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Au delà du volontaire subjectif : aucune concorde générale - Euthanasie : De la discussion jaillit la lumière

Au delà du volontaire subjectif : aucune concorde générale

(Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : L’euthanasie en soi — Au delà du volontaire subjectif : aucune concorde générale)

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Les arguments en faveur de l’euthanasie commence, d’habitude, avec le principe volontaire : une présomption que le désir (et la demande) de mourir soient des expressions de l’autonomie souveraine. Et c’est ainsi que Samuel D. Williams, représenta le phénomène (“Euthanasia”, 1870), avec une proposition d’implémentation restée essentiellement identique, cent cinquante ans plus tard, partout où l’on discute d’une première légalisation de cette pratique.

“(Que…) dans tout cas de maladie douloureuse, et sans espoir, qu’il soit le devoir reconnu du responsable médical, du moment que ce soit la volonté du patient, d’administrer le chloroforme … de sorte que la conscience soit immédiatement éteinte, et le souffrant soumis à la mort rapide et sans douleur ; toute précaution nécessaire étant prise pour empêcher tout abus possible d’un tel devoir et ; des moyens étant employés pour établir, au-delà de tout doute, ou question, que ce remède ait été fournit à la demande expresse du patient”

Pourtant même si Williams aurait voulu se limiter à ce que certains ont nommé le “cas facile” (où le médecin ne ferait que valider les désirs du patient) toujours faudrait-il que ce médecin puisse prétendre juger, lui-même, de la nécessité des actions accomplies. Plus fondamentalement, aussi, cet idéal volontaire ne correspond pas avec la réalité clinique : car les médecins se trouvent souvent responsables des soins de personnes qui sont incapables de faire de telles choix.

Il en résulte, de manière pratique, que le médecin soit contraint (dans l’un cas comme dans l’autre), à déterminer dans quelles circonstances précises la raccourcissement d’une vie particulière se présenterait en bienfait objective.Et pourtant ! Des patients (et des médecins), dans des situations apparemment identiques, feront constamment des jugements opposés, les uns par rapport à la valeur de leur propres vies (et les autres par rapport aux vies de leurs patients), de sort qu’à la fin : de prétention honnête à l’objectivité, il ne peut nullement y avoir.

Au contraire, nous constatons un large éventail d’opinions, se présentant en continuum conceptuel, allant d’un respect inconditionnel pour la vie (et un refus total de l’abréger), jusqu’aux visions absolument pessimistes qui conçoivent, d’emblée, la vie en souffrance et la mort en délivrance.

Or, tout système social, cohérent et inclusif, doit faire place à l’expression de cette pluralité de sentiment.

— Pessimisme et optimisme : des conceptions contradictoires et coexistantes

Il existe, d’abord, une vision fondamentalement négative, qui se voit très largement répandue dans l’esprit humain, non seulement à cette époque (où rageaient les nouveaux enthousiasmes matérialistes et darwiniennes), mais aujourd’hui aussi, depuis des millénaires, et probablement depuis toujours.

Dans des moments particulièrement éprouvants elle trouve résonance, cette vision, dans l’expérience de presque tout le monde ; et elle se fond sur des faits objectifs qui ne peuvent être catégoriquement niés par personne.

Tragiquement, aussi, un nombre important de personnes y succombent dans chaque génération, en s’enlevant délibérément la vie (ou en s’engageant savamment dans des comportements invitant au même résultat).

En conséquence, les traditions religieuses, dans leur quête d’une explication universelle de l’expérience humaine, ne pouvaient aucunement ignorer cette tendance. Au contraire, elles en faisaient une place privilégiée. Car les crises de conscience qui en sont l’expression se manifestent, très spécialement et très souvent même, par un désir mystique de renoncer à ce monde imparfait.

Cependant, autant qu’elles en admettaient la validité évidente, toutes les traditions religieuses et philosophiques, aussi austères furent-elles, se rejoignaient, aussi, pour en fournir des explications dont l’effet — apparemment voulu — fut la minimisation des séquelles fatales de cette pessimisme endémique de l’être humain.

En Orient, par exemple, les traditions d’illumination méditative se dirigent vers un seul but qui consiste dans la recherche d’une libération complète (de “l’illusion” existentielle), qui peut entraîner des pratiques extrêmement nocives pour l’organisme. Pourtant l’autodestruction directe n’est jamais permise, car selon une plaisanterie bien connue du 14ieme Dalai Lama (actuellement en exile, 1935 – ) : Je me suiciderais bien, mais cela ne marcherait pas ! (en admettant la doctrine de réincarnation).

D’un esprit similaire, en Occident, Chrétiens et Juifs se considèrent contraints de respecter la vie en tout temps — incluant leurs propres vies — comme un œuvre divin auquel ils n’ont pas droit de porter atteinte. Car même au cas où ils souscriraient à la thèse austère (et très populaire) voulant que ce monde ne soit qu’un laboratoire de purification dans la souffrance, il ne reviendrait aucunement à ces personnes (selon leurs croyances) de décider du moment que ces leçons aient été suffisamment assimilées.

Tout en accommodant, donc, les tendances sombres de la psyché humaine, les souches traditionnelles, de religion et de philosophie, tentaient d’en limiter l’expression suicidaire.

— Un cadre conceptuel à l’appuie de l’impératif vital

Mais pourquoi, cela ? Sinon que les sentiments symétriques — de joie, de confiance (et de ténacité dans la survie) — ne soient plus forts encore ! ; que les sentiments réellement pessimistes sont habituellement de nature passagère ; que la proportion des personnes naturellement habitées par des sentiments chroniques, ne représente (heureusement) qu’une faible partie de l’ensemble ; que même parmi les personnes consciemment suicidaires (incluant grand nombre de savants, prêtres et philosophes) l’on n’ait jamais cessé d’élaborer des raisonnements calculés pour empercher les pulsions autodestructeurs.

Et pourquoi, cela ? Sinon que la volonté d’endurer et de continuer (ne serait-ce qu’un instant de plus et quelque soient les circonstances) en fait partie des conditions nécessaires pour la survie de toute espèce vivante. Et puisque les simples décrets évolutionnaires des instincts inconscients ne suffisent pas pour réconcilier la psychologie humaine avec cet objet : nous avions développé, aussi, des consignes culturelles (comme la notion de “vie sacrée”), pour y parvenir.

Au fond, alors, le débat sociétal autour de la mort assistée a toujours impliqué une sorte d’argument de verre à moitie plein, au sujet de la valeur, non seulement des vies particulières, mais de la vie en soi. Et autant que le futur de notre société (et de notre espèce), sera finalement déterminé par l’esprit avec lequel ces sentiments seront accommodés, autant en ira-t-il du débat en cours.

— Samuel Williams et la “vie sacrée”

“Nous pouvons bien en douter si la vie renferme quoi que ce soit de sacré, outre l’usage qui en soit fait par son propriétaire. La Nature, certes, n’en connaît rien, puisque il n’y a rien dont elle se montre plus prodigue ; et à ses yeux, la vie d’un homme ne compte pas plus chère que celle d’un oiseaux.”

La Nature, alors (ce terme malléable offerte en substitut pour le divin), n’apparaît plus ici en auguste mère bienfaisante (selon notre auteur), mais plutôt en pouvoir terrifiant et implacable : “Rouge de dent et de griffe” (citant le célèbre poème contemporain “In Memoriam”, d’Alfred, Lord Tennyson, 1809 – 1892). Et surtout, en était-il des ravages de la maladie…

“La mort par maladie est toujours une mort par torture, et l’ingéniosité humaine n’a jamais inventé de torture plus cruelle que ne le sont quelques unes des méthodes dont la Nature s’en sert pour mettre à mort ses victimes.

“L’un des faits principaux, donc, auxquelles les hommes doivent accommoder leur pensée — et ajuster leur vies — consiste en ceci : qu’ils sont nés dans un monde dont la devinette douloureuse demeure obscure devant la spéculation, mais dont les dures réalités pressent fort de toute côté ; des réalités d’où ressort une vérité limpide et brutale : que ce sera non le plaisir, mais en générale, la lutte et la souffrance auxquelles ils doivent s’attendre ; et que ramener ces souffrances dans des proportions supportables doit constituer l’un des buts principaux de leurs existences.”

Le lecteur conviendra, certes, que ce soit une vision particulièrement pessimiste de la vie. Mais tel que relaté, elle se trouve, aussi, en parfait sympathie avec des sentiments similaires, exprimés à travers les millénaires, et souvent par des meilleurs esprits de parmi nous.

Ce qui se présent ici en nouveau, cependant, relève de l’insinuation implicite des conclusions nihilistes de l’interprétation matérialiste : que la mort d’un individu (comme tout phénomène, d’ailleurs, à l’intérieur d’un univers présumé vide d’intention supérieure) n’ait d’importance aucune.

— L’interprétation matérialiste appliquée à la question “euthanasie” : une signification plus large

Selon cette logique (et n’en déplaise aux partisans de la thèse défendue par M. Willaims) il ne s’ensuit aucunement que l’euthanasie doive être accueillie en bien positif (car la prétention nihiliste ne s’avance pas si loin). Soit allégué uniquement : que toute opinion morale soit également vide de signification à ce sujet ; et donc : qu’il n’existe aucun raison pour en empêcher la pratique.

Pourtant, les implications de cet abandon des balises morales dépassent, et de très loin, le contexte limité de l’euthanasie. Car la voie s’est librement ouverte, ainsi, vers la prolifération d’une conception fondamentalement négative (telle que suggérée par Samuel Williams) : que la perte de la vie ne soit un moindre mal à la souffrance des maux qui en sont, de toute évidence, indissociables.

Soyons, alors, très claire de nouveau : notre espèce s’est évoluée dans des conditions de souffrance souvent indescriptibles. Mais grâce aux adaptations devant ces faits — tant physiques que psychologiques (et sociales) — nous avions non seulement survécu les épreuves comme telles, mais aussi, les pièges de la désespoir qui les accompagnaient.

Or, je ne peux que témoigner d’une trépidation certaine (face aux prospects futurs de l’être humain), en constatant l’abandon progresssif de notre ancien principe de “vie sacrée”, apparemment en faveur d’un credo infiniment plus pessimiste (à l’image de la célèbre maxime des joueurs) : que ce soit possiblement mieux d’arrêter maintenant … “tant que tu aies encore de l’avance”

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Chef d’oeuvre du Poète Lauréat brittonique Alfred Lord Tennyson ; finalement publié, 1850, à la mémoire d’un ami mort en 1822 ; comprenant cent-trente-deux strophes de longueur variables (en plus d’un préambule et d’un épilogue) ; “In Memoriam A.H.A” (ou, Le chemin de l’âme) est possiblement la plainte, désespérée devant la mortalité humaine, qui soit le plus complet de tous les efforts dans ce genre.

Il porte aussi cette distinction que pour la première fois le poète devait affronter les nouveaux évidences, biologiques, indiquant un régime naturel sans intention supérieure, et sans préférence pour l’homme.

Pourtant, le poète parvint à se soustraire aux griffes du désespoir en développant la voie descriptive suivante : 1) L’affirmation d’une simple foi de confiance reçue 2) L’ébranlement produit par la perte tragique de son ami, et par les évidences scientifique de la futilité humaine 3) Des conclusions pessimistes emmenant des spéculations de la raison 4) Une réaffirmation de foi, fondée dans les certitudes du cœur

Il est à noter que cette dernière étape, (la validation du sentiment ressenti), se trouvent vigoureusement répudiée, aujourd’hui, par de nombreuses personnes. Et pourtant ! En agissant de la sorte, elles se privent du seul outil disponible pour naviguer (pour la plus grande partie) l’expérience humaine.

Poursuivre la lecture du texte en séquence linéaire… (Tome Deuxième : Sous l’ombre de l’euthanasie — Partie C : L’euthanasie et l’idéologie — Section II : Une description des sources idéologiques de l’euthanasie en Occident — Chapitre : Compassion, et utilitarisme ; euthanasie volontaire, et l’évacuation des personnes imparfaites : des compagnons étranges sur une route bien tracée)

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