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- Comme un massif rocher obstruant un cours d’eau, les implications de la théorie Matérialiste tombèrent à travers le chemin de la Civilisation - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

— Comme un massif rocher obstruant un cours d’eau, les implications de la théorie Matérialiste tombèrent à travers le chemin de la Civilisation

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Un aperçu du climat social dans lequel furent accueillies les nouvelles théories, moralement ambiguës, du matérialisme et de l’évolution : de la Mer au banc d’école — Comme un massif rocher obstruant un cours d’eau, les implications de la théorie Matérialiste tombèrent à travers le chemin de la Civilisation)

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À table, dans une « maison des pauvres » (workhouse) à Londres, circa 1900

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     La narration officiellement présentée, de nos jours (aux jeunes intelligences en devenir), est d’une limpidité parfaite : pendant la période moderne, la science empirique chassa la doctrine reçue (religion) ; l’univers naturel chassa la création ; le monde s’expliqua de manière mécanique, sans appel au spirituel ; la connaissance remplaça la superstition ; le pouvoir technique remplaça l’impotence.

      Soit. Pourtant, presque rien n’est dit au sujet de la crise profonde qui en fut produite dans notre conception essentielle du « bien », et des ramifications de cette crise dans notre vie en société, en toute circonstance, aujourd’hui.  

     Voilà en peu de mots, alors, l’ironie suprême de la science moderne telle qu’elle se présentait dans la transformation industrielle :

     Après tant d’efforts philosophiques et religieux — déployés dans l’espoir d’améliorer le sort de la race humaine (et dont l’aboutissement avait dépassé toujours à peine l’intention) — la méthode scientifique semblait fournir, enfin et tant miraculeusement, le moyen pratique pour réaliser ces rêves multimillénaires. Mais du même coup, elle sembla avoir invalidé, aussi, toute la conception spirituelle de l’homme qui se trouvait à la base de celles-ci, et qui avait servi jusqu’à lors, comme unique balise de référence intellectuelle (et de véhicule explicatif) dans la quête d’une dignité proprement humaine.

     Voilà, donc (et tout au contraire), sur fond de la suggestion inquiétante d’un nihilisme pure — apparemment inséparable des conclusions Newtoniennes — que la théorie matérialiste menaçât d’enlever tout souci, personnel ou politique, d’ordre morale ; tandis que la compréhension populaire de la théorie de l’évolution, elle, semblât valider — et justifier ouvertement pour qui le voulait — un recours aux mobiles les plus sombres !

     Car selon cette interprétation, toute souffrance subie par les perdants (dans la lutte pour la vie), incluant toutes les épreuves de guerre, de feu, de pestilence et de famine — sans exception – (ainsi que tous les sacrifices présents des gagnants éventuels), serait amplement récompensée par la victoire des « meilleurs » ; ce qui voulait dire, dans le lexique des Darwinistes : par l’émergence progressive d’une humanité, et d’un ordre social, supérieure.

    — Une contradiction fondamentale, et fatale

     Pourtant, la profondeur de la crise philosophique, ainsi produite, se révèle dans cette dernière image — tant naïvement présumée — de l’évolution naturelle en mécanisme de « progrès » vers le « bien ». Car le message fondamental du matérialisme réside — tout au contraire — dans l’affirmation première que le monde naturel ne possède aucun attribut de bien. Et en conséquence, l’enthousiasme progressiste investi dans ce nouvel paradigme fut rempli dès le départ (et peut-être heureusement) d’erreurs complaisantes et fondamentales.

     En fait, même cent cinquante ans après l’arrivée des « Origines » de Darwin (et quatre cents ans après les « Principia » de Newton) la réalité d’un tel principe (l’absence d’une morale transcendante) semble presqu’impossible pour l’être humain de créditer. Et c’est ainsi que nous observions, encore, des « matérialistes » travaillant toujours aussi assidument pour le « bien », sous les drapeaux socialistes et autres. Mais très peu nombreux sont ceux, même de nos jours, qui apprécient pleinement l’ironie inséparable de ces faits.

     En partant, alors, certainement au début (et encore très appréciablement aujourd’hui) l’arrivée de l’interprétation « matérielle » (ou mécanique) ne s’opéra pas comme un simple virage dans notre histoire sociale, mais plutôt, à l’image du massif rocher dans le cours d’eau, — d’un obstacle brut, que le désir positif, conscient, des divers acteurs sociaux se proposait (d’un optimisme instinctif et volontaire) à contourner, d’une manière ou d’une autre. Et le résultat en fut, non une nouvelle direction, mais plutôt une multiplicité de nouveaux chemins, qui procèdent encore, à tâtons, vers des buts qui demeurent contradictoires et incertaines.

— La récupération du traditionnel

     Au plus simple, et peut-être au mieux, il y avait une tendance majoritaire (et une foi traditionnaliste), voulant que la science et la « vérité » ait pu se complémenter, de sorte que les hommes de bonne volonté aient pu utiliser le premier pour en réaliser le seconde. Ce fut, aussi, pendant longtemps, l’école dominante. Mais elle n’était pas la seule pour autant. Et il se posait des problèmes très particuliers, pour ceux qui prétendaient rejeter (vraiment) le principe traditionnel de « bien », tout en espérant conserver la notion de « progrès » positif.

— Le déterminisme

     L’une des solutions les plus ingénieuses, à ce paradoxe, concerne la doctrine « déterministe » qui fut apparente, déjà, dans « la nécessité historique » des Marxistes (et de leurs prédécesseurs immédiats de la Révolution Française).

     Selon cette interprétation, les développements futurs de la société sont déjà « déterminés » (historiquement inévitables) ; et il s’ensuit une révérence, au-delà des buts et des principes, pour le processus en soi, dont les effets immédiats sont ainsi accueillis en bienfaits manifestes.

     Mais toujours est-il, que c’est la nature naïve de l’intelligence humaine que de s’investir dans la perception de l’inévitabilité : de fomenter, pour prendre cet exemple, une révolution, là où l’on en croit percevoir la nécessité (inévitable) ; et en accueillant, ainsi, les excès révolutionnaires comme des « biens » nécessaires, d’en redoubler les ardeurs et les violences (à l’instar de l’enthousiasme insatiable pour la guillotine en 1793). Il en ressort, alors, un constat inconfortable que l’interprétation matérialiste puisse non seulement favoriser l’éclosion de phénomènes normalement perçus en « mal », mais aussi, de contraindre la redéfinition perverse de ceux-ci, en bien !

— Une crise sans solution évidente mais impossible à éviter

     Quel qu’il en soit, l’arrivé de ces nouveaux idées (et la crise philosophique ainsi engendrée) étaient impossible à esquiver. Car, voir, c’est croire ! (comme l’on dit depuis toujours) ; et manifestement, à l’encontre des propositions spéculatives des métaphysiciens d’antan : les démonstrations de la science empiriques furent incontestables. Et quoique nous pouvions remarquer, rétrospectivement, que les conclusions théoriques (qui en furent logiquement tirées de celles-ci au dix-neuvième siècle) eussent été autrement plus discutables que les observations en soi, il n’en demeure pas moins que la pénétration de ces théories s’est montrée irrésistible.

     Sans préjudice, alors, nous nous devions de remarquer que ces principes théoriques (et surtout cette vision impitoyable de l’évolution) furent progressivement partagés — que ce soit de droit ou de gauche — par toutes les tendances proprement modernes. Or, force est de constater qu’il en soit résulté une liberté extraordinaire parmi les théoriciens de l’époque, qui se rivalisaient dans leur enthousiasme pour avancer, ainsi, de nouveaux programmes radicaux : des programmes d’inspiration fortement idéalistes ; et dont la poursuit pratique — en plus de nombreux miracles de notre modernité — ne pouvaient qu’aboutir (comme nous en ferons la description ci-bas) dans ce que nous qualifions aujourd’hui de crimes, massives, contre l’humain et contre l’humanité.

— Le visage sévère des œuvres philanthropiques « scientifiques »

     Pour reprendre seulement le thème de la charité et du secours aux pauvres, les efforts traditionnels d’assistance continuaient, et s’expansionnait même, avec un accès accru aux dons et aux fonds publics, qui augmentaient constamment en proportion avec les nouveaux surplus générés par l’industrialisation. Les promoteurs de ces initiatives se voulaient, aussi, « scientifiques » et désiraient aborder les problèmes sociaux dans une perspective moderne et rationnelle. De ce côté, alors, l’espoir battaient fort ; et l’ambition se portait vers l’allégresse.

     En même temps, cependant, dans sa forme la plus crue et la plus intransigeante, la pensée « moderne » à la base de cet enthousiasme (et qui y fournissait tous les moyens pratiques pour y réussir), suggérait carrément que tout apport aux pauvres (ces « indigents », les perdants de la compétition Darwinienne) représentait non seulement des dépenses inutiles, mais bien plus — constituait une entrave condamnable à l’accomplissement souhaitable du destin salutaire !

     Et c’est ainsi que la nouvelle vague de construction, d’institutions destinées au secours des misérables (et à la prévention de la misère), ait bel et bien eu lieu sous le signe d’un altruisme exemplaire : écoles, hôpitaux, asiles, refuges. Mais toujours est-il, aussi, que la nouvelle attitude d’objectivité clinique à l’égard de la souffrance — apparemment obligée par la science elle-même – communiquait un aspect exceptionnellement austère aux initiatives humanitaires entreprises à cette époque, empreint d’un visage rudement sévère, à l’intention des bénéficiaires. Et nous pouvions déceler, à cet égard, une politique implicite qui visait non seulement l’apport de secours auprès de ces individus malheureux, mais aussi – à défaut de pouvoir « réhabiliter » cette clientèle : l’évacuation de leur présence au sein du corps social.

     Aussi fut-il, dans ce climat de révolution sociale, et intellectuelle, que soit écloses les premières théories proprement modernes de l’euthanasie… aseptisée ; utilitaire.

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Le contingent féminin d’une maison des pauvres, Londres, circa 1910

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