Deprecated: Le crochet jetpack_pre_connection_prompt_helpers est obsolète depuis la version jetpack-13.2.0, sans aucune alternative disponible. in /hermes/bosnacweb01/bosnacweb01an/b2067/nf.euthanasiediscussion/public_html/euthanasiediscussion/wp-includes/functions.php on line 6078
La religion en conservateur des valeurs sociales - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

La religion en conservateur des valeurs sociales

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section III : Le patrimoine philosophique ancestral : le caractère sacré de la vie ; la valeur intrinsèque de l’individu humain ; les origines divines de « l’égalité » politique — Chapitre : La religion en conservateur des valeurs sociales)

— Délimiter notre sujet

La religion est un sujet tellement vaste que nous nous devions, ici, de nous limiter aux seuls aspects qui peuvent impacter directement sur notre sujet premier de l’euthanasie.

À ce chef, les controverses que nous connaissons s’articulent, d’abord, autour de la moralité de cette pratique. C’est à dire : est-ce « bien » (ou non) de permettre l’euthanasie ? Or, l’exploration de la moralité s’est surtout pratiquée par la voie de la spéculation religieuse. Ce sera, donc, dans sa capacité de véhicule et de repositoire de valeurs morales qu’il sera ici question de la tradition religieuse.

— L’insuffisance de la science pour traiter de l’expérience humaine

J’anticipe, naturellement, l’objection qu’il soit inadmissible, dans notre présent post-moderne, que d’utiliser les mots « morale » ou « moralité » ; et que nous nous devions de rester à l’intérieur des notions scientifiques, et des analyses sociales qui prétendent y prendre leur source. Mais voilà précisément la difficulté actuelle ! Car la simple question évoquée, comprise dans son sens commun (« est-ce bien ? ») demeure entièrement opaque et imperméable aux méthodes scientifiques. Et encore, la philosophie (amoureux « philos », et savoir « sophos ») — positionnée précisément entre la religion et la science — partage, malheureusement, les limitations des deux.

La « philosophie  naturelle » par exemple (précurseur de la science proprement dite) était fondamentalement distincte de la « philosophie morale » ; et tandis que la première fleurit au point que tous les « philosophes » auraient voulu en adopter les méthodes, la seconde, justement due à l’impossibilité d’y appliquer un véritable programme empirique, se fana progressivement — et avec elle son pendant de la philosophie « éthique » — pour devenir essentiellement, de nos jours, un autre de ces cadavres intellectuels, vivre-morts, qui habitent inquiètement le sépulcre des spéculations maintenant bannies, dites « métaphasiques », c’est à dire : tout ce qui soit empiriquement invérifiable.

Pourtant, notre petite question « est-ce bien ? » demeure pour nous inévitable. Elle se pose constamment, dans des variations innombrables, à travers la vie courante : « est-ce bien ce projet ; cette fréquentation ; cette carrière ; ce mariage ; cette déplacement ; cette stratégie ; ce choix culinaire ? ». Et toutes les tentatives de rationaliser le problème ne font que révéler d’avantage sa nature intraitable. Car le choix scientifique, du bon chemin à suivre, ne peut se faire qu’une fois décidée la destination désirée. Et pour arrêter cette décision préalable, la science n’a strictement rien à nous offrir !

(Ce qui explique pourquoi tant d’« amoureux de la sagesse », encore aujourd’hui, s’obstinent à pénétrer dans le cimetière proscrite — avec un espoir toujours renouvelé — pour y réveiller doucement les morts.)

— La religion, l’art et l’idéologie : au diapason de l’intuition et du subconscient

La religion n’est pas seule, d’ailleurs, à porter ce défaut (si défaut il y en a). Car les vérités de l’Art (incluant littérature, musique, peinture, cinéma, sculpture, architecture et autre), ainsi que toute vision d’un futur idéal poursuivie sous l’étendard de l’Idéologie, sont absolument exemptes, elles-aussi, des exigences d’une justification empirique… et tout aussi incapables d’en fournir une.

Pourtant personne, aujourd’hui, ne milite pour une suppression globale de l’Art ; et outre les protestations des adeptes respectifs, les frontières entre l’idéologie et la religion demeurent incertaines, au mieux. Plus lucide, peut-être, serait la suspicion que les idéologies modernes ne font que poursuivre une lutte fratricide, contre une forme frère ayant ces racines plantées dans une culture et un vocabulaire plus anciens, peut-être, mais aucunement moins légitimes quand regardés d’une perspective « scientifique ».

La force de l’art, par exemple, ne dépend pas d’une démonstration empirique ; elle dépend, plutôt, d’une résonance entre la nature et l’expérience, de l’artiste, avec celles de l’auditeur ; résonance qui touche à des niveaux psychologiques, structurels, biologiques et évolutifs, qui ne sont pleinement compris — ou même accessibles — ni à l’un, ni à l’autre. Et ainsi soit-il, également, des idéologies et des religions qui instrumentalisent la force de l’art pour se propager. Or, regardé dans cette lumière face aux systèmes idéologiques, le crédit de la franchise se porte avantageusement du côté des religions, qui admettent et qui valorisent, sans ambages, l’opération d’une mystère qui demeurent incompréhensible pour l’intelligence humaine.

Cela étant dit, la religion et la science sont très similaires dans leur opération. Car toutes les deux, elles évoluent avec le temps, et cherchent à s’auto-corriger devant l’expérience. Les religieux, les artistes, et les idéologues ne sont pas moins sincèrement épris de la « vérité » que leur collègues scientifiques, seulement, le terrain de leurs recherches — qui comprend presque toute matière humainement significative (comme la notion du  «bien » elle-même) — se trouve à l’extérieur de ce que la science peut examiner.

— Une dynamique d’évolution et de continuité

Voilà, alors, un portrait de la recherche assidue du  «bien » (et de son proche cousin le  «beau »), qui se fait sous le sigle de la religion (ou de la politique, ou de l’art) et qui dépend ultimement sur des éléments qui dépassent non seulement les rigueurs scientifiques, mais bien l’entendement tout court. Elle se pratique, cependant, par des véhicules qui nous sont les plus familiers et les moins remarqués dans l’expérience sociale, soit : les idées et les préjugés reçus, exprimés par des expressions et par des dictons acceptés en vérités, sans plus, et sans justification aucune ; mais qui, selon l’opération mystérieuse de résonance psychique mentionnée ci-haut : s’ajoutent, s’abandonnent, ou se modifient subtilement sans se perdre, pour s’accorder avec  «l’esprit du temps ».

Jadis, ce processus progressa, comme l’évolution biologique elle-même, à la cadence temporelle des glaciers ; et il demeure de tendance extrêmement conservatrice. Voilà, aussi, qui agace sérieusement les apôtres de changement social rapide, mais qui fournit, dans l’ensemble, une stabilité souhaitable pour le tout. Cette dynamique permet, d’ailleurs, non seulement la survie de la sagesse du passé, mais également (ce qui est nécessaire pour toute prise de décision conséquente au quotidien) : elle permet la contemplation simultanée de tendances divergentes, et même franchement opposées.

Et il s’en dégage ainsi, je soumets, un critère simple pour évaluer le mérite purement sociale de tout système proposé dans ce genre : qui varie en relation directe avec ses capacités d’accommoder le désaccord présent ; d’assimiler le changement ; et de protéger les connaissances du passé.

— Un système chrétien aux axiomes multiples et complémentaires : admirablement adapté pour se propager en partant, et pour endurer par la suite

À titre d’exemple, d’un système à la fois transformationnel et conservateur, j’indiquerais ici le credo chrétien « du Père, du Fils, et du Saint Esprit » ; car nous y trouvons clairement inclues, et soigneusement préservées à tout jamais, les principales conceptions du divin, issues des divers doctrines dominantes à l’arrivée de celle-ci, soit : le Dieu paternel de la tradition Abrahamique ; le Fils bien-aimé, divin-et-humain, idéalisation préhistorique de la jeunesse masculine qui périt toujours au service des siens (mais qui accède, aussi, à l’immortalité en ce faisant) ; et troisièmement, cette substance indéfinissable de divinité non-spécifique, omniprésente et universelle, qui habitait les méditations contemporains des Hindous et des Taoïstes.

Aussi, sans inclusion directe au sein du panthéon trinitaire (et en dépit de la prédominance paternelle évidente), la tradition chrétienne réserve, également, une place privilégiée pour le culte immémorial et ubique de la Mère, incarnée dans cette instance par Marie, mère immaculée du Christ.

Sans rentrer aucunement, alors, dans les détails doctrinaux des mystères chrétiens, et restant scrupuleusement au niveau des seules suppositions primaires, nous pouvons néanmoins constater qu’en embrassant les courants contemporains et passés, en sortant explicitement des limites tribales de ses origines, et en offrant des balises familières a tant de membres de l’humanité — dispersés dans un espace géographique aussi vaste — que cette doctrine s’est assurée d’un maximum de ressources pour se répandre.

Et pour ce qu’il y a des prétentions à « la vérité », disons seulement que ces qualités répertoriées — de la mère féconde, source et soutien de la vie ; du père prévoyant, responsable du bien commun ; du fils sciemment préparé pour le sacrifice de soi ; et la certitude inébranlable d’une intention bienveillante, partout visible dans l’univers — furent, et demeurent, les éléments communs à la réussite, et à la progression de la société humaine.

Or, ce serait dans cette réussite, je crois, et dans cette universalité même — sans validation rigoureusement empirique, peut-être, mais toujours affirmées par une résonance évidente avec nos origines et avec notre expérience — que se situent les véritables raisons pour la virulence implacable avec laquelle certains acteurs actuels, qui ne s’y reconnaissent pas, cherchent à chasser cette représentation de l’humain — indirectement d’abord, en attaquant son véhicule, religieux, de transmission.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section III : Le patrimoine philosophique ancestral : le caractère sacré de la vie ; la valeur intrinsèque de l’individu humain ; les origines divines de « l’égalité » politique — Chapitre : La religion en conservateur des valeurs sociales — Un corpus de sagesse collective, conservé et transmis en forme de récits ancestraux)

Laisser un commentaire