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Les difficultés budgétaires du régime public - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Les difficultés budgétaires du régime public

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie B : L’euthanasie et l’économie — Section II : Le régime de santé public — Chapitre : Les difficultés budgétaires du régime public)

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Comme Premier Ministre de la province canadienne de la Saskatchewan, Thomas Clement « Tommy » Douglas (1904 -1986) devint le premier chef nord-américain d’un gouvernement social-démocrate (1944).

Selon Douglas : « Nous y sommes tous ensemble dans ce monde, et la seule mesure valable de notre caractère se trouve dans la manière dont nous soutenons les moins favorisés de parmi nous. Tout ce qui importe, réellement, c’est n’est pas comment nous prenons soin de nous, mais comment nous prenons soin les uns des autres. »

Pourtant, M. Douglas illustre bien les bévues humanitaires dans la pensée progressiste et « scientifique » de l’époque. Car il était eugéniste, également, et sa thèse de maitrise, écrite en 1933 (coïncidente avec les famines provoquées en Ukraine par les Bolcheviks Russes dans la poursuite de leur programme de collectivisation agricole, et avec l’inauguration du Troisième Reich en Allemagne), détailla un programme pour rectifier les « Problèmes des familles sous-normales », c’est à dire les problèmes génétiques, qui serait infligés sur la collectivité, par des parents (des reproducteurs) munis d’une intelligence où d’une moralité inferieure. Selon Douglas (en harmonie avec la plupart des théoristes engagés de l’époque) le remède pour ces « problèmes » inclurait la relocation dans des fermes d’état (où autres camps de travail), ainsi que la stérilisation forcée.

En 1947, Tommy Douglas instaura, en Saskatchewan (pop. 830,000 ; 1946) le premier régime d’assurances universelles, au Canada, pour s’acquitter des frais d’hospitalisation.

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– Un service nouveau, engagé, au départ, dans un esprit rigoureux

      Avec la socialisation de la médecine, l’État s’engagea à garantir les frais des soins-santé des individus, aux dépens, et potentiellement au détriment, d’autres besoins d’infrastructure, d’éducation, etc., qui pouvaient être représentés en devoirs collectifs plus évidents, et dont les effets auraient pu possiblement paraitre plus bénéfiques dans l’ensemble. Mais il en fut ainsi, en raison d’une demande populaire apparemment incontournable. Et dans ces circonstances, il était aussi devenu logiquement nécessaire (et mème politiquement acceptable) de chercher plus de ressources auprès de la population imposable. Pourtant, personne n’aurait pu deviner jusqu’à où cette innovation nous mènerait à terme, ni dans la taille de l’industrie ainsi construite, ni dans la taille du budget requis pour faire vivre celle-ci.

     Évidemment, il y avait un désir, de part et d’autre (c’est à dire, du côté des contribuables individuels, autant que du côté des planificateurs collectivistes de l’état moderne) de délimiter soigneusement, au départ, les services consentis, et les ressources affectées. Et pour profiter au maximum des expériences existantes, les différents régimes d’assurances-santé, issus des diverses provinces canadiennes, se modelaient d’abord, sur les pratiques courantes dans l’industrie des assurances privées, là où un lien direct s’établissait entre les primes récoltées et les paiements appréhendés.

     De plus, pour équilibrer les revenus et les dépenses à long terme, et pour maintenir la solvabilité du régime, toutes les compagnies d’assurances privées devaient garder une fraction importante des primes encaissées, pour constituer une réserve suffisante pour satisfaire les réclamations futures. Et devant cet exemple bien compris de rigueur comptable, il n’y a pas de doute, que dans leurs débuts, les assurances-santés collectives des provinces canadiennes prétendaient, aussi, faire une corrélation conséquente entre les impôts récoltés (uniquement à cette fin) et les besoins courants du système, en plus de maintenir une réserve spécifique, suffisante pour rencontrer les obligations futures.

     Malheureusement, cependant, à partir de cette intention logique et limitée de soins personnels, deux influences se sont conspirées pour produire la situation de chaos financier dans laquelle nous nous trouvons actuellement : car premièrement, il y avait une croissance imprévisible (et foudroyante) de la demande ; mais deuxièmement, dans le jeu global des budgets gouvernementaux, il y avait aussi une tentation irrépressible pour détourner ces nouveaux fonds, aux fins des plus diverses.

— Une croissance débridée de la demande, alimentée par une évolution dans la nature des services

     Ce seraient impossible de continuer à suivre ici, l’histoire des changements médicaux qui nous séparent de la réalité d’un passé encore récent ; le volume en serait tout simplement prohibitif. Mais notons, tout de même, qu’à la fin, la notion d’hôpital en était devenue radicalement différente, scindée dans plusieurs sous-catégories. D’une part des institutions d’intervention clinique, comportant d’habitude des théâtres opératoires et des unités de soins intensifs, et d’autre part, des institutions de soins de longue durée, comportant une personnelle médicale apte à gérer des routines de traitement complexes mes possédant des capacités matérielles, d’intervention et de diagnostic, plus limitées.

     Le volet des soins à longue durée, en particulier, avait explosé dans ce lapse de temps, car les patients survivants — incapacités peut-être, mais toujours vivants dans une condition relativement stable sous surveillance active — sont devenus tellement nombreux, que nous les chiffrons aujourd’hui en pourcentage significatif de la population totale. Au Québec, par exemple, selon le recensement de 2006 : 8.5 % des personnes âgées de 65 ans, ou plus, demeuraient dans de telles institutions.

     Et pour comprendre l’importance économique de ce changement, attardons-nous lucidement au fait que presque toutes ces personnes se seraient rapidement expirées ne serait-ce qu’un demi-siècle auparavant (à l’instauration du régime public) et très certainement un siècle au complet (à l’époque de la Grand Guerre). Remarquons, aussi en passant, que la qualité de la protection que nous accordons à ces gens (bien que toujours en deçà de l’idéal), représente une dépense qui signale, de manière spectaculaire, l’étendue impressionnante de notre prospérité actuelle.

— Un mandat impossible

     Mais voilà que l’hébergement et la surveillance médicale des ainés ne représente qu’un parmi plusieurs volets des soins personnels. Souvenons-nous, surtout, du principe déjà cité qui se trouve à la base de toute notre démarche, soit : que nous ne pouvions pas, en société moderne, éthiquement permettre la mort d’une personne, aussi pauvre soit-elle, des suites d’une maladie dont le remède serait connu et couramment disponible.

     À la lumière de ce principe, je soumets — et dans la multiplication des soins présentement offerts — les causes de la crise budgétaire actuelle deviennent parfaitement compréhensibles. Nous devions rationnellement admettre, aussi, l’impossibilité de satisfaire littéralement le mandat énoncé : car dans l’état actuel des connaissances, cette satisfaction intégrale impliquerait un accès en tout temps — pour chacun des patients pensionnaires des unités de longue durée — aux technologies de pointe en matière des soins intensifs ; de sorte qu’ils pouvaient tous profiter des soins sophistiqués, et prolongés, qui sont déployés, actuellement, uniquement pour protéger l’existence des personnes les plus riches et puissantes.

     Clairement, un tel programme s’annonce impossible d’emblée. Et les demandes, alors, pour une justice sociale absolue en matière de soins-santé, ne font qu’un écho inopportun aux paroles ridicules associées à Marie-Antoinette (feue reine de Louis XVI, dont l’exécution couronna la Révolution française de 1789) à l’effet que l’on pouvait — à défaut de posséder suffisamment du pain — offrir du gâteau pour nourrir les masses affamées qui se rassemblaient devant son château.

     Et, bien… Non, Marie, (ainsi que tous ses successeurs sentimentaux et bienpensants, mais sans sophistication économique), même si ces offrandes existent bel et bien, et même s’ils sont couramment disponibles, ni le gâteau ni les technologies médicales de pointe n’existent en quantités suffisantes pour les donner à tout le monde, tout le temps.

     Pourtant, il ne faut pas se montrer trop critique à cet égard. Car on doit aussi reconnaître qu’à la base de nos réussites scientifiques actuelles se trouvent précisément cette sorte de pensée, magique et idéaliste, ancrée seulement dans un refus absolu d’admettre les contraintes du réel, suivant les pulsions d’une foi inébranlable dans la possibilité de trouver une solution à chaque problème rencontré. Et pour le futur, personne ne peut encore prédire jusqu’où un heureux mariage des technologies de l’information et de la robotique puisse éventuellement nous mener, surtout quand ils sont poursuivis à l’intérieur d’une économie libre.

— Une pénurie permanente

     Mais toujours est-il que maintenant, et pour le futur prévisible, les ressources disponibles pour la satisfaction des besoins actuels de soins-santé (pour ne pas parler des désirs futurs encore plus grands), sont mal appariées, et en déca de ses derniers, non pas de façon approximative, mais bien d’un ou de plusieurs ordres de grandeur. 

     Alors c’est simple : L’argent manque dans les budgets de santé.

     Mais le contraire est également vrai : que les sommes amassées à cette fin sont proprement énormes ; tellement énormes, enfin, que même devant les contraintes cataloguées ci-haut, nous sommes en droit de nous demander si le contribuable obtient réellement valeur pour son argent.

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« Fin tragique de Marie-Antoinette d’Autriche, reine de France exécutée le 16 octobre 1793 », Gravure anonyme de la fin du dix-huitième siècle. Paris, musée Carnavalet.

Cette image de la « Belle autrichienne » devenue « La veuve Capet » (suite à l’exécution de son marie), nous renseigne sur la distance qui peut s’établir entre les préoccupations des gouverneurs et celles de leurs sujets, ainsi que les faits désagréables qui en soient parfois les résultats.

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