l’intérieur d’un marché libre. Car à l’opposé de ce paradigme d’économie naturelle, l’intrusion de la gérance collective, de l’état, du monopole, et de l’arbitraire bureaucratique, sont autant d’éléments qui jouent, d’emblée, contre la satisfaction optimale de la demande spécifique.

     En fait, l’administration publique de ces dépenses comporte automatiquement des risques de découplage, entre les désirs du consommateur, et les services actuellement rendus. Or, l’introduction médicale de l’euthanasie se révèle particulièrement problématique dans ces circonstances, dû à l’avantage publique, évidente, qui puisse attendre la maximisation de sa pratique.

     Mais cela étant dit, regardons maintenons comment et pourquoi la santé personnelle se serait transformée, tout de même, en responsabilité publique : à travers l’ensemble du monde développé ; et en large partie, même au sein des pays aux économies les plus résolument capitalistes, tels les États-Unis.

— Une fin à l’égalité devant la mort.

     Pendant les millénaires du passé, et tel que nous l’aurions signalé préalablement, il ne se manifestait que peu de convoitise, de la part des pauvres à l’égard des riches, au sujet des soins médicaux dont bénéficiaient les uns et les autres. Car il existait une égalité naturelle de tous, face à la maladie, qui se confirmait dans l’inutilité générale des traitements proposées. Par contre, peu à peu, — d’une façon globale et irréversible — cette égalité s’est évaporée aux temps modernes, avec l’arrivée des méthodes scientifiques, et avec les remèdes efficaces qui en résultèrent. Dés et désormais, donc (au moins dans certains cas), ceux qui avait les moyens de s’offrir les services des médecins pouvaient acheter, littéralement, un répit à la mort.

     Les effets de ce changement bouleversaient, tout simplement, les équilibres sociaux et politiques du monde existant. Très impérativement, aussi, voulait-on retrouver cette égalité primitive, antérieure, devant les caprices de la mortalité humaine. Et pour ce faire il s’est bientôt apparue dans l’esprit populaire — de façon progressive et à tâtonnements — une nouvelle conception de dépendance, voulant que la responsabilité ancestrale du souverain, de protéger les vies des sujets contre la violence d’autrui, (responsabilité transformée, avec le temps, en responsabilité d’état) dusse être élargie, maintenant, pour inclure aussi la protection de ces vies contre les déprédations de la maladie. Dans un mot : les moins nantis commençaient à demander que l’égalité naturelle des vies soit reconfirmée par une égalité dans l’accès aux nouvelles technologies médicales.

— Une brève histoire de l’évolution des connaissances

     Le mot « bouleversement » n’est certes pas trop fort pour décrire ce changement de perspective sociale si nous considérions l’étendue des résultats obtenus dans le domaine médical, et plus particulièrement, dans quel laps court de temps ces résultats se sont produits : transformant — dans l’espace d’une seule génération à peine — une résignation presqu’absolue devant la maladie et la mort, dans quelque chose qui puisse s’apparenter, de nos jours, à une attente positive de guérison !

     Regardons rapidement les faits :

     Louis Pasteur (1822 -1895) est souvent choisi, parmi ces contemporains, pour illustrer la découverte des microbes et l’élaboration de la théorie des maladies microbiennes qui s’ensuivit. Rappelons, à ce sujet, que Pasteur aurait démontré les bienfaits de la stérilisation du lait par la chaleur (pasteurisation) en 1862 ; la possibilité d’immunisation contre l’anthrax en 1870 ; et l’administration réussie d’une vaccine pour combattre la rage, en 1885.

     S’ensuivait, alors, Joseph Lister (1827 – 1912) avec la théorie et la pratique de la chirurgie antiseptique (réalisant une réduction de 15 à 40 % dans le taux de mortalité suite aux interventions chirurgicales) s’en servant en premier lieu du phénol pour nettoyer les instruments, les plaies, et les blousons, en plus d’utiliser le phénol en aérosol pour tuer les microbes présentes dans l’air ambient.

— Des revers amers ; des attentes trahies

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L’armée Serbe à l’hiver 1914 – 15 : victorieuse devant les Austro-Hongrois, mais dévastée par le typhus ; ses soldats seraient bientôt chassés de leur pays pour regrouper à l’étranger.

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     Ces découverts, et d’autres similaires, provoquaient une révolution dans l’hygiène générale et dans les méthodes prises pour combattre la prolifération des infections microbiennes. Cependant, encore une génération plus tard, au début de la deuxième année de ce que l’on appelait, à l’époque, la « Grand Guerre des Nations » (mais que nous appellerions plus humblement par la suite : la Première Guerre Mondiale), dans le théâtre de la péninsule des Balkans, l’armée Serbe, rapidement victorieuse devant l’ennemi Austro-Hongroise, s’est subitement trouvée aux prises avec une adversaire autrement plus redoutable, dans la forme d’une contagion de typhus, secondée par la diphtérie et le choléra.

     Pour tenter de secourir leurs alliés Serbes (qui perdirent de 70 à 80% parmi les personnes — soldats et civiles — qui furent infectées), les Britanniques, les Français et les Italiens, envoyaient des centaines de médecins — incluant des corps d’hôpital entier ; et même les Américains (en dépit du fait qu’ils ne prenaient pas encore directement parti au conflit), se sont précipités dans le jeu à titre d’assistants humanitaires impartiaux.

     Mais, les efforts extrêmes de tous ces représentants du monde moderne, tous à la fine pointe scientifique, tous prêts à s’aventurer hardiment dans cette lutte inégale : ne servirent pourtant à rien, sinon de gonfler — d’une grande partie de leur nombre propre — les dizaines de milliers de morts réclamés par ce micro-organisme toujours féroce, et à l’époque, simplement impossible à contrôler. L’année alors, c’était 1915 : ce qui nous amènerait au moins quarante ans plus tard que les découvertes théoriques originalement associées avec le nom de Pasteur.

     De même qu’en 1918 -1919, de façon plus spectaculaire encore, immédiatement après l’Armistice, à la fin tant souhaitée des horreurs belliqueuses, la célèbre Influenza Espagnole réclama dans une seule année et demi, plus de victimes que les dix millions de combattants tombés dans les quatre longues années de la Guerre Mondiale (ainsi que les dix millions de civils qui les accompagnèrent) : pas moins de 50,000,000 de personnes à l’échelle planétaire, dont 960,000 aux États Unis, et 55,000 au seul Canada (l’équivalent de 275,000 aujourd’hui, ajusté proportionnellement avec la population de ce pays). Tragiquement, alors, dans les deux cas (et dans d’autres encore, trop nombreux pour cataloguer) la science et les scientifiques n’en pouvaient strictement rien : ni pour la protection des populations ; ni pour le rétablissement des malades ; ni même, pour se protéger personnellement des risques encourus ainsi, vaillamment, mais sans résultat.

     Quelle époque, enfin, d’une tristesse unique ! Ou l’homme connaissait les causes de ses malheurs ; ou il travaillait sans cesse pour les maîtriser ; ou il espérait avec confiance pouvoir un jour y pallier ; mais où il resta, néanmoins, dans une condition d’impotence présente, presque complète !

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