Deprecated: Le crochet jetpack_pre_connection_prompt_helpers est obsolète depuis la version jetpack-13.2.0, sans aucune alternative disponible. in /hermes/bosnacweb01/bosnacweb01an/b2067/nf.euthanasiediscussion/public_html/euthanasiediscussion/wp-includes/functions.php on line 6078
Au-delà du suicide et de la mort volontaire, au bas de la Pente, se trouve l’euthanasie simple - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Au-delà du suicide et de la mort volontaire, au bas de la Pente, se trouve l’euthanasie simple

(Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section III : La « Pente Glissante » — Chapitre : Au-delà du suicide et de la mort volontaire, au bas de la Pente, se trouve l’euthanasie simple)

— Un constat d’impuissance devant l’opération irrésistible de la pente redoutée

     De toute apparence, Il n’eut pas été possible pour nous de permettre le génie du suicide assisté de sortir seulement un bras de la bouteille.  Visiblement, avec le premier déplacement du bouchon, il fut destiné à s’affranchi complètement. Car telle se révèle notre situation présente, manifestement en devenir.

     Vue la nature divisive du débat, autant qu’il y en ait des personnes pour lamenter tel dénouement, autant, aussi, en aurait-il pour s’en réjouir. Pourtant, presque tous, je crois, reconnaitront que notre tâche première (pour réarticuler la thèse centrale de ce livre), consiste maintenant à minimiser les effets possiblement désagréables des changements constatés. Surtout, nous nous devons (d’après cette vision de la matière) de nous attarder aux effets secondaires découlant des justifications et des stratégies ponctuelles qui furent employées, en passant, pour assurer (ou pour contrer) l’avènement de cette liberté suicidaire.

     En particulier, faudrait-il réaliser que la tentative de contrôler la force de ce mouvement social vers un véritable droit à mourir — en utilisant les particularités du contexte médical dans lequel ce droit avait fait ses premiers percées – fut non-seulement infructueuse, mais nous expose présentement à des dangers, spécifiques, qui résultent directement de cette stratégie mal avisée.

     Car la fameuse « Pente Glissante » ne s’arrête pas, maintenant avec la seule liberté de suicide (mort volontaire) assisté ! Grâce à notre médicalisation du suicide ; grâce au pseudo-objectivité des critères qualifiants, ; grâce à l’introduction de cette créature hybride — mi suicide, mi euthanasie, qui soit l’ « aide médicale à mourir » : nous ne pouvons plus restreindre notre étude aux seuls décès volontaires. Nous nous devons aussi de nous demander : Qu’en sera-t-il de l’euthanasie proprement dit ?

— Envisagée lucidement : l’euthanasie simple

     Je prévois ici, bien sûr, une objection robuste, teinte possiblement d’une indignation quelque peu péremptoire, soit : qu’il n’y eut jamais été question de décès involontaires ; que la volonté compétente est (actuellement) la première condition pour juger de l’admissibilité à l’aide médicale à mourir ; et qu’il n’y aurait pas, enfin, aucune justification pour ouvrir, ici, le sujet d’euthanasie simple !

     Eh bien, autant que j’aimerais pouvoir accepter ces protestations en évidences concluantes, autant je me sens, au contraire, obligé d’examiner ces faits d’une perspective parfois plus large, et parfois plus pointue. Car nous ne sommes pas descendus subitement de la lune ; sortis, figurativement, tout nus derrière les champignons poussés de la dernière pluie. Pas du tout. Ce que nous faisons aujourd’hui s’inscrit dans une continuité, de trame sociale, qui est en marche depuis des siècles et même des millénaires.

     Nous ne sommes pas, ainsi, obligés à tout inventer selon les prétentions de certaines analyses « Présentistes ». Nous avons, au contraire la possibilité de nous informer auprès du passé pour renouer, non avec des espoirs fondés dans l’ignorance, mais avec la réalité de l’évolution en cours. Et sans possibilité de contradiction : Il ne date pas d’hier que les médecins (ou certains de parmi eux) tuent  — et cela avec et sans la consentement du patient.

     Assurément (et n’en déplaise à ceux et à celles dont l’indignation — feinte ou réelle — tendrait toujours à nous détourner de la considération lucide de ces faits) : ce n’est pas tout le monde qui rejette la notion d’un programme euthanasiste, utilitaire et systématique. En conséquence, il n’y aurait rien d’automatique dans la renonciation de cette option politique (si renonciation il en aura). Tout au contraire, il nous faudrait, désormais, la démonstration firme d’une volonté, consciente et majoritaire, pour arrêter le progrès conséquent de mécanismes théoriques et institutionnels qui se trouvent déjà en mouvement.

     Car l’euthanasie, elle, ne se trouvent pas limitée aux seuls décès volontaires, ni dans la théorie, ni dans la pratique, ni dans les temps lointains, ni au présent, ni ailleurs, et — n’en déplaise au plus confiants – ni chez nous. Ces pratiques se poursuivent déjà en douce, depuis toujours, et se présentent, à l’heure actuelle, sous des visages toujours plus hardis devant l’opinion publique.

     Considérons seulement l’idée d’euthanasier des enfants ou des personnes âgées souffrantes de la démence – deux sujets d’actualité à l’heure d’écrire ces lignes —  et nous nous trouvons immédiatement à la limite, soit à l’extérieure, des balises réconfortantes de choix.

     Il ne s’agit plus, alors, de savoir si, oui ou non, les questions d’euthanasie simples seront abordées ouvertement bientôt : ces questions sont bel et bien engagées dans notre présent. Elles se présentent, en fait, dans une continuité de débats (et de pratiques), oubliées, possiblement, à la manière d’un volcan dormant : mais toujours positionnées pour ressurgir ; et pour exiger de nous des décisions conséquentes.

 — La continuité conceptuelle de l’euthanasie : un grand danger ; averti jadis, mais non éliminé pour autant

     Pour rappeler brièvement les faits : il y avait, au cours de la première moitié du vingtième siècle, une tendance importante vers l’acceptation d’un usage étendu de l’euthanasie utilitaire pour des fins collectives, dont nous nous en souvenons sous l’appellation « Eugénique ». Ces buts, précisés sans détours, furent : l’évacuation sociale (en exercice d’hygiène génétique et économique) des spécimens dépendants, improductifs, ou déficients.

     Cette théorie s’est distinguée, bien-sûr — dans son application la plus fidele — pendant la période Nationale-Socialiste en Allemagne (1933-45) ; mais elle trouva sa première véritable terre de germination aux États Unis (et en Angleterre), associée, au départ, non avec les noms de Goebbels, de Himmler et de Hitler, mais avec ceux, plutôt, de Churchill, de Alexander Graham Bell, de Peter et de Helen Sanger (fondateurs de Planned Parenthood), de John Harvey Kellog, du Président Wilson, et de Charles Darwin (petit-fils du célèbre défunt). Ni fut-elle définitivement répudiée depuis cette époque

     Car tout comme le marxisme économique, souvent défait et exhaustivement discrédité — mais toujours capable de refleurir dans chaque génération (malgré la vaste destruction qui en soit manifestement attribuable) — il existe d’autres filons idéologiques — franchement inavouables dans leurs origines mais non moins séducteurs — qui nous furent également transmis, directement et sans interruption depuis cette période houleuse ; mal compris peut-être (et mal identifiés, certes) mais pas moins présents, ni moins influents.

     La logique de l’euthanasie utilitaire, en somme, n’est aucunement dépassée : elle possèdent toujours toute sa promesse de prétendues économies pour l’État Providence ; et elle trouve toujours des gens pour la promouvoir : des gens dont les paroles seront savamment adaptées aux paramètres du débat ponctuel, mais qui parvient, tout de même, à pousser ces paramètres aux limites de l’acceptable ; des gens d’ailleurs, qui ont, eux aussi, une idéologie parfaitement claire et clairement articulée, qui demeure : le débarras collectif de tout individu improductif et dépendant (voir « souffrant ») ; ou plus scientifiquement : la redirection rationnelle des ressources.

     Surtout, et chose possiblement quelque peu déroutante : il ne suffira pas d’en signaler la nature « mal », pour s’en épargner. Car il existe, tel qu’affirmé ci-haut, des gens dont les systèmes éthiques — parfaitement rigoureux mais partant d’axiomes différents – en proclamera le contraire. Et, alors, tout choix social au sujet de l’euthanasie dépendrait éventuellement de la volonté, de la persuasion, et de la politique.

— Suicide personnel ? Ou homicide de l’État ? Un choix de nature politique qui s’impose

     Pendant soixante-dix ans, très heureusement, nous n’étions plus obligés d’argumenter autour de ces questions, grâce au consensus profond sur la valeur inconditionnelle de la vie humaine, qui fut si durement gagné dans les expériences Fascistes et Communistes, et au cours des deux grandes Guerres Mondiales qui en furent à la fois les précurseurs et les résultats. Ce fut une expérience gagnée dans la dévastation inouïe qui fut produit, à cette époque, par la banalisation étatique de cette vie, et dont l’euthanasie systématique n’en fournit qu’un exemple parmi d’autres.

     Depuis soixante-dix ans, alors, nous en étions épargnés. Mais aujourd’hui, grâce à la double nature de l’euthanasie volontaire (habilement cachée dans l’euphémisme rassurant de « l’aide médicale à mourir »), nous devrons, de nouveau, faire face aux menaces de cette banalisation.

     Car où se trouve, au juste, une ligne de démarcation ferme entre la libre disposition de sa personne (suicide), et l’homicide des malades/handicapés (euthanasie) ? Quand l’assistance au suicide sera justifiée en fonction des mêmes critères scientifiques et médicaux qui se trouvent à la base de l’euthanasie simple ; et que l’action suicidaire, elle-même, soit déjà remplacée par l’intervention directe du médecin ?

     Que peut-on dire, enfin, au sujet d’une paroi conceptuelle infranchissable pour limiter l’expansion future des pratiques de l’euthanasie ? Est-ce que nous avions toujours le loisir, à ce point, de dresser une barrière à laquelle nous pouvions nous fier ? Est-ce que nous pouvions encore exclure les « incapables » (ou même les gens capables dont le refus sera jugé « antisocial » ou « irrationnel ») ? Ou est-ce que, au contraire, nous nous trouvions, déjà, devant une pente uniforme et continue, qui reliera inéluctablement le suicide, et le suicide assisté — devenu (grâce aux critères médicales) l’euthanasie volontaire — à l’euthanasie tout court ?

     Eh bien, cela dépend, encore, du cadre philosophique que nous invoquerions pour justifier les suicides actuels.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Premier : L’euthanasie et le choix — Partie B : l’euthanasie et la clientèle — Section III : La « Pente Glissante » — Chapitre : Au-delà du suicide et de la mort volontaire, au bas de la « Pente », se trouve l’euthanasie simple — L’euthanasie des « incapables » : devenue incontournable selon le paradigme de morale objective)

.

Laisser un commentaire