Deprecated: Le crochet jetpack_pre_connection_prompt_helpers est obsolète depuis la version jetpack-13.2.0, sans aucune alternative disponible. in /hermes/bosnacweb01/bosnacweb01an/b2067/nf.euthanasiediscussion/public_html/euthanasiediscussion/wp-includes/functions.php on line 6078
Des compagnons de route naturels : L’euthanasia et l’Eugénie - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Des compagnons de route naturels : L’euthanasia et l’Eugénie

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Des compagnons de route naturels : L’euthanasia et l’Eugénie)

.

Un article détaillant une initiative d’enregistrement eugénique des familles, à la Foire Libre de Kansas (1927). Chaque membre de famille fut évalué aux limites contemporaines de la science médicale, psychiatrique et physique. Au centre de la photo se trouve l’une des heureuses familles certifiées « meilleure », entourée des professionnels/évaluateurs.

Cet article fut publié dans une revue respectée de science populaire, signé, non par un illuminé marginal, mais par le Sénateur Arthur Capper (1865 — 1951) qui représenta l’État de Kansas au Congrès américain entre 1919 et 1949.

.

— L’homme considéré dans son rapport « utile » à l’ensemble

     Voilà, donc, le portrait d’un monde sous l’emprise d’une mode intellectuelle articulée dans des termes poétiques aussi séduisants que contradictoires (les visions poétiques n’ayant assurément pas besoin de rigueur logique) : où l’homme retrouverait son être primaire, naturel, libre, et pré-civilisé ; tandis que l’unité vitale de la vie humaine ne serait plus l’être individuel (vivant dans sa relation de conscience personnelle face à l’universel), mais plutôt un grand ensemble humain — la « nation », ou encore la « classe » Marxiste ; et de surcroît, où cette ensemble — cette nation, cette classe — serait en compétition Darwinienne avec d’autres groupes semblables ; où la signification de l’individu humain se résumerait, donc, uniquement  dans sa contribution objective — positive ou négative — à la capacité collective de gagner cette compétition, existentielle et sans merci !

      Décidément, avec la conjugaison de ces deux forces conceptuelles — poétique et scientifique — nous pouvions facilement imaginer que la deuxième moitié du dix-neuvième siècle (ainsi que la première moitié du vingtième)  ne fut pas toujours une période rassurante, accommodante, ou même minimalement sécuritaire pour les membres de la gent humaine qui exhibèrent des traits de déficit où de maladie mental, d’ambiguïté dans l’identité sexuelle, de difformité physique, d’appartenance raciale étrangère, ou de quelque autre faiblesse ou divergence que ce soit.

    Il serait inutile, certes, de suggérer que de tels préjugés et de tels dangers furent nouveaux ; seulement, ces préjugés étaient maintenant soutenus par le paradigme conceptuel dominant en devenir ; tandis que l’ancien paradigme religieux et charitable (qui tendait vers la suppression de nos impulsions les plus barbares), fut visiblement en déclin. L’homme ne devint pas plus brutal pour autant. Mais chose très significative : on lui donna maintenant raison dans sa brutalité ; et pour la première fois, aussi, des véhicules scientifiques, institutionnels, et industriels, c’est à dire proprement modernes, pour l’exprimer.

     En toute logique : un homme fort serait un atout pour la nation ; un homme faible — un malade, un handicapé, un fou — serait un fardeau inutile. En toute logique, encore : l’entretien et la protection de tels spécimens inferieurs seraient au désavantage de la collectivité ; la privant dans la même mesure de ressources précieuses, et peut-être essentielles, à la survie collective.

     En toute logique, donc : l’éthique rigoureuse demanderait que la collectivité se libère de ces contraintes en se libérant de ces individus inferieurs — de ces « vies indignes » — et n’en déplaise aux sentiments actuels, devenus parfois trop tendres : c’était dans ces termes exacts (ou dans des termes similaires à peine voilés), qu’un véritable programme de curetage, et de prévention, des abcès démographiques appréhendés, fut proposé sous le nom tant imposant (de par sa résonance savante) d’Eugénie, d’Eugénique, ou d’Eugénisme.

— L’Eugénie ; ou le Darwinisme rationnellement appliqué

     L’Eugénisme comprend, tout comme l’art sculptural, deux volets distincts : L’un de construction par addition ; et l’autre de purification par réduction

     Dans le mode positif, la mission eugénique fut de travailler rationnellement à l’amélioration du stock humain avec l’application scientifique des principes déjà connus (et dernièrement en forte amélioration) de l’élevage du bétail, c’est à dire : l’encouragement des unions génétiquement avantageuses :

« La science (eugénique) qui consiste dans l’amélioration des stocks, que ce soit des animaux ou des humains, doit être enseignée dans toutes les institutions supérieures des États Unis… Nous avons un devoir d’éviter l’amplification des fautes et des faiblesses (ou des tendances vers la perversité) en étudiant et en obéissant la loi de l’hérédité… Si, dans les cinquante ans à venir, nous accordons à la perpétuation des meilleures caractéristiques physiques et intellectuelles du peuple Américain, la moitié des efforts que nous avions accordé à celles des chevaux de course dans les cinquante derniers … le vingtième siècle connaitra des hommes, et des femmes, d’une beauté physique et intellectuelle supérieure à tout Américain vivant aujourd’hui. »    — Un article représentatif de journal, Nebraska, 1901

     L’enthousiasme populaire résulta même dans l’adjudication des enfants aux « foires » de différents États :

« Un Bébé parfait ! : La commission de la Foire (de l’État d’Oregon) a voté $520 pour des prix dans l’Exposition d’Eugénie cette année… Parmi sept milles enfants la petite xxx, de 42 mois, fut jugée « parfaite » par des experts médicaux qui examinèrent les enfants à la même manière que le bétail exposé… Outre sa perfection, elle est aussi réputée très belle… »  — Oregon 1913

     Ce qui n’empêchait guère les sceptiques de s’en amuser parfois :

« Un bébé trouvé dans une poubelle gagne le premier prix ! : Une petite fille xxx, âgée de 17 mois, abandonnée dans une poubelle, trouvée par des policiers, et adoptée par M. et Mme. xxx … a gagné le premier prix (santé et beauté) à New York… ce qui fait un coup dur pour les idées eugénistes ! » — 1913

     Le « stock » humain accouplé en bétail ? Des bébés adjudiqués dans des foires agricoles ? Difficile, je soumets, d’éviter l’irruption d’un sourire, ou même d’un franc éclat de rire, devant un tel enthousiasme naïf au parfum ridicule !

     Pourtant, l’eugénisme présente, aussi, un visage plus sinistre.

— Le désherbage du jardin humain

     L’idée de privilégier des unions propices et le « devoir » imputé (pour les jeunes) de bien considérer le mariage dans sa dimension biologique, furent, certes, très répandu à cette époque. Pourtant, l’application systématique des principes positifs d’élevage animalier, chez l’être humain, s’avère normalement très difficile, sinon impossible (outre certaines exceptions notoires, telle l’élevage des lutteurs « Sumo » en Orient). Plus facile, par contre, serait l’évitement, et la « correction » d’erreurs génétiques potentielles où commises ; c’est à dire l’empêchement systématique des unions désavantageuses, et la destruction des fruits indésirables.

     Les mesures suggérées pour réaliser ce but incluaient notamment : des lois contre le métissage racial, l’exclusion des immigrants pour raison génétique (de race ou de santé), la promotion de la contraception (et de l’avortement) chez les démunis, et en dernier lieu, la stérilisation forcée des individus jugés « indésirables ». Faudrait-il, ainsi, nous rappeler que l’évolution elle-même se présenta, en théorie, largement comme un mécanisme de réduction sanitaire ; car les êtres plus faibles doivent « disparaitre » à l’avantage des plus forts.

     En plus, les ramifications sociales, implicites de cette doctrine, se révélaient des plus larges. Par exemple, les Darwinistes (en commençant avec le grand homme lui-même), s’inquiétaient sérieusement de la protection artificielle accordée aux spécimens faibles de l’humanité. Car d’après une lecture stricte de sa théorie, le résultat inévitable serait la dégradation progressive de la race. Ou autrement dit : si l’évolution travaille à la perfection en sélectionnant seulement les spécimens forts, chaque initiative philanthropique qui chercherait, par la compassion, à modérer ou à atténuer cette tendance naturelle vers l’extinction des plus inaptes — c’est-à-dire tous les programmes sociaux visant à secourir les pauvres (et en ce qui nous concerne particulièrement ici, la prolongation des vies « indignes ») — serait objectivement une initiative qui travaille à l’affaiblissement génétique et éventuellement à l’extinction de notre espèce.

— La « science » évolutionnaire transformée en politique

     Constatons que les arguments en faveur de ce que nous nommons aujourd’hui « evidence based policy » (c’est-à-dire la politique informée par la science) battaient au plus fort dans cette période d’industrialisation transformatrice ; et que la « science » ainsi invoquée le fut, aussi, avec une révérence proprement radicale. Car de manière théorique (à tout le moins) une bonne partie de l’intelligentsia se trouva maintenant libérée (selon Nietzsche) des contraintes de la « moralité d’esclave », et s’apprêtait à suivre les nouvelles consignes, « pragmatiques », avec une hardiesse empreinte de volonté fièrement intransigeante.

     De la même manière, alors, que nous sommes sollicités impérativement, aujourd’hui, par des politiques révolutionnaires au sujet du Changement Climatique, la science de Darwin semblait demander, il y a cent ans, des actions également radicales pour préserver l’intégrité génétique de la race humaine. Rien de moins.

     Et s’il fallait, dans ce but, sciemment abandonner les plus nécessiteux de parmi nous ? Soit ! Regardons (disait-on) la réalité sans illusion.

— La franchise naturelle du passé, mise en contraste avec la délicatesse équivoque de notre époque

    Il serait beaucoup plus difficile de nos jours, certes, de trouver quelqu’un qui tiendrait franchement ce discours. Il est assez difficile, même, dans notre monde informatique (de conservation sélective), que de trouver les textes originaux (plutôt que des études secondaires fournies pour nous en « expliquer » le sens). Mais à ce moment-là, le climat intellectuel en était tout autre.

     Quelle bouffée d’air frais, en fait, devant les écrits originaux de notre passé : que de lire ce qui fut dit, et pensé, dans une liberté d’expression directe et sans gêne qui se découvre totalement opposée au langage fourbe employé de nos jours ; que de voir imprimés noir sur blanc, des énoncés tant dérangeants (d’une énormité presque impensable parmi nous) présentés tout simplement, avec le soin principal — non de dissimuler les aboutissements recherchés  — mais de les exposer avec la plus grande clarté !

     Et pour l’auteur actuel : quel plaisir que de pouvoir débattre, enfin, ouvertement, contre des principes déclarés ; plutôt que de faire la lutte aux idées fantômes (sorties visiblement des mêmes préjugés ataviques, mais cachées, aujourd’hui, dans la dissimilation et dans le non-dit) !

.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Des compagnons de route naturels : L’euthanasia et l’Eugénie — L’eugénisme en rationalisation « scientifique » de préjugés préexistants (voire universels))

Laisser un commentaire